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L’information pour combattre le Coronavirus

Affiche de prévention contre le Coronavirus avec le logo Voix d’Exils réalisée avec les outils de communication interactifs mis à disposition par l’OFSP.

Sauvez des vies en diffusant les messages de prévention en plusieurs langues

La Suisse se trouve dans une situation extraordinaire depuis lundi 16 mars. Le nombre de cas de personnes atteintes par le virus augmente rapidement. L’ensemble de la population est concernée et doit urgemment adopter un comportement responsable. Afin de limiter le nombre de personnes gravement malades et une surcharge de notre système de santé, nous devons agir ensemble maintenant et être solidaires. Faire passer les messages de prévention essentiels en plusieurs langues contribue à sauver des vies. L’information permet de prendre conscience de la gravité du problème ce qui favorise un comportement responsable et citoyen.

Le but est de ralentir la propagation de l’épidémie, de protéger les personnes à risques accrus de complications (personnes vulnérables) et de permettre aux services de santé de pouvoir gérer les cas sévères. Les personnes particulièrement vulnérables sont les personnes de plus de 65 ans et celles souffrant déjà d’une maladie

Messages à diffuser largement

Le Conseil fédéral est le gouvernement de la Suisse.

Le message de recommandation du Conseil fédéral est: « restez à la maison, en particulier si vous êtes malade ou âgé de 65 ans et plus. Sauf si vous devez aller au travail et ne pouvez pas travailler à domicile; sauf si vous devez aller chez le médecin ou à la pharmacie, sauf si vous devez faire des courses ou aider quelqu’un. Le Conseil fédéral et la Suisse comptent sur vous »

Sur le site de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) https://ofsp-coronavirus.ch/telechargements/ les informations les plus importantes sont mises à jour en permanence dans plusieurs langues (albanais, arabe, espagnol, mandarin, portugais, serbe, bosnien, croate et turc). D’autres langues (notamment le farsi, kurde, somali, tamil et tigrinya) suivront selon le Bureau lausannois pour les immigrés (BLI).

Merci de diffuser largement ces messages clés aux personnes ne parlant pas le français.

Informez-vous régulièrement via des sources fiables car la situation change très vite.

Méfiez-vous des informations non vérifiées.

Soyez responsables et solidaires avec les personnes vulnérables.

Prenez soin de vous et de vos proches.

La rédaction de Voix d’Exils

 

Informations de première main sur le Coronavirus

Infoline coronavirus suisse:

Pour réaliser soi-même un pré-diagnostique et ne pas surcharger les services d’urgence : https://coronavirus.unisante.ch/

Numéro pour la population (Office fédérale de la santé publique) : 058 463 00 00, tous les jours, 24 heures sur 24

Numéro pour les professionnels et professionnelles de la santé (Office fédérale de la santé publique) : 058 462 21 00 tous les jours de 8h à 18h

International:

Site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) https://www.who.int/fr

Confédération:

Office fédérale de la santé publique : https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home.html 

Site de référence avec informations de première main pour la Suisse

Cantons :

Berne https://www.besondere-lage.sites.be.ch/besondere-lage_sites/fr/index/corona/index.html

Vaud https://vd.ch/coronavirus

Genève https://www.ge.ch/nouveau-coronavirus-covid-19-ex-2019-ncov

Valais https://www.vs.ch/web/coronavirus

Fribourg https://www.fr.ch/dsas/sante/prevention-et-promotion/coronavirus-informations

Neuchâtel https://www.ne.ch/autorites/DFS/SCSP/medecin-cantonal/maladies-vaccinations/Pages/Coronavirus.aspx

Jura https://www.jura.ch/fr/Autorites/Coronavirus/Accueil/Coronavirus-Informations-officielles-a-la-population-jurassienne.html

Hôpitaux:

Genève https://www.hug-ge.ch/coronavirus

Lausanne https://www.chuv.ch/fr/chuv-home/en-bref/informations-sur-le-coronavirus-covid-19/

Valais https://www.hopitalduvalais.ch/fr/coronavirus-covid-19-informations.html

Neuchâtel https://www.rhne.ch/accueil




La revue de presse #5

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe: migrations en Afrique/ voix de femmes tunisiennes noires/ un plan d’urgence migration en Tunisie ->

Des millions d’Africains émigrent sur leur propre continent

Jeune Afrique, 26 février 2020

On le sait, le périple des migrant.e.s africain.e.s en quête d’un avenir meilleur les conduit souvent en Europe. Ce que l’on sait moins, c’est qu’ils sont aussi très nombreux à migrer sans quitter le continent africain. De la Somalie au Kenya, du Soudan à l’Ouganda, fuyant les conflits et les catastrophes, des millions d’entre eux se déplacent en quête de nouvelles opportunités. Ils s’installent, temporairement ou pour toujours, dans les pays voisins, ou alors ils se déplacent à l’intérieur des frontières de leur propre pays.

