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FLASH INFOS #120

Sous la loupe : Le football, outil d’intégration sociale en Suisse / Les droits politiques ne sont pas un outil d’inclusion / Ottawa lance 2 projets d’intégration en Amérique latine

 

Le football, outil d’intégration sociale en Suisse

Radiolac.ch, le 17.08.2022

Selon une étude de l’Institut des sciences du sport de l’Université de Berne (ISPW), au moins 179 nationalités sont représentées dans les quelques 1400 clubs de l’Association suisse de football (ASF). Elle se base sur les déclarations des principaux fonctionnaires et des membres des clubs issus ou non de la migration. 

« Cette étude est la preuve que le football est une clé pour la société et pour une intégration réussie », souligne le président de l’ASF Dominique Blanc. Par ailleurs, l’enquête montre que les femmes migrantes se retrouvent rarement sur les terrains de foot.

Tsering
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Les droits politiques ne sont pas un outil d’inclusion

Swissinfo.ch, le 05.09.2022

Selon Demi Hablützel, présidente des Jeunes UDC du canton de Bâle-Ville, les droits politiques devraient rester réservés au peuple suisse. Juriste de profession, elle s’exprime dans une série appelée « série inclusion » que des droits politiques accordés trop tôt ne sont pas une garantie d’inclusion.

A l’opposé des milieux écologistes de gauche qui réclament une possibilité d’être intégré au processus politique sans obstacle pour chaque individu, Hablützel pense qu’il faut saisir la chance d’obtenir le passeport suisse, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de récompense avant la performance.

Charles Williams Soumah
Membre de la rédaction vaudoise de Voix dExils

Ottawa lance 2 projets d’intégration en Amérique latine

MCI, le 17.08.2022

Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté au Canada, Sean Fraser annonce lors d’une célébration le lancement de deux grands projets afin de renforcer l’intégration des personnes migrant.e.s en Amérique latine.

Ces 2 projets ont le but d’intégrer les personnes migrant.e.s et les réfugié.e.s dans les marchés du travail, en assurant la certification des compétences et en facilitant l’accès aux formations nécessaires pour divers métiers et secteurs.

Charles Williams Soumah
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Un hommage à Eli

Evangelista Mañón Moreno. Auteure: Renata Cabrales / Voix d’Exils

Victime d’un féminicide

Un policier a tué Evangelista Mañón Moreno – alias Eli – le 19 mars 2021 à Bussigny, une commune à proximité de Lausanne. D’origine dominicaine, Evangelista Mañón Moreno était une mère de quatre enfants âgée de 43 ans. Cet assassinat a été rapporté dans la plupart des journaux comme un « drame conjugal » dans la rubrique des faits divers (Le Nouvelliste – 19.03.2021; Lausanne Cité – 20.03.2021; La Liberté – 20.03.2021; Le Matin – 20.03.2021; 20 Minutes – 20.03.2021). Cette manière de qualifier un féminicide par les médias ne peut continuer d’être acceptable.

Le mouvement Offensive contre le féminicide  définit le féminicide comme « la mort violente de filles, de femmes et de personnes considérées comme féminines, en raison de leur genre. Ils se produisent au sein de la famille, dans la sphère domestique ou au sein d’autres relations interpersonnelles et affectent toutes les régions, sphères et classes de notre société. Les féminicides sont l’expression du monde violent dans lequel nous vivons, où les femmes, les filles et les personnes considérées comme féminines en particulier sont souvent exposées à des violences multiples et doivent se défendre contre des violences basées sur leur genre, leur sexualité, leur classe ou leur origine ».

Par ailleurs, en raison de différents facteurs tels qu’économiques ou le manque de documents leur permettant d’obtenir l’autorisation de rester dans le pays d’arrivée, les femmes migrantes sont plus vulnérables et sont parfois obligées d’entretenir des relations abusives de dépendance ou de violences physiques et émotionnelles, dont l’isolement les empêche de trouver un moyen de sortir de situations aussi difficiles. Des recherches ont analysé ce phénomène :

