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FLASH INFOS #77

Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe: De retour en Syrie, des familles de réfugiés ont subi tortures et viols / La Turquie érige un mur pour barrer la route aux Afghans en fuite / Amnesty international appelle le Qatar à enquêter sur la mort de travailleurs migrants

De retour en Syrie, des familles de réfugiés ont subi tortures et viols

France 24, le mardi 7 septembre 2021

Dans son rapport intitulé « Tu vas à ta mort », Amnesty international a fait, le 7 septembre 2021, état de plusieurs cas de tortures et de violences sexuelles sur 66 réfugiés syriens rentrant en Syrie entre 2017 et le printemps 2021.

L’ONG a alerté, dans ce rapport, les pays accueillant des réfugiés syriens, que des dizaines de syriens venant de France, d’Allemagne, de Turquie, de Jordanie ou des Emirats arabes unis ont été victimes à « d’horribles violations » perpétrées par les services de sécurité du régime de Bachar al-Assad qui veut faire croire qu’il n’y a pas de risque de retourner au pays.

La réalité est toute autre. Les réfugiés syriens renvoyés à l’Enfer du régime syrien se voient accusés de « trahison » ou de « terrorisme » et exposés, hommes, femmes et enfants à « des détentions illégales et arbitraires, des tortures et autres mauvais traitements, notamment des viols et des violences sexuelles », parfois contre des enfants. D’ailleurs, cinq personnes sur les 66 réfugiés ont trouvé la mort, selon ce rapport, et on ignore le sort de 17 autres personnes.

La Turquie érige un mur pour barrer la route aux Afghans en fuite

LCI, le mardi 31 août 2021

L’échappée est de plus en plus difficile pour les milliers d’Afghans qui cherchent à pénétrer dans l’Union Européenne via la Turquie depuis la frontière Iranienne.

La Turquie qui accueille déjà sur son sol 3,5 millions de réfugiés syriens semble très décidée de stopper une nouvelle vague migratoire en provenance cette fois d’Afghanistan. Outre l’arsenal de militaires, de policiers et de gendarmes déployés le long de la frontière avec l’Iran et l’usage des caméras thermiques et des radars, la Turquie est en train d’ériger un gigantesque mur dissuasif émaillée tous les dix kilomètres d’un poste de garde pour barrer la route aux Afghans fuyant leur pays notamment après l’arrivée des talibans au pouvoir.

Un reportage réalisé par la TF1 résume assez bien la situation très tendue sur les 500 km environ de frontières et montre la traque des candidats à la migration dans la région du Van. Cilquer ici pour visonner la vidéo.

Amnesty international appelle le Qatar à enquêter sur la mort de travailleurs migrants

Le Monde, le jeudi 26 août 2021

Amnesty International a appelé jeudi 26 août le Qatar – qui organise la prochaine Coupe du monde de football – à enquêter sur une série de décès inexpliqués parmi les personnes migrantes employées. L’ONG a lancé un rapport qui « documente la façon dont le Qatar délivre régulièrement des certificats de décès de travailleurs migrants sans mener des enquêtes adéquates, attribuant les morts à des “causes naturelles” ou à des cas d’insuffisance cardiaque ». En s’appuyant sur l’analyse des enregistrements des décès des travailleur·se·s dans leur pays d’origine, Amnesty affirme que dans 70% des cas, les causes ne sont pas précisées.

En février, le Qatar a démenti avec véhémence les informations du quotidien britannique The Guardian selon lesquelles plus de 6 500 travailleur·se·s migrant·e·s auraient trouvé la mort au Qatar depuis 2010. Doha refuse cependant de donner les chiffres exacts. L’émirat gazier, en pleine préparation pour la Coupe du monde 2022, affirme avoir pris des mesures pour améliorer les conditions de travail des employé·e·s immigré·e·s. Depuis 2010, Le Qatar a annoncé différentes modifications des réglementations du travail, mais les critiques pointent une mise en œuvre qui ne voit pas encore le jour.