Cette dernière décennie, ces migrations de grande ampleur ont atteint un niveau alarmant selon le rapport de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) qui note qu’en 2018, près de 70 % des cas de déplacements mondiaux causés par les conflits et les violences à travers le monde – soit 7,5 millions – ont eu lieu en Afrique. Ces déplacements sont également suscités par le fort taux d’urbanisation du continent, les inégalités socio-économiques, ainsi que par des aléas climatiques toujours plus intenses qui réduisent les moyens de subsistance des communautés.

Pour faire face, trente pays africains ont ratifié la Convention de Kampala, qui a fêté ses dix ans fin 2019. Elle est le seul instrument juridiquement contraignant au monde qui exige des gouvernements signataires de garantir protection et assistance aux personnes déplacées.

L’espoir réside aujourd’hui dans la capacité des gouvernements africains à reconnaître l’urgence de la question et à s’associer aux organisations internationales pour combiner savoir local, accès au terrain et expertise technique.

La voix des femmes tunisiennes noires

Jeune Afrique, 28 février 2020

Docteure en géographie sociale, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques, la Tunisienne Maha Abdelhamid ne manque ni de courage ni d’esprit combatif. Le 23 janvier dernier, elle a lancé avec l’aide de six compatriotes le groupe de réflexion « Voix des femmes tunisiennes noires ».

Maha Abdelhamid a d’abord fait ses gammes en 2012 au sein de l’association ADAM pour l’égalité et le développement. Pionnière de la dénonciation des discriminations contre les noirs dans le pays, elle est devenue membre du Comité pour le respect des libertés et droits de l’homme en Tunisie. Installée en France depuis 2013, elle poursuit sa mobilisation pour son pays d’origine sur les réseaux sociaux et au travers de ses recherches.

Son objectif : faire reconnaître par la société tunisienne la pluralité de sa population. Petite précision, son groupe de femmes ne tient pas à exclure les hommes, mais plutôt à créer une nouvelle dynamique dans la sphère des femmes tunisiennes où les femmes noires ne sont pas représentées. Ou alors seulement comme des victimes.

Tunisie, un plan d’urgence pour l’accueil des migrants

Jeune Afrique, 10 janvier 2020

La Tunisie a déjà accueilli près d’un million de Libyen.ne.s au début de la guerre civile en 2011. Suite à une nouvelle escalade militaire en Libye, elle se prépare à recevoir prochainement une nouvelle vague de personnes fuyant les combats. Les autorités tunisiennes ont donc prévu un plan d’urgence pensé conjointement avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Croissant rouge. Ce plan sera activé si le nombre d’arrivées atteint, à la frontière, 300 personnes par jour ou 2’000 personnes par semaine.

Prévu pour la prise en charge de 25’000 personnes, dont 12 000 Libyen.ne.s, un nouveau camp sera si nécessaire installé rapidement dans la région de Bir El Fatnassiya. Pour faciliter le traitement des dossiers, il sera divisé en trois parties : les Libyens d’un côté, les demandeurs d’asile et les réfugiés de l’autre, et enfin les migrants.

Mais ce projet a un prix. Rien que l’installation de l’eau potable et des services nécessaires devrait coûter des millions de dollars. Des dépenses difficiles à assumer pour la Tunisie qui est exsangue économiquement. C’est pourquoi, les organisations internationales impliquées se tourneront vers l’aide de l’Union européenne (UE) et de donateurs internationaux.

La Tunisie a averti qu’elle refusait de servir de « hotspot » (sous-traitance de l’accueil) à l’UE pour les migrants qui rêvent d’Europe et qui sont présents en nombre et dans des conditions extrêmement difficiles en Libye. Si le temporaire venait à durer, des solutions de réinstallation dans un pays tiers ou les retours volontaires pourraient être envisagés. La Tunisie en appelle à la communauté internationale et aux pays européens qui ont fermé leurs frontières maritimes pour qu’ils se montrent solidaires.

 

Oumalkaire / Voix d’Exils




Bad trip*

Auteur: Dr H. membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Aquarius versus Coronavirus

* Bad trip (anglais) = mauvais délire ou mauvais voyage.

** Persona non grata (latin) = personne n’étant pas la bienvenue dans un pays.

*** Go away (anglais) = allez-vous en.




L’exil, l’autre enfer #3

flikr.com / Lee Haywood « Blue lights » CC BY-SA 2.0.