« Les recherches sur la violence à l’égard des femmes issues ou non de la migration menée en Allemagne (centrées sur des femmes turques et de l’ex-Union soviétique) ont, sur la base d’analyses statistiques de corrélation, montré que, par rapport aux femmes allemandes, une exposition accrue à la violence ne peut que partiellement être expliquée par l’origine (par des valeurs religieuses et traditionnelles, des normes et des rôles stéréotypés). Ce sont avant tout des facteurs tels qu’une plus grande vulnérabilité en raison du cadre de vie (conditions sociales et économiques, stress induit par la migration ainsi que tensions dans les rapports entre les sexes), de maigres ressources (formation, revenu, implication dans la vie professionnelle, connaissances linguistiques, savoir et possibilités de soutien, etc.) et les barrières posées par le droit étranger qui ont pour effet d’une part d’accroître le risque de violence domestique et d’autre part aussi de rendre plus difficile l’abandon des relations fondées sur la violence » (Schröttle & Ansorge 2008 ; Schröttle & Glammeier 2014) ; www.ebg.admin.ch, juin 2020.

Mais la situation a été plus alarmante pendant la pandémie du COVID-19 en Suisse comme dans d’autres pays. « En Suisse, toutes les deux semaines, une femme est tuée par son mari, son partenaire, son ex-partenaire, son frère ou son fils, parfois par un inconnu » peut-on lire dans le journal Le Courrier de Genève en date du jeudi 28 octobre 2021. En effet, en raison du confinement avec leur agresseur pendant la pandémie, de plus en plus de femmes étaient victimes de féminicides; et les chiffres ont augmenté de manière alarmante, en Espagne par exemple: « depuis la levée de l’état d’urgence sanitaire le 9 mai, une femme est tuée tous les trois jours par son partenaire ou ancien partenaire, contre une moyenne un féminicide par semaine », rapporte Le Temps dans son édition du 28 juin 2021.

Il est temps à présent de reconnaître le féminicide comme un grave problème social.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Hommage à Eli ce samedi 19 mars

La collectif pour la mémoire d’Eli appelle à un hommage pour le premier anniversaire du féminicide de Evangelista Mañón Moreno (Eli) samedi 19 mars 2022 à Lausanne à la Riponne.

Un autre article traitant du même sujet:

FÉMINICIDE : DE LA VIOLENCE À L’HOMICIDE




Revue de presse #41

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Écart salarial entre migrants et nationaux en hausse selon l’OIT / Inquiétudes autour de l’initiative contre la burqa / Status quo pour les personnes admises provisoirement en Suisse

Ecart salarial entre migrants et nationaux en hausse selon l’OIT

Organisation internationale du Travail, le 14 décembre 2020.

Au cours des cinq dernières années, les inégalités salariales entre les personnes migrantes et les travailleurs nationaux n’ont cessé de se creuser dans plusieurs pays à revenus élevés selon une nouvelle étude menée par l’Organisation internationale du Travail (OIT). Les écarts entre les salaires sont les plus élevés à Chypre (42%), en Italie (30%) ou encore en Autriche (25%). Dans l’ensemble de l’Union européenne (UE), cet écart approche les 9%. D’un point de vue temporel, en Italie par exemple, les travailleurs immigrés gagnent 30% de moins que les travailleurs nationaux, contre 27 % en 2015. Au Portugal, l’écart salarial est de 29 % contre 25 % en 2015. En Irlande, il est de 21 % contre 19 % en 2015. Le rapport met également en lumière que les travailleuses migrantes font l’objet d’une double peine: en tant que migrantes et en tant que femmes. Plus récemment, c’est le même constat dans tous les pays étudiés: les personnes migrantes sont confrontées à des problèmes de discrimination et d’exclusion qui se sont aggravés avec la pandémie de la COVID-19.

Inquiétudes autour de l’initiative fédérale contre la burqa

Le Temps, le 11 décembre 2020.

L’initiative « anti-burqa », soumise au vote populaire le 7 mars prochain, sera l’un des thèmes politiques phares du début de l’année prochaine en Suisse. Dans le cadre d’une interview accordée au journal Le Temps Etienne Piguet, vice-président de la Commission fédérale des migrations, n’a pas caché son inquiétude avant la votation qui aura lieu le 7 mars prochain et en appelle à une discussion sereine. L’initiative « Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage », plus communément appelée « anti-burqa », a été lancée par le Comité d’Egerkingen, proche de l’UDC, qui était déjà à l’origine de l’initiative contre les minarets qui avait été acceptée à la surprise générale par 57% des votants le 29 novembre 2009 .

Status quo pour les personnes admises provisoirement

swissinfo.ch, le 16 décembre 2020

Les personnes au bénéfice d’une admission provisoire (permis F) en Suisse ne devraient pas voir leur statut changer. En effet, le 16 décembre 2020, le Conseil national a refusé d’entrer en matière sur un projet du gouvernement visant à durcir les règles pour les voyages et à les assouplir pour les déménagements. A cet effet, la Chambre du peuple s’est prononcée par 117 voix contre 72. La gauche et l’UDC se sont opposés au projet du Conseil fédéral pour des raisons différentes. Ce projet se base sur deux motions approuvées par le parlement. La première, déposée par Gerhard Pfister (PDC/ZG), voulait interdire aux détenteurs d’un permis F d’aller dans leur pays d’origine. La seconde, soutenue par la commission du Conseil des Etats, demande au Conseil fédéral de modifier ponctuellement le statut de l’admission provisoire afin notamment de lever les obstacles à l’intégration sur le marché du travail.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 




Requérants-épouvantails

Un épuvantail. Photo : Jc (CC BY-NC-ND 2.0)

Un épouvantail. Photo : Jc
(CC BY-NC-ND 2.0)

Le 9 juin prochain, le peuple suisse se prononcera sur une énième révision de la loi sur l’asile… Ou plutôt un énième durcissement de la loi sur l’asile consécutif au fait que « le Parlement a révisé la loi sur l’asile et a déclaré urgentes plusieurs dispositions qui sont entrées en vigueur le 29 septembre 2012 ». Pour une population qui représente à peine 1% des résidents en Suisse, les autorités helvétiques n’en font-elle pas trop ?

N’est-ce pas là une sorte de diabolisation d’une couche de personnes très vulnérables, dont la majorité ont été contraintes de quitter leur pays en catastrophe ? On parle notamment de la suppression des demandes d’asile dans les ambassades, de la suppression de la désertion comme motif d’asile, de la création de « centres spéciaux » pour « requérants d’asile récalcitrants ».

Qui sera considéré comme « récalcitrant » ?

Penchons-nous justement sur l’idée de créer des « centres spéciaux » pour « requérants récalcitrants », une idée qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Qui seront les pensionnaires ? Quels seront les critères ? Ne sommes nous pas en train d’assister à la création d’un nouveau statut de requérants par Berne ? Après l’invention du statut de NEM (Non Entrée en Matière), ou encore celui de « requérants à l’Aide d’urgences » pour des requérants déboutés, avec la stigmatisation que l’on sait ? Certains partis de la droite suisse évoquaient dans un premier temps (il y a quelques mois déjà) l’idée de construire des « camps d’internement », nous rappelant les tristement célèbres camps de concentration nazis… Une idée qui avait vite été réfutée par les autres partis suisses, mais qui semble aujourd’hui (au moins pour certains) acceptable. La question qui taraude l’observateur neutre est de savoir pourquoi certains politiciens essaient d’attiser dangereusement les passions anti-immigrés ? par calcul politique à court terme ! Comment en est-on arrivé là ?

Philippe Currat, membre de la commission des Droits de l’homme de l’Ordre des avocats de Genève avertit déjà dans Le Matin dimanche du 30 mars 2013 que « la notion de récalcitrant est très floue et j’ai l’impression que c’est intentionnel. Ça laisse le champ libre aux autorités pour écarter quelqu’un sans avoir à se justifier. » Un requérant, que nous avons rencontré, dit « avoir peur que certains employés dans le milieu de l’asile s’en servent pour « régler des comptes » puisque rien est défini ». Alors qu’un autre nous demandait innocemment si « l’oubli d’acheter un ticket de métro ou de train, qui est déjà sanctionné par une amende, serait considéré comme un motif d’envoi dans un centre pour récalcitrants ? »

Autant de questions sur lesquelles les autorités devront se pencher !

« Acharnement incompréhensible » sur une population qui représente moins de 1% de résidents en Suisse

La création de centres pour récalcitrants, sans en avoir prédéterminé les règles, ouvre la voie à de possibles dérapages. Aldo Brina, co-président de Stop Exclusion, est clair là-dessus : « La création de centres pour récalcitrants n’apporte rien de bon, elle n’apporte que de l’arbitraire, car on ne sait pas qui est un récalcitrant, ni qui va être envoyé. Surtout qu’une personne placée dans un centre spécifique ne peut pas contester la mesure immédiatement. Elle ne peut le faire qu’après avoir passé quelques jours là-bas », conclut-il sur les ondes de la RTS.

Les révisions d’asile se succèdent rapidement en Suisse, certaines ONGs parlent « d’acharnement incompréhensible » sur une population qui représente moins de 1% des résidents en Suisse. Mais Jo Lang, Vice-président des Verts temporise « en Suisse, il n’y a pas que l’anti-asile et la xénophobie, il y a aussi de l’humanisme. »

« On ne reste pas des réfugiés pour la vie »

Les auteurs du referendum contre la modification de la loi sur l’asile dénoncent « des mesures urgentes inutiles et inhumaines », et se plaignent « de l’hystérie permanente et de la méfiance systématique envers les réfugiés. »

A qui profite ce climat malsain ? Cette zizanie semée entre personnes vivant dans un même pays ? La Suisse pays réputés humanitaire ?! Pourquoi vouloir toujours criminaliser, diaboliser, stigmatiser une catégorie minoritaire, souvent silencieuse et désorganisée, qui accepte l’humiliation par nécessité ? L’immigré est-il devenu la victime collatérale des aléas de l’humeur de la classe politique suisse ?

« Je serai toujours reconnaissant à la Suisse de nous avoir accueilli comme réfugiés en 1981. Depuis lors, j’ai été à l’école, je me suis engagé en politique et je suis devenu parlementaire. Je fais partie de la société suisse. Je veux dire qu’on ne reste pas des réfugiés à vie. En général, ils s’intègrent et ils contribuent à l’enrichissement économique et culturel du pays. Je ne comprends donc pas que le Parlement s’acharne de cette manière en durcissant continuellement la loi sur l’asile », dit à haute voix Antonio Hodgers, Président cantonal genevois du parti des Verts et Conseiller national. Propos rapportés par le site swissinfo.ch. Une belle leçon de morale à ceux qui veulent l’entendre, et surtout à ces politiciens qui détournent le regard des vrais problèmes en Suisse.

FBradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




swissinfo.ch publie un article sur Voix d’Exils

SwissInfoswissinfo.ch, la plateforme web internationale de la société de diffusion publique SRG SSR, a publié un article en arabe à propos de Voix d’Exils le 17 mars dernier. Interview d’Afif Ghanmi et Omar Odermatt de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils.

Voix d’Exils : un média proposant une approche différente de la migration et des migrants en Suisse

Article de Abdelhafidh Abdelli, Lausanne, swissinfo.ch, le 18 mars 2013

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils démarre sa journée par la revue des titres de presse. Elle est suivie d'une discussion des principaux titres, avant de choisir les sujets à couvrir ou à approfondir. Photo : Hugues Siegenthaler

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils démarre sa journée par la revue des titres de presse. Elle est suivie d’une discussion des principaux titres, avant de choisir les sujets à couvrir ou à approfondir. Photo : Hugues Siegenthaler

Le blog Voix d’Exils est un média social en ligne développé par le Programme d’occupation Communication de l’Etablissement Vaudois d’Accueil des migrants (EVAM) avec un réseau de partenaires. Il se veut être « la voix des sans voix » en cherchant à produire d’autres approches de la question migratoire et une image alternative des migrants vivant en Suisse.

Le rayonnement accru de ce site, s’apparentant davantage à un journal online, est dû à l’originalité de son message et à sa haute qualité professionnelle ; deux aspects que les responsables de ce blog ne cessent de nous les rappeler à chaque moment.

Dès son lancement, ce média se voulait être un outil efficace de communication entre les migrants et la société d’accueil. Son but étant de promouvoir l’entente, de faciliter la compréhension et de renforcer les liens entre les migrants et la population suisse. Ce programme est également une des mesures permettant aux participants de s’occuper, de se former et de développer leurs compétences. Cela permet aussi de prévenir les effets négatifs qui découlent de la migration et de l’éloignement des migrants de leur famille et du pays.

Une opportunité d’acquérir une formation et une expérience professionnelle

Mais, comment l’EVAM, en tant qu’établissement public spécialisé dans l’accueil des migrants, a-t-il réussi à développer un projet médiatique de ce genre.

Afif Ghanmi, l'un des coordinateurs des programmes d’occupation de l’Entité Intégration et Développement rattachée à l’Unité Encadrement de l'Etablissement Vaudois d'accueil des migrants. Photo : Hugues Siegenthaler

Afif Ghanmi, l’un des coordinateurs des programmes d’occupation de l’Entité Intégration et Développement rattachée à l’Unité Encadrement de l’Etablissement Vaudois d’accueil des migrants.
Photo : Hugues Siegenthaler

La réponse selon Afif Ghanmi, l’un des coordinateurs des programmes d’occupation au sein de l’Entité Intégration et Développement de l’Unité Encadrement de l’EVAM, se trouve dans le règlement de ces mêmes programmes. Il explique que « ce blog est une mesure parmi d’autres, mise en place par notre Entité, qui est proposée aux migrants accueillis par notre établissement. Le blog Voix d’Exils s’inscrit dans ce cadre-là et constitue l’axe principal du travail du Programme Communication qui, d’ailleurs, est l’un de nos divers et nombreux programmes ».

Quant aux objectifs à atteindre de ces programmes en général, cela se résume selon Afif Ghanmi: « à donner aux participants l’opportunité d’exercer un travail et de vivre une expérience pratique. Ce qui pourrait les aider d’une part, à développer des compétences professionnelles et donc de renforcer leur chance de s’insérer dans le monde du travail. D’autre part, les expériences vécues et les connaissances acquises pourraient être également utiles en vue d’un retour au pays ».

Ces programmes ont aussi une dimension thérapeutique et préventive contre la fragilité psychologique et les troubles de comportement social, qui sont souvent liés à la migration d’un pays à un autre.

Dans ce contexte, le blog Voix d’Exils donne à ses rédacteurs le sentiment d’être utile et leur apporte un élan positif dans leur vie. Or, chaque article rédigé par un migrant est, selon Omar Odermatt, Responsable de la rédaction du blog : « Un projet en soi, vu les compétences requises sur les plans linguistique et rédactionnel ; compétences que ne possèdent pas toujours les rédacteurs ».

Dans un article publié récemment dans le quotidien Le Courrier, un des rédacteurs de Voix d’Exils, exprime ce que représente pour lui ce site : « Après la persécution endurée dans mon pays à cause de ma profession de journaliste, Voix d’Exils a été pour moi une sorte de thérapie et un soutien pour retrouver la confiance et le plaisir d’écrire et d’exercer ma profession. »

Dans le même sens, Omar Odermatt affirme que « nous visons à ce que les rédacteurs qui participent à cette expérience réussissent à trouver une place d’apprentissage dans un média, et pourquoi pas à signer un contrat de travail et obtenir la carte de presse. »

Besoin de communication

Selon le Responsable de la rédaction du blog, il y a une autre raison qui a motivé le lancement du site Voix d’Exils. Celle-ci consiste « à donner une autre vision du phénomène migratoire, surtout que les médias parlent souvent des migrants d’une manière négative sans leur donner un droit de réponse. Les médias traitent parfois les problèmes d’une manière superficielle et s’arrêtent souvent sur les phénomènes les plus visibles, comme la violence et le trafic de drogues ; en négligeant l’examen des causes profondes qui se cachent derrière ces phénomènes. »

D’un autre côté, le site ne se borne pas à soulever les contradictions des informations diffusées par les médias traditionnels, mais à éclairer d’autres aspects de la migration : la richesse que représente la diversité des cultures pour la société, et les retombées bénéfiques sur l’économie due à la participation et l’intégration des migrants, surtout que le quart de la population suisse est d’origine étrangère.

Le besoin de communiquer, selon Omar Odermatt, n’est pas dirigé seulement vers l’extérieur, puisque les migrants ont besoin aussi de communiquer entre eux. En effet, le site Voix d’Exils s’est transformé au cours des trois dernières années, en une plateforme qui permet aux migrants d’exprimer leurs préoccupations et leurs espoirs en toute liberté.

Bien que le projet soit destiné en premier lieu à la formation, le site Voix d’Exils a néanmoins réussit à inspirer le respect à ses lecteurs et à son public. Ce respect revient à l’application rigoureuse des principes de la Charte éditoriale, dans laquelle il est mentionné dans l’un des paragraphes que le blog est: « apolitique, sans appartenance partisane ou religieuse et respecte les principes déontologiques contenus dans la déclaration des devoirs et des droits des journalistes de la Fédération suisses des journalistes ».

La version électronique du journal est la formule idéale

Vu les circonstances spéciales des rédacteurs qui participent à ce projet, cette tribune médiatique a opté pour la formule électronique au lieu du papier. Omar Odermatt vante les qualités de ce choix et ses motivations : « le site internet procure une flexibilité que le journal papier n’a pas, et permet aussi la publication d’informations à notre convenance, sans être contraints par des délais de publication strictes. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’on fasse l’économie de la régularité et de la discipline ».

En effet, le site Voix d’Exils est considéré plutôt comme un journal électronique qu’un site de communication sociale. En plus, il offre, selon Omar Odermatt, « un rayonnement plus vaste à nos publications qui atteignent le public suisse et potentiellement le public du monde entier. »

De son côté, Afif Ghanmi souligne que : « le site procure une flexibilité à la publication des articles, qu’ils soient longs ou courts, et nous évite d’être sous la pression que nécessite les exigences de la poursuite de nouvelles fraîches. Ce qui nous laisse le temps pour veiller à la qualité de nos publications, et permet de travailler avec des rédacteurs qui vivent des situations instables. Il arrive que certains rédacteurs, par exemple, décident soudainement de quitter la Suisse, ou que d’autres cessent leur collaboration parce qu’ils ont trouvé du travail, ou obtenu une réponse favorable à leur demande d’asile, ou une réponse négative et sont alors contraints de rentrer au pays ».

En donnant l’opportunité à de nombreuses personnes d’écrire et de commenter les publications, ce site contribue à dissiper les préjugés et à briser les idées toutes faites dans l’imaginaire du public.

Engagement et professionnalisme

Voix d’Exils ne se préoccupe pas seulement de défendre l’image des migrants, mais œuvre aussi à donner une vision différente des problèmes de société du point de vue des migrants. Afif Ghanmi souligne que « le fait que les rédacteurs appartiennent au groupe des migrants donne à ce site un avantage sur les autres médias. Premièrement, parce qu’ils sont au cœur de la source d’information, deuxièmement parce que les rédacteurs jouissent de la confiance des personnes interviewées qui les aident dans la production de leurs articles ».

Omar Odermatt, Responsable de la rédaction du blog Voix d'Exils Photo : Hugues Siegenthaler

Omar Odermatt, Responsable de la rédaction du blog Voix d’Exils
Photo : Hugues Siegenthaler

« Les lecteurs qui visitent notre site remarquent l’engagement strict de nos rédacteurs et la méthode de travail journalistique choisie dans leurs enquêtes sur des phénomènes sociaux complexes. Par exemple, dans l’enquête sur l’exploitation sexuelle exercée sur des personnes fragilisées par une situation sociale difficile » affirme Omar Odermatt. Il commente cette enquête précisément en disant que « le rédacteur a réussi à éclairer une foule de vérités cachées que personne en Suisse n’aimerait voir .En plus, l’information que nous publions se distingue par la prédominance d’interviews. Nous faisons le choix de privilégier le dialogue direct avec les personnes concernées par les problèmes que nous abordons. Par exemple, l’enquête menée sur les passeurs et la migration clandestine à travers la Turquie et la Grèce. Ou l’exposé sur le parcours d’une jeune Rwandaise arrivée en Suisse pour fuir l’enfer du génocide perpétré dans son pays, qui a réussi à relever le défi en étudiant pour devenir infirmière, et qui travaille actuellement au Centre hospitalier universitaire de Lausanne. Elle consacre maintenant une bonne partie de son temps à aider les migrants à s’intégrer et à  surmonter les difficultés. Ceci démontre que l’objectif principal de notre travail est de « donner la parole à ceux qui n’en ont point »».

Mais, le plus important est peut-être l’acquisition par les participants lors de leur stage à Voix d’Exils d’une foule de compétences et d’expériences dans les domaines de la rédaction journalistique, de la communication et de l’informatique. Un bagage qui les aide à trouver du travail, ou à lancer leur propre site internet en Suisse ou dans leur pays d’origine. Expérience qui leur a appris à gérer leur temps et à prendre des initiatives. En fin de parcours, les participants se voient délivrer un certificat attestant des compétences acquises à Voix d’Exils.

D’un journal à un site électronique (encart)

L’histoire de Voix d’Exils remonte à plus de 12 ans. Au début, il a été publié sous forme de journal papier portant le nom « Le requérant », avant de prendre la dénomination de « Voix d’Exils ».

Le journal a continué à être imprimé et distribué avec la participation des organismes concernés par l’accueil des migrants dans les cantons romands (de langue française) : Genève, Fribourg, Vaud, Neuchâtel, le Valais et le Jura.

Avec le temps, les cantons de Fribourg, du Jura puis de Genève se sont retirés du projet pour diverses raisons. Ce qui a entraîné, début 2010, l’arrêt de la parution du journal sous sa forme papier.

En 2010, il a été décidé de transformer le journal papier en un site internet -qui gardera le nom de Voix d’Exils – pour réduire les coûts de publication. Les frais d’impression ainsi économisés ont alors été affectés au paiement du salaire du nouveau Responsable de la rédaction du blog.

Le Canton de Vaud a réussi à renouer des liens de collaboration avec certains de ses anciens partenaires : les cantons de Neuchâtel et du Valais. Dorénavant, le site est alimenté par trois rédactions cantonales, ce qui a resserré les liens de collaboration et a amélioré son rendement.

Avec le temps, le site s’est transformé en une plateforme de communication directe permettant aux exilés résidant en Suisse et à toute personne le souhaitant de s’exprimer en toute liberté sur les questions en lien avec le thème de la migration et dans les trois langues du blog : le français, l’anglais et l’arabe. Un site interactif et participatif qui a produit un grand nombre d’articles d’investigation et d’information réalisés avec rigueur.

Un résultat honorable (encart)

Dès son lancement, le site internet Voix d’Exils n’a cessé de se développer et de s’étendre. Il est actuellement composé de trois rédactions cantonales dont le travail d’édition est coordonné par la rédaction vaudoise, ce qui assure la complémentarité des idées et des projets et ce qui permet d’alimenter en permanence le blog de nouveaux contenus. Les rédacteurs bénéficient d’un encadrement leur permettant d’aboutir la réalisation de leurs articles et participent activement aux réunions inter-cantonales réunissant les trois rédactions du blog à la fin de chaque semestre.

Voici un résumé de ses activités en 2012. Au cours de l’année écoulée, Voix d’Exils a publié 74 articles, dont certains d’investigation fouillée. L’ensemble de ces articles traite de questions en rapport avec le thème de la migration, sur les plans national et international. Exemples, le phénomène de la prostitution sous contrainte et la traite d’être humains en Suisse, la couverture des travaux du Sommet de la francophonie qui s’est déroulé à Kinshassa en octobre 2012.

Le site Voix d’Exils œuvre à diversifier ses supports d’information. Ainsi, l’année dernière, un premier film documentaire a été réalisé par M. Keerthigan Sivakumar, rédacteur du blog, qui a signé son film du pseudo « Sara Page ». Son court-métrage portait sur la transformation des murs d’’un centre d’hébergement pour requérants d’asile à Monthey, dans le canton du Valais. Il s’agissait d’une magnifique fresque qui a été peinte par des requérants d’asile et des habitants de la ville de Monthey.

La participation active des rédacteurs du blog, l’année dernière, à la manifestation de la radio FM de la Caravane des quartiers, événement organisé par la Ville de Lausanne, était une excellente opportunité de couvrir l’événement et de diffuser l’information sur les ondes de la radio, mais également de dialoguer directement avec leurs homologues travaillant dans les services qui s’occupent des migrants.

Les rédacteurs de ce média suivent également des cours et des formations périodiques dans les domaines de l’informatique, de la production audiovisuelle et multimédia, des techniques de rédaction journalistiques. Ces cours sont coordonnés par la rédaction valaisanne du blog, qui est rattachée au Centre de formation valaisan « Le Botza ».

Ces évolutions du blog ont été accompagnées par un accroissement de la diffusion des informations produites par le site de Voix d’Exils ce qui a contribué à son rayonnement. Preuve en est l’augmentation constante du nombre des visiteurs du blog. Au mois d’août 2010 lors de la première année de son lancement, la fréquentation du blog atteignait 3’348 visiteurs. A la fin du mois de novembre 2012, Voix d’Exils comptait 25’316 visiteurs. Depuis son lancement, le blog comptabilise un total de 445’536 visiteurs en mars 2013.

Texte traduit de l’arabe par Nouhad Odermatt-Kouéter 

Pour lire l’article original en arabe sur le site de swissinfo cliquez ici