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Revue de presse #14

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Réseaux criminels démantelés en Éthiopie / Massacre de migrants bengali en Libye / Réfugiés expulsés de leur appartement en Grèce

Trafiquants de migrants arrêtés en Éthiopie

Rfi.fr, 20.03.2020

L’Éthiopie mène une opération de grande envergure contre les réseaux criminels qui organisent la traite de migrants vers la Libye. Début mars, la police nationale capturait un célèbre chef de réseaux de passeurs d’origine érythréenne: Kidane Zekarias Habtemariam. Peu après, c’était au tour de « Walid » Tewelde Goitom, autre trafiquant érythréen, d’être arrêté avec son frère et quatre autres complices dans un café éthiopien. Cette arrestation a pu se faire grâce à la dénonciation d’une de ses victimes qui avait alerté la police après l’avoir reconnu dans la rue.

Comme le précise la journaliste érythréenne Meron Estefanos, Walid est un caïd à la sinistre réputation parmi les migrants de la Corne de l’Afrique. Devenu millionnaire grâce au trafic d’êtres humains, il se plaisait à parader avec des armes de guerre et se vantait de violer toutes les femmes qui passaient par ses réseaux. « Son arrestation est enfin un réconfort pour toutes les victimes et leur famille. Un réconfort pour ceux qu’il a kidnappés et torturés et un message envoyé à tous les autres trafiquants qui exploitent des réfugiés innocents d’une manière inhumaine », relève la journaliste.

Les autorités éthiopiennes étudient actuellement la meilleure option pour juger ces criminels qui disposent de plusieurs passeports : les extrader vers un pays européen où ils sont poursuivis ou les juger sur place.

Migrants originaires du Bangladesh massacrés en Libye

Rfi.fr, 30.05.2020

Le massacre fin mai de vingt-six Bengalis, près de Tripoli, a attiré l’attention sur les filières de migrants originaires du Bangladesh qui gagnent la Libye dans le but d’y trouver du travail ou d’atteindre les côtes européennes.

Le ministère des Affaires étrangères du Bangladesh a dénoncé le fait que les migrants massacrés avaient été enlevés, détenus et torturés en Libye par des passeurs, en vue de leur soutirer des rançons.

Peuplé par plus de 162 millions d’habitants, le Bangladesh est l’un des principaux pays d’origine des migrants qui cherchent à gagner l’Europe via la Méditerranée selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Des difficultés économiques, dues notamment à la sécheresse, expliqueraient le déplacement annuel de 700’000 personnes à l’intérieur du pays ainsi qu’une forte émigration. A choisir, beaucoup de Bengalis préfèreraient l’exil aux bidonvilles de Dacca, la capitale.

Profitant de cette détresse, des réseaux de passeurs ont monté à Tripoli des sociétés fictives pour l’emploi de main d’œuvre étrangère. Ces réseaux proposent des contrats de travail fictifs en Libye et promettent aux candidats de leur faciliter le voyage.

Attirés par la perspective d’une vie meilleurs, les migrants soit prennent l’avion sur la ligne Dacca-Dubaï-Istanbul-Tripoli, soit passent par l’Égypte d’où ils traversent ensuite les frontières terrestres vers la Libye.

Une fois sur place, le scénario est le même qu’avec les migrants africains, à savoir qu’ils sont enlevés par les mêmes personnes qui ont organisé et facilité leur voyage. Une rançon est alors réclamée à leurs familles. Si ces dernières ne la paient pas, ils seront torturés et devront effectuer pendant des mois toutes sortes de travaux forcés. Chaque migrant paie à ces réseaux bien rodés entre 7’000 et 15’000 euros, soit vingt ans de salaire moyen au Bangladesh.

Les activités criminelles de ces sociétés de trafiquants d’êtres humains ont également été dénoncées par l’Égypte qui a arrêté des médiateurs de bureaux d’emplois fictifs en activité au Caire.

Réfugiés expulsés de leur appartement en Grèce

Tribune de Genève, 01.06.2020

La nouvelle législation grecque a réduit de six mois à un mois la période pendant laquelle les réfugiés ayant obtenu l’asile peuvent rester dans les appartements sociaux. Plus de 11’000 réfugiés vont donc devoir quitter le logement qui leur avait été attribué pour laisser la place aux demandeurs d’asile en provenance des camps insalubres des îles de la mer Égée.

Le gouvernement grec juge cette politique d’expulsion nécessaire pour que les hébergements bénéficient aux plus de 32’500 demandeurs d’asile qui vivent dans des conditions sordides dans les camps surpeuplés. Selon le secrétaire du service d’asile grec « Il est normal que ceux qui sont en Grèce depuis plus longtemps puissent laisser leur place. Il faut mettre une limite et que les réfugiés s’intègrent et trouvent un travail ».

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés se dit préoccupée par cette décision : « En théorie, les réfugiés ont droit à des aides, mais en réalité pour ceux qui ne parlent pas la langue, naviguer dans la bureaucratie grecque peut être extrêmement difficile ».

Le gouvernement grec, quant à lui, soutient que les réfugiés peuvent s’inscrire au programme HELIOS, mis en place par l’Organisation internationale pour les migrations, qui leur permet de suivre des cours de grec et de bénéficier d’une allocation pour leur logement.

Mais l’action d’HELIOS est jugée peu efficace par l’ONG Solidarity Now : « Les réfugiés sont censés trouver eux-mêmes un logement, or ils font face à des attitudes xénophobes des propriétaires, à des démarches administratives peu compréhensibles et au manque d’offre d’appartements bon marché. »

Oumalkaire / Voix d’Exils




80 millions de cicatrices

Unsplash.com. Auteur: Daniel Fazio.

sur la conscience de l’humanité

L’exploitation des réfugiés et leur utilisation comme menace pour faire chanter l’Europe est mise en pratique depuis plusieurs jours par le président turque Recep Tayyip Erdoğan, alors que des milliers de réfugiés affluent vers la frontière greco-turque. La question des déplacés est actuelle et importante. Voici une réflexion approfondie sur ce sujet global.

Les guerres sont provoquées, les pays sont divisés, les réfugiés inondent le monde, tandis que des terribles images sont affichées chaque jour sur des écrans de télévisions et d’ordinateurs de migrants se noyant dans la mer agitée, mourant d’épuisement ou de famine, tués par des mercenaires, exploités par des trafiquants d’êtres humains et transformés en marchandise et monnaie d’échange. Ils sont victimes de l’opportunité des machinations politiques et du « changement de régime », en d’autres termes, des malheurs d’origine humaine ! Les enfants sont les plus vulnérables parmi les réfugiés. Ils sont infectés par des maladies très répandues et affectés par la malnutrition, le viol, le travail forcé et la négligence.

Selon les estimations de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), à la fin de 2019, 70,8 millions d’individus – un chiffre sans précédent – ont été déplacés de force dans le monde entier et ont été livrés aux mers orageuses, au soleil brûlant du désert et aux caprices des bureaux d’immigration qui les attendent dans les pays d’accueil.

En effet, à mesure que l’humanité progresse en terme de technologie, elle est renvoyée à l’âge de pierre quand il s’agit de sa conscience!

Guerres par procuration

L’autre jour, je faisais défiler ma page Facebook lorsque je suis tombé sur cette nouvelle: « Fatima Ibrahim Hadi, 12 ans, est décédée de malnutrition le 4 février de cette année après que ses photos aient envahi les médias internationaux comme preuve vivante de la laideur de l’impact de la guerre sur le Yémen et des crimes des forces en présence dont la seule préoccupation est le pouvoir, au milieu de souffrances humaines aggravées par le silence et l’oubli ». Au Yémen, on estime que 3,2 millions d’enfants et de femmes souffrent de malnutrition aiguë. Puis, en continuant à faire défiler ma page, j’ai trouvé cette nécrologie: « La famille al-Ghai est dévastée par la perte de quatre membres de sa famille qui ont péri en traversant la mer Égée de la Turquie vers la Grèce. Quatre autres membres de la même famille ont été sauvés. Beaucoup d’autres se sont noyés. La plupart sont originaires de Hassaké, gouvernorat de Syrie ».

Récemment, début octobre 2019, de nombreuses villes du gouvernorat de Hassaké, (Ras al-Ain, Tal Tamer, Tal Abiad), situées au nord-est de la Syrie, ont été envahies par les forces turques et ses alliés djihadistes syriens. Cette offensive, qui était le résultat d’un échange entre les présidents Trump et Erdogan, a déclenché le déplacement de 200’000 à 300’000 personnes du jour au lendemain! 

Les réfugiés meurent deux fois

Le président turc Erdogan, dont le pays est profondément impliqué dans la guerre en Syrie, et qui a ouvert les frontières de son pays aux réfugiés syriens au début du conflit, les utilise désormais comme monnaie d’échange et de chantage, menaçant carrément d’inonder l’Europe de 3,6 millions de réfugiés syriens si ses demandes ne sont pas satisfaites!

Quelqu’un a dit que ces pauvres réfugiés meurent deux fois: une fois lorsque leur habitat naturel est détruit et qu’ils sont bombardés hors de leur pays. Et une deuxième fois, lorsqu’ils sont en route pour atteindre les pays d’accueil!

Au cours de sa mission officielle auprès de l’ONU, Jean Ziegler, sociologue genevois, a effectué un voyage d’étude en mai 2019 à Lesbos, l’île qui abrite l’un des cinq centres d’accueil pour réfugiés de la mer Égée en Grèce. Et dans son livre récemment publié « Lesbos, la honte de l’Europe », il décrit comment 20’000 réfugiés y sont entassées dans des conditions totalement inhumaine, en violation flagrante des principes les plus fondamentaux des droits humains! Ces conditions selon lui sont « créées par l’Union européenne dans un seul but: créer la terreur et la dissuasion pour empêcher l’arrivée d’autres réfugiés ».

Médias sous contrôle

Etant bien conscient de la nature de la politique, il n’y aura pas de fin à ces tragédies d’origine humaine à l’avenir. L’ONU, les organisations non gouvernementales (ONG) et les personnes de bonne volonté ne disposent pas des moyens de pression appropriés pour mettre fin à cette situation.

Pendant ce temps, les pays puissants qui ont été impliqués dans ces catastrophes d’origine humaine ne sont intéressés qu’à la façon de « diviser le gâteau » de pays comme la Syrie, la Libye, l’Irak, le Yémen, l’Afghanistan et de nombreux autres qui sont devenus des États défaillants incapables de protéger leurs citoyens; tandis que les médias grand public contrôlés n’osent pas exposer les vraies causes de ces tragédies. Et le reste du monde dort tranquillement la nuit après avoir changé de chaîne de télévision ou avoir communiqué d’autres histoires plus agréables sur leurs écrans d’ordinateurs ou de smartphones.

Si l’humanité avait vécu selon certains principes et valeurs humaines, la plupart de ces personnes déplacées seraient restées chez elles, jouissant d’une vie digne et sûre, même s’ils devaient tolérer la pauvreté.

H. Dono
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 

 




Une visite inoubliable au musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève

Photos d’enfants morts, disparus ou séparés de leurs parents par la guerre. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils à été « saisie d’émotions »

Le 23 octobre 2019 était une journée particulière pour la rédaction vaudoise de Voix d’Exils vaudoise: c’était la sortie annuelle! Le point d’orgue de la journée était la visite du musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève . Pour retracer cette expérience, la rédaction a choisi de donner la parole à chaque rédacteur et chaque rédactrice.

Au sein de l’équipe, chaque rédacteur et chaque rédactrice avait déjà entendu parler de la Croix Rouge, mais personne n’avait jamais visité son musée à Genève. Alors, le matin du mercredi 23 octobre, départ en minibus de Lausanne en direction de Genève. Au menu de la journée: visite du musée, repas libanais et air frais au bord du Léman.

Les drapeaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Entrer dans le monde de la Croix Rouge

Le 17 février 1863, le Comité international de la Croix-Rouge (le CICR) a été créé par un groupe de cinq citoyens genevois à l’initiative de Henry Dunant, un homme d’affaire humaniste suisse. le CICR est l’une des plus anciennes et aussi l’une des plus grandes organisations humanitaires au monde.

Depuis les deux guerres mondiales et jusqu’à présent, la Croix Rouge continue à apporter son aide dans tous les coins dévastés du monde. De nombreuses personnes, victimes de guerres ou de sinistres causés par des catastrophes naturelles et même nucléaires, bénéficient de l’aide précieuse de cette grande institution.

Statue de Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Une expérience inoubliable

Les murs du musée font voyager le visiteur dans le temps. L’itinéraire de la visite est conçu d’une manière particulière et donne l’impression de voyager dans l’histoire de la Croix-Rouge. Le visiteur découvre d’abord la personnalité de Henri Dunant et est introduit aux missions de l’organisation.

On peut aussi être envahi par des sensations controversées vis-à-vis de la barbarie des personnes impliquées dans les conflits armés dévastateurs. Conflits qui, parfois, auraient pu être évités par la voie diplomatique.

Cette visite a procuré, à chacun, une forte sensation d’humilité, car plusieurs personnes bénévoles sont engagées à apporter de l’aide aux plus démunis.

Les membres de la rédaction sont pratiquement tous issus de pays en conflits ou de pays privés de liberté. La situation qu’a vécu chacun et chacune dans son pays l’a forcé à fuir loin de sa famille et sa mère patrie, en laissant tout derrière: les amis, les projets, les carrières, … Ayant pour la plupart été témoins de la guerre et de la barbarie, la visite du musée a réveillé pour beaucoup des souvenirs douloureux. Mais, en même temps, certains et certaines  se sont sentis privilégiés d’avoir une seconde chance en Suisse.

Devant le mur orné des photos d’enfants victimes du génocide rwandais, une des collègues a fondu en larmes. Une autre l’a serrée dans ses bras en essayant de la calmer, mais en vain.

Tout le monde a été énormément touché par les chambres de témoins: des espaces au sein desquels les visiteurs et visiteuses peuvent rencontrer des témoins virtuels. Chaque témoignage rappelle des moments forts de l’histoire de la Croix-Rouge et donne l’espoir de résoudre, un jour, les difficultés que rencontre l’humanité.

Chambre des témoins au musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

L’on peut aussi voir dans ce musée des extraits de lettres ou de notes échangées entre conjoints, entre parents et enfants, etc… et relayés par les collaborateurs et collaboratrices de la Croix Rouge. Elles étaient inscrites parfois sur des feuillets du CICR, sur du papier à lettre et même sur des bouts de papier déchirés, qu’on pouvait deviner qu’elles avaient été réalisées à la hâte ou avec « les moyens du bord », suivant la situation des gens.

On peut aussi voir des objets fabriqués par des prisonniers et offerts aux délégués de la Croix Rouge pendant leurs visites des prisons dans le monde entier.

La visite a duré deux bonnes heures et, à la fin, les rédacteurs et rédactrices qui le souhaitaient ont eu l’occasion de signer le livre d’or en notant quelques réflexions.

La découverte suivante s’est faite en « territoire libanais » au Parfum de Beyrouth, un restaurant très convivial dans le quartier genevois des Pâquis. Et cette fois pour le bonheur des papilles de toute l’équipe de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Pour clôturer notre sortie, nous avons fait une belle et joyeuse balade à pied au bord du lac Léman et sur la jetée des bains des Pâquis, ponctuée de séances de photos pour immortaliser le moment. Certaines de ces séances, faites dans une ambiance incroyablement joyeuse, tenaient pratiquement du shooting professionnel pour magazine de mode !

En conclusion, les commentaires individuels des membres de l’équipe suggéreront sûrement aux lecteurs de visiter ce magnifique musée du Comité International de la Croix Rouge et du Croissant Rouge. Un grand merci au musée de nous avoir offert cette visite et pour son accueil chaleureux.

La rédaction de Voix d’Exils

Témoignages

Damon : « J’en suis sorti assoiffé de voir notre planète en paix ».

« La visite du musée de la Croix Rouge de Genève a été pour moi la vitrine d’une sélection de vestiges des guerres contemporaines. Une vitrine assez riche et mondiale qui apporte à l’œil du public divers exemples des conséquences des catastrophes pour les femmes, les hommes et les enfants. Les terribles événements qui leur arrivent et qui les marquent jusqu’aux derniers jours de leur vie.

Grâce à la technologie holographique qui anime les victimes, le musée a bien réussi à minimiser la distance entre les témoins et les visiteurs, ce qui est vraiment touchant. Aussi, la reconstitution audio et/ou vidéo de scènes dramatiques permet aux gens de faire l’expérience des témoignages récoltés.

Et c’est là qu’on commence à se demander pourquoi la Suisse, le pays de la Croix Rouge et de la paix, a exporté pour  411,9 millions de francs de matériel de guerre en 2016. Pourquoi les plus grands exportateurs de matériel de guerre sont-ils les pays qui ne prennent pas part à ces guerres ?

Est-ce que la Croix Rouge et les droits de l’homme ne sont que de jolies vitrines qui feignent la sympathie ? Ou c’est juste que l’économie de ces pays défenseurs des droits de l’homme profite joliment des recettes de la vente d’armes de destruction massive et individuelle? Au fur et à mesure que j’avançais dans le musée, je me suis demandé jusqu’à quand on va continuer à produire du matériel de guerre malgré la conscience de ses méfaits».

Vitrines avec objets cofectionnés par des prisonniers. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Yazan: « Ça m’a rappelé la guerre en Syrie, les victimes … et la peur des mères de martyrs dans le monde »

« J’ai vu des vestiges auxquels je ne m’attendais pas, comme ceux de la première guerre mondiale qui m’a rappelé la guerre en Syrie, les victimes, les martyrs et la peur des mères de martyrs dans le monde. Il y avait un esprit dans cet endroit qui transmettait l’image sous tous les angles pour les visiteurs. Le musée nous a permis de voyager dans le passé pour le voir dans sa réalité ».

Fichier central. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils

Mamadi: « La visite du CICR était une belle découverte ! L’aventure était riche et intense ! »

« La visite du musée du CICR était une belle découverte ! L’aventure était riche et intense ! J’ai appris énormément de choses en une journée ! Les différents témoignages des victimes de guerres et des personnes luttant pour les droits de l’homme m’ont permis de mieux comprendre les valeurs et missions humanistes de la Croix-Rouge. De plus, le rire,  la bonne ambiance du groupe et le reste de la journée passé à découvrir la Ville de Genève ont fait de cette sortie un moment inoubliable. Un grand merci à Voix d’Exils pour ce beau souvenir ! ».

Clovis: « J’ai toujours vu la participation de la Croix-Rouge dans différentes actions de charité. Mais, je ne connaissais pas son histoire »

«La visite qu’on a effectuée au Musée du CICR a été, pour moi, une bonne expérience. Depuis longtemps j’ai toujours vu la participation de la Croix-Rouge dans différentes actions de charité ; que ce soit dans des zones de conflits ou lors des catastrophes naturelles. Mais, je ne connaissais pas l’histoire de la Croix Rouge, comment elle a été fondée, etc. Lors de cette visite, j’ai appris pas mal de choses à travers les témoignages et les différentes expositions. Mais aussi grâce aux explications données à travers l’audioguide ».

Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils

Oumalkaire: « Ça reste, pour moi un moment remarquable et mémorable ! »

«Notre sortie à Genève a été un moment agréable pour moi, puisque ça m’a permis de voir pour la première fois le musée de Croix-Rouge. C’était aussi la première fois, depuis que j’ai commencé mon activité à la rédaction de Voix d’Exils, qu’on sortait tous ensemble pour se détendre sans penser au travail.

Auparavant, je n’avais jamais visité un musée. Je ne savais pas si les musées sont tous pareils ou non, mais ce qui était impressionnant et qui avait attiré mon attention dans ce musée c’étaient les décors. L’animation des images et les fait que les personnages vous parlent les rend vraiment réels. J’ai eu l’impression que je les interviewais en direct.

Le côté gastronomique de notre sortie était tout aussi  inoubliable. J’ai pu déguster l’un des délicieux plats du Parfum de Beyrouth et je salive à chaque fois je m’en rappelle. Ça reste pour moi un moment remarquable et mémorable! ».

Chambre des témoins. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Marie-Cécile : « J’ai pu voir la Croix Rouge dans la beauté de son action sur terrain, je l’ai comprise dans son histoire »

« Mis à part le fait que le seul fait de tous nous retrouver en dehors des bureaux était une joyeuse découverte en soi, la visite du musée de la Croix Rouge était saisissante d’émotions ! La salle de la Liberté, en particulier, avec ses lourdes chaînes qui pendent du plafond et qu’il faut écarter de la main pour se frayer un chemin dans le bruit des mailles qui s’entrechoquent. Ou ce mur haut de presque six mètres de haut couvert de photos d’enfants aux grands yeux, morts, disparus ou séparés de leurs parents par la guerre !!! Mais aussi, j’ai vu le rêve, l’espérance, la patience, la mélancolie et la beauté de cœurs qui pourtant devaient être bien lourds… comme dans ce beau bateau blanc ou ce service à thé turc, forgés dans le fer et offerts au personnel de la Croix Rouge en signe de sympathie ou en guise de remerciements.

J’ai pu voir la Croix Rouge dans la beauté de son action sur le terrain, je l’ai comprise dans son histoire. A la fin de la visite, j’étais riche d’une autre information de culture générale et d’une certitude: cette immense entité est partie de la générosité du cœur et la disponibilité pour autrui d’un homme: Henry Dunant. Et elle fait sûrement aujourd’hui le bonheur de ceux qui œuvrent pour elle avec leur cœur. »

Guetty : « Il n’y a pas que des choses choquantes à voir au musée du CICR !»

« Il n’y a pas que des choses choquantes à voir au musée du CICR. Je me suis aussi amusée au vrai sens du terme, en me prêtant à l’exercice ludique du sauvetage d’un village et de groupes de personnes face à la montée des eaux due à une inondation. Devant un mur avec des effets spéciaux, j’ai aussi pris plaisir à jouer comme une petite gamine avec des vagues lumineuses qui suivaient le mouvement de mes mains et qui symbolisent l’importance de chaque individu dans le changement du cours des événements qui l’entourent. »

Espace interactif. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Valery : « Ce qui m’a frappé le plus, ce sont des objets originaux et parfois grotesques créés par des prisonniers ! »

« Moi, je suis un passionné de tourisme. J’adore découvrir des endroits, visiter des musées etc. Mais le musée de la Croix Rouge se démarque beaucoup des musées que j’ai visité par le passé. J’ai eu une impression bouleversante de cette visite du 23 octobre 2019. Ce qui m’a frappé le plus, ce sont les objets originaux et parfois grotesques créés par des prisonniers et donnés aux collaborateurs et collaboratrices de la Croix Rouge pendant leurs visites dans des prisons du monde entier. Et puis, l’ambiance générale du musée était bouleversante et même mystérieuse. Le temps de la visite est passé trop vite et j’aurais préféré rester dans cette ambiance plus longtemps. Si j’avais pu, je l’aurais fait. Si j’ai l’occasion d’y retourner, j’y retournerai très volontiers! »

Objets créés par des prisonniers et donnés aux délégués de la Croix Rouge pendant leurs visites dans des prisons du monde entier. Musée international du CICR à Genève. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

 

 




Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite des êtres humains

Pixabay License.

Nos mères nous ont mis au monde libres : pourquoi l’esclavage existe-t-il encore?

En ce jour, écoutons les cris de ces enfants, femmes et hommes qui cherchent à se libérer du crime qui a détruit leurs vies. Brisons les chaînes de ce fléau et détruisons son poison, qui ronge nos sociétés, pour parvenir à la paix.

Qu’est-ce que la traite des êtres humains ? Selon la définition officielle de l’ONU, il s’agit du « fait de recruter, transporter, transférer, héberger ou accueillir une personne en ayant recours à la force, à la contrainte, à tromperie ou à d’autres moyens, en vue de l’exploiter. »

Des origines lointaines

Les racines de ce phénomène remontent à des milliers d’années. Dans l’Antiquité, il y avait des marchés où l’or, l’argent et les esclaves étaient échangés ; c’était l’époque du règne des maîtres sur les esclaves et des pires formes d’exploitation du fort sur le faible. Aujourd’hui, ces abus se perpétuent dans nos sociétés contemporaines où des criminels continuent d’exploiter la faiblesse de certaines personnes et les utilisent comme un moyen pour gagner de l’argent.

Des chiffres impressionnants

La traite des êtres humains est «l’une des activités les plus lucratives du crime organisé : chaque année, elle génère au niveau mondial un chiffre d’affaires estimé à 32 milliards de dollars.» L’organisation internationale du travail (OIT) a estimé le nombre de victimes à 40,3 millions en 2016, dont 24,9 millions de victimes du travail forcé et 15,4 millions de victimes du mariage forcé. L’OIT a établi qu’une victime sur quatre est un enfant.L’OIT a également mis en évidence que les femmes et les filles représentent 99% des victimes dans l’industrie du sexe, et 58% dans d’autres secteurs. Selon 50forfreedom, « environ une victime sur cinq est concernée par l’exploitation sexuelle. La plupart des personnes victimes de l’esclavage travaillent dans des secteurs comme l’agriculture, la pêche, la construction, l’industrie, les mines, les services et le travail domestique. »

Un mal tentaculaire

Ce fléau n’a pas de frontière, il est dispersé dans le monde entier et aucun pays ne peut se dire à l’abri ; la traite corrompt la vie humaine même dans les pays les plus avancés, malgré les progrès matériels réalisés et en dépit des progrès moraux liés à la diffusion des principes de liberté, d’égalité et de justice.

De lourdes conséquences

Ce phénomène a des conséquences psychologiques pour les victimes mais également sociales, sanitaires ou encore économiques. Sur le plan mondial, les entreprises sont confrontées à la concurrence de compagnies qui tirent profit de l’esclavage contemporain, ce qui les pousse à réduire les salaires de leurs employés par exemple.

Les personnes les plus vulnérables sont les pauvres, les opprimés et les réfugiés qui ont fui le fléau de la guerre et de la pauvreté pour se retrouver en proie à ces personnes et organismes (dont on ne connaît pas l’identité) qui ignorent le sens de l’humanité et pratiquent les pires formes de brutalité contre les droits humains, la liberté et la dignité.

La traite des êtres humains constitue à l’évidence une violation très grave des droits de l’homme et de sa dignité.

Nous espérons que des efforts intenses seront consentis pour mettre fin à ce crime, afin d’éviter de nouvelles victimes.

Aya

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

Une lueur d’espoir au bout du tunnel des sans-papiers genevois, article paru dans Voix d’Exils le 30.03.2017.

Plus de 100’000 sans-papiers sont discrètement exploités en Suisse, article paru dans Voix d’Exils le 05.12.2014.

 

 

 




Yemeni journalist Nabil Alosaidi

Source What’s up

From the risk of death to the platforms to defend freedom of expression

Nabil Alosaidi is a Yemeni journalist and member of the Council of the Yemeni Journalists Syndicate since 2009. He was chairman of the training and rehabilitation committee and supervisor of the freedoms committee of the union.  He has been living in Switzerland for three years now because of the war in his country. Nabil Alosaidi participates in many events held at the Human Rights Council to convey the voices of the victims and to identify violations of freedom of opinion and expression. Reporters Without Borders has classified Yemen as one of the most dangerous countries for journalists.

The beginnings

“I began my relationship with the press as a hobby. During my high school studies, I began to write for some Yemeni newspapers. Then, I continued to acquire more journalism skills studying at the Media College and the University of Sana’a. I worked for many Yemeni newspapers until I became a correspondent and director of the office of Okaz, a Saudi newspaper, in Yemen.” tells Nabil Alosaidi.

The struggle for professionalism and independence

Nabil Alosaidi says that the difficulties on professional and personal levels do not allow the independent Yemeni press to appear. The political and partisan activities, political disputes and conflicts between power centers interfere with the functioning of the press in Yemen. The independent press is important in the country where people need to hear an independent voice that belongs to them.

“Personally, I have faced these difficulties with courage, like do many Yemeni journalists who dream of a homeland with independent press and freedom of speech. I’m still struggling for it, while the war keeps attacking the press continuously. All the parties of the conflict arrest journalists and prevent the voices of the other. Journalists are facing blackmail, detention, abduction and are assassinated. Now ten of our young journalists are in trial, facing the risk of execution” tells Nabil Alosaidi.

Seeking asylum in Switzerland

Nabil Alosaidi believes that the profession of journalism has always been dangerous in Yemen, especially over the last few years of the war between many parties disputing power. For instance, in September 2014, the Houthi militias swept through Sana’a and overturned the government taking control of its institutions, including the media and the press. They occupied newspapers, radio and television buildings and closed the opposition newspapers.

Nabil Alosaidi describes the story of his survival saying: “I had to move from one city to the next until I reached the city of Taiz, where I stayed hidden with the help of relatives and friends. After a few months, I had to move out of the sieged city before they could discover my place. It was like an impossible task because of the closure of all the exits of Taiz. I walked a long distance until I managed to exit the city and then moved between cities to reach Saudi Arabia. I stayed there for a few months before I could travel to Switzerland. I was part of a media delegation accompanying the negotiations between the Yemeni government and the Houthi militias in Geneva. Because the war did not allow an independent press and forced the journalists to side by one of the parties in the conflict, I decided to stay in Switzerland seeking protection and freedom.”

Nabil Alosaidi believes that staying in Switzerland has greatly influenced his professional career in the press. Here, he started to defend the victims of the human rights violations in Yemen. The protection and the freedom he obtained in Switzerland allows him to deliver the voices of Yemeni journalists to the international community and to the human rights organizations. He is determined to continue defending the freedom of press and journalist detainees in the forums of international press and human rights until the press recovers in Yemen. While in Switzerland, Alosaidi could also lead a press campaign, the most known and the strongest ever, against corruption in the Yemeni government. He has received the Journalism Award for Integrity and Combating Corruption and the Public Anti-Corruption Personality Award in 2018 for this campaign. 

Wafa Al Sagheer

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Article traduit de l’anglais vers le français par MHER

Contributeur externe de Voix d’Exils

Version française de l’article ici