Le grand cauchemar


Un adage dit : « On n’est nulle part mieux que chez soi », mais certaines réalités ne nous laissent pas toujours le choix face au péril, à la menace et à l’insécurité. Billy est un défenseur des droits humains au Togo, un pays de l’Afrique de l’ouest qui vit sous un régime dictatorial de père en fils depuis plus de cinquante ans. Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils, il nous livre le récit de son calvaire, depuis son pays jusqu’en Suisse où son vécu quotidien rime toujours avec angoisse et incertitude. Episode 3/3.

Je n’ai rien contre la Suisse, mon pays d’accueil; au contraire, j’y suis installé et protégé jusqu’à la fin de ma procédure d’asile. Cependant, les durs mécanismes des lois d’octroi de statut de réfugié peuvent s’avérer un enfer pour le requérant.
Le lundi 28 mai 2018, aux environs de 03h30 du matin, alors que je venais à peine de m’endormir, à cause de l’insomnie et des crampes nocturnes dont je souffrais, trois hommes firent irruption dans ma chambre après avoir donné un coup de poing à la porte : deux agents de la police et un infirmier. « Levez-vous monsieur et habillez-vous ! On va en Allemagne, où vous serez remis aux autorités »: me lança l’un d’eux. C’était comme dans un très mauvais rêve.

Secoué par la panique, je leur expliquai que je me déplaçais difficilement et que je venais à peine de rentrer d’une hospitalisation. « Nous allons vous aider » m’a répondu un des policiers.
Je cherchai un pantalon à enfiler quand je perdis l’équilibre et retombai sur mon lit, tout tremblant. J’entendis l’un des policiers dire : « Il simule » et lorsque je voulus lui répondre, j’eus la sensation de me mordre la langue. L’autre policier me donna des gifles et me pinça la cuisse comme pour me réveiller. Il me mit un stylo au travers de la bouche. L’urinal que je gardais près de mon lit était tombé et toute l’urine s’était déversée dans la chambre. Ils m’ont déposé sur mon duvet et m’ont traîné jusqu’au couloir, sous les regards effarés de mes voisins et voisines de chambre, à qui les agents de police intimèrent l’ordre de se taire et de retourner dans leurs chambres.
Finalement, ils appelèrent une ambulance ; après les premiers soins sur place, je fus admis aux urgences de l’hôpital de Monthey. À la sortie de l’ambulance, j’étais tout mouillé d’urine et je n’avais d’autres vêtements sur moi que le caleçon que j’avais mis avant mes convulsions.

Encore une déception

Je passai ma deuxième audition d’asile trois mois plus tard car il n’était plus question d’Allemagne, le délai de renvoi ayant expiré. La Suisse allait examiner mes motifs d’asile. J’étais vraiment sûr de moi car j’étais convaincu de la justesse de ma cause ; j’avais confiance, malgré l’angoisse que j’éprouvais encore en me remémorant mon calvaire. Malheureusement, deux mois après cette audition, à ma grande surprise, le SEM rendit une décision négative. J’ai introduit un recours auprès du Tribunal administratif fédéral et j’attends actuellement sa décision.

D’où viendra le secours ?

Jusqu’à ce jour, mon sommeil est troublé et mes nuits hantées par le film implacable de cet enfer de l’exil qui me couvre d’ombre de peur. A quand ma liberté ? A quand la fin de ce cauchemar ? Quand serai-je enfin libéré de cette prison? La prison de l’enfer de l’exil ?

Billy

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Les épisodes précédents:

L’exil, l’autre enfer #1 « De la défense des droits humains à la contrainte de l’exil ». Episode 1 publié le 17.02.2020

L’exil, l’autre enfer #2 « Des complications à l’aéroport de Frankfort ». Episode 2 publié le 04.03.2020




L’exil, l’autre enfer #2

L’aéroport de Frankfort. Source: wikipedia.org

Des complications à l’aéroport de Frankfort

Un adage dit : « On n’est nulle part mieux que chez soi », mais certaines réalités ne nous laissent pas toujours le choix face au péril, à la menace et à l’insécurité. Billy est un défenseur des droits humains au Togo, un pays de l’Afrique de l’ouest qui vit sous un régime dictatorial de père en fils depuis plus de cinquante ans. Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils, il nous livre le récit de son calvaire, depuis son pays jusqu’en Suisse où son vécu quotidien rime toujours avec angoisse et incertitude. Episode 2/3.

