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FLASH INFOS #139

Sous la loupe : Après la Suède et le Danemark, la Finlande accorde l’asile à toutes les femmes afghanes / Sondage : dans le monde, une personne sur trois souhaite émigrer / Une étude dresse un bon bilan de l’opération papyrus à Genève

 

 

Nos sources d’informations:

Après la Suède et le Danemark, la Finlande accorde l’asile à toutes les femmes afghanes

InfoMigrants, le 17 février 2023

Sondage : dans le monde, une personne sur trois souhaite émigrer

InfoMigrants, le 16 février 2023

Une étude dresse un bon bilan de l’opération papyrus à Genève
RTSinfo, le 16 février 2023




Voix d’Exils booste ses réseaux sociaux

Logo la la nouvelle Cellule Numérique que Voix d’Exils. Auteur: Jovan Mircetic.

Les premiers résultats très concluants de notre nouvelle Cellule Numérique

Jovan Mircetic. Photo Ahmad Mohammad / Voix d’Exils.

En septembre dernier, Jovan Mircetic débute son service civil à Voix d’Exils. Fort d’un Master en management public et communication politique obtenu à l’Université de Genève en 2020, il se voit confier la mission d’élaborer une stratégie de communication pour les réseaux sociaux de Voix d’Exils : Facebook, Instagram et Twitter. Jovan Mircetic propose alors de créer une nouvelle structure chargée de dynamiser les réseaux sociaux de notre média qu’il coordonnera tout au long de son engagement. Son service civil touchant à sa fin, la rédaction lui a demandé de dresser un premier bilan de l’activité de ce qui est désormais: la Cellule Numérique de Voix d’Exils.

Cette Cellule Numérique a été créée car les réseaux sociaux sont devenus incontournables pour la diffusion des contenus de tout média. Les objectifs qu’elle poursuit sont:

– de mieux faire connaître Voix d’Exils en augmentant l’audience et la visibilité des contenus produits par la rédaction;

– de valoriser le travail des rédactrices et rédacteurs de Voix d’Exils.

Les contenus qu’elle publie sont soumis à la Charte éditoriale de Voix d’Exils.

Les données employées pour réaliser ce premier bilan se rapportent à la période du 1er octobre 2020 au 12 février 2021 et sont extraites des outils d’analyse proposés par Facebook, Twitter et Instagram.

Une augmentation nette du trafic

Une activité quasi-quotidienne a été assurée sur l’ensemble de nos plateformes sociales et les résultats ne se sont pas faits attendre. En l’espace de quatre mois :

  • Le nombre de personnes abonnées à notre page Instagram a augmenté de plus de 140%. Près de 2’000 personnes ont consulté notre profil.
  • Le nombre de mentions « j’aime » de notre page Facebook a augmenté de plus de 20%, ce qui nous permet désormais de compter plus de 550 abonnés à nos publications. Par ailleurs, plus de 2’600 personnes ont consulté les contenus de notre page durant cette période (contre 317 entre les mois de mai et septembre 2020).
  • Concernant Twitter, le nombre de « followers » a augmenté de 35% et plus de 2’700 visites du profil ont été comptabilisées (contre 60 entre les mois de mai et septembre 2020). Sur cette même période, nos tweets ont été vus plus de 20’000 fois.

Ces résultats n’auraient pas pu être atteints sans la contribution de nos rédactrices et rédacteurs qui ont pleinement participé à la promotion des réseaux sociaux de Voix d’Exils en invitant leurs proches à s’abonner à nos pages Facebook, Instagram ou Twitter. Par conséquent, notre rédaction est très satisfaite de ces résultats, ce d’autant plus qu’aucune campagne payante n’a été mise en place afin de booster nos réseaux sociaux.

Des contenus exclusifs

Nos réseaux sociaux ne se contentent pas de republier des articles parus sur voixdexils.ch, mais accueillent également des contenus exclusifs imaginés et produits par nos rédactrices et rédacteurs conçus spécialement pour ces plateformes. Ces contenus exclusifs apportent une réelle plus-value à nos réseaux sociaux ce qui explique certainement en grande partie les succès rencontrés.

Ainsi, durant le mois de janvier 2021, vous avez pu découvrir en avant-première sur nos pages Instagram et Facebook la rubrique éphémère « Je parlais avec une amie » ; une rubrique imaginée par notre rédactrice Elvana Tufa. S’étant rapidement hissée en tête des publications les plus vues de nos réseaux sociaux, cette nouvelle rubrique relate des discussions humoristiques et anecdotiques entre une requérante d’asile et son amie.

Mais ce n’est pas tout ! Depuis le mois de janvier 2021, vous pouvez découvrir sur notre page Instagram les aventures de Satori. Retraçant les périples d’un jeune homme ayant été contraint de quitter son pays et étant entièrement dessiné par notre rédacteur Ezio Leet, Satori est le premier roman graphique de Voix d’Exils. En outre, durant les mois de novembre et décembre 2020, la rubrique « #Asile » – publiée sur nos trois comptes – a fait le point sur la complexité de la procédure d’asile en Suisse. Enfin, durant le mois de novembre 2020, vous avez également pu découvrir les mèmes de la rédaction sur nos pages Instagram, Facebook et Twitter.

Le meilleur de Voix d’Exils mis en valeur

La rubrique « #Témoignage », disponible sur nos trois réseaux sociaux vous permet de (re)découvrir des articles qui vous ont touchés, surpris ou émus. En (re)plongeant dans les récits des rédactrices et rédacteurs qui ont fait partie de Voix d’Exils durant ces dernières années. Cette rubrique met à l’honneur leurs parcours et leurs vécus. Dans la même optique la rubrique « #Art » vous permet de (re)découvrir les poèmes écrits ou traduits par nos rédactrices et rédacteurs.

Toute l’actualité dans un seul endroit

Finalement, les pages Facebook et Twitter de Voix d’Exils vous permettent également de rester informé.e.s sur l’actualité en lien avec la migration. Dans l’optique de fournir une couverture de l’actualité plus étendue, en plus des articles rédigés par nos rédacteurs et rédactrices, nous vous proposons d’autres produits et publiés par d’autres sources d’informations vérifiées par nos soins.

La contribution des rédactrices et rédacteurs

La Cellule Numérique a été imaginée comme un projet participatif. De ce fait, les membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils ont été sollicités pour contribuer à ce projet et imaginer des contenus destinés spécifiquement à nos pages Facebook, Twitter et Instagram. Pour celles et ceux qui sont moins à l’aise avec les outils informatiques, la rédaction inclura dans sa futur formation informatique une initiation aux réseaux sociaux ce qui leur permettra de se familiariser avec ces derniers.

Nous remercions chaleureusement Jovan Mircetic pour son engagement soutenu au sein de notre rédaction, pour ses initiatives pertinentes et pour avoir mené avec succès la mission qui lui a été confiée.

Durant la période à venir, notre rédaction poursuivra ses efforts afin d’inscrire dans la durée sa nouvelle Cellule Numérique. Les défis sont à présent de consolider et pérenniser cette nouvelle structure.

D’ici là, abonnez-vous sans attendre à nos pages Facebook, Instagram et Twitter.

La rédaction de Voix d’Exils




La revue de presse #4

La revue de presse: la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe: les champions de la naturalisation / bilan de l’opération Papyrus / des expulsions coûteuses ->

Les Russes, champions de la naturalisation en Suisse

Swissinfo.ch, 20 février 2020

Le passeport rouge à croix blanche serait plus attractif pour les résidents venus de loin que pour les Européens. La Commission fédérale des migrations (CFM) et l’Université de Genève ont publié récemment des chiffres détaillés sur la naturalisation qui montrent que 10,3% des Russes vivant en Suisse ont été naturalisés entre 2011 et 2017, ce qui les place en pole position.
« Les personnes qui se lancent dans une procédure comptent s’établir dans le pays sur le long terme et participer à la vie politique », explique Philippe Wanner, professeur ordinaire à l’Institut de démographie et socio économie de l’Université de Genève, et co-auteur de l’étude.
Parmi les autres ressortissants étrangers qui présentent un taux de naturalisation élevé, on compte 6,01% d’Irakiens et 3,16% de Sri lankais – l’un des groupes de migrants les plus importants de Suisse. « Ce sont des populations qui n’ont pas l’envie ou la possibilité de rentrer dans leur pays d’origine pour des raisons politiques. Pour ces personnes, la naturalisation peut aussi être un signe de reconnaissance envers le pays qui les a accueillies. »

Genève régularise des milliers de sans papiers

Le Courrier, 21 février 2020.

L’ « opération Papyrus », visant à régulariser un nombre important de personnes sans permis de séjour vivant à Genève depuis des années, a été un succès. Lancée en 2017, « Papyrus » a permis la régularisation de 2390 personnes à Genève. Parmi elles, on compte 437 familles (676 parents et 727 enfants), ainsi que 24 couples sans progéniture et 939 célibataires.
Seuls 47 dossiers ont été refusés à cause de l’important tri des candidatures ayant été fait en amont. Quelques cas de tentatives de fraude ont été dénoncés à la justice, mais elles sont restées «l’exception». Alors que 744 dossiers sont encore à l’étude, la démarche ne devrait cependant pas être renouvelée.
Sans surprise: 74% des dossiers concernaient des personnes travaillant dans le domaine de l’économie domestique, à des postes majoritairement occupés par des femmes. 7% concernaient le bâtiment et 4% l’hôtellerie et la restauration.

Des expulsions qui coûtent cher à la France

Mediapart, 24 février 2020

Ces derniers mois, les vols charters français à destination de l’Albanie et de la Géorgie se sont multipliés, avec l’appui de l’agence européenne de garde-frontières: Frontex.
Depuis l’été dernier, Frontex a été mobilisée à six reprises pour renvoyer des demandeurs d’asile vers Tirana, en Albanie, ou Tbilissi, en Géorgie, des pays considérés comme « sûrs » et dont les ressortissants – qui représentent les deuxième et troisième contingents de demandeurs d’asile en France – sont accusés de détourner la procédure d’asile pour des raisons économiques.
A titre d’exemple, le site d’information français Mediapart, cite le vol du Boeing 737 parti le 28 juin dernier de Toulouse en direction de la Géorgie, et qui a coûté 103 784 euros (environ 110 500 francs suisses). Un prix très élevé qui s’explique par la présence de 48 «escorteurs» de diverses nationalités (notamment des policiers et des interprètes), accompagnant sept adultes et six enfants renvoyés vers Tbilissi, alors que 90 personnes devaient initialement faire le voyage. Un authentique fiasco.
Même si l’agence Frontex prend en charge une partie du coût des vols charters, les expulsions coûtent très cher à la France qui a déboursé presque un demi-milliard d’euros en 2018.

Valmar / Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

A propos de l’opération Papyrus: « Une lueur d’espoir au bout du tunnel des sans-papiers genevois », article publié dans Voix d’Exils le 30.03.2017.




« L’enseignement supérieur et la formation professionnelle doivent être ouverts à toute-s les réfugié-e-s ! »

Colloque de l’UNES « l’intégration par la formation ». Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Compte rendu du colloque de l’UNES « l’intégration par la formation »

L’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES) a organisé, le 26 octobre dernier, à Berne, un colloque portant sur l’intégration par la formation des migrants et réfugiés résidant en Suisse. Pour aborder ce sujet, des intervenants de plusieurs cantons ont présenté leurs projets en cours et les résultats obtenus, dont Voix d’Exils.

Tout a commencé à 9:00 par l’accueil des participants à l’entrée de la salle de conférence. Dès 9:30, les mots bienvenue à toutes et tous ont été retransmis, par haut-parleurs, aux 60 personnes présentes dans l’un des auditoires de l’Université de Berne. Les représentantes de l’UNES qui s’occupent du projet « Perspectives – Études » depuis 2015 se sont, par la suite, présentées et ont souhaité de bons échanges aux participants, dont plusieurs acteurs de l’intégration et personnes réfugiées en Suisse. Le colloque s’est déroulé en deux langues : le français et l’allemand, grâce à deux interprètes qui ont traduit en simultané toutes les interventions.

Horizon Académique, Université de Genève

La première association a présenté son grand projet d’aide aux réfugiés et requérants d’asile pour leur donner une véritable chance de reconstruction de leur vie via les études universitaires. Metin Turker, responsable et représentant d’Horizon Académique, a précisé que depuis 2016, cette organisation genevoise a pu permettre à de nombreuses personnes étrangères d’entrer à l’Université de Genève.

Pour l’immatriculation pour l’année académique 2018-2019, 63 personnes motivées à poursuivre des études supérieures sont entrées à l’Université de Genève. Parmi elles, 10 nationalités différentes et 40 % de femmes. L’association dispense des cours de français intensif pendant six semaines et accompagne par la suite les étudiants, dont les documents scolaires ne sont pas reconnus en Suisse, dans la préparation et la réussite de l’examen d’équivalence nommé ECUS. Tous ces services font partie de l’aide sociale et dépendent de l’aide financière du bureau de l’intégration du canton de Genève. Plusieurs fonds privés soutiennent aussi ce projet.

Metin Turker, responsable Horizon académique, Université de Genève. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

Offener Hörsaal, Université de Berne

Ensuite, Valeria Pisani, responsable de Studentlnnenschaft Universität Bern (SUB) a pris la parole. Ce comité a été créé par des étudiants de l’Université de Berne en automne 2016, afin de faciliter l’accès à certains cours, en tant qu’auditeurs libres, à des réfugiés qui ont la volonté de faire des études supérieures et afin de les accompagner dans les démarches qui leur faciliteront leur entrée à l’Université.

Les membres de cette organisation sont des étudiants qui s’engagent bénévolement. Ils offrent aussi aux personnes intéressées l’accès à la bibliothèque de l’Université et, parfois, la possibilité d’emprunter un ordinateur. L’Université de Berne collabore aussi avec cette organisation pour la reconnaissance de ces personnes en tant qu’auditeurs libres, mais ils n’ont pas encore la possibilité de passer d’examens pour obtenir un certificat. Le SUB fournit un peu de matériel comme des stylos et des cahiers à ces réfugiés, grâce au soutien financier de quelques fonds privés et également de l’Université de Berne.

Voix d’Exils

Dans la deuxième partie de la matinée, Afif Ghanmi, coordinateur de programmes à L’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), a présenté le site d’information Voix d’Exils. Ce média en ligne, spécialisé dans la migration, est aussi un programme intercantonal qui regroupe trois rédactions : Vaud (Evam), Valais (Service de l’action sociale) et Neuchâtel (Service des migrations).

Voix d’Exils accueille des participants ayant un niveau élevé de formation ou des compétences spécifiques et a pour objectifs de : porter la voix des personnes migrantes, stimuler un débat constructif sur des sujets de migration et de société, créer un pont entre les migrants et la société d’accueil, valoriser l’apport des personnes migrantes pour la société suisse et produire une information spécialisée de qualité. Du coté de ses rédacteurs, ce média vise à faciliter leur intégration socioprofessionnelle.

Ce programme est considéré comme un tremplin vers l’emploi. Il permet le développement de compétences spécifiques et transversales pour répondre aux exigences du marché du travail suisse. Ceci par le biais de l’immersion dans un environnement de travail réel, l’encadrement par des professionnels spécialisés et la dispense d’une formation multimédia en techniques journalistiques.

Une recherche qualitative et quantitative, menée sur les trajectoires et les compétences acquises par les participants de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, montre plus de 50% d’issues favorables en terme de formation et de prise d’emploi à la sortie du programme et met en valeur les effets positifs de cette mesure sur le moral et la santé mentale des participants. Le rôle important d’un tel programme dans l’aide à l’intégration socioprofessionnelle est également souligné dans les résultats de cette recherche. Pour illustrer ses propos, Afif Ghanmi a brièvement présenté le portrait de deux anciens rédacteurs; l’un poursuit actuellement ses études supérieures à l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) et l’autre termine cette année sa formation en cours d’emploi en tant qu’éducateur social.

Afif Ghanmi, coordinateur de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

Mamadi Diallo, rédacteur à Voix d’Exils, a fait un témoignage au nom de la rédaction vaudoise sur les avantages de Voix d’Exils et les bénéfices d’un tel programme notamment pour se familiariser à un environnement de travail réel, collaborer au sein d’une équipe et travailler parfois en autonomie. À Ceci s’ajoute l’amélioration du français et la mise en valeur de compétences spécifiques. M. Diallo a terminé ses propos en exposant le défi qu’il a pu surmonter durant sa participation mensuelle à l’animation de la rubrique « La Rose des Vents » du Grand direct de la webradio lausannoise Radio Django.

Mamadi Diallo, rédacteur de Voix d’Exils. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

Powercoders 

Hussam Allaham, Syrien arrivé en Suisse il y a trois ans, s’est concentré sur le « coding ». Hussam était d’abord un participant dans ce projet puis est devenu le responsable. Powercoders est le nom d’un projet d’intégration qui forme de jeunes réfugiés aux techniques du digital afin de leur offrir de meilleures chances dans leur vie professionnelle.

Les cours durent entre deux et trois mois. Ils ont d’abord commencé en 2017 à Berne, puis se sont ensuite étendus à Lausanne, Zurich et, dès la fin de l’année, à Bâle. Environ 20 personnes s’engagent, chaque fois, dans le projet. Et le résultat est satisfaisant pour l’instant, car 15 personnes environ trouvent une place de stage ou d’apprentissage dans des entreprises assez connues comme Swisscom.

L’apprentissage de l’allemand ou du français n’est pas un frein à l’intégration professionnelle puisque dans le monde de l’électronique et du digital, c’est l’anglais qui est le plus utilisé. Ainsi, celui qui a très envie d’entrer dans ce secteur du marché du travail, et qui parle un peu l’anglais, réussit à trouver sa place grâce à ces cours. Et une fois dans le marché de l’emploi ils apprennent une des langues du pays.

Hussam Allaham, responsable de Powercoders. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

« Politique suisse d’intégration »

Minh Son Nguyen, avocat et professeur à l’Université de Neuchâtel et de Lausanne, a partagé les résultats de ses recherches sur les textes normatifs (Déclaration des droits de l’Homme, Déclaration des droits de l’enfant Constitutions, lois, jurisprudence, directives et autres) en rapport avec la politique suisse d’intégration.

Le Professeur Nguyen a commenté le sens des mots comme « intégration » et « s’intégrer » qui, au fil du temps, ont pris d’autres sens.

Il a insisté sur la nécessité d’interpréter les articles de lois nationales et internationales sur les migrants en faveur de ces derniers. Ce, malgré la restriction historique du droit d’asile dans de nombreux Etats et la discrimination entre différents statuts de migrants et réfugiés en Suisse.

L’intégration des étrangers va, selon lui, de pair avec le principe de la non-discrimination et le respect des droits humains. On ne peut pas interpréter systématiquement les textes de loi indépendamment du contexte et de la réalité des individus concernés. D’où le besoin d’humaniser davantage le processus d’intégration.

Dans la pratique, il y a de nombreux obstacles auxquels il faut incessamment faire face. Il existe un arsenal important de textes. Mais cela demande d’effectuer des démarches juridiques conséquentes et de dépenser beaucoup de temps et d’énergie pour avoir gain de cause. Tâches qui seraient de plus en plus difficiles, notamment avec l’entrée en vigueur des nouvelles lois qui durcissent encore plus le droit d’asile et le droit à la citoyenneté.

Prof. Ninh Son Nguyen, Université de Neuchâtel et Lausanne. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

Workshops

Les participants se sont retrouvés l’après-midi autour de workshops. Un atelier pour les francophones a traité de la question de l’intégration et des accès à la formation supérieure et deux ateliers germanophones ont débattu de l’intégration par la formation professionnelle.

Une mise en commun des résultats et des conclusions a eu lieu en plénière avant l’apéro de fin de journée.

Colloque de l’UNES « l’intégration par la formation ». Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

Recommandations de l’UNES

L’UNES appelle, dans son communiqué à l’issu de cette journée, à la prise en compte « des parcours de formation antérieurs, les potentiels et les capacités scolaires des réfugié-e-s et personnes migrantes dans le processus d’intégration ». Aspects d’ailleurs relevés par les différents orateurs et soutenus par les expériences sur le terrain.

« L’enseignement supérieur ou la formation professionnelle doivent être ouverts à tout-e-s les réfugié-e-s en fonction de leurs intérêts et capacités ». Ceci est le message fort de l’UNES adressé aux Universités, à la Confédération, aux cantons et aux services sociaux afin de garantir une intégration durable, une grande autonomie financière et réduire ainsi le chômage.

Pour ce faire, les décideurs sont invités à faire les bons choix politiques en matière d’intégration. Du côté des professionnels et des acteurs de l’intégration, il y a un besoin urgent de coordonner les efforts et d’échanger sur les expériences afin de faciliter l’accès à la formation pour les réfugié-e-s et les personnes migrantes.

Equipe d’organisation du colloque de l’UNES. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

Babak Qodrati

Rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Comprendre les trajectoires individuelles et la régulation politique des problèmes d’exclusion »

Une famille vivant dans le squat. Photo: Nasser Tafferant

Des chercheurs du Pôle de recherche national suisse LIVES ont analysé et retracé l’histoire d’un squat urbain peuplé de migrants situé dans la région lausannoise. Cette recherche a donné lieu en parallèle à une exposition. Pour mieux comprendre les enjeux sociaux et politiques du phénomène étudié, nous avons interviewé M. Nasser Tafferant, chercheur au Pôle national de recherche LIVES et membre de l’équipe ayant investigué sur le squat.

Au plus fort de l’hiver, durant les premiers mois de l’année 2012 jusqu’à l’expulsion de ses habitants par les autorités en avril, une équipe du Pôle de recherche LIVES « surmonter la vulnérabilité : Perspective du parcours de vie » a mené une enquête en investiguant sur les cercles de relations amicales, familiales et de couples des habitants du squat des jardins familiaux de Vidy à Lausanne en Suisse. Cette recherche avait pour objectif de mieux comprendre les trajectoires des migrants vivant dans ces cabanons de fortune et les modes de régulation politique des problèmes d’exclusion sociale. L’enquête a, en parallèle, donné lieu à une exposition intitulée « LIVING THE SQUAT, Countdown of an Expulsion », qui s’est tenue à l’Université de Genève du 15 au 29 juin 2012 et à la Haute école de travail social et de santé de Lausanne du 1er octobre au 1er novembre 2012. Elle visait à montrer au public la vie matérielle et sociale du squat à l’approche de son évacuation, tout en retraçant les parcours de vie de ses habitants à la croisée de deux regards : celui du chercheur et celui du photographe.

Voix d’Exils : Vous avez présenté une exposition intitulée « Living the squat » à Lausanne, en octobre dernier. Son sujet était la vie des migrants qui ont squatté les jardins familiaux de Vidy de janvier à avril 2012. Pouvez-vous nous dire quel était l’objectif de cette exposition ?

M. Nasser Tafferant : L’objectif de cette exposition a été de rapporter des éléments d’information concernant l’expérience vécue par certains migrants d’un squat à ciel ouvert, sous le regard des passants ordinaires, à proximité du quartier de la Bourdonnette. Il importe de signaler que nos observations ne portaient pas exclusivement sur les Roms, mais aussi sur d’autres individus en provenance de pays d’Europe et d’Amérique latine et du Sud (ces derniers migrants ayant d’abord transité par l’Espagne). Cela a son importance, puisque la stigmatisation des Roms était, entre autres formes, consécutive aux effets d’annonce de certains médias locaux qui associaient systématiquement les mots « squat » et « Roms » dans quelques articles, encourageant, par-là, certains lecteurs anonymes à rendre public un discours anti-Roms.

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La récupération. Photo: Nasser Tafferant

L’exposition rend compte de hétérogénéité des parcours de vie et de l’épreuve commune d’un squat urbain. Nous avons passé quatre mois – de janvier à avril 2012 – sur le terrain parmi les migrants et quelques suisses cohabitant dans les jardins familiaux de Vidy – du collectif de la Bourdache – jusqu’à leur expulsion définitive. Notre approche se voulait compréhensive, c’est-à-dire que nous voulions saisir les interprétations personnelles et collectives des (més)aventures au quotidien dans et hors du squat. Nous avons mobilisé des techniques sociologiques de recueil d’information en procédant, avec leur accord, à l’enregistrement de témoignages, à des observations distancées et en situation de vie dans les jardins. Nous avons, en outre, pris plusieurs photos témoignant des modalités d’ancrage dans le squat, d’une part, par la façon d’occuper et d’aménager les cabanons, d’autre part, par les formes de sociabilité (liens de famille, de couple, de camaraderie propices à l’entraide, mais aussi rapports de méfiance et, parfois, de tension virulente).

Enfin, l’affaire des jardins familiaux de Vidy ayant fait grand bruit au gré des circonstances liées aux mesures d’expulsion, nous avons porté notre attention sur la manière dont le squat des jardins familiaux de Vidy a été traité politiquement, médiatiquement et perçu par quelques riverains.

Pour quelle raison vous êtes-vous intéressé à ce mode de vie ?

Avant tout, je ferai preuve de prudence avec l’expression « mode de vie », qui ne colle pas du tout à la réalité des destinées individuelles et familiales des migrants que nous avons rencontrés dans le squat. Autrement dit, les habitants des cabanons ne mènent pas une vie de squatteur. C’est le squat qui s’est imposé à eux, par chance d’abord, puisque les cabanons étaient inhabités, par stratégie de survie ensuite, à l’approche des saisons d’automne et d’hiver qui furent rigoureuses. Il a fallu aux habitants beaucoup d’audace, d’inventivité, de confiance en soi et d’entraide pour faire l’expérience du squat dans ces conditions. Certains ont enduré cette épreuve jusqu’à leur expulsion définitive (soit presque une année passée dans les jardins familiaux), d’autres ont pris la route un matin, sans jamais revenir sur leurs pas, en quête d’une situation moins inconfortable ailleurs en Suisse ou à l’étranger. Comprendre leur sensibilité, la manière dont se dessinent les trajectoires, la régulation politique des problèmes d’exclusion sociale…, ce sont là des thèmes qui intéressent chacun des membres de l’équipe ayant participé à cette étude (Raul Burgos Paredes, Emmanuelle Marendaz Colle, et moi-même*) et, par extension, les équipes du Pôle de recherche nationale Lives – « Surmonter la vulnérabilité : perspective du parcours de vie » dont nous sommes membres.

L’exposition a-t-elle suscité une prise de conscience auprès du public et auprès des politiques qui l’ont vue ?

Si nous nous intéressons aux personnes ayant effectué le déplacement pour voir l’exposition – les riverains, les anciens occupants des jardins familiaux, les chercheurs et les étudiants intéressés par la question –, alors je réponds oui. Car l’exposition montre clairement comment, à plusieurs reprises, le traitement politique de l’expulsion du squat a été dysfonctionnel. Concernant la réception de l’exposition par les acteurs politiques, je ne peux faire de commentaires, ne les ayant pas rencontrés, aussi bien dans les moments de vernissage que lors des visites guidées. Il faut aussi dire que l’exposition n’a pas fait l’objet d’une grande visibilité. En 2012 il y a eu deux installations, une à l’Université de Genève, une autre à l’EESP de Lausanne. Nous espérons que 2013 sera propice à une plus grande visibilité.

Que sont devenus les migrants avec lesquels vous avez été en contact pour votre étude ?

La destruction du squat. Photo: Hugues Siegenthaler

La destruction du squat. Photo: Nasser Tafferant.

Entre janvier et avril 2012, nous avions tissé des liens étroits avec une quinzaine d’individus. Au cours de cette période, certains ont pris la route vers l’étranger soit pour retrouver leur ville d’origine ainsi que leur famille – Roumanie, Espagne –, soit pour bénéficier d’un dispositif d’accueil plus efficace, des actions de solidarité (notamment associatives) et nourrir l’espoir de gagner plus d’argent – dans ce cas la France était une piste privilégiée. S’agissant des personnes qui sont restées jusqu’au terme de l’avis d’expulsion, la perspective de certains a été de se maintenir à Lausanne sans qu’aucune mesure tangible de relogement ne leur soit proposée. Nous avons donc perdu leur trace pour l’ensemble, et avons croisé une personne en situation d’errance urbaine et de mendicité au centre ville.

Parmi les migrants, il y a une majorité de Roms. Quelles sont les structures d’accueil officielles accueillant les Roms pendant la saison hivernale ?

Les structures d’accueil officielles renvoient à celles déjà existantes, lesquelles proposent leurs services aux plus démunis. On peut citer le Sleep-in qui offre un gîte pour la nuit, la Soupe populaire qui offre le repas du soir et le Point d’eau qui permet de laver son linge et de faire sa toilette. Au cours de l’hiver 2012, les occupants des jardins familiaux ont notamment eu recours à la Soupe populaire et au Point d’eau. Ils ont cependant affiché une réticence à se rendre au Sleep-in, préférant le confort relatif des cabanons et un entre soi plus rassurant. Il existe, enfin, l’association de solidarité Opre Rrom, dont le siège se trouve à Lausanne, et qui œuvre à assister les Roms dans leurs combats quotidien contre l’exclusion et leur quête de reconnaissance. Ces acteurs associatifs ont suivi de près l’affaire des jardins familiaux de Vidy, manifestant un soutien indéfectible.

En tant que chercheur, avez-vous des pistes à suggérer pour améliorer les conditions de vie des Roms, améliorer leur image au sein de la population et permettre ainsi d’éviter leur exclusion ?

Aussi modeste que fut notre travail de terrain, notre objectif a été de sensibiliser les citoyens à la question du traitement politique des Roms et des migrants qui ont occupé les jardins familiaux de Vidy. Porter un regard différent, tendre l’oreille, se rendre sur place, s’informer auprès d’associations vouées à accompagner ces communautés laissées pour compte, ce sont là des touches d’attention qui contribuent à briser les jugements de valeur et à faire un grand pas. Je peux citer le cas d’un riverain qui m’avait accueilli à son domicile pour témoigner de la situation du squat dans les jardins familiaux de Vidy. La vue de son balcon donnait sur les cabanons. La proximité des occupants le dérangeait et, comme bon nombre de ses voisins, il perdait patience face à l’expulsion qui tardait à venir. Les choses prirent une nouvelle tournure lorsque la municipalité autorisa les occupants du squat à y passer l’hiver. La personne décida alors de changer de perspective sur la situation de ces voisins d’en bas. Depuis sa fenêtre, il prit le temps de bien les observer. La présence d’enfants dans le froid cinglant de l’hiver le heurta péniblement. Il prit alors la décision d’aller à la rencontre d’une famille et de leur faire don de vêtements chauds, de couvertures et de denrées alimentaires. La famille le remercia chaleureusement et ils finirent par tisser des liens, multipliant les rencontres, les deux parties pouvant communiquer en espagnol. Son jugement devint ainsi plus objectif au fil des semaines. Ce n’était plus la présence des squatteurs qui le gênait, mais les conditions dans lesquelles ils étaient maintenus ici, livrés à eux-mêmes, dans l’indifférence de tous. Il tint alors les décideurs politiques pour responsables de cette situation, il ne fut pas le seul d’ailleurs, d’autres riverains ont manifesté leur désarroi. Certes, l’homme en question souhaitait voir les occupants des cabanons quitter les lieux à la venue du printemps, mais dans le respect de leur dignité. C’est sans doute là un exemple manifeste de compréhension et de sagesse, dans la limite de moyens d’action de chacun.

*Au sein du pôle de recherche NCCR LIVES, Raul Burgos est doctorant, Emmanuelle Marendaz Colle est conseillère en communication, tandis que Nasser Tafferant est post-doc senior.

Lamin

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos:

Un cycle de conférences sur le thème de la vulnérabilité dans les parcours de vie est organisé par le Pôle de recherche national LIVES et l’Institut d’études démographiques et du parcours de vie de l’Université de Genève les jeudis du 21 février au 23 mai 2013.

Ces conférences sont ouvertes au public et l’entrée libre.

Pour en savoir plus, cliquez ici