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Le Burundi en fête à Yverdon

Eddy-Claude Nini / Voix d’Exils.

Pour les Burundais.e.s de Suisse, la culture d’origine est complémentaire à l’intégration

La population yverdonnoise a été charmée par les rythmes et sons des tambours « Ingoma » célèbres du Burundi le samedi 12 août à l’occasion de la fête annuelle des burundais et burundaises de Suisse. Plus qu’un spectacle estival, c’était surtout un événement  pour faire valoir la culture burundaise.

UMUSUSURURU est une association burundaise basée à Yverdon-les bains qui a pour but de promouvoir la culture burundaise. Elle a réuni la communauté des burundais et burundaises de Suisse le 12 août à Yverdon-les bains pour célébrer leur culture lors de sa grande fête annuelle. 

« L’intégration, c’est perdre mais c’est aussi gagner ! »

Plusieurs discours ont été prononcés par des invités de marque. Dans le discours de bienvenue, Monsieur Ferdinand Ndikumana, président de l’association et membre des commissions consultatives suisse-Immigrés au niveau communal et cantonal, a évoqué une identité culturelle burundaise fondée sur l’ouverture à d’autres communautés.

Madame Katja Blanc, déléguée à l’intégration de la commune d’Yverdon-les-Bains, a quant elle encouragé l’association UMUSUSURURU: « Aujourd’hui, nous nous réjouissons de vivre avec votre culture. L’intégration c’est connaitre qui on est et ainsi pouvoir partager ses qualités, son savoir-faire avec la culture du pays d’accueil dans un processus d’intégration. Et de conclure : « Lorsque l’on quitte son pays d’origine, on perd beaucoup, mais on reçoit aussi beaucoup dans le pays d’accueil. » 

L’Association UMUSUSURURU

L’Association réunit chaque été la communauté burundaise de Suisse autour d’une grande fête, ainsi que les burundais et burundaises vivant en Europe, sans oublier les autres communautés des pays frontaliers avec le Burundi comme les Rwandais et les Congolais RDC.

Signalons que dans le but de développer de nouveaux partenariats avec d’autres institutions suisses et de vivre dans un esprit de collaboration communautaire en général, l’Association cherche des soutiens pour multiplier ses activités culturelles tout en accueillant de nouveaux membres.

Eddy-Claude Nini & Alix Kaneza

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

« La Suisse de l’Afrique »

Le Burundi est un petit pays au cœur de l’Afrique qui vit d’agriculture et d’élevage. Il appartient à deux bassins connus: le bassin du Nil et du Fleuve Congo. Comme la Suisse, le Burundi est fait de belles montagnes verdoyantes, de rivières et des lacs, avec entre autres le lac Tanganyika qui est le deuxième plus profond au monde après le lac Baïkal en Sibérie. Avec son climat tropical humide dû à son altitude variant entre  773 et 2670m, le Burundi dispose de sources d’eau naturelles abondantes. A l’image de l’eau de sources des montagnes suisses, l’eau de sources du Burundi est consommée sans aucun traitement préalable grâce à sa pureté. En outre, les reliefs de la Suisse font toujours penser aux burundais à leurs origines et certains géographes l’appellent même la Suisse de l’Afrique.

Eddy-Claude Nini & Alix Kaneza

 

La fête en images

Eddy-Claude Nini / Voix d’Exils.


Eddy-Claude Nini / Voix d’Exils.


Eddy-Claude Nini / Voix d’Exils.


Le président de l’association Umusurusuru, Ferdinand Ndikumana Eddy-Claude Nini / Voix d’Exils.

 

Katja Blanc, déléguée à l’intégration de la commune d’Yverdon-les-Bains. Eddy-Claude Nini / Voix d’Exils




De la musique baroque pour promouvoir l’accès à la culture

 

De gauche à droite : Bernardo Aroztegui (piano, clavecin), Elodie Favre (soprano) et Sandrine Feurer Tailebois (violon baroque). Auteur: Voix d’Exils .

