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FLASH INFOS #96

Photo: « Sacs à dos sans frontières »

Sous la loupe : Plus de 4000 sacs à dos transmis aux exilé·e·s en Grèce / Restrictions financières pour les ressortissant·e·s de pays tiers / Vers une pérennisation de l’aumônerie musulmane dans les centres d’asile suisses

Plus de 4000 sacs à dos transmis aux exilé·e·s en Grèce

RTS, le 31.01.2022

Depuis plus d’un mois, Joëlle Mayoraz et Flavia Gillioz, deux jeunes femmes valaisannes, se mobilisent pour le projet « Sacs à dos sans frontières » qui vise à collecter des sacs à dos pour les personnes exilées au nord de la Grèce. Leur objectif initial était de réunir 500 sacs pour le 31 janvier 2022. Aujourd’hui, avec l’aide de la population romande, elles sont parvenues à recueillir plus de 4’000 sacs.

L’idée s’est développée alors que Joëlle travaillait pour une ONG en Grèce. À cette occasion, elle s’est rendu compte que les personnes en situation d’exil avaient un besoin réel de sacs à dos, parce qu’ils transportaient leurs affaires avec des sacs plastiques. Les sacs seront acheminés dans les prochaines semaines en Grèce par une association spécialisée.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Restrictions financières pour les ressortissant·e·s de pays tiers

24 Heures, le 31.01.2022

Le Conseil fédéral a démarré mercredi 26 janvier dernier une consultation sur un projet pour inciter les ressortissant·e·s de pays tiers ‒ c’est-à-dire les personnes originaires d’un état non membre de l’Union Européenne (UE) ‒ à intégrer le marché du travail. En réduisant de 20% l’assistance financière dont ils bénéficient, les ressortissants disposeront d’une aide sociale réduite durant les trois premières années. De même, les conditions d’octroi et de prolongement d’un permis de séjour, qui engendrent selon lui des coûts importants, seront reconsidérées et soumises à l’autorisation du Secrétariat d’État aux migrations (SEM). Le prolongement de ces permissions de séjour pourra toutefois être accordé en cas d’emploi ou de formation.

De telles restrictions visent à permettre aux cantons et communes de contenir la hausse des dépenses de l’aide sociale.

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Vers une pérennisation de l’aumônerie musulmane dans les centres d’asile suisses

RTS, le 31.01.2022

Selon une étude du Centre Suisse Islam et Société (CSIS) de l’Université de Fribourg, le projet qui vise à intégrer de manière pérenne une aumônerie musulmane dans les centres d’asile fédéraux s’avère être un réel succès. Initié il y a un an sous la conduite du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), ce projet complète l’offre proposée par les églises suisses. Il a notamment permis la médiation de conflits au sein des centres et l’accompagnement de requérant·e·s originaires de 19 pays différents (à savoir principalement d’Algérie, d’Afghanistan, du Maroc et de Syrie).

Au vu de ses résultats, le projet est prolongé jusqu’à fin 2022, avec la possibilité d’être pérennisé à l’avenir.

Karim Ibsaine

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




«Comment vivre avec moins de 12 francs par jour à Lausanne?»

Diane Barraud, médiatrice de l’Eglise Evangélique Réformée du canton de Vaud

Diane Barraud, médiatrice de l’Eglise Evangélique Réformée du canton de Vaud

Le bon filon est une publication regroupant des adresses d’associations vaudoises. Ces associations proposent aux requérants d’asile de nombreuses aides pour avoir accès à des biens de première nécessité, ainsi qu’à différents services. Diane Barraud, médiatrice de l’Eglise Evangélique Réformée du Canton de Vaud et collaboratrice du bon filon, répond aux questions de Voix d’Exils

Ces dernières années, beaucoup d’associations – comme le bon filon – se sont constituées face à l’augmentation des problèmes rencontrés par les personnes migrantes vivant en Suisse. La vie de ces personnes étant devenue plus complexe, plus exigeante et plus stressante. Ainsi, les requérants d’asile doivent vivre avec parfois moins de 12 francs (oui, 12 francs!), ce qui représente l’assistance financière qui leur est allouée pour subvenir à leurs besoins journaliers.

Qui est à l’origine du bon filon et depuis quand existe-t-il ?

Diane Barraud : Le bon filon existe depuis la création de l’association lausannoise Point d’Appui, ce qui remonte à environ 10 ans. Le projet a été initié par Brigitte Zilocchi, ancienne responsable de l’association Point d’Appui, en collaboration avec le pasteur Jean-Pierre Bardey, ainsi que la FAREAS (actuel EVAM).

Quels sont les objectifs du bon filon ?

Le bon filon a été créé pour donner des informations utiles aux requérants d’asile, aux migrants en situation précaire, ainsi qu’aux partenaires qui travaillent avec eux ou qui peuvent être amenés à les rencontrer (comme les pasteurs et prêtres de Lausanne par exemple), à partir de la question : comment vivre avec 12 francs par jour à Lausanne ? Sachant qu’aujourd’hui, pour certains, c’est encore moins… Il s’agissait donc de répertorier les endroits où il est possible de trouver gratuitement ou à bon prix des biens de première nécessité comme : l’alimentation, l’hébergement, les vêtements, les soins médicaux ; mais aussi les aides et services auxquels un migrant peut souhaiter avoir accès, à l’instar de: conseils juridiques et sociaux, d’écrivains publics, d’aides pour les problèmes de dépendances, de maladies ou, encore, les lieux et ressources pour la prise en charge de la petite enfance etc.

Qui recourt aux bonnes adresses proposées par le bon filon ?

Les personnes qui se trouvent en situation de précarité à Lausanne et les différents partenaires qui cherchent à les accompagner. Parmi les facteurs qui conduisent les personnes à venir nous solliciter, il y a sans doute le durcissement des conditions d’existence des migrants et des lois relatives à l’asile en Suisse.

Voyez-vous des changements chez les personnes qui font appel à vous ?

Oui, on constate une nouvelle migration européenne très précaire, couplée aux accords sur la libre circulation des personnes. Nous recevons ainsi, depuis plusieurs mois, des ressortissants des pays européens qui fuient la crise économique et qui viennent en Suisse chercher du travail.

Quels sont les biens et les services les plus demandés ?

Un peu beaucoup de tout ! Mais surtout les biens des première nécessité, l’aide juridique et aussi les agences de placement. Au Point d’Appui, nous recevons beaucoup de personnes qui sont en procédure d’asile ou qui sont passées par l’asile. Elles viennent souvent lorsqu’elles traversent des difficultés.

Comment se profile l’avenir du bon filon ?

Étant donné que la précarité ne semble pas être en voie de diminution à Lausanne, au contraire, je crains qu’elle ait encore de beaux jours devant elle… Nous devons prévoir prochainement une mise à jour de la publication, et peut-être aussi travailler davantage en réseau, puisqu’il existe une plateforme des différentes associations et institutions du nom de « seuil bas » à Lausanne.

Connaissez-vous Voix d’Exils ? Si oui, qu’en pensez-vous ?

Oui, je connais Voix d’Exils, même si je manque dramatiquement de temps pour sa lecture ! Cela me semble être une excellente chose que d’avoir un média qui donne la parole aux requérants d’asile. Dans la société et les médias suisses, l’on parle souvent de sujets concernant les requérants d’asile – et pas toujours de manière juste – mais les principaux concernés ont trop peu la parole. Donc surtout continuez et bonne chance!

Propos recueillis par :

El sam

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos :

Téléchargez le bon filon en cliquant sur le lien suivant: Bon_filon_2011

Vous pouvez également vous procurer Le bon filon au secrétariat de Point d’Appui, ainsi que dans les autres associations qui collaborent à la fabrication de la publication.

Adresse de Point d’Appui :

rue Dr César-Roux 8

1005 Lausanne

Tél: 021 312 49 00

Cliquez ici pour accéder à la page internet de Point d’Appui




Le calvaire des enfants des rues de Mogadiscio

Des enfants qui errent dans les rues de Mogadiscio. Source: http://www.flickr.com/creativecommons/

Depuis la chute du gouvernement somalien sous l’égide du président Mahamed Sayad Baree, en 1991, la Somalie a connu des guerres civiles qui n’ont épargné rien ni personne. Les jeunes, et en particulier les filles, sont les plus touchés par les privations et les violences qui étranglent le pays.

 

 

Selon la Convention des Droits de l’Enfant : «L’enfant est reconnu, universellement, comme un être humain qui doit pouvoir se développer physiquement, intellectuellement, socialement, moralement, spirituellement, dans la liberté et la dignité». Dans les pays sous développés, hélas, les enfants ne profitent pas de ces droits. En Somalie, où règne la guerre, la famine, la sécheresse et les épidémies, ce sont les jeunes qui sont les plus touchés. Depuis 30 ans, les nouvelles générations se succèdent et grandissent dans un pays chaotique. Elles n’ont jamais connu la paix, le respect des droits humains. Un adolescent de 15 ans déclarait en mars 2010 à Amnesty International : « J’ai vécu la plus grande partie de ma vie dans la peur »,et d’après cette même Organisation Non Gouvernementale (ONG), les enfants représentent la moitié de la population somalienne.

Des enfants livrés à eux-mêmes

Beaucoup d’enfants perdent leurs parents, soit parce qu’ils ont été tués lors de combats, soit parce que ces mêmes combats les ont séparés. Ils perdent alors la protection et l’affection et sont victimes de mauvais traitements, surtout dans le sud et le centre du pays où règne un chaos généralisé.

Les orphelins qui restent à Mogadiscio s’établissent aux alentours des restaurants pour manger les restes. Interrogé par la radio royale somalienne lors d’un reportage, Deeqow Caamir, un adolescent de 14 ans, confie : « Je vis dans un lieu dangereux et je n’ai personne qui puisse m’aider. J’ai besoin de nourriture, d’un abri, de vêtements, d’étudier, de soins… et beaucoup d’autres choses encore dont un enfant a besoin dans ce monde. Je suis exposé à des balles perdues et des obus de mortiers, car je dors au pied d’un mur… Moi et les animaux, on dort ensemble (il pleure). La famine et la peur m’ont conduit à consommer toutes sortes de drogues comme l’alcool, le kat, les cigarettes… pour oublier mon calvaire ».

Le reportage a également observé que des jeunes filles âgées de 9 à 17 ans vivent également dans la rue. Elles mendient en groupe autour des restaurants en tendant des gobelets et des assiettes. Elles sont exténuées, affamées, assoiffées et personne ne s’occupe d’elles, car chacun est submergé par ses problèmes personnels. Outre la faim, la peur et le froid, elles sont encore confrontées aux viols. Une femme somalienne témoigne : « Ça nous touche profondément de voir des jeunes filles qui dorment dans la rue, elles sont beaucoup plus vulnérables que les garçons. C’est une situation alarmante, mais qui nous dépasse ! ».

L’aide de la famille ou des ONG

Il y a deux systèmes de prise en charge des enfants. Le premier, voulu par le système clanique, consiste à répartir les enfants issus de parents très pauvres ou qui les ont perdu durant la guerre, au sein de leurs familles élargies pour qu’elle couvre leurs besoins basiques : avoir un toit, être vêtu, nourri et scolarisé. Certaines familles considèrent ces enfants comme les leurs, tandis que d’autres les exploitent.

Le deuxième système fait appel aux ONG. Tel est le cas de « l’association de prise en charge des enfants de la rue », une association locale qui se trouve actuellement à Mogadiscio. Elle est composée de jeunes étudiants qui se sont mobilisés avec très peu de moyens pour tendre la main aux enfants de la rue. Elle finance ses projets en majeures parties grâce à des cotisations et fait de son mieux pour améliorer leurs conditions de vie en fournissant des logements, des vêtements, de la nourriture et la possibilité d’étudier. Elle aide en particulier les adolescents et les jeunes adultes qui ont perdu leurs parents et qui doivent prendre en charge leurs frères et sœurs plus jeunes qu’eux.

Hochardan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos :

Vous pouvez aider ces enfants en vous adressant à :

Amnesty International
Bureau régional romand

Rue de la Grotte 6
CH – 1003 Lausanne

Tél. 021 310 39 40

www.amnesty.ch 




Un défilé de mode pour célébrer la féminité et la diversité

Bérivane originaire de Turquie. Photo: David Crittin

Une vingtaine de requérantes d’asile du canton du Valais ont célébré leur féminité à travers un défilé de mode qui s’est tenu, le 16 juin dernier, au  centre de formation « le Botza ». Retour sur des exhibitions de vêtements finement confectionnés par des femmes pleines de talents.

Eloroe originaire d’Erythrée. Photo: David Crittin

L’asile ne saurait être exclusivement un univers de personnes vulnérables en quête de protection. On y trouve aussi parfois du glamour. Une vingtaine de requérantes d’asile en ont donné la preuve en participant, le 16 juin dernier, à un défilé de mode  baptisé « Patch world » au centre de formation Le Botza.  Sous les applaudissements du public, les requérantes, transformées en top models, ont défilé avec des tenues originales qu’elles avaient confectionnées elles-mêmes. « Nous avons voulu faire de ce défilé une vitrine du formidable travail accompli par les femmes des ateliers de couture de tout le canton du Valais », explique Virginie Disero, responsable de l’espace femme au Botza. La diversité de l’origine de ces femmes, qui venaient d’Angola, de Somalie, d’Erythrée, du Sri-Lanka, d’Afghanistan ou encore de Russie, a donné une touche spéciale aux créations présentées. Robe en satin de coton évasée, corsage en lin, veste en denim, tunique en mousseline, blouse fleurie… la soixantaine de tenues minutieusement taillées par des requérantes du Bas, du Haut et du centre du Valais a charmé le public. « C’était magnifique de voir ces costumes et l’élégance des femmes qui défilaient ! J’ai cependant regretté le fait qu’on n’ait pas eu la possibilité d’acheter les vêtements » indique Renée Praz, présidente de « Jardin des passions », une association de femmes brodeuses à Ardon.

« Marque de reconnaissance »

Helina, originaire d’Ethiopie

Evénement peu ordinaire dans le monde de l’asile, ce défilé est un symbole particulier pour chacune des top models. Pour Bérivane, « c’est, avant tout, une marque de reconnaissance que j’ai voulu porter au talent de couturière de ma mère ». Drapée dans une robe de soirée en satin rouge, la Turque avoue avec fierté qu’elle n’oubliera jamais le regard que le public a posé sur elle lors de sa parade. De son côté, l’Ethiopienne Helina témoigne que: « Le fait de savoir que les coupes que j’ai réalisées de mes propres mains ont plu aux spectateurs m’a montré que je peux encore avoir une vie au-delà de tout ce que j’ai traversé avant d’arriver en Suisse ».

Pour que la partie soit une réussite, « il a constamment fallu remonter le moral des top models », précise Evelyne, couturière au Botza. « Je leur ai dit : cette journée est la vôtre. Il faut que vous montriez au public de quoi vous êtes capables. Elles ont vaincu la peur pour que la partie soit un succès ». Une réalité que confirme la Serbe Zlata : « Avant ma première sortie, une peur bleue s’est emparée de moi car c’était la première fois que je faisais face au public. Mais lorsque j’ai pris mon courage à deux mains, tout s’est bien passé et je me suis sentie à l’aise lors de toutes mes sortie ».

Des rêves plein la tête

Pour l’heure, les rideaux sont tombés sur l’édition 2011 du « Patch world », mais

« La mariée ». Photo: David Crittin

l’événement a ravivé dans le cœur de plusieurs requérantes un désir latent de faire carrière dans la mode. De  l’Erythréenne, Eloroe à la Serbe Zlata, en passant par l’Ethiopienne Hélina… beaucoup aspirent à devenir couturière, créatrice de mode ou encore mannequin. « Les défilés n’étant pas autorisés dans mon pays, l’exil m’a donné l’occasion de découvrir mes  talents pour la couture et de les cultiver. J’en suis comblé et j’espère faire carrière dans ce domaine », lance

« La mariée »

l’Afghan Daoud, seul homme ayant pris part au défilé. La concrétisation d’un tel rêve en Suisse passe tout d’abord par une réponse positive à leur demande d’asile. Beaucoup en sont bien conscients et certains s’en remettent à Dieu. « J’ai toujours voulu devenir mannequin », confie Eloroe qui ajoute : « Je prie que la Suisse m’octroie l’asile pour que j’accomplisse enfin mon rêve ».   

Constant KOUADIO, Dusan et CDM

Membres de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils