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FLASH INFOS #86

Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe : Des extrémistes allemands interceptés près de la frontière avec la Pologne / Le conflit s’intensifie entre la Pologne et la Biélorussie / 600 personnes exilées interceptées à la frontière américaine

Des extrémistes allemands interceptés près de la frontière avec la Pologne

Courrier international, le 25.10.21

Dans la nuit du 23 au 24 octobre, environ cinquante membres du parti d’extrême droite Der Dritte Weg (« La Troisième Voie ») ont été appréhendés par la police allemande près de Guben, ville frontalière avec la Pologne. Lourdement armé.e.s lors de leur interpellation et soupçonné.e.s de vouloir stopper les personnes exilées, les partisan.e.s ont simplement affirmé vouloir « se faire une idée de la situation migratoire » à la frontière. Ces derniers et dernières ayant été incriminé.e.s, ils ont désormais l’interdiction de se rendre dans la région.

L’immigration illégale a fortement augmenté dans cette région suite à la décision du président biélorusse Loukachenko « d’ouvrir la route vers l’UE ». L’Allemagne et d’autres États européens, préoccupés par l’instrumentalisation de la question migratoire, demandent d’imposer de nouvelles sanctions à la Biélorussie.

Charlotte

Contributrice externe de Voix d’Exils

 

Le conflit s’intensifie entre la Pologne et la Biélorussie

Le Point, le 16.11.2021

Le 16 novembre dernier, les forces de sécurité polonaises ont fait usage de gaz lacrymogènes contre des personnes en situation d’exil qui étaient massées devant le poste-frontière de Bruzgi, proche du village polonais de Kuznica. Les personnes exilées jetaient des pierres sur les soldats qui les empêchaient de traverser la frontière avec la Biélorussie. Un soldat a été grièvement blessé lors des altercations. Tandis que la Russie dénonce le comportement de la Pologne, l’Union Européenne (UE) menace la Biélorussie en annonçant des mesures punitives.

Rachid Boukhemis

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

600 personnes exilées interceptées à la frontière américaine

Le Matin, le 21.11.2021

Samedi 20 novembre dernier, deux camions de transport ont été interceptés dans l’État de Veracruz au sud-est du Mexique alors qu’ils se dirigeaient vers la frontière américaine. Les véhicules transportaient près de 600 personnes exilées, 145 femmes et 455 hommes provenant pour la majorité des pays pauvres d’Amérique du Sud (Guatemala, Honduras et Nicaragua).  Le groupe était constitué autant de mineurs, de femmes enceintes que de personnes malades qui étaient entassés dans les conteneurs des camions.

L’Institut National de Migration (INM) du Mexique doit désormais se décider quant aux conditions de séjour de ces personnes qui bénéficieront soit d’un « retour assisté », soit d’une « opportunité de rester » grâce à une démarche de régularisation. Cette prise de décision intervient dans un contexte de hausse massive du flux d’immigration dans la région, une hausse favorisée notamment par l’institution de Joe Biden en tant que président des États-Unis et sa plus grande ouverture envers les demandeurs et demandeuses d’asile que l’ancien président, Donald Trump.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Nous remercions chaleureusement les étudiant.e.s de la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL) pour leurs contributions à cette édition n°86 du Flash INFOS qui ont été réalisées à l’occasion d’un atelier dispensé par la rédaction vaudoise de Voix d’Exils entre octobre et novembre 2021.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Flash infos #75

Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe : Les talibans de retour au pouvoir en Afghanistan / Le HCR retrouve l’accès à des camps de personnes réfugiées au Tigré / Un homme inculpé pour la noyade d’une personne migrante dans la Manche

Les insurgés talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan

Le Matin, le dimanche 15 août 2021.

