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Requérants-épouvantails

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Un épuvantail. Photo : Jc (CC BY-NC-ND 2.0)

Un épouvantail. Photo : Jc
(CC BY-NC-ND 2.0)

Le 9 juin prochain, le peuple suisse se prononcera sur une énième révision de la loi sur l’asile… Ou plutôt un énième durcissement de la loi sur l’asile consécutif au fait que « le Parlement a révisé la loi sur l’asile et a déclaré urgentes plusieurs dispositions qui sont entrées en vigueur le 29 septembre 2012 ». Pour une population qui représente à peine 1% des résidents en Suisse, les autorités helvétiques n’en font-elle pas trop ?

N’est-ce pas là une sorte de diabolisation d’une couche de personnes très vulnérables, dont la majorité ont été contraintes de quitter leur pays en catastrophe ? On parle notamment de la suppression des demandes d’asile dans les ambassades, de la suppression de la désertion comme motif d’asile, de la création de « centres spéciaux » pour « requérants d’asile récalcitrants ».

Qui sera considéré comme « récalcitrant » ?

Penchons-nous justement sur l’idée de créer des « centres spéciaux » pour « requérants récalcitrants », une idée qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Qui seront les pensionnaires ? Quels seront les critères ? Ne sommes nous pas en train d’assister à la création d’un nouveau statut de requérants par Berne ? Après l’invention du statut de NEM (Non Entrée en Matière), ou encore celui de « requérants à l’Aide d’urgences » pour des requérants déboutés, avec la stigmatisation que l’on sait ? Certains partis de la droite suisse évoquaient dans un premier temps (il y a quelques mois déjà) l’idée de construire des « camps d’internement », nous rappelant les tristement célèbres camps de concentration nazis… Une idée qui avait vite été réfutée par les autres partis suisses, mais qui semble aujourd’hui (au moins pour certains) acceptable. La question qui taraude l’observateur neutre est de savoir pourquoi certains politiciens essaient d’attiser dangereusement les passions anti-immigrés ? par calcul politique à court terme ! Comment en est-on arrivé là ?

Philippe Currat, membre de la commission des Droits de l’homme de l’Ordre des avocats de Genève avertit déjà dans Le Matin dimanche du 30 mars 2013 que « la notion de récalcitrant est très floue et j’ai l’impression que c’est intentionnel. Ça laisse le champ libre aux autorités pour écarter quelqu’un sans avoir à se justifier. » Un requérant, que nous avons rencontré, dit « avoir peur que certains employés dans le milieu de l’asile s’en servent pour « régler des comptes » puisque rien est défini ». Alors qu’un autre nous demandait innocemment si « l’oubli d’acheter un ticket de métro ou de train, qui est déjà sanctionné par une amende, serait considéré comme un motif d’envoi dans un centre pour récalcitrants ? »

Autant de questions sur lesquelles les autorités devront se pencher !

« Acharnement incompréhensible » sur une population qui représente moins de 1% de résidents en Suisse

La création de centres pour récalcitrants, sans en avoir prédéterminé les règles, ouvre la voie à de possibles dérapages. Aldo Brina, co-président de Stop Exclusion, est clair là-dessus : « La création de centres pour récalcitrants n’apporte rien de bon, elle n’apporte que de l’arbitraire, car on ne sait pas qui est un récalcitrant, ni qui va être envoyé. Surtout qu’une personne placée dans un centre spécifique ne peut pas contester la mesure immédiatement. Elle ne peut le faire qu’après avoir passé quelques jours là-bas », conclut-il sur les ondes de la RTS.

Les révisions d’asile se succèdent rapidement en Suisse, certaines ONGs parlent « d’acharnement incompréhensible » sur une population qui représente moins de 1% des résidents en Suisse. Mais Jo Lang, Vice-président des Verts temporise « en Suisse, il n’y a pas que l’anti-asile et la xénophobie, il y a aussi de l’humanisme. »

« On ne reste pas des réfugiés pour la vie »

Les auteurs du referendum contre la modification de la loi sur l’asile dénoncent « des mesures urgentes inutiles et inhumaines », et se plaignent « de l’hystérie permanente et de la méfiance systématique envers les réfugiés. »

A qui profite ce climat malsain ? Cette zizanie semée entre personnes vivant dans un même pays ? La Suisse pays réputés humanitaire ?! Pourquoi vouloir toujours criminaliser, diaboliser, stigmatiser une catégorie minoritaire, souvent silencieuse et désorganisée, qui accepte l’humiliation par nécessité ? L’immigré est-il devenu la victime collatérale des aléas de l’humeur de la classe politique suisse ?