Concert inédit sur la terrasse de l’Espace de loisirs de Faïencerie de l’EVAM à Yverdon-les-Bains

Fruit d’une collaboration entre l’association des amis d’Atempy et l’EVAM, le troisième concert du festival « Airs Libres » a eu lieu le dernier lundi du mois d’août sur la terrasse de l’immeuble de l’EVAM, en plein quartier Pierre-de-Savoie de la Ville d’Yverdon-les-Bains.  Anahit Hovhannisyan, rédactrice de Voix d’Exils, nous livre son reportage sur cet événement inédit.

La terrasse de l’immeuble de l’EVAM située à la rue de la Faïencerie 5 a accueilli, le 30 août 2021 dès 16h, l’association des amis de l’école de musique « Atempy » et les artistes professionnels du groupe « Airs Libres » dont Bernardo Aroztegui (piano, clavecin), Elodie Favre (soprano) et Sandrine Feurer Tailebois (violon baroque).

Les habitant.e.s étaient invités dès 19h à assister, grands et petits, à ce très beau concert de musique baroque offert gratuitement au public. Laura Ferilli de l’association des amis d’Atempy et Maria-Luz Berseth, coordinatrice régionale à l’EVAM pour la région Jura-nord vaudois, ont présenté les artistes et souhaité la bienvenue à tout le monde en lançant ainsi le début du concert.

Photo: Voix d’Exils.

 

Les prestations des trois artistes étaient à la hauteur des attentes et le public a pu écouter, avec grand plaisir et dans les applaudissements bruyants, la musique de l’époque baroque allant du début du 17ème siècle au milieu du 18ème des compositeurs Barbara Strozzi, Henry Purcell et Georg Friedrich Haendel.

Malgré le vent léger et le froid, le public était très impressionné par le joli concert et les enfants dansaient joyeusement. Les places assises ont été toutes occupées et certains spectateurs sont restés debout sans que cela les empêche de rester jusqu’à la fin du concert et d’applaudir les artistes après chaque prestation. L’atmosphère était tellement agréable qu’au final personne n’était pressé de partir.

A l’issue de ce bel événement, une collation a été offerte par l’EVAM aux artistes et au public. Ce dans le respect stricte des normes sanitaires en vigueur.

Selon le communiqué de presse de festival Air Libre, les objectifs de ce type de concert en plein air sont d’une part de « décloisonner la musique classique et de favoriser l’accès à la culture pour toutes et tous » et d’autre part, de « mettre en valeur le patrimoine artistique, culturel et social » .

Photo: Voix d’Exils.

Pour l’EVAM, le partage de cette très belle soirée entre ses bénéficiaires et la population locale est un signe clair d’ouverture. Cela ne peut qu’encourager le vivre-ensemble, faciliter l’intégration des personnes migrantes dans leurs quartiers et leurs villes et initier d’autres projets de collaboration dont très probablement l’organisation future de cours de piano à l’Espace de loisirs de la Faïencerie.

Pour rappel, l’association des amis d’Atempy organise depuis cinq ans des concerts dans des lieux insolites afin de décloisonner la musique classique et de favoriser l’accès à la culture pour toutes et tous, y compris aux personnes avec handicap, empêchées ou avec des difficultés particulières.

Cet été, le festival « Airs Libres » a déjà présenté au public deux concerts à la Terrasse de la rue des Jordils et à la Cour du Château. Le dernier était programmé, le dimanche 5 septembre 2021, à l’Atelier Etienne Krähenbuhl.

Anahit  Hovhannisyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




« Il n’est jamais trop tard pour s’intégrer »

Amira Ali Omar. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

10 ans de l’Evam – le parcours de Amira Ali Omar

Agée de 54 ans, en Suisse depuis sept ans, Amira Ali Omar ne baisse pas les bras. Trouver son chemin dans ce pays qui l’a accueilli, chercher à aller de l’avant, se battre pour réussir, voilà ce qui compte pour Amira. Ce sont ces déterminations qui l’ont aidé à mieux s’intégrer. Voilà son histoire !

Ali Omar Amira est née en 1964 en Erythrée. A l’âge de 13 ans, elle a quitté son pays pour le Soudan où elle s’est mariée à 15 ans. Puis, elle a vécu avec son mari en Libye jusqu’en 2011. C’est à cette date et à cause de la guerre qu’elle arrive en Suisse avec ses deux enfants et qu’elle dépose une demande d’asile.

Quel était votre profession en Libye ?

