1

Un ex-ministre Dublin en Suisse

L'ancien ministre de l'intérieur gambien Ousman Sonko. Aucune licence retrouvée pour cette image.

L’ancien ministre de l’intérieur gambien Ousman Sonko.

L’ex-ministre gambien de l’intérieur suspecté de crimes contre l’humanité a été arrêté en Suisse  

Soupçonné de crimes contre l’humanité ; présenté comme le bras droit de Yahya Jammeh, l’ancien président de la Gambie, Ousman Sonko, a été arrêté dans le canton de Berne le 26 janvier dernier. Il avait, en novembre 2016, déposé une demande d’asile en Suisse.

D’après le procès-verbal de sa première audition de procédure d’asile, Ousman Sonko aurait été Ministre de l’intérieur de la Gambie entre 2006 et 2016 avant d’être limogé par l’ex-président Yahya Jammeh et fuir son pays. Il a présenté son passeport de diplomate lors de son interview avec le Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM), avant d’être attribué au canton de Berne, puis placé dans un centre de transit où il a été arrêté sur ordre de la justice bernoise. Il était, auparavant, passé par l’Espagne et la Suède avant de venir en Suisse .

Une arrestation controversée

Son arrestation, survenue deux mois après son passage au SEM, a suscité la consternation du fait qu’il n’avait pas été appréhendé plus tôt. Notamment de la part d’Hans-Jürg Käser, Conseiller d’Etat en charge de la police et des affaires militaires bernois, qui estime que le SEM a traité la demande d’Ousman Sonko comme celle de n’importe quel autre demandeur d’asile, alors que, selon lui, l’instance connaissait l’importance de ce dossier. Cette arrestation survient quelques jours seulement après le départ de l’ex-président de la Gambie, Yahya Jammeh, à propos duquel nous avons consacré un article il y a quelques jours.

Lamine et Nicolas Kalbfuss

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Commentaire

La Cour Pénale Internationale (CPI) doit redoubler ses efforts pour prendre des mesures fermes face aux atrocités commises par certains dirigeants, afin d’en finir avec. Les problèmes tels que la corruption ou la dictature, très présents en Afrique, posent toutefois des questions sur le rôle et la crédibilité des nombreuses organisations qui promeuvent la démocratie, la paix et les droits de l’homme sur le continent africain. De même, des questions subsistent autour du rôle du SEM dans ce genre de cas qui concerne un politicien suspecté de crimes graves. Une question d’ordre moral et éthique se pose : doit-on octroyer l’asile et protéger des cas comme celui d’Ousman Sonko, qui encourt peut-être des risques dans son pays, mais qui est soupçonné par l’ONG Trial International d’avoir commis des crimes contre l’humanité ?

Yaya

 

Infos:

La situation en Gambie se dénoue, article paru dans Voix d’Exils le 24.01.2017

 




La situation en Gambie se dénoue

Auteure: Amanda Lucidon / White House. Domaine public.

Auteure: Amanda Lucidon / White House.
Domaine public.

 Yahya Jammeh accepte de quitter le pouvoir et s’exile en Guinée Equatoriale

Après plusieurs tractations entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), certains présidents de l’Afrique de l’Ouest et le désormais ancien président gambien Yahya Jammeh, ce dernier a enfin mis les voiles en direction de la Guinée-Equatoriale qui a accepté son exil.

L’Assemblée nationale avait, le 17 janvier 2017 dernier, accepté l’état d’urgence demandé par Jammeh permettant à l’homme fort de Gambie de rester encore 3 mois au pouvoir en tant que Président. Mais, cette résolution n’a eu aucun succès. En effet, l’Union Africaine, l’Union Européenne et l’ONU ont demandé au Président sortant d’accepter sa défaite à la présidentielle de décembre 2016 qui a consacré son rival, Adama Barrow. La CEDEAO lui a dès lors donné un ultimatum le vendredi 20 janvier, faute de quoi, des forces armées issues de cinq pays de la région, déjà positionnées sur le territoire gambien, passeraient à l’action.

Jammeh cède le pouvoir

Après une longue journée de médiation le vendredi 20 janvier avec les chefs d’Etats mauritanien et guinéen, Yahya Jammeh marqué par la peur d’être isolé, a finalement accepté de quitter le pouvoir sous certaines conditions. Il a émis le souhait de rester dans son pays : option qui a été refusée. À cela s’ajoute une demande de garantie de sécurité pour lui, sa famille et son entourage composé de cadres et de fonctionnaires qui l’ont accompagné durant son mandat, mais aussi de soldats qui lui sont restés fidèles.

L’exile de Yahya Jammeh

Yahya Jammeh a finalement quitté la Gambie le samedi 21 janvier 2017 au soir en direction de la Guinée-Conakry pour s’exiler en Guinée Equatoriale. Quant au nouveau Président gambien Adama Barrow, nouvellement élu, il a fait son investiture et prêté serment depuis l’ambassade de Gambie à Dakar au Sénégal.

Lamine, Niangu et Désiré

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Commentaire

Le tableau actuel de l’Afrique n’est pas totalement sombre. En effet, les actions de la CEDEAO ont permis ces dernières années d’y résoudre des crises politiques, à l’image de l’intervention d’une de ses missions pour le maintien de la paix: l’ECOMOG au Libéria. Les évènements en Gambie posent toutefois des questions quant à la situation en Afrique de l’Est, dans les pays des Grands Lacs, en Afrique centrale, mais aussi en Afrique de l’Ouest. En se référant à ce qui est arrivé au Burkina Faso pour Blaise Compaoré ou en Côte d’Ivoire pour Laurent Gbagbo, il est légitime de s’interroger sur le rôle de l’Unité africaine,  dont l’objectif et de promouvoir la démocratie, la paix et les droits de l‘homme sur le continent africain.

Lamine et Niangu

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Principales sources :

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/01/17/le-president-sortant-decrete-l-etat-d-urgence-en-gambie_5064336_3212.html

http://www.rfi.fr/afrique/20170123-gambie-yahya-jammeh-demenage-palais-quittant-banjul