1

Revue de presse #12

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe: vol direct Athènes-Suisse pour 23 jeunes requérants / Régularisation pour les sans-papiers en Italie / Le Covid-19, un écueil de plus pour traverser la Méditerranée

Mineurs non accompagnés accueillis en Suisse

Le Nouvelliste,16.05.2020

En réponse à l’appel de la Grèce, la Suisse a accueilli à la mi-mai des réfugiés mineurs non accompagnés (MNA) ayant des liens familiaux en Suisse.

Venant d’Athènes, 18 garçons et 5 filles, âgés de 10 à 17 ans, ont atterri à l’aéroport de Zurich. A l’exception de deux Congolais, tous sont d’origine afghane.

Ces jeunes doivent d’abord effectuer une quarantaine de 14 jours pour éviter tout risque de propagation du coronavirus. Ils seront ensuite transférés dans le Centre fédéral pour requérants d’asile le plus proche de la région où vit leurs familles.

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (le HCR) salue ce geste, mais appelle la Suisse à renforcer son engagement en acceptant notamment d’accueillir d’autres jeunes sans famille.

Plus critiques, les organisations signataires de l’appel « Évacuer maintenant », signalent que la Suisse se contente de répondre à une obligation, dans la mesure où le rassemblement familial est inscrit dans les accords de Dublin qu’elle a ratifiés. Sauver 23 MNA n’est pas suffisant au vu de toutes les personnes en difficultés qu’il reste à sauver de la misère des camps grecs.

Faute de main-d’œuvre, l’Italie régularise les sans-papiers

Le Temps, 15.05.2020 

Afin de faire face à l’épidémie de coronavirus et pour répondre au manque de main-d’œuvre, le gouvernement italien a pris la décision d’accorder un permis de séjour temporaire à un nombre de clandestins compris entre 100’000 et 300’000 personnes.

Du 1er juin au 15 juillet, les employeurs pourront demander, contre paiement de 400 euros, la régularisation pour six mois d’un travailleur non déclaré. De leur côté, les clandestins pourront réclamer leur régularisation temporaire en déboursant 160 euros. Mais pour obtenir le précieux sésame, ils devront répondre à plusieurs conditions: notamment avoir travaillé avant l’échéance de leur permis de séjour au plus tard le 31 octobre 2019 et résider en Italie depuis le 8 mars, soit deux jours avant le début du confinement général italien.

Les secteurs concernés par cette mesure se limitent à l’agriculture, à l’élevage, à la pêche, à l’aide à la personne et au travail domestique.

Cette régularisation à durée déterminée ne fait pas l’unanimité. Roberto Saviano, l’écrivain spécialiste des mafias, s’oppose à ce qu’il considère comme une autre forme d’esclavage. Il dénonce les salaires bas, les conditions de travail et de vie inhumaines et des horaires sans limites.

La Méditerranée, voie de migration meurtrière

New.un.org, 08.05.2020

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (le HCR) a exhorté les Européens à poursuivre les opérations de sauvetage en Méditerranée, et ce cela malgré la pandémie de Covid-19. Actuellement, les navires de recherche et de sauvetages humanitaires, qui patrouillent habituellement dans la zone centrale de la Méditerranée, sont empêchés de venir en aide aux migrants en détresse.

A mi-avril, une Mission de l’ONU a observé que 31 migrants et demandeurs d’asile qui voulaient accoster à Malte avaient été renvoyés en Libye sur un bateau privé maltais après avoir été interceptés dans les eaux maltaises. Une destination extrêmement dangereuse, sachant que les garde-côtes libyens placent les migrants dans des centres de détention arbitraires où ils sont confrontés à des conditions de vie innommables: torture et mauvais traitements, violences sexuelles, absence de soins, surpopulation…

Depuis le début de cette année, près de 20’000 migrants et réfugiés auraient néanmoins accosté en Europe malgré les dangers et les difficultés rencontrés. Selon les chiffres du HCR, la Grèce comptabiliserait plus de 9’000 arrivées, suivie par l’Espagne, avec 6’445 arrivées, puis par l’Italie, avec 3’767 arrivées et enfin par Malte, avec 1’209 arrivées. 179 migrants seraient morts en tentant la traversée.

Il faut rappeler que l’absence d’assistance et le refoulement par les ports européens des bateaux de migrants, fait de la Méditerranée centrale l’une des voies de migration les plus meurtrières du monde.

Oumalkaire / Voix d’Exils




Revue de presse #9

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Covid-19, les Africaines en première ligne / Asile, une Suisse peu généreuse / Surpeuplé, un camp grec part en fumée / La Grèce ouvre des hôtels aux migrants

Covid-19, sensibiliser les Africaines

Jeune Afrique, 27 avril 2020

En Afrique, les systèmes de santé fonctionnent en grande partie grâce au travail invisible et gratuit des femmes. Il en va de même pour l’économie, dont l’essentiel repose sur leurs solides épaules puisqu’elles assurent 60% de l’agriculture vivrière. Une agriculture essentiellement tournée vers l’autoconsommation et l’économie de subsistance. Sur les marchés locaux, ces mêmes femmes constituent la majorité des marchands et des clients.

Or, de par leur rôle central, les Africaines sont tout particulièrement menacées par le Covid-19. D’autant que, malgré l’instauration de l’état d’urgence sanitaire dans beaucoup de pays du continent, le respect des mesures de prévention pose problème.

Faute d’actions de sensibilisation qui leur seraient spécifiquement destinées, les femmes pourraient bien devenir, malgré elles, les vecteurs par excellence du Covid-19. La communication sur ce fléau doit absolument progresser car, dûment informées, les Africaines ont le pouvoir de contenir la propagation du virus.

22 MNA accueillis en Suisse ? Ce n’est pas assez !

asile.ch, 28 avril 2020

La Suisse entend renforcer son soutien à la Grèce dans le domaine de l’asile. Elle va financer des projets humanitaires, fournir des tentes et des lits pour les camps de réfugiés, envoyer des garde-frontières en renfort et accueillir vingt-deux requérants d’asile mineurs non accompagnés (MNA) pour autant qu’ils aient de la famille en Suisse.

Alors que la communication officielle et certains médias saluent l’élan de solidarité suisse, Aldo Brina, chargé d’information sur l’asile du CSP Genève, se montre plus critique. Selon lui, le nombre de migrants auxquels la Suisse a décidé d’ouvrir ses portes est insignifiant face à la multitude de migrants bloqués en Grèce – parmi lesquels 5000 MNA – dans des conditions catastrophiques sur les plans sanitaire et humain.

Accueillir des requérants d’asile mineurs là où ils ont des proches qui peuvent s’occuper d’eux n’est pas un acte de générosité, rappelle Aldo Brina, mais la simple application du cadre légal en vigueur prévu par le Règlement Dublin.

Moralité ? Au vu des besoins, la Suisse peut et doit faire plus.

Camp de réfugiés grec en flammes

RTBF, 14 avril

Le camp de migrants surpeuplé de Vathy, situé sur l’île grecque de Samos, fermera avant la fin de l’année, a promis le ministre grec de l’immigration, Notis Mitarakis, après une inspection des lieux. Les migrants devraient être transférés dans un autre camp, situé à sept kilomètres de là.

Cette annonce survient après que des luttes entre migrants africains et afghans ont donné lieu à des incendies qui ont ravagé Vathy pendant deux jours, détruisant des tentes, des huttes et des maisons en préfabriqué. C’est du moins la version donnée par des organisations humanitaires.

La police, qui a interpellé 22 migrants, a une autre explication. Selon elle, des migrants ont bouté le feu au camp dans l’intention de forcer le gouvernement à les ramener sur le continent.

Quoi qu’il en soit, la situation est assurément explosive dans un camp qui abrite 6800 migrants, soit dix fois plus que sa capacité maximale.

Des migrants hébergés dans des hôtels en Grèce

RTBF, 14 avril 

Des politiciens et des ONG demandaient avec insistance mais en vain que les camps de migrants grecs soient complètement vidés étant donné leur surpopulation et les conditions d’hygiène déplorables. Covid-19 oblige, des mesures ont enfin été prises. Quelque 1000 réfugiés vulnérables en provenance des camps de Lesbos et d’autres îles grecques ont été transférés provisoirement dans des hôtels désertés par les touristes.

Cette opération a été rendue possible grâce aux efforts concertés du HCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés), de l’Organisation internationale pour les migrations, du gouvernement grec et de la Commission européenne.

Selon la Grèce, près de 10’000 migrants auraient déjà fait le voyage du camp à l’hôtel lors des trois premiers mois de l’année.

En vertu de l’accord entre l’Union européenne et la Turquie, les migrants peuvent être renvoyés en Turquie uniquement depuis les îles.

Oumalkaire / Voix d’Exils




La surpopulation est source de tensions au sein du foyer EVAM de Crissier

Pascal Rochat, chef du secteur Lausanne de l’EVAM. Photo: Omar Odermatt

En arrivant au foyer EVAM de Crissier, Najet, 39 ans, découvre avec inquiétude que la cohabitation dans des espaces trop restreints est source de problèmes et de conflits. D’une capacité totale de 316 places, le foyer de Crissier accueille aujourd’hui 405 personnes, ce qui représente un taux d’occupation de 125%. Hélas, ce problème de surpopulation et la promiscuité qui en découle touche aujourd’hui toutes les structures d’hébergement de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM). Témoignage.

 

 

 

Lorsque je suis arrivée à Crissier, il y a plus de cinq mois, j’ai reçu un classeur avec le règlement interne qui recommande, entre autre, de respecter le calme à partir de 22h00. Ayant des problèmes de sommeil, mon attention s’est focalisée sur ce point du règlement.

Il m’a fallu plusieurs jours pour me rendre compte que Crissier, qui est un endroit isolé dans la forêt, n’était pas une prison. En arrivant en Suisse, je ne savais pas quelle était la réalité des requérants d’asile au niveau de l’habitation, des usages dans les centres d’accueil. A Crissier, il y a beaucoup de monde, beaucoup de bruit, c’est très inconfortable. On doit partager sa chambre avec une personne inconnue. Mes nuits blanches ont commencé dès mon arrivée. La cause en est le bruit occasionné par mes voisins, ils font la fête, écoutent de la musique très fort, et se disputent à toute heure du jour et de la nuit. Ils ne respectent pas le besoin de repos des autres résidents.

Comment est-ce possible que des gens fassent la vaisselle entre 22h00 et 01h00 du matin ? Pourquoi des gens se disputent-ils dans le corridor pendant des heures sans que les personnes chargées de la sécurité n’interviennent ?

Ma voisine Fatia, mère bosniaque avec sept enfants, a la tête souvent bandée car elle ne supporte plus le bruit. Tout comme moi, elle trouve qu’il n’y a pas une bonne application du règlement. Naghia, jeune mère d’origine turque, n’arrive pas à dormir ni à faire dormir son bébé de trois mois.

Beaucoup de requérants d’asile pensent qu’on cherche à nous rendre fous afin de décourager l’immigration. Ils ne comprennent pas pourquoi ces personnes qui troublent la tranquillité et sèment le désordre ne sont pas averties ou punies. Personnellement, j’ai fait appel à la sécurité et ceci à plusieurs reprises. J’en ai même parlé à mon assistant social. Tous m’ont dit : « On va voir ce qu’on peut faire ».

Pour en savoir plus, j’ai interviewé Pascal Rochat, chef du secteur Lausanne de l’EVAM.

Voix d’Exils : Certaines personnes font beaucoup de bruit surtout après 22h00. Pourquoi ne respectent-elles pas le règlement ?

Pascal Rochat : Il y a effectivement des gens qui n’appliquent pas les règles. Cela est dû en partie à cause des problèmes de santé surtout au niveau psychique et aussi à cause de la densité d’habitation. Il y a actuellement 405 habitants de 25 nationalités différentes au Centre de Crissier.

Que dit le règlement pour protéger les résidents du centre qui veulent se reposer après 22h00 ?

Le règlement dit qu’il est interdit de faire du bruit après 22h00, comme par exemple préparer à manger à la cuisine, faire de la musique, etc.

Qui est chargé de faire appliquer le règlement ?

Les assistants sociaux et les surveillants.

Quelles sont les sanctions prévues pour ceux qui ne respectent pas le règlement ?

D’abord un avertissement. Après deux avertissements il y a une sanction financière qui sera décidée au cas par cas. Pour des choses graves comme la violence, il peut y avoir expulsion ou transfert dans un autre foyer. J’aimerais préciser que la vie au Centre est difficile car être seul, loin de sa famille, de son pays et cohabiter avec 405 habitants, c’est une situation très dure.

Est-ce que les sanctions sont appliquées ?

Oui, elles sont appliquées, et elles s’accompagnent d’un rapport d’incivilité.

Quelles sont les solutions envisagées pour faire revenir le calme ?

Interdire les équipements qui font du bruit et causent les dérangements et distribuer des boules Quiès gratuites à l’infirmerie. A noter que nous sommes responsables des gens qui ont le permis N et F. Ceux qui obtiennent le permis B devraient normalement quitter le foyer, mais ils restent car c’est très difficile de trouver un logement. Mais il y a beaucoup de personnes au bénéfice des prestations d’Aide d’urgence qui ne devraient pas être logées à Crissier et souvent c’est elles qui n’appliquent pas les règles. 

Propos recueillis par Najet

Membre de la rédactrice vaudoise de Voix d’Exils