En Libye, je travaillais dans une école italienne, d’abord comme femme de ménage et plus tard comme baby-sitter.

Comment avez-vous abordé l’apprentissage du français ?

A travers les cours de l’école Verso à Yverdon, pendant seulement neuf mois. C’était très difficile pour moi de lire et écrire en français. A cause de ces difficultés, je n’ai pas continué ces cours, mais, j’ai commencé à suivre le programme d’occupation proposé par l’Etablissement Vaudois d’accueil des Migrants (EVAM).

Vous avez participé aux programmes d’activités de l’EVAM et vous avez été encouragée à construire votre vie en Suisse. Pourriez-vous nous parler de cette étape ?

En 2014, j’ai suivi une formation de technicienne de surfaces. J’avais l’expérience de ce travail en Libye, mais en Suisse, j’ai appris à mieux utiliser tous les produits de nettoyage et l’usage de l’électroménager. En décembre 2014, j’ai obtenu mon certificat. Nous étions trois personnes sur vingt à obtenir ce certificat.

En 2017, j’ai également participé au programme Animation de l’EVAM à Yverdon-les-Bains, qui consiste à gérer et animer l’Espace de loisirs de la Faïencerie. Endroit où j’ai pu constituer un groupe de discussion et de partage entre dames. Je participais également chaque mercredi à la préparation et au partage d’un repas intergénérationnel et à l’animation de diverses activités pour les enfants au local communautaire du quartier Pierre-de-Savoie. Ces formations m’ont en effet permis de trouver du travail en Suisse.

Quels sont vos projets après l’EVAM ?

J’aimerais beaucoup m’occuper d’enfants comme maman de jour. Pour cela, je devrais améliorer mon français et suivre encore une nouvelle formation. Mais, je préfère continuer à travailler comme femme de ménage afin de subvenir à mes besoins et si possible, augmenter mon pourcentage jusqu’à un plein temps.

Comment se passe votre intégration en Suisse ?

Au début, c’était très difficile, j’avais tout perdu à cause de la guerre. En arrivant en Suisse, je ne comprenais rien, j’avais toujours peur et je souffrais d’insomnie.

Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux, j’ai repris confiance en moi. Grâce à cela, je me suis fait des amis de différentes nationalités et je me sens intégrée. Actuellement, je travaille en tant que femme de ménage dans une administration de la ville d’Yverdon. J’ai obtenu un contrat fixe après avoir fait un remplacement. J’aime mon travail et mes employeurs m’apprécient. D’ailleurs à la fin de mon remplacement, j’ai reçu un cadeau de leur part. Pour les remercier, je leur ai fait une surprise en leur préparant un déjeuner.

Quelles sont les difficultés d’intégration dans votre quotidien ?

Avant tout, l’intégration commence chez soi ! Pour faciliter cette intégration, il est important de comprendre et respecter la culture et les coutumes du pays qui nous accueille. D’un autre côté, le fait de ne bénéficier que d’un permis provisoire m’empêche de me sentir vraiment intégrée. De plus, je ne peux pas revoir ma famille restée au pays car elle me manque terriblement. Mais grâce aux nouvelles technologies, je peux communiquer avec elle régulièrement et c’est très important pour moi.

Etes-vous solidaire des requérants d’asile ?

Les circonstances ont fait que nous avions tous quitté notre pays d’origine pour ce pays. Chacun de nous était confronté à des obstacles, mais, on est ici pour oublier le passé, trouver notre chemin afin de construire notre avenir. Je ne me sens pas différente des autres, je suis une personne ouverte, peu importe le statut de la personne dans ce pays, je l’accueille à bras ouvert. J’ai beaucoup d’amour  pour tous.

Propos recueillis par :

Mamadi Diallo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Bio express de Amira Ali Omar

1964 : naissance en Erythrée, âge actuel : 54 ans

Langue maternelle : Sah

2011 : arrivée en Suisse

2014 : formation acquise : technicienne de surface

2017 : programme d’occupation EVAM (Animation)

2017 – 2018 : engagement régulier avec contrat fixe

 

 




« Nous cherchons à développer les liens sociaux avec les seniors pour améliorer la qualité de vie de tous ! »

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« Quartiers Solidaires » un projet novateur résolument intergénérationnel et interculturel

 Comment renforcer les liens entre les habitants et mieux intégrer les personnes âgées ainsi que les migrants dans la vie des quartiers ? Pour répondre à ces questions, Voix d’Exils s’est adressé à M. Alain Plattet, responsable de l’unité Travail social communautaire à Pro Senectute Vaud (PSVD), institution qui a initié le projet des « Quartiers Solidaires »

Voix d’Exils : Pourriez-vous nous définir en quelques mots ce qu’est le projet « Quartiers Solidaires » ?

