Témoignages de résilience et de transformation
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Portraits de trois Ukrainiennes en exil en Suisse
Il y a quelques années à peine, personne n’aurait pu imaginer que la vie de tant de familles Ukrainiennes serait bouleversée par la guerre. Pour la première fois de son histoire, la Suisse a octroyé un statut de protection temporaire “S” aux personnes réfugiées Ukrainiennes, leur permettant de trouver un refuge et la sécurité. Mais cette décision a engendré des défis d’adaptation pour les deux parties : les personnes réfugiées, obligées de reconstruire leur quotidien en terre étrangère, et la Suisse, confrontée à l’urgente mise en place d’un plan d’accueil.
Les Ukrainiens et les Ukrainiennes ayant trouvé refuge en Suisse bénéficient de soins médicaux, de la possibilité d’apprendre le français, d’envoyer leurs enfants à l’école, et d’intégrer le marché du travail. En septembre 2024, le Conseil fédéral a prolongé cette aide jusqu’en mars 2026, rejoignant ainsi la décision des pays de l’Union européenne. Cependant, leur intégration n’est tout de même pas un long fleuve tranquille.
Nina, 43 ans, juriste et entrepreneuse
Installée en Suisse depuis près de deux ans et demi, Nina a trouvé la force de lancer sa propre entreprise malgré les nombreux défis. Elle revient sur cette nouvelle étape de sa vie avec nous. Elle relève que « C’était difficile et stressant, mais en décembre dernier, j’ai ouvert mon entreprise et bientôt, je paierai mes premiers impôts ici. ». Phrase qu’elle lâche avec une certaine fierté. Malgré cela, elle ressent toujours l’appel de son pays. Nina note qu’elle « aimerait rentrer [chez elle], mais que la guerre rend cette option compliquée ». La dilemme entre la stabilité de la Suisse et sa famille restée en Ukraine persiste pour Nina. Malgré le soutien et les opportunités professionnelles que lui offre la Suisse, son cœur est partagé, et elle garde l’espoir de revoir un jour sa fille aînée restée en Ukraine.
Svitlana, 52 ans, spécialiste en assurances
Svitlana est une spécialiste en assurances expérimentée. Elle vit en Suisse depuis juillet 2022. Malgré les difficultés qu’elle rencontre, Svitlana reste déterminée à apprendre le français et à retrouver un poste dans son domaine de prédilection. Elle continue d’affirmer qu’elle veut poursuivre son intégration en Suisse, notamment à travers le marché du travail. Svitlana assure qu’elle « souhaite travailler dans une compagnie d’assurances ici et, pourquoi pas, devenir manager un jour ». Les premiers mois ont été difficiles pour Svitlana qui a dû accepter un emploi à temps partiel comme femme de ménage. Elle explique que « Beaucoup d’employeurs hésitent à engager des personnes ayant le statut S ». Cependant, elle persévère et reste optimiste pour l’avenir. Elle est aussi reconnaissante du soutien qu’elle a reçu de la Suisse.
Liza, 23 ans, coach sportive et esthéticienne
Liza est arrivée en Suisse pour fuir la guerre il y a moins d’un an. C’est une jeune esthéticienne et coach sportive de 23 ans qui s’est installée à Moudon pour enrichir son expérience professionnelle. « Depuis mon arrivée, je me concentre sur mon apprentissage et mon développement personnel », partage-t-elle. Pourtant, son avenir en Suisse reste incertain. Elle affirme qu’elle « ne prévoit pas de rester en Suisse pour toujours » et ajoute que « La Suisse est stable et sûr. Mais dans l’avenir, je prévois de changer de pays pour poursuivre mon développement ». La guerre en Ukraine a cassé ses projets. Bien qu’elle rêve de construire sa propre vie, Liza garde son pays dans son cœur et prévoit de continuer à soutenir l’Ukraine, où qu’elle se trouve.
Réflexions et perspectives d’avenir : rester ou partir ?
Les témoignages de Liza, Nina et Svitlana illustrent la complexité de la situation. Liza aspire à continuer son développement professionnel ailleurs tout en soutenant son pays d’origine à distance. Nina, quant à elle, est tiraillée entre sa volonté de rentrer en Ukraine pour retrouver sa famille et le besoin de stabilité pour sa fille cadette, qui étudie désormais en Suisse. Svitlana, pour sa part, envisage de rester en Suisse à long terme, motivée par le soutien local et les perspectives de sécurité.
Ceci est le cas pour ces trois femmes, mais cela représente la réalité de beaucoup de personnes Ukrainiennes. Pour une grande majorité d’entre elles, la question de rester en Suisse ou de retourner en Ukraine reste ouverte. Elle est notamment motivée par les évolutions du conflit et des opportunités de carrière qui s’offrent en Suisse. Les valeurs de stabilité, de sécurité, la qualité de vie que la Suisse offre sont séduisantes, ainsi que ses efforts en matière d’intégration des personnes Ukrainiennes. Cependant, le lien profond avec l’Ukraine et le désir de contribuer à la reconstruction de leur pays demeurent forts chez certaines et certains.
Oleksandra Yefimenko
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils
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