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L’éducation entre deux mondes

L’éducation entre deux mondes

Photo: Oleksandra Yefimenko

La vie des enfants ukrainiens en Suisse

La vie des enfants ukrainiens en Suisse et leur adaptation dans la nouvelle société sont des sujets qui concernent non seulement les parents de ces derniers, mais aussi la société suisse en général, notamment dû au grand nombre de personnes migrantes ukrainiennes arrivées en Suisse depuis 2022. Il y a une grande différence entre les systèmes éducatifs des deux pays, et ces différences se retrouvent aussi à tous les niveaux de l’éducation : des garderies jusqu’aux écoles.

La guerre en Ukraine a poussé des milliers de familles à quitter leur pays, cherchant un refuge dans différents coins de l’Europe. La Suisse, qui est connue pour sa stabilité et ses services de haute qualité, est devenue rapidement une des destinations favorites pour de nombreuses familles ukrainiennes. L’un des défis les plus importants pour ces familles était, et reste sans doute, l’intégration de leurs enfants dans un nouveau système éducatif, avec de nouvelles langues et un environnement culturel bien différent. Cette transition n’est bien entendu pas facile. Grâce au soutien de toute la société, les petites filles et les petits garçons ukrainiens réussissent peu à peu à trouver leurs repères.     

Un accueil généreux pour les enfants ukrainiens

En Suisse, les enfants Ukrainiens ont rapidement eu accès aux garderies et aux écoles publiques, tout comme les enfants helvétiques. Les cantons ont rapidement mis en place des dispositifs pour accueillir ces nouveaux arrivants. Des classes spécifiques d’accueil ont même été créées dans certaines régions pour aider les enfants ukrainiens à apprendre la langue locale ; que ce soit l’allemand, le français ou l’italien, selon le lieu de résidence.

Les garderies jouent également un rôle important dans l’intégration des plus jeunes. Elles offrent, non seulement un environnement sûr et accueillant, mais permettent aussi aux enfants d’être familiarisés très tôt aux langues nationales. Cela favorise bien entendu leur apprentissage et leur adaptation culturelle.

Voilà, ci-après une comparaison entre les systèmes éducatifs des deux pays:

 La garderies et l’école en Ukraine 

En Ukraine, les garderies accueillent les enfants dès l’âge de 2 ans et jusqu’à 6 ans, moment où ils entrent à l’école. Le programme éducatif des garderies met l’accent sur la préparation à l’école, avec des exercices d’écriture, de lecture et de calcul. Les méthodes d’enseignement valorisent la discipline et l’organisation, avec des objectifs éducatifs et scolaires bien précis, bien qu’un temps soit aussi réservé aux jeux. Les garderies fonctionnent généralement toute la journée et sont financées par l’Etat, bien que les parents doivent souvent participer à certains frais supplémentaires.     

La scolarité obligatoire débute à 6 ou 7 ans. Les notes, sur une échelle de 1 à 12 points, jouent un rôle clé dans le processus éducatif. L’école primaire ukrainienne dure 4 ans. Ensuite, les enfants passent à l’école secondaire qui se termine à la 11ème année lorsqu’ils atteignent l’âge de 16 ou 17 ans. L’approche pédagogique est souvent traditionnelle, mettant l’accent sur l’apprentissage des connaissances théoriques de différentes disciplines, avec un programme national commun. La langue principale d’enseignement est l’ukrainien et les élèves apprennent aussi certaines langues étrangères telles que l’anglais ou l’allemand.    

La garderies et l’école en Suisse

En Suisse, les garderies accueillent les enfants dès leur naissance jusqu’à l’âge de 6 ans, avec 2 années obligatoires avant leur entrée à l’école. Le programme préscolaire se concentre surtout sur le développement social et émotionnel, aidant les enfants à interagir en groupes, à devenir autonomes et créatifs, sans donner la priorité à l’apprentissage formel de l’écriture et du calcul. Les méthodes d’enseignement en garderie reposent principalement sur le jeu, avec les activités en plein air, la créativité et liberté d’expression comme éléments essentiels. Les horaires des garderies varient, certaines ne fonctionnant que le matin selon les cantons. Les frais quant à eux sont souvent ajustés en fonction des revenus familiaux.