Dix jours après la prise de contrôle de la première capitale provinciale afghane par les talibans, ceux-ci sont entrés dans plusieurs quartiers de Kaboul, capitale du pays. Le président Ashraf Ghani est parti à l’étranger sans que son régime n’offre de résistance aux talibans, considérant sa fuite comme nécessaire pour éviter une effusion de sang afghan. Ainsi, les talibans, qui se sont emparés du palais présidentiel, reprennent le pouvoir perdu vingt ans auparavant quand ceux-ci avaient refuser de livrer aux États-Unis d’Amérique Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaïda, à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Les insurgés se sont engagés à ne pas se venger des éléments de l’ancien régime*, et insistent sur leur volonté d’un transfert pacifique de pouvoir vers un gouvernement incluant tous les afghans. Peu avant la prise de la ville, la libération de milliers de prisonniers par les talibans a fait craindre que l’ordre public ne soit menacé.

Avec le retrait d’Afghanistan des troupes étatsuniennes et de l’OTAN, ces évènements ont marqué l’impuissance du régime afghan et de son armée, pourtant financée depuis vingt ans par les États-Unis d’Amérique.

*Note de mise à jour (19.08.21) : Selon un document confidentiel de l’ONU, les talibans font des recherches et effectuent des « visites ciblées porte-à-porte » pour trouver les individus ayant travaillé pour l’ancien régime ou des forces occidentales. Ces derniers figureraient sur des « listes prioritaires » d’arrestation, malgré la promesse des insurgés de ne pas se venger de ces personnes. (RTS, Les afghans ayant collaboré recherchés par les talibans, 19.08.21)

 

Accès aux camps de réfugié·e·s érythréen·ne·s au Tigré à nouveau possible pour le HCR

RTS, le mardi 10 août 2021.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré avoir à nouveau accès à deux camps de réfugié·e·s érythréen·ne·s dans la région du Tigré en Éthiopie. Un porte-parole de l’organisation a déclaré que de violents affrontements avaient empêché le personnel du HCR d’accéder aux camps d’Adi Harush et de Mai Aini depuis le 13 juillet. L’aide d’urgence a pu reprendre le 5 août. « Cependant, l’accès demeure limité du fait de la situation sécuritaire complexe et instable et les réfugiés continuent de faire face à des conditions de vie difficiles » selon le HCR. L’organisation demande un « passage sûr » pour le transfert des personnes réfugiées des deux camps vers un nouveau site en dehors de la région du Tigré. Le HCR, en collaboration avec d’autres organisations, a également commencé à délivrer des papiers d’identité aux érythréen·ne·s fuyant des camps détruits du nord du Tigré, vers Addis-Abeba.

En parallèle, le Premier ministre Abiy Ahmed a appelé « tous les éthiopiens aptes et majeurs » à rejoindre les forces armées, après neuf mois de conflit avec le Front de libération du peuple du Tigré. Le HCR s’inquiète des récents déplacements forcés en raison des combats dans les régions éthiopiennes bordant le Tigré. Selon l’ONU, environ 170’000 personnes ont été déplacées dans celles-ci. Le HCR constate également une augmentation du nombre de personnes traversant la frontière soudanaise depuis l’Éthiopie. L’organisation recherche des fonds pour venir en aide à 96′ 000 réfugié·e·s érythréen·ne·s et 650’000 déplacé·e·s internes dans la région du Tigré et jusqu’à 120’000 réfugié·e·s éthiopien·ne·s dans l’est du Soudan.

 

Un jeune homme noyé dans la manche

Ouest France, le samedi 14 août 2021.

Un jeune homme d’une vingtaine d’années a été emprisonné samedi dernier après avoir avoué qu’il était aux commandes d’un bateau qui a fait naufrage dans la Manche, tuant un homme, probablement érythréen. Une autopsie doit encore avoir lieu. Le ministère public a inculpé le jeune homme d’association de malfaiteurs, d’aide à l’entrée illégale, d’homicide involontaire et de mise en danger de la vie d’autrui. Mais il resterait « d’autres auteurs à identifier » liés à ce naufrage, selon le parquet.

Cet homme est la première personne à trouver la mort dans le détroit du Pas-de-Calais en 2021. Selon une agence de presse britannique, 11’000 personnes migrantes ont pu rejoindre l’Angleterre depuis le début de l’année. Un nouveau record a été établi le jour du naufrage, avec 592 personnes interceptées côté Royaume-Uni, selon le ministère britannique de l’intérieur.

 

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Revue de presse #43

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Situation inacceptable et solutions insatisfaisantes pour les personnes migrantes en Bosnie / Espoir de voir l’accélération de la construction d’un nouveau camp à Lesbos / Brexit : quels changements pour les personnes migrantes ?

Situation inacceptable et solutions insatisfaisantes pour les personnes migrantes en Bosnie

Le Figaro, le 2 janvier 2021

Le représentant spécial de l’Union européenne (UE) en Bosnie – Johann Sattler – a qualifié « d’inacceptable » la situation de plusieurs centaines de personnes migrantes s’étant retrouvées sans-abris suite à un incendie qui a ravagé un camp proche de la ville de Bihac le 23 décembre dernier. Dans le cadre d’une rencontre entre Monsieur Sattler, le ministre bosnien de la Sécurité et les ambassadeurs de différents pays européens en Bosnie, des solutions urgentes ont été discutées. La Commission européenne, qui finance le fonctionnement de plusieurs centres d’accueil pour personnes migrantes en Bosnie, et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) réclament la réouverture d’un centre dans la ville de Bihac. Mais les autorités locales du pays s’y opposent. Pour essayer de pallier cette crise, le gouvernement a déployé l’armée qui a installé des tentes sur le site du camp incendié. Cependant, il semblerait que les personnes auxquelles sont destinées ces infrastructures n’ont pas l’intention de les utiliser, car elles ne seront pas équipées de chauffages, ni d’eau courante. Selon l’OIM, actuellement quelque 8’500 personnes migrantes se trouvent en Bosnie, dont près de 6’000 vivent dans des centres d’accueil, alors que 2’500 à 3’000 d’entre elles sont sans-abris.

Espoir de voir l’accélération de la construction d’un nouveau camp à Lesbos

RTL INFO, le 31 décembre 2020

Après les incendies qui ont ravagé en septembre dernier le camp de Moria, qui se trouvait sur l’île de Lesbos en Grèce, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a effectué sa première visite du camp temporaire érigé sur l’île. Suite aux incendies, le gouvernement avait promis la construction d’un nouveau camp. Néanmoins, la construction de ce dernier s’est heurtée à l’opposition des habitant.e.s et des autorités locales, lassés par la présence des demandeurs d’asile sur leur île depuis la crise migratoire de 2015. Évoquant le soutien de l’Union européenne qui va financer le nouveau camp, le Premier ministre grec s’est félicité du fait que les autorités locales aient finalement approuvé le terrain où sera construit le nouveau camp. Il a également exprimé l’espoir de voir l’accélération des procédures d’appel d’offres allant aboutir à une solution permanente.

Brexit : quels changements pour les migrants ?

Infomigrants, le 29 décembre 2020

Après plusieurs mois de négociations entre l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni, le Brexit a pu entrer en vigueur le 31 décembre 2020. Alors que  le 24 décembre dernier, Londres et Bruxelles sont parvenus in extremis à un accord de libre-échange salvateur pour leurs économies, peu de détails ont filtré concernant la situation des demandeurs d’asile et des personnes migrantes souhaitant se rendre dans le pays. Néanmoins, il ressort que le règlement de Dublin III, qui détermine le pays européen responsable d’une demande d’asile, va prendre fin. Le nouveau règlement visant à remplacer celui-ci n’a pas encore été trouvé. Conséquence directe: les réunifications familiales se révèleront désormais bien plus compliquées à mettre en œuvre. En effet, en l’absence du règlement Dublin, c’est le droit britannique, plus restrictif que celui de l’accord, qui prime. Pour les personnes migrantes non européennes, le Brexit aura peu d’implications directes. En effet, le Royaume-Uni disposait déjà d’une plus grande flexibilité que les autres membres de l’UE. Les personnes migrantes les plus touchées par le Brexit seront ainsi les travailleurs et travailleuses Européens. La sortie de l’UE ne remet cependant pas en question le fait que le pays est signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Revue de presse #33

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : baisse sans précédent des flux migratoires dans les pays de l’OCDE / Suisse : entre 145’000 et 420’000 francs pour obtenir un Permis B / Grèce : une clôture de 27 KM pour renforcer la frontière avec la Turquie / États-Unis : 545 enfants migrants toujours sans parents

Baisse sans précédent des flux migratoires dans les pays de l’OCDE

RTS info, le 19 octobre 2020

Alors que le nombre de personnes migrantes permanentes est resté stable en 2018 et 2019 (environ 5,3 millions par an), le nombre de nouveaux permis délivrés a baissé de 46% au premier semestre 2020, a souligné Jean-Christophe Dumont, chef de la division migrations internationales de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Au deuxième trimestre, la baisse a même atteint 72% par rapport à la même période de l’année précédente : en Suisse 31%, en Allemagne 57% et en Autriche 40%.

Compte tenu de la fermeture des frontières en raison de la pandémie du COVID-19 qui a engendré une perturbation des mobilités internationales pendant plusieurs mois, cette baisse sans précédent est qualifiée de « sans surprise ». Elle pourrait néanmoins être partiellement compensée au deuxième semestre, estime le rapport de l’organisation publié le lundi 19 octobre 2020.

Par ailleurs, alors qu’en 2019 plus des deux tiers des personnes migrantes avaient un emploi, les conséquences économiques de la pandémie du COVID-19 pourraient faire reculer les progrès réalisés pour leur intégration sur le marché du travail, estime également l’OCDE. En 2019, Les travailleurs et travailleuses migrant.e.s représentaient en moyenne un quart du personnel médical dans la zone OCDE qui regroupe une quarantaine de pays développés. En Suisse, c’est même près de la moitié. Les secteurs des transports, du nettoyage, de l’industrie alimentaire et des services informatiques sont également concernés.

Suisse : entre 145’000 et 420’000 francs pour obtenir un Permis B

RTS, le 25 octobre 2020

Les cantons suisses peuvent accorder des permis de résidence à des personnes migrantes non européennes, s’ils jugent les rentrées fiscales intéressantes. Depuis 2008, selon une enquête de l’émission de la Radio Télévision Suisse (RTS) Mise au Point, 653 personnes ont bénéficié de cette dérogation à la loi sur les étrangers. Ces grandes fortunes s’installent en négociant un forfait fiscal annuel qui varie beaucoup d’un canton à l’autre. La majorité des bénéficiaires sont des Russes avec environ 30% des permis de résidence accordés. Les Turcs, les Chinois, les Ukrainiens et les citoyens des pays du Golfe sont aussi friands de cette possibilité offerte par la Suisse.

En outre, depuis l’arrivée de la pandémie du COVID-19, afin d’échapper à l’épidémie ou aux infrastructures de santé défaillantes de leur pays, des millionnaires du monde entier contactent des cabinets de consultants pour acheter des permis de résidence en Suisse souligne l’émission.

Néanmoins, les conditions pour déroger à la règle sont strictes. Au-delà des montants financiers révélés par Mise au Point, le bénéficiaire doit habiter au moins six mois par an en Suisse. Il doit également renoncer à exercer une activité lucrative. En revanche, grâce au permis B, il peut circuler librement dans tout l’espace Schengen. Selon les montants planchers transmis à la rédaction de Mise au Point par les cantons romands, c’est dans le Jura que le forfait fiscal, et donc le permis B, revient le moins cher. Pour une personne migrante non européenne célibataire, il faut payer minimum 146’816 francs d’impôts. Suivent Neuchâtel (190’000.-), Fribourg (209’000.-) puis le Valais (287’882.-). Genève et Vaud sont les cantons qui exigent le plus avec respectivement 312’522 francs et 415’000 francs d’impôts à payer. Malgré cela, Genève est le canton qui a délivré le plus de permis B aux fortunés extra-européens depuis 2015 (58). Vaud (24) et le Valais (16) complète le podium.

 

Grèce : une clôture de 27 km pour renforcer la frontière avec la Turquie

Infomigrants, le 16 octobre 2020

Annoncée en août dernier par le gouvernement grec, la construction d’une nouvelle clôture le long de la frontière avec la Turquie a débuté le 15 octobre 2020, rapporte le quotidien grec Kathimerini. Après l’arrivée massive de migrants en Grèce en février et mars, Athènes avait annoncé qu’elle étendrait la barrière de ciment et de barbelés située à sa frontière avec la Turquie, l’objectif étant d’empêcher les migrants de pénétrer dans le pays.

Pour un coût total de 62,9 millions d’euros, la clôture mesurera 27 kilomètres et huit postes d’observation situés en hauteur seront construits et utilisés par l’armée. Endommagée en 2015, la barrière actuelle sera également renforcée grâce à un garde-corps en acier qui mesurera 4,3 mètres de haut, soit près d’un mètre supplémentaire.

 

États-Unis : 545 enfants migrants toujours sans parents

lematin.ch, le 21 octobre 2020

Séparés de leurs enfants après avoir illégalement franchi la frontière des États-Unis, les parents de 545 enfants n’ont pas pu être localisés a indiqué le 20 octobre 2020 la puissante association American Civil Liberties Union (ACLU) œuvrant pour la défense des droits humains. « Via notre action en justice, nous avons informé le tribunal que les parents de 545 enfants sont toujours manquants », a indiqué l’association sur son compte Twitter. Selon un document judiciaire publié par la chaîne CNN, les deux-tiers de ces parents manquants ont probablement été expulsés.

Afin de lutter contre l’immigration clandestine, une politique de « zéro tolérance » avait été instaurée par le Président américain Donald Trump. Conformément à cette politique, les États-Unis ont commencé à séparer les enfants de leurs parents en mai 2018, provoquant une vague d’indignation dans le pays et à l’étranger. Après six semaines de mise en œuvre de la politique, l’administration avait toutefois renoncé à cette pratique, sauf si les parents présentaient « un risque » pour leurs enfants. En outre, une décision de justice datant de 2018 oblige le gouvernement américain à faire le nécessaire pour réunir ces familles.

Masar Hoti / Voix d’Exils




L’exil, l’autre enfer #2

L’aéroport de Frankfort. Source: wikipedia.org

Des complications à l’aéroport de Frankfort

Un adage dit : « On n’est nulle part mieux que chez soi », mais certaines réalités ne nous laissent pas toujours le choix face au péril, à la menace et à l’insécurité. Billy est un défenseur des droits humains au Togo, un pays de l’Afrique de l’ouest qui vit sous un régime dictatorial de père en fils depuis plus de cinquante ans. Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils, il nous livre le récit de son calvaire, depuis son pays jusqu’en Suisse où son vécu quotidien rime toujours avec angoisse et incertitude. Episode 2/3.

Je débarquai à l’aéroport de Frankfort. Très peu renseigné sur les usages de l’exil, je savais toutefois que je devais demander l’asile à l’aéroport. J’ai salué un Africain et lui ai exposé mon problème. L’homme, sans doute un Nigérian, me répondit en anglais « You are in the right place ». Il passa un coup de fil et quelques instants après Stone, un de ses complices, vint me récupérer pour « m’aider à remplir les formalités de demande d’asile ».

Je me suis retrouvé dans un appartement de trois chambres et un grand salon où je m’installai. Stone me demanda mon passeport et s’enquit de la somme d’argent que j’avais sur moi. Je lui remis 500 euros des 1500 que j’avais. « Dans quoi me suis-je fourré? » pensais-je. J’étais interdit de toute sortie « pour ne pas me faire appréhender par la police et jeter en prison » comme Stone me l’avait expliqué dès mon entrée dans l’appartement. J’étais très fatigué et très malade. Les jours passaient, Stone me promettait que je pourrai bientôt entrer dans le camp d’enregistrement. Au bout de quelques jours, il vint me demander 500 euros de plus que je lui remis. Il ne me restait donc que le tiers de l’argent. J’ai passé en tout deux semaines chez mes ravisseurs, témoin de va-et-vient interminables de Blancs et de Noirs qui défilaient chaque jour chez Stone. Au lendemain de l’expiration de mon visa, il me dit: « Ton visa a expiré hier et tu ne m’en as pas informé ? » J’ai répliqué avec colère : « you have my passport and my visa is Inside! ». Il me fit comprendre que désormais, les choses allaient être difficiles et qu’il avait besoin du reste de mon argent ; et il promit que le lendemain nous partirions déposer ma demande d’asile.

Quelques jours plus tard, le 2 décembre 2017, nous nous mîmes en chemin vers je ne sais où ; j’étais avec Stone et une autre personne qui venait souvent à la maison. D’après eux, nous allions au camp de réfugiés. Le trajet fut très long, environ quatre ou cinq heures, après quoi, nous arrivâmes près d’une gare. Je lus le nom de la ville sur la façade : j’étais à Bâle. Stone me fit descendre du véhicule et me dit de me rendre à Vallorbe dans le canton de Vaud. Le temps de descendre du véhicule et de chercher à récupérer ma valise dans le coffre arrière, je ne vis que de la fumée : ils étaient partis à vive allure avec mon bagage et toutes mes affaires, dont mon passeport. Je suis resté hagard avec mon sac à dos.

Une femme dont j’ai gardé le prénom en mémoire – Eliane – avait assisté à la scène et m’approcha. Je lui racontai comment ces bandits m’avaient arnaqué. Je tremblais de froid et d’effroi. Elle pensa tout d’abord à alerter la police puis elle me dit qu’elle allait m’aider à rejoindre Vallorbe car elle y allait justement. J’étais dépouillé jusqu’au dernier centime. Eliane paya mon billet de train et, après une correspondance à Lausanne, nous arrivâmes à Vallorbe. Eliane m’accompagna jusqu’à la porte du centre d’enregistrement et me laissa sur ces mots : « Tout de bon, cher Billy, sois prudent et ne te laisse plus jamais avoir ! ». Après son départ, je tremblais toujours. Deux jours plus tard, ma tension artérielle s’éleva au point où je fus admis aux urgences de l’hôpital Saint-Loup à Yverdon-les-Bains.

Les terribles accords de Dublin

Huit jours après mon enregistrement au centre d’accueil de Vallorbe, je passais ma première audition. On me signifia que je devais retourner en Allemagne car c’était le pays responsable de ma demande d’asile selon les accords de Dublin. La Suisse n’entrait donc pas en matière sur ma demande d’asile. J’essayais d’objecter que je ne pourrai pas retourner en Allemagne et racontai ma mésaventure ; j’étais très fatigué et désespéré, la mort dans l’âme. J’avais aussi peur que lorsque j’étais dans mon pays.

Un mois plus tard, je fus transféré dans le canton du Valais, attendant le sort que me réservaient les fameux accords de Dublin. Je subissais des crises à répétition dues aux lésions de ma moelle épinière. Des associations, qui avaient assisté à l’une de mes crises lors d’une retraite spirituelle organisée à l’intention des refugiés et requérants d’asile, adressèrent plusieurs courriers au Secrétariat d’Etat aux migrations aux fins de surseoir à mon renvoi vers l’Allemagne, sans succès. Je reçus avec angoisse les réponses qui, toutes, exigeaient mon retour en Allemagne.

Billy

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Les épisodes précédents:

L’exil, l’autre enfer  « De la défense des droits humains à la contrainte de l’exil » épisode 1, article publié le 17.02.2020