« Je serai toujours reconnaissant à la Suisse de nous avoir accueilli comme réfugiés en 1981. Depuis lors, j’ai été à l’école, je me suis engagé en politique et je suis devenu parlementaire. Je fais partie de la société suisse. Je veux dire qu’on ne reste pas des réfugiés à vie. En général, ils s’intègrent et ils contribuent à l’enrichissement économique et culturel du pays. Je ne comprends donc pas que le Parlement s’acharne de cette manière en durcissant continuellement la loi sur l’asile », dit à haute voix Antonio Hodgers, Président cantonal genevois du parti des Verts et Conseiller national. Propos rapportés par le site swissinfo.ch. Une belle leçon de morale à ceux qui veulent l’entendre, et surtout à ces politiciens qui détournent le regard des vrais problèmes en Suisse.

FBradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils



Aucun commentaire a Requérants-épouvantails

  1. Sophie dit :

    A se demander quelles sont les priorités de nos chers politiciens: répondre à un sentiment d’insécurité qu’ils alimentent par leurs maintes initiatives sur les étrangers et les requérants d’asile entre autre. C’est dommage et triste pour ne pas en dire plus.
    Alors que des Syriens attendent une réponse depuis des mois sur leur statut de séjour pendant que les bombes s’abattent sur leurs terres et leurs familles restées au pays, on met tous nos efforts à répondre rapidement par la négative à beaucoup d’autres, dont ces mêmes Syriens, mais Cas Dublin! ouf, on est sauvé…
    D’accord pour des procédures plus rapides, mais qu’elles aillent dans les deux sens, non? Apparemment, c’est encore trop compliqué…
    Quant aux autres mesures, je vous rejoins complètement sur le fait que ça ne concerne qu’1% de la population et qu’on en fait des tonnes sans consulter les personnes de terrain, mais en allant jusqu’en Hollande pour s’inspirer!!!
    Malheureusement, je crois et j’espère qu’un jour, cela va se retourner contre nous… Suffit de continuer à aller dans cette direction!

    Merci pour votre article!

    Sophie

  2. erphy dit :

    Pourquoi tant des incomprehensions politiques meme jusqu’aux niveaux des grandes organisations humanitaires de droit de l’homme.La question de la suppression des demandes d’asile dans les ambassades fait preuve d’une grande inquietude car les consequences seront d’une forte puissante.Cette question marque le caractere criminel de non assistance aux vies en danger et d’une incompetence impardonnable.il est irrationnel,donc irreflechi de decider la suppression des demandes dans les ambassades car cela,facilitait l’expenssion des refugies atravers le monde.Bienque les traitement des demandes pouvaient prendre des annees,les ambassades ont remerciablement joue un bon role.Par exemple,Moscou dotees de l’installation de UNCHR,n’arrive pas vite a venir en aide a une vie en danger.Celles dans les ambassades que les demandeurs pouvaient refuge.Les mesures dites urgentes ne sont venues qu’empirer la situation des refugies.Une protection humanitaire ne doit pas tenir compte des endroits.on l’accorde directement a l’endroit ou le demandeur exprime le motif de sa poursuite.il aurait ete plus sage,que les ambassades renforcent le durcisement de l’octroi d’asile car les fausses raisons d’asile on en compte plusieures.Voila une maniere de pouvoir regler cette desolation.le fait d’avoir un representant specialiste,agent de l’UNCHR en rapport avec le gouvernement du pays, dans chaque ambassade permettra de mieux suivre la demande d’un refugie(meme depuis l’etranger).La suisse qui prend des telles mesures finira par faire face aux vrais problemes dits urgents.A cote des questions juridiques,il faut aussi voir aussi les imperatifs politiques.le condidat Mbemba en poursuite dans son pays par exemple,etait rentre a l’ambassade de l’afrique du sud ou il a eu son statu de refugie.Cette mesure n’arrange pas les exilies.Nous devons offrir aux refugies plusieures possibilites de s’approcher a un point d’accueil ou de secours plus proche et rassurees.D’ailleurs ca aurait ete l’un des premiers objectifs des organisations humanitaires de droit de l’homme.La droite a ses raisons propres de ferme a cette idees,mais des raisons qui justifient une grande incompetence generale de leur ideologie.