L’école primaire en Suisse commence à 4 ans avec deux années obligatoires en enfantine. Le système d’évaluation diffère de l’ukrainien, avec des notes apparaissant à des stades plus avancés de la scolarité. L’accent étant mis, lors de l’école primaire, sur le développent des connaissances et des compétences sociales sans notations strictes. La scolarité obligatoire dure onze ans, après quoi, les élèves entrent dans un système secondaire différencié, les orientant vers une formation professionnelle ou académique. L’approche pédagogique suisse est flexible et individualisée, et encourage la pensée critique, l’autonomie, le travail sur des projets et la collaboration. Selon le canton, les cours se déroulent en allemand, français ou italien, et les élèves apprennent également d’autres langues, notamment l’anglais.  

Donc, en Suisse, le processus éducatif est davantage axé sur les besoins individuels de l’enfant, l’apprentissage interactif et les compétences sociales. En Ukraine, malgré certaines évolutions, le système éducatif reste plus structuré et centré sur les connaissances académiques dès le plus jeune âge.

 Comment les enfants s’adaptent à un nouvel environnement et à une nouvelle langue ?

L’adaptation des enfants à un nouveau pays dépend de plusieurs facteurs comme : l’âge, le niveau d’exposition à la nouvelle langue et les expériences personnelles liées au déplacement. Pour beaucoup d’enfants ukrainiens, quitter leur pays en raison de la guerre est un traumatisme. Pourtant, leur capacité à apprendre et à s’adapter est remarquable.

Certains enfants trouvent leur intégration difficile en raison du stress excessif lié au déménagement. De plus, la plupart des enfants continuent à étudier en ligne dans les écoles ukrainiennes ce qui, à mon avis, complique le processus d’intégration.   

Dans les écoles suisses, les enfants ukrainiens reçoivent un soutien personnalisé pour apprendre la langue du canton où ils se trouvent. Les enseignants sont formés pour aider les élèves étrangers à s’intégrer, tout en étant conscients des défis émotionnels auxquels certains peuvent faire face. Les jeunes enfants, notamment ceux en bas âge, sont souvent capables d’apprendre la langue très rapidement, grâce à leur immersion quotidienne dans un environnement multilingue.

Les enfants plus âgés peuvent rencontrer plus de difficultés, notamment en raison des différences entre les systèmes éducatifs. Mais, avec le soutien et de la persévérance, beaucoup réussissent à s’adapter et à progresser.     

L’accompagnement des parents dans l’éducation de leurs enfants à l’étranger

Pour les parents ukrainiens, accompagner leurs enfants dans ce processus d’intégration peut être à la fois stimulant et stressant. En plus des défis pratiques, comme la compréhension du système éducatif suisse et des barrières linguistiques, les parents doivent souvent gérer leur propre adaptation, tout en soutenant émotionnellement leurs enfants.

Heureusement, en Suisse, il existe de nombreux services d’accompagnement pour les parents. Des cours de langues sont offerts aux parents, leur permettant ainsi de mieux comprendre et participer à la vie scolaire de leurs enfants. De plus, des associations locales et des initiatives communautaires proposent des ressources et des espaces de partage pour les parents, afin qu’ils ne se sentent pas isolés dans ce processus.   

Il est également important de souligner le rôle de la communauté ukrainienne en Suisse. Les parents peuvent trouver un soutien émotionnel et pratique auprès d’autres familles ukrainiennes qui vivent des expériences similaires. Ensemble, ils partagent des conseils, des informations et des moments de réconfort.  

Conclusion

La vie des enfants ukrainien en Suisse est marquée par des défis importants, mais aussi par des opportunités d’apprentissages, de grandir et de s’intégrer dans une nouvelle société. Avec le soutien des écoles suisses, des parents et des communautés, ces enfants montrent une incroyable résilience et une capacité d’adaptation. Leur parcours, bien que difficile, est une preuve de la force de la jeunesse face à l’adversité.  

Oleksandra Yefimenko

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

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