Alain Plattet : Nous cherchons à travers les « Quartiers Solidaires » à créer, renouer, développer et entretenir les liens sociaux pour améliorer la qualité de vie et l’intégration des aînés dans leurs milieux de vie ainsi qu’à leur redonner du pouvoir d’action. Pro Senectute Vaud affirme que, s’il existe une vie communautaire suffisamment riche dans le lieu de vie des seniors, celle-ci aura nombres d’effets positifs sur la qualité de vie de tous les habitants, comme le développement d’activités interculturelles et intergénérationnelles.

Dans les « Quartiers solidaires », les seniors deviennent donc les nouveaux piliers de la vie sociale de proximité. Une ancienne poste, une salle paroissiale, un kiosque désaffecté, sont autant d’espaces parfois délaissés qui peuvent retrouver une utilité et un sens par l’intermédiaire de groupes d’aînés qui investissent ces lieux. Ces points de rencontres animent les centres urbains ainsi que les places de villages et permettent à tous les publics de se rencontrer.

L’originalité du projet des « Quartiers solidaires » provient de l’envie d’encourager les habitants – en particulier les seniors – à influer sur leur propre environnement en organisant, par eux-mêmes, des projets selon leurs besoins, ressources et envies.

Activités intergénérationnelles. Photo: PSVD.

Activités intergénérationnelles. Photo: PSVD.

Qui a initié ce projet et pourquoi ?

Pro Senectute Vaud et la Fondation Leenaards, deux acteurs importants du bien-vieillir dans le canton de Vaud, exploraient, chacun selon sa mission, des pistes pour mieux répondre aux besoins des personnes âgées et imaginer des solutions d’avenir. Depuis 2003, ces deux institutions sont partenaires dans le développement de la méthodologie « Quartiers Solidaires ».

Le projet a-t-il beaucoup évolué ?

Oui beaucoup ! Initié dans le quartier de Bellevaux, à Lausanne, il a donné à ce jour naissance à 19 « Quartiers Solidaires » situés dans 15 communes du canton. Concrètement, ces projets représentent plus de 200 activités autogérées qui comprennent de nombreuses activités interculturelles et intergénérationnelles, 375 personnes impliquées dans les comités communautaires, 2’850 participants aux activités proposées et plus de 30’000 personnes informées des activités de proximité.

Depuis 2008, la mise en place de tels projets bénéficie d’un soutien financier du Service des assurances sociales et de l’hébergement du Canton de Vaud qui est convaincu de l’intérêt et de l’efficacité de cette démarche pour développer, localement, des politiques gérontologiques adaptées. De plus, la méthodologie a été plusieurs fois reconnue et primée par des organes nationaux tel que l’Office fédéral du développement territorial – ARE, ou même par des concours internationaux comme le concours « Vivre ensemble aujourd’hui et demain » décerné par la société immobilière française qui nous a été remis, en 2011, des mains de Roselyne Bachelot, alors Ministre de la Santé et de la Cohésion sociale.

Une démarche communautaire… c’est quoi ?

Comme son nom l’indique : c’est agir avec une communauté locale (un village, un quartier ou une commune) et viser à son développement. C’est une démarche qui inclut :

  • Un principe de décision collective à propos des thématiques locales avec tous les acteurs concernés (habitants, professionnels, associations, fondations et pouvoirs publics) ;
  • Une posture professionnelle qui permet de « faire avec » et non pas « pour » : les acteurs et auteurs des projets sont les personnes concernées et non les animateurs ;
  • Le défi de prendre le temps avec une vision à long terme, car le lien social ne se décrète pas.

Ce levier d’action communautaire est inhabituel, car les pratiques d’accompagnement socioculturelles sont généralement centrées sur la construction de projets pour créer des effets sur la communauté et non l’inverse.

