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PWG booste les compétences féminines

Liza Brenda Sekaggya.

« Notre objectif est l’acquisition par les femmes des capacités de leadership »

Liza Sekaggya est co-fondatrice de Phenomenal Women Organisation, une ONG basée en Suisse et en Ouganda. Lors de cette interview menée par notre rédactrice Marie-Cécile Inarukundo, elle présente les différents projets et actions mises en œuvre par son organisation pour que les femmes africaines, les migrantes et les laissées pour compte puissent trouver leur place dans la vie professionnelle et s’épanouir dans leur vie personnelle. 

The english version of the interview is available at the end of the article

Quelle nécessité vous a poussée à fonder cette organisation  ?

J’ai lancé le concept de Phenomenal Women avec quelques autres femmes parce que nous pensions qu’il était nécessaire pour celles d’origine africaine, pour les migrantes et toutes celles qui ne bénéficient pas des mêmes privilèges que les Européennes, de se serrer les coudes pour promouvoir leur vie professionnelle et personnelle ici en Suisse. Alors, en 2018, nous avons organisé une première conférence à Genève. Nous avons mis en avant la solidarité et le soutien mutuel comme moyens d’atteindre le succès professionnel et personnel. S’en sont suivies 4 autres conférences en Ouganda, au Zimbabwe, en Afrique du Sud et à Boston, où nous avons aujourd’hui des points focaux chargés d’exécuter le mandat de notre organisation.

Quand l’organisation a-t-elle commencé et combien de femmes exactement sont à la base de sa création ?

Notre organisation a été officiellement enregistrée en 2019, mais déjà en 2018 le concept était né. Nous avons environ 100 membres, et au niveau du leadership nous comptons 3 membres exécutifs ici en Suisse et une équipe de 5 en Ouganda où nous sommes également enregistrées.

Comment l’idée a-t-elle émergé ? Peut-on avancer que les fondatrices ont eu à gérer les mêmes problèmes ?

Oui, vous avez parfaitement raison. De mon expérience personnelle, comme Human Rights Officer basée à Genève, il m’a été très difficile d’évoluer en termes de carrière aussi rapidement que les Européennes. On peut se retrouver au même poste pendant des années, parfois parce que notre ethnie et notre genre nous empêchent de profiter des mêmes opportunités que les autres. Ou encore, de potentiels employeurs répondent à notre manifestation d’intérêt en nous proposant un poste pour lequel on est surqualifiées. Pour les postes en lien avec nos compétences, il est très frustrant de se voir recalées. Je partage cette expérience avec nombre d’autres femmes pour lesquelles la promotion professionnelle à des postes de responsabilité est quasi impossible, ou celles pour qui le marché du travail est carrément fermé.

Dans ce contexte précis, comment expliquez-vous la présence de votre organisation sur le continent africain ? Est-elle judicieuse ?

Notre présence en Afrique est encore plus nécessaire, car même si elles ne font pas l’objet de racisme, les femmes y ont d’autres défis à relever en matière d’emploi et de carrière. Des défis liés à la violence basée sur le genre, défis liés à aux usages culturels qui peuvent les empêcher d’aller à l’école ou de terminer leurs études, les forcer au mariage précoce, etc. Comme les défis peuvent varier d’un endroit à un autre, les objectifs des conférences que nous animons en Afrique sont différents. Mais dans tous les cas de figure, notre objectif est l’acquisition par les femmes des capacités de leadership. Nous désirons qu’elles soient outillées pour avancer, être autonomes et indépendantes où qu’elles soient. Nous avons également réalisé que partout dans le monde, les femmes avaient à relever pratiquement les mêmes défis liés à la violence et à la ségrégation basées sur le genre.

L’implantation de l’organisation en Suisse a naturellement découlé du fait que vous vivez ici, n’est-ce pas ? Qu’en est-il de son expansion ? De quoi s’est-elle inspirée ?

Notre expansion s’est inspirée des intérêts des unes et des autres parmi nos membres, ainsi que de l’importance de la diaspora féminine là où nous sommes présentes. D’abord, l’Ouganda étant mon pays d’origine, c’est tout naturellement qu’il a été le deuxième pays d’implantation et d’enregistrement. Mon réseau de contacts dans l’économie, la finance et l’administration du pays nous a facilité la tâche. A Boston, nous avons tenu compte de l’immense communauté de femmes africaines et de la présence d’une grande université. Quant au Zimbabwe et à Londres, nous y sommes présentes car j’y ai travaillé.

Quelle est la stratégie pour atteindre les femmes qui ont besoin de votre appui dans des pays comme la Suisse, l’Angleterre ou les USA ?

Notre première stratégie consiste en une Conférence annuelle qui se tient en septembre, mais qui a été annulée en raison du Covid-19 en 2020. Nous avons également une liste de distribution – la mailing list – qui est régulièrement mise à jour et informe sur nos activités. Nous utilisons également les médias sociaux et les webinaires, soit les séminaires sur le web. Nous avons organisé 10 webinaires sur les finances, la santé mentale, ainsi que sur d’autres sujets d’intérêt pour notre population cible. Et nous projetons en 2021 de lancer un programme de mentorat qui donnera lieu à des séances en face à face selon les besoins de nos membres qui pourront profiter de l’accompagnement par nos intervenantes.

Certaines des personnes que vous ciblez sont des migrantes ou des femmes défavorisées vivant dans des conditions difficiles malgré leurs capacités et aptitudes pour être actives sur le marché du travail, et qui gagneraient à bénéficier de votre appui pour sortir du marasme dans lequel elles se trouvent. Quelque chose sera-t-il fait ou est-il fait pour les atteindre ?

Je dois reconnaître que nous ne pouvons pas atteindre tout le monde. Mais nous croyons à l’impact que peuvent avoir sur les autres l’histoire et le parcours personnels par exemple d’une migrante qui a pu s’en sortir et lancer son business ou trouver du travail. Nous comptons ouvrir en 2021 un Centre pour Femmes pour lequel nous devons réunir l’argent nécessaire à son financement. Il servira de centre de formation, d’accompagnement et de mentorat. Ce sera aussi une plateforme de partage, car beaucoup de nos membres travaillent avec des organisations internationales et nous les appelons à partager leurs histoires de réussites, donner quelques conseils, ou même donner aux participantes l’opportunité de faire des rencontres professionnelles intéressantes. J’en connais qui ont lancé leur propre business après s’être rencontrées à l’une de nos conférences, d’autres ont trouvé du travail après avoir été présentées, d’autres encore ont décroché un rendez-vous. Je pense qu’il appartient aux femmes d’être proactives.

Votre Centre, sera-t-il accessible à votre population cible qui a des difficultés financières ?

Notre projet n’étant pas à but lucratif, nous allons tenir compte des conditions de notre groupe cible et appliquer un tarif léger pour pouvoir payer le loyer, l’entretien des locaux, les conférenciers et conférencières, ainsi que les formateurs et formatrices. Mais les formations et autres activités seront gratuites.

Étant moi-même issue de la migration, je suis bien placée pour savoir que certaines femmes qui sont en Suisse avec leurs diplômes et certifications pourraient être intéressées mais se trouvent dans l’incapacité financière d’intégrer votre projet. Pensez-vous qu’il sera possible de les accueillir gratuitement?

Oui, cette option peut être considérée si par ailleurs nous comptons suffisamment de femmes qui sont en position de payer. Nous avons l’intention de collaborer avec les organisations travaillant avec les migrantes.

Ma dernière question concerne votre réseau. Êtes-vous en partenariat avec les associations de femmes ici en Suisse, les institutions œuvrant avec les femmes et la migration ?

Oui, nous venons de lancer des contacts avec celles qui travaillent avec les réfugiées et les migrantes, nous sommes en contacts avec le Canton de Genève, plus précisément le département en charge de la cohésion sociale et de la solidarité, nous travaillons ensemble sur un documentaire sur le racisme qui doit sortir en 2021. Nous essayons également de mettre en place des partenariats avec les organisations qui fournissent des espaces de coworking ainsi que celles qui s’occupent des migrant.e.s. Et certains partenariats vont appuyer notre Centre pour Femmes, afin de pouvoir encadrer les femmes au mieux. Si par exemple nous ne sommes pas en mesure de prodiguer une formation, nous pourrons passer le relai pour qu’une organisation partenaire puisse la prendre en charge.

Propos recueillis et traduits de l’anglais vers le français par:

Marie-Cécile INARUKUNDO

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

The interview of Liza Sekaggya in english is below:

Pour aller plus loin:

Retrouvez PWG sur son site internet: PhenomenalWomenGlobal.com, ou sur ses réseaux sociaux:  facebook, LinkedIn, Twitter




The paradox of refugee export

Camp de réfugiés dans le nord de l'Ouganda. Auteur: Ed (CC BY-NC-ND 2.0)

A refugee camp in Northern Uganda. Author: Ed
(CC BY-NC-ND 2.0)

The year 2013 seems to be a breakthrough for the Tel-Aviv and Canberra administration in terms of cementing their unwelcome attitude towards refugees. Though it might be contrary to international law, Israel and Australia have come up with a new approach towards Asylum.

It all started in July when news came out that Australia was to start exporting the refugees entering the country by boats to Papua New-Guinea. The two nations from Oceania have since signed an agreement whereby refugees are now going to be sent to settle in Guinea instead of Australia. Of course, the latter will be funding the program which is a first of its kind. Possibly due to sharing some similar history, Israel, also in the month of August, was reported to be willing to export African refugees to Uganda, an East African nation.

There is a tale of a renowned Greek scientist, Archimedes, who is credited of finding a way of measuring the volume of irregular objects. This discovery happened accidentally when he entered into a tub and noticed that the water level increased as a result of his action. He suddenly understood that the volume of water displaced must be equal to the volume of the part of his body he had just submerged. Well, the tale continues to mention that upon realizing his discovery, he shouted EUREKA and ran out of the house naked to celebrate. I am sure that the Australian and Israeli government are happy with their draconian solution but as they shout Eureka, it’s Papua New-Guinea and Uganda that are showing their nakedness to the whole world by supporting a controversial arrangement.

As I mentioned in the beginning, Israel and Australia share some history whereby they are both relatively young nations whose foundations were built on misfortune; the convicted ancestors of modern Australians were pushed away from the United Kingdom in order to settle in a strange land thousands of miles away from their relatives. For Israel, the history is still recent; the Israeli nation was formed 70 years after the horrors of German concentration camps. No other nation in world history has known the challenges of being a refugee than the ancestors of the modern Israelites.

The persecution of Jews dates back to the middle ages. In 1396, 100,000 Jews were expelled from France. In 1421, thousands were expelled from Austria. Many of the expelled Jews fled to Poland. The trend of their killing and persecution reached its crescendo in the 20th century when Hitler’s evil anti-Semitism led to the death of millions. Actually the Jews were in the same bracket as the blacks (being the unwanted). I would therefore have expected more from the Israel nation, having shared the experience of persecution to handle the refugee burden in another way.

The amazing paradox came from Uganda, in 2010, when the Kampala administration had been pushing out the Congolese refugees back to Congo yet the M 23 rebels continued to terrorize Eastern Congo. One wonders as to why the Ugandan government is trying to portray a good humanitarian image of itself, yet the Congolese and the Rwandese refugees are being pushed out of the country. Those who still remain are mistreated and their children are being denied access to education and are also frequently beaten by the Ugandan police. There is no explanation to why Uganda cooperated with Israel apart for financial reasons. Uganda’s respect of human rights is very low and a certain percentage of refugees in Israel might have run away from their countries due to lack of respect of human rights.

For the past 5 years, Uganda has closed more than 6 private radio stations twice and the police keep on brutalizing opposition leaders…so it leaves a lot to be desired that Israel chose such a country to send its refugees.

When Uganda was still a colony under the control of the British, there was an idea of creating the Jewish state in Uganda in 1903. The meeting was held in Basel, Switzerland. The next year, a three-man delegation was sent to inspect the area. Its high elevation gave it a temperate climate, making it suitable for a European settlement. However, the observers found a dangerous land filled with lions and other creatures. A hundred years later, the problem of Uganda is not one of dangerous animals and other creatures but that of the dictatorship of President Museveni, who has been in power with an Iron fist for the last 28 years. This makes Israel’s decision of sending vulnerable refugees to Uganda an inconsiderate step.

As the world keeps walking on the road of turmoil and life becomes more dangerous, the rise of extreme nationalism and protectionism will see more countries signing covert agreements with the underdeveloped, « underdog” countries. Maybe the words “Every man on his own and God for us all” will be heard more and more as countries continue to close their borders to refugees.

Marcus

Membre de la redaction valaisanne de Voix d’Exils