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Flash infos #187

Sous la loupe : Le village thurgovien de Steckborn refuse la fermeture de son centre d’asile / Elections européennes : quatre questions sur le ralliement au RN de Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex / Situation humanitaire très alarmante en RDC

 

Le village thurgovien de Steckborn refuse la fermeture de son centre d’asile

 Le Temps, le 16 février 2024

Elections européennes : quatre questions sur le ralliement au RN de Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex

Franceinfo, le 19 février 2024

Situation humanitaire très alarmante en RDC

DW, le 15 février 2024

Ce podcast a été réalisé par :

Zana Mohammed et Kristine Kostava, membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils et Malcolm Bohnet, civiliste à la rédaction.




Frontex au menu de la votation populaire du 15 mai

Le peuple suisse votera le 15 mai sur l’augmentation de la participation financière de la Suisse à Frontex. Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Témoignages d’exilé.e.s ayant croisé Frontex sur leur chemin

Le 15 mai prochain, le peuple suisse votera sur « la reprise du règlement de l’Union Européenne (UE) relatif au corps européen de garde-frontières et de garde-côtes (développement de l’acquis de Schengen) », c’est-à-dire l’augmentation de la participation de la Suisse à Frontex:  l’Agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes

Créée en 2004, Frontex surveille les frontières extérieures de l’espace Schengen. Ses missions sont de lutter contre la criminalité transfrontalière, le trafic d’êtres humaines, le terrorisme et la migration clandestine. L’agence est financée par l’Union européenne (UE) et les pays signataires de l’accord de Schengen non membres de l’UE (comme la Suisse).

Les principaux enjeux de la votation sur Frontex

En raison de l’accord de Schengen, la Suisse doit augmenter sa contribution financière au garde-frontière Frontex. Certains partis politiques de gauche et des organisations de soutien à la population migrante ont lancé un référendum pour dénoncer les mauvais traitements infligés aux migrants et le non respect de leurs droits fondamentaux. Les promoteurs du référendum remettent en cause la politique migratoire de Frontex et demandent plus d’ouverture de la part de l’Europe. Ils considèrent également que l’agence a « une politique migratoire européenne basée sur la violence » . Ils et elles dénoncent une « militarisation des frontières » et une « criminalisation des migrations ». Ils soulignent aussi que plusieurs enquêtes sont en cours contre Frontex, pour mise en danger des personnes migrantes et pour sa participation à des opérations refoulements de personnes migrantes. Pratiques qui violent la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, car les personnes expulsées de l’espace Schengen ne peuvent pas déposer de demandes l’asile.

A cause de la crise migratoire de 2015, l’UE a décidé de renforcer le contrôle de ses frontières en investissant davantage de ressources financières et humaines. En tant que membre de l’espace Schengen, la Suisse est invitée à augmenter sa contribution financière à Frontex. Cette contribution s’est élevée à 24 millions de francs en 2021. Mais d’ici à 2027, ce chiffre pourrait augmenter jusqu’à 61 millions de francs par an si le peuple dit oui à la réforme de Frontex le 15 mai. Le Conseil fédéral et le Parlement soutiennent cette augmentation de la contribution de la Suisse avec les Etats signataires de Schengen et Dublin. Selon le gouvernement et le Parlement suisse, un « non » mettrait en péril la coopération de la Suisse avec les pays voisins membres de l’espace Schengen et aurait également des conséquences négatives sur la sécurité, l’asile, le trafic transfrontalier, le tourisme et l’économie en général du pays.

Logo de Frontex. Source: Wikipedia

Collaboration avec le Bla-Bla Vote

En tant que rédacteurs et rédactrices de Voix d’Exils, site d’information destiné à l’expression libre des personnes migrantes, nous avons choisi de donner la parole aux personnes qui ont rencontré Frontex sur leur chemin d’exilé.e.s. Nous avons interviewé 5 apprenants d’une classe de français de l’EVAM sur Frontex parce qu’ils se trouvent en Suisse en tant que personnes demandeuses d’asile. Ils ont traversé les frontières de l’Europe pour atteindre la Suisse et ils ont rencontré les garde-frontières et les garde-côtes de Frontex sur leur chemin. Nous avons réalisé ces interviews dans le cadre d’une collaboration avec le projet Bla-Bla Vote: un débat citoyen et une émission radio qui a lieu un peu avant les votations populaires fédérales à la Maison de Quartier de Chailly à Lausanne. Son but est de rendre plus compréhensible un des objets politiques sur lequel la population doit voter pour permettre aux participant.e.s de se faire leur propre opinion. Après le débat, le Bla-Bla Vote est diffusé en podcast sur la webradio d’Eben-Hézer Lausanne. Le sujet du dernier Bla-Bla Vote était Frontex et le débat a eu lieu le 8 mai. Les invités étaient Laurent Wehrli conseiller national, membre du Parti libéral-radical (PLR) et Aline Favrat, membre du comité référendaire No Frontex.

Dans le cadre de cette collaboration, la classe de français de l’EVAM a participé à un atelier qui leur a présenté le sujet de la votation sur Frontex en français facile à lire et à comprendre. A la fin de l’atelier, la rédaction de Voix d’Exils a enregistré les questions des apprenants et certaines d’entre elles ont été posées aux invités pendant le Bla-Bla Vote du 8 mai. Après l’atelier, nous avons aussi mené des interviews avec les membres de la classe (voir ci-dessous); et à partir de ces interviews, nous avons réalisé un sujet de 4 minutes qui a été diffusé durant l’émission radio du Bla-Bla Vote. Cliquez ici pour écouter toute l’émission du Bla-Bla Vote du 8 mai sur Frontex.

Voix aux personnes ayant croisé Frontex sur leur chemin

Interview #1
Interview #2
Interview #3
Interview #4
Interview #5

Renata Cabrales

en collaboration avec la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




FLASH INFOS #65

Illustration réalisée par Kristine Kostava/Voix d’Exils

Sous la loupe : Réunion du premier Parlement suisse des réfugiés / Royaume-Uni : 4000 migrants déboutés évitent l’expulsion / L’Italie bloque un navire de secours aux migrants

La revue de presse devient le FLASH INFOS de Voix d’Exils. Une formule revisitée de notre rubrique hebdomadaire qui met davantage en valeurs les compétences graphiques et visuelles de nos rédactrices et rédacteurs et qui inclut d’autres nouveautés pour encore mieux vous informer.

Logo réalisé par Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Réunion du premier Parlement suisse des réfugiés

RTS, le 6 juin 2021

Le 6 juin 2021, s’est déroulée la réunion du premier Parlement suisse des réfugiés. A cet effet, environ 75 personnes issues de 19 cantons et de 15 pays différents se sont réunies à Berne. Cette réunion a été l’occasion pour les principaux concernés par les questions migratoires de formuler des propositions ayant pour but d’améliorer leur condition. Ainsi, les participants ont émis le souhait d’avoir un meilleur accès à la formation et de rendre possible des visites des familles dans l’espace Schengen pour les personnes admises provisoirement. La question des apprentis déboutés étant en cours de formation a également été soulevée. Un vote favorable au regroupement familial étendu aux parents d’enfants déjà en Suisse a également été accordé par le Parlement. Des membres du Conseil national et du Conseil des Etats étaient présents et pourraient donc relayer ces demandes sous forme de motions au Parlement fédéral. L’événement a été organisé par le National Coalition Building Institute (NCBI).

Royaume-Uni : 4000 migrants déboutés évitent l’expulsion en raison de la crise sanitaire

InfoMigrants, le 28 mai 2021

Selon les informations publiées par le journal britannique The Guardian, les requérants d’asile déboutés – environ 4000 personnes – ne seront pas expulsés de leur logement fourni par l’Etat. Pour rappel, au mois d’avril, le gouvernement du pays avait décidé de reprendre les expulsions « avec effet immédiat » des personnes qui n’avaient pas obtenu de protection internationale, et ce, malgré la crise sanitaire. Néanmoins, les autorités de santé avaient émis un avis négatif face à cette politique. Les représentants de diverses organisations humanitaires avaient également critiqué la décision du gouvernement. Cependant, la politique d’expulsion sera à nouveau envisagée une fois que le Royaume-Uni aura effectué un retour à la normal prévu pour fin juin.

L’Italie bloque un navire de secours aux migrants

Le Monde, le 5 juin 2021

Le 4 juin, un navire de secours aux migrants appartenant à l’ONG Sea-Eye a été bloqué par les garde-côtes italiens après avoir débarqué 415 personnes migrantes. En effet, suite à une inspection, des problèmes de nature technique et sécuritaire ont été relevés. Selon les autorités italiennes, les équipements de sauvetage du navire ne semblaient pas suffisant pour garantir l’évacuation de toutes les personnes à bord. L’ONG allemande a pour sa part dénoncé la décision des autorités italiennes. Pour rappel, l’Italie est l’un des principaux points d’entrée en Europe pour les personnes migrantes en provenance d’Afrique du Nord de Tunisie et de Libye d’où les départs sont en forte hausse par rapport aux années précédentes.

Rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Expérience innovante dans une classe de français EVAM

Photo prise lors d’un conseil de classe – Les élèves avec, au premier rang à gauche, Ricardo, enseignant. Au deuxième rang, deuxième depuis la gauche, Simona, éducatrice, et deuxième depuis la droite, Ana, enseignante. Auteur: Hajar / Voix d’Exils.

Paroles de prof. : « Grâce à la pédagogie coopérative, les élèves participent démocratiquement aux prises de décision »

Le Centre de formation de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) n’hésite pas à sortir des chemins battus. Pour permettre aux élèves de participer activement à leur propre formation, l’enseignant Ricardo Da Silva et l’éducatrice Simona Lungu ont mis en place un conseil de classe au fonctionnement démocratique. Dans cet espace de libre parole, les élèves sont à égalité avec leurs enseignants pour exprimer leurs besoins, faire des propositions, apprendre à négocier et voter si nécessaire.

Voix d’Exils est retourné sur les bancs d’école pour rencontrer les différents protagonistes.

Voix d’Exils : Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est un conseil de classe ?

Ricardo Da Silva : C’est un lieu d’échanges qui réunit sur un plan égalitaire, les élèves, les enseignants et les éducateurs. Une fois par semaine, dans une salle de cours, nous déplaçons les tables et créons un cercle de parole. Le fonctionnement du conseil de classe est cadré par quelques règles de base : le respect mutuel, les tours de parole, l’écoute sans interruption. Assis en cercle, nous décidons au début de chaque conseil qui prendra le rôle de président et qui prendra celui de secrétaire et rédigera le procès verbal. Ces deux personnes ont des pouvoirs spéciaux comme celui de distribuer équitablement la parole, de gérer le déroulement et de prendre note des décisions dans le cahier de classe. Lors des 45 minutes que dure le conseil, nous suivons une forme de rituel avec quelques étapes fixes : ouverture du conseil, météo individuelle et collective (chacun exprime comment il se sent, son état d’esprit), consultation de la boîte aux lettres et prise de connaissance des billets qui s’y trouvent, discussion, votes et clôture du conseil.

Pourquoi avoir pris cette initiative ?

C’est parti d’un problème de cohérence de cadre entre les différents intervenants dans ma classe. Les élèves, de niveau avancé, ont beaucoup de cours et de modules à suivre en plus des cours de français. Quand j’ai commencé la session, en août 2019, j’étais professeur principal et à partir de début octobre, j’ai partagé la classe avec ma collègue Ana Baeriswyl. En plus, pour des questions de formation continue, j’ai dû m’absenter et mes divers remplaçants ont fait état de difficultés à « tenir la classe ». La multiplication des intervenants posait problème aux élèves qui avaient du mal à s’adapter. C’est à ce moment précis que ma responsable, Laurie Durussel, m’a demandé de trouver une solution en nous laissant libres de choisir les moyens adéquats pour y parvenir. Voilà comment le conseil de classe a vu le jour en octobre 2019.

Ricardo exhibe fièrement un document coécrit par tous les membres du conseil de classe. Auteur: Hajar / Voix d’Exils.

 Quelle est votre source d’inspiration ?

Principalement les pédagogues français Célestin Freinet et Fernand Oury. Le premier a commencé à développer de nouvelles formes de pédagogies au sortir de la première guerre mondiale. Son approche dite de pédagogies coopératives considère la classe comme une microsociété. Dans une démocratie, une classe doit pouvoir fonctionner aussi de manière démocratique. Freinet, comme d’autres pédagogues de son époque, se pose de manière originale les questions de l’autorité, la critique des rapports de pouvoir dans la classe, l’auto-formation et l’apprentissage en autonomie, la collaboration, l’approche pratique en ateliers d’expérimentation, l’importation participative de sciences et de techniques, les classes découvertes, le jeu et la créativité, le développement de l’esprit critique et l’éducation à la citoyenneté démocratique. Dans le cadre de notre travail – tant éducatif que pédagogique – cet horizon nous semblait en adéquation avec les buts que nous poursuivons : l’intégration par le dialogue interculturel, la tolérance, l’explicitation des attentes, des besoins et des valeurs de chacun.ne et la négociation d’un être-ensemble pour la mise en activité du groupe autour d’un projet fédérateur.

Dans une classe « standard », c’est le professeur qui prend les décisions. Le pouvoir donné au conseil de classe ne change-t-il pas la donne ?

Oui, effectivement, mais cela va dans le sens d’une responsabilisation des élèves. Je vous donne un exemple : un jour, nous avons fait passer un test surprise aux élèves. Peu après, il y a eu un conseil de classe et les élèves ont manifesté leur mécontentement. Les discussions ont donné lieu à une règle qui a été votée et selon laquelle les professeurs devaient avertir les élèves avant de leur faire passer un test. Le délai d’annonce avant le passage d’un test a été décidé après une négociation parce qu’il y avait plusieurs propositions de délai. Finalement, nous nous sommes mis d’accord sur deux jours. Après ce conseil de classe, il n’y a plus eu de tests non annoncés et plus de tensions à ce sujet.

Quel a été l’objet de votre première discussion lors du premier conseil de classe ?

Nous avons établi la liste des règles à respecter pour le bon fonctionnement de la classe. Le premier sujet traité a été celui du téléphone portable parce que beaucoup d’élèves oubliaient d’éteindre leur téléphone ou d’enlever le son. Normalement, les règles de l’EVAM interdisent l’usage du téléphone en classe. Lors de notre première séance, les élèves ont expliqué que le téléphone leur servait aussi pour chercher la traduction des mots qu’ils ne comprennent pas. De plus, certains élèves, qui ont des enfants en bas âge, peuvent recevoir un appel de la garderie quand il y a un problème. D’où le besoin exprimé de pouvoir garder son mobile pour répondre à un coup de fil important ou urgent. Donc, il a été décidé à l’unanimité que tous les élèves peuvent garder leur téléphone en classe, mais ils doivent demander à leur prof avant de pouvoir l’utiliser. Nous avons aussi convenu de quelques règles de base comme le respect du droit à l’image, les échanges d’informations digitales dans le groupe classe et avons aussi pu évoquer des règles de déontologie numérique pour le groupe.

Après discussion, élèves et enseignant.e.s votent dans une ambiance détendue. Auteur: Hajar / Voix d’Exils.

Comment fonctionne le vote ?

Les élèves ont à leur disposition des billets sur lesquels ils peuvent écrire des propositions, des critiques ou des remerciements, puis ensuite les glisser dans une boîte à lettres prévue à cet effet. Au début de chaque séance du conseil, on regarde ce qu’il y a dans la boîte, puis on parle des points écrits sur les billets. Par exemple, plusieurs participants avaient évoqué le problème du bruit dans la classe qui les empêchait de se concentrer. Après discussion, il est ressorti que ce problème ne s’appliquait que dans certains cas et nous avons pu discuter de ce qui nous importait, dégager un consensus là où il pouvait y en avoir un et formuler différentes propositions pour régler ou du moins réduire le problème. Les propositions ont été soumises au vote en trois catégories : pour, contre et abstention. Certaines propositions ont été refusées, mais celles qui ont été acceptées à la majorité ont été inscrites dans le règlement de classe.

Quel rôle joue le conseil de classe dans l’apprentissage du français ?

Pour qu’un conseil de classe fonctionne bien, il faut idéalement que les élèves aient un niveau de langue B1 pour pouvoir argumenter et défendre leur point de vue. Comme nous avons pu le constater, un conseil de classe peut avoir un effet stimulant sur une classe de niveau A2 déjà, et cela malgré les difficultés linguistiques. De plus, le conseil de classe peut aussi servir à identifier les besoins des participants, à définir ensemble les objectifs d’apprentissage, à discuter et réguler le déploiement de la prestation au fur et à mesure de la session et éventuellement à négocier une adaptation.

Qu’apporte l’expérience du conseil de classe aux enseignants ?

Nous obtenons davantage d’adhésion de la part des élèves en les associant aux décisions prises lors des conseils de classe. Dans ce cadre, les petits problèmes du quotidien tels que: bruits, téléphones, savoir-être en groupe, besoins pédagogiques particuliers, surcharge de cours, difficultés des apprenants à s’adapter à différents styles pédagogiques, peuvent être discutés en commun afin d’éviter l’accumulation de frustrations qui pourrait conduire à de plus grands problèmes. Ce partage permet aussi de désamorcer les éventuels conflits entre élèves et de neutraliser les triangulations. De plus, du point de vue de l’efficacité professionnelle, c’est gratifiant de pouvoir observer un tel investissement des élèves et de constater l’accélération des apprentissages.

L’un des objectifs de l’EVAM c’est l’autonomie des bénéficiaires. Votre expérience de pédagogie coopérative va dans ce sens, me semble-t-il…

Oui, bien sûr ! D’ailleurs plusieurs collègues qui avaient entendu parler de notre conseil de classe ont décidé de l’introduire dans leurs propres groupes. D’autres conseils de classe auraient dû démarrer en mars 2020, mais le début du confinement dû au COVID-19 nous a obligés à temporiser cet élan. Forts de notre expérience, nous sommes à disposition pour partager nos outils et conseiller tous les collègues qui souhaiteraient se lancer dans l’expérience.

Paroles d’élève : « Je peux voter librement pour la première fois de ma vie ! »

Lors des conseils de classe, on écoute les autres intervenant.e.s sans les interrompre et en respectant leur point de vue.

Les élèves ont accepté de partager leur expérience de pédagogie participative et d’expliquer en quoi elle leur permet d’avancer.

Voix d’Exils : en quoi le conseil de classe est-il important pour vous ?

« Je viens d’un pays dans lequel je n’ai jamais pu voter une loi. Ce conseil n’est pas très grand, mais il me donne l’occasion de m’exprimer, de pouvoir faire des choix et de voter librement pour la première fois de ma vie. »

« Le conseil de classe nous apprend le savoir vivre ensemble, par exemple à écouter son interlocuteur sans l’interrompre et à construire un dialogue avec lui.»

« Grâce à cette expérience, on apprend beaucoup sur la culture suisse, la santé, la citoyenneté et aussi à pratiquer la lecture et l’écriture. »

« Ça donne beaucoup d’expérience, de la confiance en soi, on apprend à se présenter. »

« Grâce au conseil de classe, on a la possibilité de parler des problèmes qu’on rencontre dans les différentes classes. (Certains élèves ont des cours de mathématiques, de correspondance, de santé, d’autonomie numérique, des ateliers emploi, des ateliers à choix entre phonétique, jeux de rôles et écriture créative le mercredi après-midi, ndlr). »

« Ce conseil de classe est une plus-value ! »

Est-il facile ou difficile de prendre une décision tous ensemble ?

« Franchement, ce n’est pas facile parce qu’on doit beaucoup réfléchir et on n’est pas toujours d’accord sur la décision à prendre concernant un même sujet. »

Propos recueillis par:

Mamadi Diallo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




« Les juges étrangers » au menu des votations fédérales du 25 novembre

Auteur: Pexels / pixabay.com / CC0 Creative Commons

Edito  

Le 25 novembre prochain, le peuple suisse se prononcera sur « Le droit suisse au lieu des juges étrangers (initiative pour l’autodétermination) » portée par l’Union démocratique du centre (UDC). Une initiative qui vise à consacrer une primauté générale du droit constitutionnel suisse sur le droit international.

Comme à l’accoutumée, les grandes questions du pays finissent toujours entre les mains du grand peuple suisse qui décide en toute souveraineté et transparence de son avenir. La démocratie semi-directe : un modèle de gouvernance vieux de près de deux siècles, très imprégné dans la culture du pays et dans l’esprit des citoyens et citoyennes Helvètes.

L’UDC soumet au vote populaire le 25 novembre prochain une initiative « pour l’auto-détermination » dans le but de s’opposer « aux juges étrangers » et de choisir la primauté du droit suisse sur le droit international. L’UDC dénonce d’une part, la faiblesse du droit suisse en matière d’immigration, d’actes pédophiles ou d’expulsion des criminels étrangers. D’autre part, elle soutient la primauté de la volonté populaire et la prépondérance du peuple sur toutes les questions touchant de près ou de loin à la Confédération, ses lois et ses choix. La primauté de la Constitution suisse et l’absence d’une application directe de la démocratie sont les seuls slogans retenus lors de cette campagne par l’UDC.

Le droit Suisse face au droit international

Lors de cette votation, un parfait duel oppose donc le droit suisse au droit international. Entre les deux, le citoyen suisse, un peu désemparé, qui doit se prononcer sur la question dimanche. Cependant, la question majeure se résume comme suite : La Suisse doit elle se soumettre à la volonté politique européenne et au droit européen? L’UDC peut-elle à elle seule défendre la Constitution en dehors du peuple suisse ? Le refus par l’UDC « des juges étrangers » peut être interprété comme un dénigrement pure et simple vis à vis des lois et des institutions internationales. Relevons toutefois que deux juges Suisses siègent depuis 1974 dans une cour internationale, en l’occurrence, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

Contre vent et marée, le droit international n’est en principe qu’un complément et un prolongement des lois des Etats signataires. Le droit international ne pourra aller à l’encontre des peuples dont il a la tâche de rendre justice. Le droit international est le seul support, le seul rempart des opprimés pour retrouver leurs droits dans la société. Par excellence, le droit international est le seul point d’appui des peuples en passe de connaître des injustices et en mal de trouver de bons justiciers !

Etats unilatéralistes rebelles contre le multilatéralisme

De plus en plus d’Etats s’associent à une dynamique de rejet catégorique de la complémentarité du droit international à leurs propres lois en vigueur dans leur pays. Pour étayer au mieux cette donne, on peut citer plusieurs accords multilatéraux qui ont étés abolis ou qui sont en voie de l’être à l’image de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (2015) ou de l’accord de Paris sur le climat (2016). C’est la nouvelle doctrine prônée par le président américain Donald Trump qui a le premier claqué la porte à plusieurs traités multilatéraux, quitte à faire « cavalier seul ». Autant aussi mentionner le premier ministre Hongrois, Viktor Orban, instigateur du groupe de Višegrad qui réunit entre autres : la Pologne, la République Tchèque et la Slovaquie, quant à leur retrait en commun de la convention migratoire européenne sur le quota des étrangers à accueillir par les pays décidé par l’Union européenne. Des Etats qui prennent du poil de la bête en basculant par favoritisme ou par faiblesse dans la rétorsion et la riposte et en s’alignant l’un après l’autre derrière la démarche en vogue lancée par le président américain. Cet état d’esprit est le fruit de la peur et de la crainte de ces Etats de voir un jour le droit international devenir le levier qui contrôle leur vie politique et économique. Des Etats de plus en plus nombreux qui promeuvent une politique de renfermement et de sclérose.

Lors de cette votation du dimanche 25 novembre, le syndrome du « chacun pour soi » pourrait gagner la Confédération et faire courir le risque au peuple suisse de se recroqueviller davantage sur lui tout en diminuant considérablement le rayonnement international du pays. La Suisse rejoindra-elle le 25 novembre le camp des Etats unilatéralistes ?

Arslan Zoheir Bouchemal

Membre de la rédaction Vaudoise de Voix d’Exils