Selon l’ONG, il y a assez de preuves que « nulle part en Syrie n’existe une sécurité suffisante pour rentrer« . Pourtant, des pays européens comme Le Danemark et la Suède font encore des pressions sur les réfugiés syriens pour qu’ils rentrent.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Revue de presse #59

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Le BLI célèbre son 50ème anniversaire / Mondial 2022 : le sort réservé aux travailleurs migrants inquiète / 18’292 enfants migrants non accompagnés portés disparus en Europe / Bush espère humaniser le débat sur l’immigration

Le Bureau lausannois pour les immigrés célèbre son 50ème anniversaire

LFM, le 20 avril 2021

Cette année le Bureau lausannois pour les immigrés (le BLI) fête son demi-siècle d’existence. En effet, sa fondation remonte au 5 février 1971 et en l’espace de 50 ans, les mentalités ont évolué. Désormais, la Ville de Lausanne est l’une des villes les plus cosmopolites d’Europe. Pour rappel, le but du BLI est d’accompagner les personnes migrantes qui arrivent à Lausanne et de faciliter leur intégration. Pour fêter ce demi-siècle de politique d’intégration, un ouvrage intitulé « Lausanne, une ville, un monde – 50 incursions au fil de la diversité » a été publié. De plus, de petits événements sont également prévus ces prochains mois.

Mondial 2022 : une enquête sur le sort des travailleurs migrants demandé à la FIFA

Le Nouvelliste, le 26 avril 2021

Le 26 avril, la Fédération danoise du football (DBU) a demandé à la FIFA d’accroître sa pression sur le Qatar afin que le pays veille au respect des droits de l’Homme. A cet effet, la Fédération danoise du football a demandé à la FIFA d’ouvrir une enquête indépendante et poussée sur le sort réservé aux travailleurs migrants sur les chantiers liés à la Coupe du monde de football 2022. Tout en critiquant la situation des droits de l’homme dans le pays, le directeur général de la DBU – Jakob Jensen – a déclaré qu’ils étaient contre l’attribution de la Coupe du monde au Qatar, pays où les conditions de travail inquiètent également de nombreuses organisations. En effet, le pays est dans le collimateur des organisations qui dénonce le traitement subi par les travailleurs et travailleuses migrant.e.s et les conditions dangereuses sur les chantiers liés au Mondial 2022.

18’292 enfants migrants non accompagnés portés disparus en Europe entre 2018 et 2020

Le Courrier international, le 22 avril 2021

Selon une enquête publiée le 21 avril par le journal britannique « The Guardian », 18’292 enfants migrants non accompagnés ont été portés disparus en Europe entre janvier 2018 et décembre 2020, l’équivalent de 17 enfants par jour. L’enquête en question a été menée par le collectif de journalistes européens « Lost in Europe ». Selon l’enquête, la plupart des enfants portés disparus lors des trois dernières années ont rejoint l’Europe depuis le Maroc. L’Algérie, l’Érythrée, la Guinée et l’Afghanistan figurent également parmi les premiers pays d’origine. Par ailleurs, 90 % d’entre eux sont des garçons et un sur six a moins de 15 ans. Il en ressort que les résultats de l’investigation questionnent la capacité des États européens à prendre en charge les enfants migrants non accompagnés et mettent en lumière l’échec de la protection de ces derniers.

Bush : un nouveau livre pour  « humaniser »  le débat sur l’immigration ou redorer son image ?

Le Vif, le 25 avril 2021

Le 20 avril est paru le nouveau livre du 43ème président des États-Unis – George W. Bush. Son dernier ouvrage rassemble des portraits d’immigré.e.s dont il partage les histoires. A cette occasion, l’ancien président a soutenu vouloir « humaniser » le débat sur l’immigration. La sortie de ce livre survient au moment où le démocrate Joe Biden, qui avait promis une politique migratoire plus « humaine » après les années Trump, fait face à la plus forte hausse en quinze ans d’arrivées de personnes migrantes à la frontière Sud du pays. Néanmoins, le livre de George W. Bush – et sa tournée médiatique – pourrait faire partie d’une stratégie plus large visant à transformer son image d’homme responsable des guerres en Irak et en Afghanistan, qui ont coûté aux États-Unis de nombreuses vies, des milliards de dollars et donné naissance à des groupes extrémistes.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




80 million scars on world’s conscience

Auteur: dimitrisvetsikas1969. Pixabay Licence.

80 million forcibly displaced people by the end of 2019

La version française de cet article intitulée « 80 millions de cicatrices sur la conscience de l’humanité » est parue dans Voix d’Exils le 3 mars 2020

Wars are provoked, countries are divided and refugees are flooding the world, while terrible images are displayed every day on television screens of migrants drowning in rough seas, dying of exhaustion or starvation, killed by mercenaries, exploited by human traffickers and transformed into merchandise and currency. They are victims of political machinations and « regime change », in other words, man-made misfortunes!

According to the estimates of United Nations Refugee Agency (UNHCR), at the end of 2019, an unprecedented number of 80 million people were forcibly displaced worldwide and delivered to stormy seas, to the burning desert sun and to the whims of the immigration offices of host countries.

Children are the most vulnerable

Children are the most vulnerable among refugees. They are infected with widespread diseases, recruited as child soldiers in armed conflicts and are victims of rape and forced labor.

The other day, as I was scrolling through my Facebook page I came across this piece of news: “Fatima Ibrahim Hadi, aged 12, died of malnutrition on February 4 of this year, after her photos invaded international media as living proof of the ugliness of the war on Yemen and of the crimes committed by the warring parties and their patrons”. In Yemen, an estimated 3.2 million children and women suffer from acute malnutrition and 7,4 million children need humanitarian assistance (ICRC). Then, continuing to scroll down my page, I found this obituary: « The al-Ghai family is devastated by the loss of four family members who perished while crossing the Aegean Sea from Turkey to Greece. Four other members of the same family were saved. Many others have drowned. Most of them were from Hasakeh governorate of Syria ” located in the northeast of the country.

Weaponizing refugees

In October 2019, Turkish President Recep Tayyip Erdoğan and his Syrian Sunni Islamist allies launched a full-scale military offensive in this very region of Hasakeh. The incursion has triggered the displacement of 200,000 to 300,000 people overnight in the towns and villages of Ras al-Ain, Tal Tamer and Tal Abiad, and caused widespread devastation and pillage.
Turkish President Erdogan, whose country has been deeply involved in the war in Syria, and who opened his country’s borders to Syrian refugees at the start of the conflict, is now using them as bargaining chips with the European Union, and his latest attempt to pushing them to the Greco-Turkish border demonstrates his lack of concern for their well-being.
Moreover, the policy of weaponising Syrian refugees and recruiting them in Turkey’s proxy wars in Lybia and elsewhere continues full-scale. The Guardian’s correspondent writes the following from Ankara on 26 may 2020: In Lybia “an estimated 8’000 to10’000” Syrian mercenaries are fighting as “part of Ankara’s plan for supremacy in the eastern Mediterranean” (1). This blatant violation of all international conventions is another clear example of how Turkey is mistreating and manipulating an extremely vulnerable population.

Refugees die twice

Someone has said that these poor refugees die twice: once when their natural habitats is destroyed and they are bombed outside their countries. And a second time, when they struggle along the arduous roads in their quest to reach the host countries!
On an official mission for the United Nations, Jean Ziegler, a sociologist from Geneva, made a research tour in May 2019 to Lesbos, one of five refugee reception centers on Greek’s Aegean Islands. And in his recently published book « Lesbos, la honte de l’Europe », he describes how 20’000 refugees are crammed there in totally inhuman conditions, in a flagrant violation of the most basic principles of human rights! These conditions, he says, are « Set by the European Union for one purpose: to create terror and deterrence in order to prevent the arrival of other refugees »

Mainstream media dare not expose the real causes of these tragedies

Being well aware of the nature of politics, there will be no end to these man-made disasters in the future. The UN, the non-governmental organizations (NGOs) and people of good will do not have the appropriate leverage to end this situation. The mainstream media dare not expose the real causes of these tragedies. Meanwhile, the powerful countries that have been involved in these disasters do care only about how to « divide the cake » in countries like Syria, Libya, Iraq, Yemen, Afghanistan and many others which have become failing states unable to protect their citizens.

Have human values and ethics become empty slogans?

If humanity had lived by certain human principles and values, most of these displaced people would have stayed at home, enjoying a dignified and secure life, even though they had to tolerate difficulties and poverty.

Hayro
Member of the Vaud editorial board of  Voix d’Exils

References:
(1) Turkey and The Weaponizing of Syrian Refugees.

 




La revue de presse #7

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Le dérapage raciste de deux experts français / Les autorités sanitaires britanniques saluent le travail des étrangers / Face au Covid 19, les Algériens se montrent solidaires et créatifs

Non, les Africains ne sont pas des cobayes !

Jeune Afrique, 4 mars 2020

Invités sur le plateau de LCI le 2 avril 2020, Camille Locht, directeur de recherche de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et Jean-Paul Mira, chef du service de réanimation de l’hôpital Cochin ont créé la polémique…

Un des experts demande : « Est-ce qu’on ne devrait pas faire une étude sur le coronavirus en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ? Un peu comme on l’a fait d’ailleurs pour certaines études sur le sida. Chez les prostituées, on a essayé des choses parce qu’on savait qu’elles sont hautement exposées et qu’elles ne se protègent pas. » L’autre expert lui répond : « Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique ».

Cet échange pour le moins douteux a suscité une vague d’indignation sur l’ensemble du continent africain. Petit échantillonnage des commentaires postés sur les réseaux sociaux : « Covid 19 – Nous ne sommes pas des rats de labo » – « Covid 19 – #Testez chez vous »- « Covid 19 – Faut-il rappeler que le dénuement africain n’est pas un fait de nature, mais résulte notamment d’un pillage continu ? »

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a été saisi par l’association SOS Racisme. Un collectif d’avocats africains menace de faire de même. Quant aux deux experts incriminés, ils ont fait leur mea culpa et se sont excusés. Pas sûr que cela suffise pour éteindre l’incendie qu’ils ont allumé…

 

La Grande-Bretagne rend hommage au personnel de santé étranger

The Guardian, 6 mars 2020

Dans les hôpitaux britanniques, il aura fallu que le Covid-19 frappe des médecins nés ailleurs ou nés de parents immigrés, qui se sont portés volontaires ou officient normalement, pour que ces derniers obtiennent une certaine reconnaissance de la part des autorités.

Accusés jusqu’ici d’être «des immigrants qui n’apportent rien aux institutions et en retirent tout », les docteurs non européens du National Health Service (NHS), étaient à la merci, entre autres difficultés, d’un processus administratif complexe et onéreux pour le renouvellement de leur visa. Un seul maillon venait à manquer dans le processus et c’était la débâcle, ils se retrouvaient sans emploi.

Pourtant, les docteurs El-Hawrani, El Tayar, Alfa Saadu et Habib Zaidi, tous morts « sur le champ de bataille Covid19 » faisaient partie des 44 % du personnel médical qui est BAME (Black, Asian & Minority Ethnies – Noirs, Asiatiques et Ethnies Minoritaires). Quant à Areema Nasreen, infirmière urgentiste également décédée, elle faisait partie des infirmiers-ères et des sages-femmes dont un sur cinq est BAME, alors que dans certaines régions comme Londres, quatre sur dix le sont.

Au vu de l’apport essentiel des travailleurs étrangers dans le domaine de la santé en ces temps de pandémie, la machine administrative s’est adoucie. Le gouvernement a ainsi décidé de renouveler automatiquement le visa de tous les infirmiers, médecins, ambulanciers et professionnels de la santé, et cela pour une année et sans frais.

Le secrétaire à la santé, Matt Hancock, qui avait insinué que NHS était « le National Health Service et non le International Health Service», a salué les membres du personnel du NHS qui ont péri du coronavirus comme des «personnes venues dans ce pays pour faire la différence ». Un bel hommage, rendu malheureusement post mortem.

 

En Algérie, des actions solidaires pour résister au coronavirus

Le Monde Afrique, 6 mars 2020

Le confinement a été officiellement décrété et il n’est plus possible de travailler à moins d’être employé dans la santé ou tout autre domaine essentiel. Alors, les Algériens se mobilisent.

A Bejaïa, à 200km d’Alger. Fahim Ziani, 49 ans, propriétaire d’une salle de fête a une idée de génie : sur Facebook, il annonce qu’il met sa salle à disposition des sans abri. Élus locaux, bénévoles, protection civile, particuliers, tous relaient l’information et forment une chaîne de solidarité pour accueillir les premiers sans-abris. Sous l’avalanche de dons reçus, ils sont obligés d’en réorienter une partie vers les associations d’entraide.

A Oran, deuxième ville du pays. Plusieurs initiatives de solidarité naissent spontanément : on y fabrique des protections pour le personnel soignant, on collecte des aliments pour les ménages les plus touchés économiquement, on confectionne des repas pour les hôpitaux, on fait des spots de sensibilisation. Provisoirement, les oppositions politiques sont reléguées dans les tiroirs.

A Baba Ali, en périphérie sud de la capitale. Ryadh Brahimi, entrepreneur de 39 ans et une trentaine de ses employés sont confinés dans les locaux de la Global Algerian Technology. En réponse à un appel d’offres du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour un respirateur artificiel, ils se mettent « gracieusement » à l’œuvre, car dit-il « Nous avons compris que les procédures allaient nous faire perdre du temps et nous avons prévenu que nous étions prêts à commencer tout de suite. »

Avec l’aide des universitaires, des médecins et de la diaspora, les ingénieurs parviennent à sortir un prototype en deux semaines. « C’est une machine de guerre, pas un respirateur de la qualité de ceux produits par des multinationales avec des années d’expériencesMais si ça permet de sauver une vie, on aura réussi. »

Marie-Cécile / Voix d’Exils