  3. erphy dit :

    Pourquoi tant des incomprehensions politiques meme jusqu’aux niveaux des grandes organisations humanitaires de droit de l’homme.La question de la suppression des demandes d’asile dans les ambassades fait preuve d’une grande inquietude car les consequences seront d’une forte puissance critiques et fatale.Cette question marque le caractere criminel de non assistance aux vies en danger et d’une incompetence impardonnable.il est irrationnel,donc irreflechi de decider la suppression des demandes dans les ambassades car cela,facilitait l’expenssion des refugies atravers le monde au moment ou les procedures ailleurs etaient confrontes a d’autre difficultes d’occtroi.Bienque les traitements des demandes prennaient des annees,les ambassades ont remerciablement joue un bon role dans les occtrois d’exile.Par exemple,Moscou dotees de l’installation de UNCHR,n’arrivait et n’arrive toujours pas vite a venir en aide a une vie en danger.C’est dans les ambassades que les demandeurs s’adressaient en essayant de percer la porte de l’asile.C’est le cas de mon frere christian,qui sorti en fuite des persecutions physiques de notre gouvernement,s’etait retrouve en Russie ou apres une longue duree du trait de son dossier d’asile,mon frere serait rapatrie par les autorites russes au pays ou il etait assassine par les acteurs politiques.
    Quand aux grands pays de droit comme la France,les Etats unis,le Canada qui n’ont pas refuse cette criminelle proposition dite urgente,mais plutot l’ont salue,j’estimerai que le service international de droit de l’homme soit suspendu dans ces pays car c’est une surprise alarmante au regard du monde et pour le monde.Quand surgissent des forces majeures negatives de ce genre,le monde soumet toujours son espoir aux decisions
    americaines,francaises,canadiennes…Devant cette menace visible aux vies en danger pouvant etre qualifiees de « genocide organise par les pays egoistes »,l’ ambassades americaine,francaise,Canadienne …ect pouvaient aussi prevoir des exceptions tres restrictes pour repondre a la mauvaise decision de la gauche.Ces mesures prises,dites urgentes, ne sont venues que compliquer les choses,empirer la situation des refugies.Une protection humanitaire ne doit pas tenir compte des endroits.On l’accorde a l’endroit ou le demandeur exprime le motif de sa poursuite.il aurait ete plus sage,que les ambassades,elle memes, renforcent le durcisement de l’octroi d’asile car les fausses raisons d’asile on en compte aussi plusieures.

    Voila une maniere de pouvoir regler cette desolation.
    le fait d’avoir dans un pays,un representant specialiste,agent de l’UNCHR en rapport avec le gouvernement du pays ,dans chaque ambassade, permettra de mieux suivre la demande d’un refugie(meme depuis l’etranger).La suisse qui prend des telles mesures finira par faire face aux vrais problemes dits urgents.A cote des questions juridiques,il faut voir aussi les imperatifs politiques.le condidat Mbemba par exmple en poursuite dans son pays ,etait rentre a l’ambassade de l’afrique du sud ou il a eu son statu de refugie.Cette mesure urgente n’arrange pas les exilies.Nous devons offrir aux refugies plusieures possibilites de s’approcher a un point d’accueil ou de secours plus proche et rassurees.D’ailleurs ca aurait ete l’un des premiers objectifs des organisations humanitaires de droit de l’homme:accelerer les demandes d’asile dans les Ambassades dans des pays incapables de garantir les conditions aux refugies politiques(La Russie en exemple).
    La droite a ses raisons propres qui la definit,mais des raisons qui justifient une grande incompetence generale de leur ideologie. »On ne nait pas refugie politique,et on ne le reste pas toute la vie »c’est sont des imperatifs de la politique.L’expression de ma deception.il est a reviser encore,cette declaration.

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