Je débarquai à l’aéroport de Frankfort. Très peu renseigné sur les usages de l’exil, je savais toutefois que je devais demander l’asile à l’aéroport. J’ai salué un Africain et lui ai exposé mon problème. L’homme, sans doute un Nigérian, me répondit en anglais « You are in the right place ». Il passa un coup de fil et quelques instants après Stone, un de ses complices, vint me récupérer pour « m’aider à remplir les formalités de demande d’asile ».

Je me suis retrouvé dans un appartement de trois chambres et un grand salon où je m’installai. Stone me demanda mon passeport et s’enquit de la somme d’argent que j’avais sur moi. Je lui remis 500 euros des 1500 que j’avais. « Dans quoi me suis-je fourré? » pensais-je. J’étais interdit de toute sortie « pour ne pas me faire appréhender par la police et jeter en prison » comme Stone me l’avait expliqué dès mon entrée dans l’appartement. J’étais très fatigué et très malade. Les jours passaient, Stone me promettait que je pourrai bientôt entrer dans le camp d’enregistrement. Au bout de quelques jours, il vint me demander 500 euros de plus que je lui remis. Il ne me restait donc que le tiers de l’argent. J’ai passé en tout deux semaines chez mes ravisseurs, témoin de va-et-vient interminables de Blancs et de Noirs qui défilaient chaque jour chez Stone. Au lendemain de l’expiration de mon visa, il me dit: « Ton visa a expiré hier et tu ne m’en as pas informé ? » J’ai répliqué avec colère : « you have my passport and my visa is Inside! ». Il me fit comprendre que désormais, les choses allaient être difficiles et qu’il avait besoin du reste de mon argent ; et il promit que le lendemain nous partirions déposer ma demande d’asile.

Quelques jours plus tard, le 2 décembre 2017, nous nous mîmes en chemin vers je ne sais où ; j’étais avec Stone et une autre personne qui venait souvent à la maison. D’après eux, nous allions au camp de réfugiés. Le trajet fut très long, environ quatre ou cinq heures, après quoi, nous arrivâmes près d’une gare. Je lus le nom de la ville sur la façade : j’étais à Bâle. Stone me fit descendre du véhicule et me dit de me rendre à Vallorbe dans le canton de Vaud. Le temps de descendre du véhicule et de chercher à récupérer ma valise dans le coffre arrière, je ne vis que de la fumée : ils étaient partis à vive allure avec mon bagage et toutes mes affaires, dont mon passeport. Je suis resté hagard avec mon sac à dos.

Une femme dont j’ai gardé le prénom en mémoire – Eliane – avait assisté à la scène et m’approcha. Je lui racontai comment ces bandits m’avaient arnaqué. Je tremblais de froid et d’effroi. Elle pensa tout d’abord à alerter la police puis elle me dit qu’elle allait m’aider à rejoindre Vallorbe car elle y allait justement. J’étais dépouillé jusqu’au dernier centime. Eliane paya mon billet de train et, après une correspondance à Lausanne, nous arrivâmes à Vallorbe. Eliane m’accompagna jusqu’à la porte du centre d’enregistrement et me laissa sur ces mots : « Tout de bon, cher Billy, sois prudent et ne te laisse plus jamais avoir ! ». Après son départ, je tremblais toujours. Deux jours plus tard, ma tension artérielle s’éleva au point où je fus admis aux urgences de l’hôpital Saint-Loup à Yverdon-les-Bains.

Les terribles accords de Dublin

Huit jours après mon enregistrement au centre d’accueil de Vallorbe, je passais ma première audition. On me signifia que je devais retourner en Allemagne car c’était le pays responsable de ma demande d’asile selon les accords de Dublin. La Suisse n’entrait donc pas en matière sur ma demande d’asile. J’essayais d’objecter que je ne pourrai pas retourner en Allemagne et racontai ma mésaventure ; j’étais très fatigué et désespéré, la mort dans l’âme. J’avais aussi peur que lorsque j’étais dans mon pays.

Un mois plus tard, je fus transféré dans le canton du Valais, attendant le sort que me réservaient les fameux accords de Dublin. Je subissais des crises à répétition dues aux lésions de ma moelle épinière. Des associations, qui avaient assisté à l’une de mes crises lors d’une retraite spirituelle organisée à l’intention des refugiés et requérants d’asile, adressèrent plusieurs courriers au Secrétariat d’Etat aux migrations aux fins de surseoir à mon renvoi vers l’Allemagne, sans succès. Je reçus avec angoisse les réponses qui, toutes, exigeaient mon retour en Allemagne.

Billy

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Les épisodes précédents:

L’exil, l’autre enfer  « De la défense des droits humains à la contrainte de l’exil » épisode 1, article publié le 17.02.2020