Activités intergénérationnelles organisées par l’association « Connexion Bellevaux » en 2014. Photo: PSVD.

Activités intergénérationnelles organisées par l’association « Connexion Bellevaux » en 2014. Photo: PSVD.

Quelles sont les étapes de la mise en place d’un Quartier Solidaire ?

PSVD n’a pas inventé les pratiques communautaires. Celles-ci existent depuis longtemps et ont été appliquées dans beaucoup de milieux et cultures différents. L’originalité de Quartiers Solidaires est d’avoir prévu et réalisé l’application de ces méthodologies aux seniors du canton de Vaud, selon une planification spécifique éprouvée depuis plus de 12 ans.

La méthodologie Quartiers Solidaires  comprend six étapes qui s’étendent en général sur cinq ans.

Après une analyse préliminaire de deux mois, un animateur de proximité, son assistant et un stagiaire s’immergent pendant une année dans un quartier (dès la deuxième année de développement, l’assistant quitte le projet). Ils observent les lieux de socialisation et rencontrent les retraités. Un groupe d’habitants se constitue avec les citoyens intéressés par la démarche et les institutions ou associations locales. Lors de forums ouverts à tous, les résultats des entretiens sont présentés et mettent en évidence les préoccupations et ressources principales des aînés. Les participants sont alors invités à débattre sur ces sujets et à proposer des pistes d’améliorations et de développements. Durant l’étape de construction, d’une durée d’un an, des projets concrets sont réalisés avec l’aide de l’animateur sur la base de thèmes prioritaires choisis dans les forums. L’étape suivante, qui s’étend également sur un an, accentue le lien entre les divers groupes locaux. Au cours de l’étape dite d’autonomisation (un an), l’animateur de proximité guide peu à peu le groupe d’habitants vers son indépendance et cesse toute intervention, une fois la pérennité du processus assurée. Il reste néanmoins à la disposition des habitants (constitués sous formes d’associations, amicales ou collectifs) et de la commune pour tout accompagnement ponctuel complémentaire. Depuis 2010, les communes vaudoises ont également la possibilité de n’effectuer que l’étape initiale de Quartiers Solidaires. Suite aux résultats recueillis lors du forum final et ceux consignés dans le rapport annuel ; et au regard du degré d’implication des habitants engagés dans la démarche, la commune peut juger librement de la manière de continuer le projet. Notons ici que de nombreux critères précis permettent d’évaluer la dynamique générée dans les « Quartiers Solidaires ».

Quel est le degré d’implication des pouvoirs publics ?

Les pouvoirs publics occupent une place très importante dans le projet qui prévoit, justement, leur participation au sein des groupes dit « ressources ». « Les groupes ressources » sont des groupes de travail qui incluent des représentants des partenaires locaux impliqués comme des EMS, des associations, des écoles ou des paroisses, afin de faciliter le développement des projets des habitants. En s’impliquant dans le projet, les partenaires locaux constatent par eux-mêmes que leur participation valorise la démarche et impact positivement le processus (1).

Activités de mosaïque communautaire à Prilly centre en 2014. Photo: PSVD.

Activités de mosaïque communautaire à Prilly centre en 2014. Photo: PSVD.

Quel est le public visé par cette démarche?

Les seniors et tous les habitants de la communauté. C’est pourquoi Pro Senectute Vaud engage de multiples partenariats au sein des projets « Quartiers Solidaires », ce qui permet de réunir un large éventail de compétences professionnelles, bénévoles, ou spécifiques. L’intervention de tous ces acteurs dans le processus favorise, in fine, la création de ponts entre les générations et les cultures. Si les professionnels de PSVD sont responsables d’impliquer les seniors dans la démarche, d’autres professionnels ou acteurs (parfois les habitants) s’occupent d’impliquer les autres publics cibles. D’ailleurs, il faut noter que les seniors eux-mêmes engagés dans la démarche développent toujours à un moment donné des activités pour les différents publics de la communauté. En ce sens, les « Quartiers Solidaires » favorisent considérablement la participation et le développement de pratiques communautaires partenariales ainsi que le développement de la force de travail des seniors.

Qu’est-ce que cette démarche apporte aux habitants qui participent au projet ?

Du lien social sous plusieurs formes ; que ce soit au niveau amical ou, plus généralement, au niveau de la participation à la vie locale et communautaire. Le tissage des liens et les échanges favorisent l’intégration des seniors dans une communauté et dans leur quartier. Cela leur apporte des compétences, un rythme d’activités, du pouvoir d’action, de la confiance, de la valorisation et, surtout, de la santé… Autant d’éléments qui préviennent les intéressés de l’isolement, de certaines fragilités et facilitent, finalement, leur maintien à domicile.

Danses culturelles à « Bellevaux en fête » en 2009. Photo: PSVD.

Danses culturelles à « Bellevaux en fête » en 2009. Photo: PSVD.

Est-ce que ce projet concerne aussi les migrants résidants dans les quartiers concernés par votre démarche?

Oui, complètement. Typiquement, dans les communes d’Yverdon-les-Bains et de Prilly, on travaille depuis plus de 10 ans en partenariat avec l’Evam pour assurer à leurs bénéficiaires – les personnes en procédure d’asile – une bonne intégration dans le processus. Ces collaborations se montrent efficaces. Par exemple, l’intégration des habitants de la Faïencerie dans le quartier Pierre-de-Savoie se passe de manière douce et agréable. Ainsi, en 2010, l’opération « Bonjour sourire » ou, en 2011, les échanges spécifiques entre migrants et aînés, lors de la rénovation du bâtiment de la Faïencerie, restent des exemples concrets et positifs pour tous.

A Prilly, les associations issues des projets « Quartiers Solidaires », soit : l’Espace Rencontre et L’Association Quartier Prilly-Nord entretiennent également des liens solides avec les migrants. La première, avec son projet de « pétanque » (édition 2014) a eu un large impact sur l’intégration et le partage. La seconde bénéficie d’un local (devenu son lieu principal d’activité) mis à sa disposition par l’Evam, au sein d’un immeuble réservé à l’accueil des migrants à l’avenue de Chantegrive.

Souvent, les personnes impliquées organisent aussi des activités à thèmes, comme des soirées diapositives sur des voyages ou encore par des participations à des événements comme « la journée sur le racisme » à Nyon, en plus des repas canadiens, qui invitent à la participation plurielle et où tout le monde peut montrer un peu son identité et assister à des moments de partages. Ces espaces servent également de lieux propices aux échanges culturels, au sein desquels on peut offrir des prestations ou créer et renforcer les liens par le biais d’activités qui favorisent, en règle générale, l’intégration des migrants.

Relevons aussi que, de manière générale, pour faciliter l’intégration des personnes non-francophones au sein des différents projets, nous traduisons aujourd’hui certains flyers en différentes langues ou utilisons leurs réseaux d’activités pour les informer.

J’espère ainsi que le projet « Quartiers Solidaires » pourra continuer à s’enrichir de ces échanges et continuer à améliorer la solidarité pour tous et entre tous.

(1) Voir article intitulé « Des pouvoirs publics s’engagent comme courroies de transmission », journal « Quartiers-Solidaires » n° 5, édition mars 2015.

Propos recueillis par :

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Une fête de quartier pour célébrer le melting pot yverdonnois

L'atelier proposant une balade sur le dos d’un âne. Photo: Voix d'Exils

L’atelier proposant une balade sur le dos d’un âne. Photo: Voix d’Exils.

Samedi 15 juin, l’Amicale, un regroupement d’habitants du quartier de Pierre-de-Savoie de la ville d’Yverdon-les-Bains, a organisé une fête de quartier en collaboration avec l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) et en partenariat avec le Service jeunesse et cohésion sociale de la ville d’Yverdon (le JECOS). Cette fête avait pour but de favoriser la cohésion sociale, l’intégration de tous et de promouvoir la qualité du bien vivre ensemble de la ville d’Yverdon. Compte-rendu de l’événement.

Cette année, pour la première fois, l’événement a pris la forme d’une fête de quartier ; alors que lors des 7 éditions précédentes, il consistait en un forum dédié à un grand débat et à des échanges d’idées entre les habitants à propos des questions d’intégration sociale.

La fête de quartier : la nouvelle formule de l’Amicale

L’Amicale a changé la formule de l’événement en décidant de mettre sur pied toute une journée

L'atelier maquillage. Photo: Voix d'Exils

L’atelier maquillage. Photo: Voix d’Exils

permettant une rencontre conviviale sur le terrain entre les autochtones et les communautés étrangères peuplant la ville d’Yverdon. Cette journée s’inscrivait également dans le cadre du premier prix «Ville en santé 2013», remporté par la ville d’Yverdon. Mauricette Garcia, habitante du quartier de Pierre-de-Savoie et membre de l’Amicale, souligne sur un ton laissant transparaître sa satisfaction que «ça fait un moment qu’on est en train de préparer cette fête de quartier, et ça nous tenait à cœur d’organiser une grande fête ce qui est une première. Comme nous pouvons le voir, elle est très réussie. Ce soir, il y aura plus de monde et on terminera vers 23 heures»

Au menu : des activités variées

Le tennis de table. Photo: Voix d'Exils

Le tennis de table fait le bonheur des jeunes. Photo: Voix d’Exils

Sous des tentes l’on trouvait des expositions, des petits bricolages faits par les enfants fréquentant l’Amicale, des ateliers de maquillages, des stands de restauration et un atelier proposant une balade sur le dos d’un âne. On a aussi eu l’occasion d’assister à des représentations de danses folkloriques, ainsi qu’à des jeux sportifs, comme du tennis de table ou du football. Cette journée avait décidément tout pour plaire pour les petits comme pour les grands et a donné lieu à une véritable rencontre entre les différentes communautés culturelles du quartier. Ce véritable «melting pot» permettait d’effacer les différences de cultures ou de religions, pour laisser entrevoir une seule et même communauté ; celle des habitants et des habitantes d’une ville. L’après-midi a été marqué par la remise de fleurs pour remercier toutes celles et ceux et qui ont organisé et contribué à la bonne marche de l’événement : Puis la fête s’est terminée par des concerts, de la danse et des chants.

M. Jean-Claude Ruchet Municipal de la ville Yverdon-les-Bains en charge du service de la Jeunesse et de la Cohésion sociale. Photo: Voix d'Exils

M. Jean-Claude Ruchet, Municipal de la ville Yverdon-les-Bains en charge du service de la Jeunesse et de la Cohésion sociale. Photo: Voix d’Exils

L’intégration sociale : fondement de la politique yverdonnoise

Parmi les convives de l’événement se trouvait Monsieur Jean-Claude Ruchet, Municipal en charge du service de la Jeunesse et de la Cohésion sociale à Yverdon-les-Bains. Il nous confie qu’il «pense que c’est important d’avoir ces moments de rencontre entre les habitants du quartier et les autres communautés. Faire connaissance avec les uns et les autres est extrêmement important pour l’intégration sociale du quartier, y compris celle des habitants du bâtiment de l’EVAM qui participent à l’organisation de cette fête et aux activités. Cette rencontre entre habitants et requérants d’asile favorise donc la cohabitation et ceci participe au bien vivre ensemble. Soutenu financièrement par la ville d’Yverdon et le JECOS, cette fête de l’Amicale est à sa toute première édition et j’espère qu’à l’avenir il y en aura d’autres».

Mme Cecile Ehrensberger cheffe de service adjointe du JECOS. Photo: Voix d'Exils

Mme Cecile Ehrensberger, cheffe de service adjointe du JECOS. Photo: Voix d’Exils

Pour Cecile Ehrensperger, cheffe de service adjointe du JECOS, un tel événement «permet une cohésion sociale entre les habitants grâce au développement des réseaux sociaux et communautaires, mais également l’implication, la participation et l’empowerment des citoyens dans le processus d’intégration sociale, qui est le fondement de la politique sociale yverdonnoise. Organisé en collaboration avec l’EVAM, ce processus d’intégration permet de mettre sur pied des programmes d’utilité publique favorisant l’insertion sociale, des démarches communautaires pour permettre aux étrangers de toujours faire partie de cette démarche qualité de vie de la ville. Notre démarche vise aussi aussi à résoudre les problèmes que rencontrent les personnes migrantes comme les préjugées et la stigmatisation qui rongent la société.»

André et El Sam

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils