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FLASH INFOS #133

Sous la loupe : croissance de la population suisse / Drame à Genève / Tunisie : 17 migrant.e.s disparu.e.s en mer

Nouveauté pour la rentrée 2023: Voix d’Exils se lance dans une nouvelle aventure en transformant sa rubrique hebdomadaire écrite « FLASH INFOS » en « FLASH INFOS podcast ». La rubrique poursuit donc désormais sa mission sous une forme radiophonique. Les FLASH INFOS, c’est à chaque numéro trois sujets marquants de l’actualité de la migration parus dans la presse locale ou internationale et publiés sur internet qui sont sélectionnés puis résumés par les membres de la rédaction de Voix d’Exils. Notre rédactrice Elvana Tufa et notre civiliste Adrian Hurtado ont relevé le défi de vous présenter le premier FLASH INFOS podcast qui sort à l’occasion de la publication du numéro 133 de la rubrique.

 

Voici nos sources pour creuser les sujets:

Croissance de la population en Suisse

RTS Info, 1 janvier 2023

Drame à Genève

Le Temps, 9 janvier 2023

Tunisie : 17 migrants disparus en mer

Infomigrants, 6 janvier 2023

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




FLASH INFOS #132

Sous la loupe : Un migrant franchit en parapente une palissade ultra-sécurisée / Un jeune requérant d’asile se suicide à Genève après avoir reçu une décision de renvoi dans un pays tiers / A Montpellier, une expérience pilote cherche à intégrer réellement les Roms

Un migrant franchit en parapente une palissade ultra-sécurisée
Le matin, le 2 décembre 2022

Le 1er décembre, vers 18h15, deux personnes ont vu un migrant voler avec un parapente au-dessus de la haute barrière ultra-sécurisée séparant l’enclave du Maroc et Melilla. Pour l’instant, ce migrant n’a pas encore été localisé par les autorités espagnoles. Sur cette frontière, il y a souvent des tentatives de passage de différentes manières, mais, selon le porte-parole de la préfecture de l’enclave, c’est la première fois qu’un migrant entre à Melilla en parapente.

Kristine Kostava
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Un jeune requérant d’asile se suicide à Genève après avoir reçu une décision de renvoi dans un pays tiers
RTS info, le 5 décembre 2022

Alireza, un jeune requérant d’asile afghan a mis fin à ses jours cette semaine au Foyer de l’Etoile à Genève, qui accueille des mineurs et jeunes adultes non accompagnés, après avoir appris le refus de sa demande d’asile et la décision de le renvoyer en Grèce. Ce jeune était arrivé en Suisse au printemps 2021, à l’âge de 17 ans, avec derrière lui un parcours migratoire traumatisant. Son entrée en Europe s’est faite via la Grèce, où il avait subi de terribles violences dans un camp de réfugiés, qui le décrivait comme un « trou noir ». Le corps médical a, déjà, averti les autorités fédérales que le jeune Afghan avait manifesté des intentions suicidaires.

Elvana Tufa
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

A Montpellier, une expérience pilote cherche à intégrer réellement les Roms
Le Monde, le 29 novembre 2022

La ville de Montpellier a mené une expérience sans précédent pour intégrer les Roms. Elle les a évacué du bidonville de Celleneuve pour les établir dans un « village transitoire » constitué d’une série de bungalows équipés d’eau et d’électricité. Une cinquantaine de familles ont accepté ce transfert. L’objectif est de parvenir à une insertion professionnelle durable, afin de leur permettre par la suite de disposer d’un véritable logement.

Elvana Tufa
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Le silence est dangereux

Illustration: Harith Ekneligoda / rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Libérer la parole pour s’émanciper de l’oppression

En opposition à de nombreux proverbes ou phrases bibliques qui invitent au silence, déclarant qu’il est sage de se taire, aujourd’hui nous devons clamer haut et fort que le silence est aussi dangereux!

Selon Clint Smith, professeur et écrivain américain, « le silence est le résultat de la peur et peut parfois être si nocif qu’il peut causer de graves problèmes sociaux tels que l’oppression, la discrimination, la violence et même les guerres. »

Combattre la peur seul nous mène à une défaite certaine mais, lorsque nous racontons notre peur à d’autres, cette peur s’estompe.

Pendant de nombreuses années, le silence a été utilisé comme une arme de soumission : au temps de l’esclavage, les esclaves devaient garder le silence face à l’humiliation et aux mauvais traitements de leur maître. Dire quelque chose, se plaindre ou ne pas se soumettre aux ordres du maître signifiait l’immédiate violence des coups de fouet et même la mort, non seulement pour celles et ceux qui osaient rompre le silence, mais aussi pour toute leur famille.

Dans le passé, les femmes ont été victimes de soumission : elles devaient se taire face aux abus de leur mari, de leurs parents, de leurs frères ; elles devaient se taire devant la société. On pourrait dire que le silence était l’allié de la peur, de la soumission et du manque de droits des femmes, jusqu’au jour où certaines d’entre elles, dont l’histoire a retenu les noms, ont décidé de briser ce silence et d’affronter leur peur. Elles ont alors commencé à écrire, parler, raconter ce qui se passait et à revendiquer les droits qui leur revenaient en tant que membres à part entière de la société.

Des peurs qui durent longtemps et qui finissent par être destructrices

Mais ne regardons pas seulement le passé : aujourd’hui encore, combien de femmes sont maltraitées et n’osent pas dénoncer leur agresseur, situations qui se terminent régulièrement par un féminicide ? Combien de filles et de garçons sont victimes d’abus sexuels commis par leurs proches, sans oser les dénoncer ? Combien d’enfants qui subissent du harcèlement à l’école n’osent pas dire ce qui leur arrive et finissent par se suicider ?

Les personnes qui demandent l’asile, elles aussi, souffrent du silence. Elles ont déjà essayé d’échapper à des traumatismes en fuyant leur pays et se retrouvent pourtant en dépression ou en clinique psychiatrique à cause de la pression et de nombreuses injustices, discriminations, abus d’autorité, racisme… provenance parfois des autorités d’asile qui les accueillent.

Un silence qui n’est plus que peur et totale soumission permet de perpétuer les abus et les mauvais traitements. Et à la fin, tous les abus cachés à la connaissance du public remplissent une boîte à secrets appelée « Silence » dans laquelle sont conservés les larmes, les cris, la rage et la souffrance.

Martha Campo

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.




FLASH INFOS #110

Illustration: Kristine Kostava / Rédaction vaudoise

Sous la loupe: L’arrivée massive de réfugié·e·s dans le sud de l’Italie inquiète / France : un jeune exilé retrouvé pendu dans une remorque de camion / Les gendarmes interceptent un fourgon transportant 23 personnes migrantes près de la frontière franco-italienne



L’arrivée massive de réfugié·e·s dans le sud de l’Italie inquiète

InfoMigrants, le 17.05.2022

Mardi 17 mai dernier, un petit bateau de pêche transportant 450 personnes migrantes a accosté à Pozzallo en Sicile. Cet événement est représentatif d’une augmentation massive de la migration sur les côtes italiennes.

Cette augmentation inquiète le gouvernement italien qui a d’ailleurs demandé un renfort militaire européen aux frontières. En effet, les autorités craignent l’augmentation des débarquements en Italie. Le point d’arrivée principal dans le district d’Imbriacola accueille actuellement environ 1’000 personnes alors qu’il dispose d’une capacité d’accueil de seulement 250 places.

De manière générale, les réfugié·e·s arrivent en Italie via la Sicile et Lampedusa, mais aussi via les Pouilles et la Calabre, dans le sud du pays. Selon les chiffres, 14’764 personnes ont débarqué en Italie depuis le début de l’année, contre 13’168 à la même période l’an dernier. Par ailleurs, plus de 4’000 demandeurs et demandeuses d’asile sont arrivé·e·s durant le mois de mai. Environ 17% viennent d’Egypte, 15% du Bangladesh, 11% de Tunisie, 8% d’Afghanistan et 6% de Syrie.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

France : un jeune exilé retrouvé pendu dans une remorque de camion

RTL INFO, le 11.05.2022

Le 11 mai dernier, une jeune personne exilée a été retrouvée pendu dans une remorque de camion qui se trouvait sur un parking d’une zone industrielle à Marck dans le Pas-de-Calais. Selon le procureur de la région, il est possible qu’il s’agisse d’un suicide.

L’alerte aurait été donnée par d’autres personnes migrantes, après qu’elles ont découvert le corps. Plusieurs décès de personnes en situation d’exil ont été recensés ces derniers mois dans la région, celle-ci étant une zone de transit pour les camions qui se dirigent vers l’Angleterre.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Les gendarmes interceptent un fourgon transportant 23 personnes migrantes près de la frontière franco-italienne

InfoMigrants, le 18.05.2022

Le 15 mai dernier, près de Sospel, dans la Vallée de la Roya, la gendarmerie française a contrôlé un fourgon qui transportait au moins 23 personnes migrantes. Le véhicule était guidé par une autre voiture avec deux passeurs à l’intérieur.

Les deux individus ont été arrêtés pour avoir fait traverser illégalement des personnes migrantes par la frontière. Toutes les personnes enlevées venaient de pays tels que le Nigeria, la Turquie ou encore l’Irak. Elles ont été placées sous la responsabilité de la police des frontières.

La Vallée de la Roya est l’un des points d’entrée principaux sur le territoire français pour les personnes migrantes en provenance d’Italie. De très nombreux effectifs policiers y sont mobilisés et les refoulements à la frontière sont fréquents, notamment en raison de l’intensification récente du contrôle aux frontières engagée par la France.

Karthik Neelamagen

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Les violences faites aux Iraniennes

Kristine Kostava / Voix d’Exils

Le suicide, le divorce ou l’exil

Dans la société conservatrice et patriarcale des petites villes et des campagnes iraniennes, les hommes ont quasi tous les droits sur les femmes de leur famille. Ils peuvent se montrer cruels et violents avec leurs épouses, leurs sœurs et leurs filles sans être inquiétés. Zahra, rédactrice iranienne de Voix d’Exils illustre les épreuves vécues par ses compatriotes en partageant une histoire vraie.

« Mon amie Soraya m’a raconté l’histoire épouvantable de son cousin Mohamad*. Né dans une famille riche et puissante, fils aîné d’une fratrie de cinq sœurs et trois frères, Mohamad est un homme brutal qui sait se montrer généreux avec ceux qui lui obéissent et ferment les yeux sur ses exactions.

Âgé de 40 ans, Mohamad s’est marié trois fois. A sa première épouse, Fatima, il a infligé de terribles violences physiques et morales. Après des années de mauvais traitements, épuisée, désespérée, ne voyant pas d’échappatoire, Fatima s’est étranglée avec un long foulard alors qu’elle était enceinte de son deuxième enfant. Lors des nombreux séjours hospitaliers de Fatima pour soigner les blessures infligées par son mari, la mère de Soraya lui a apporté des médicaments, des repas, elle a essayé de la réconforter. Malheureusement, Fatima n’en pouvait plus de sa vie faite d’humiliations et de souffrances. Rien n’a pu la retenir de commettre l’irréparable, pas même le bébé qu’elle portait ou sa petite fille Shilan.

Dans la ville où il habite, tout le monde savait que Mohamad maltraitait sa femme et qu’elle s’était suicidée. Pourtant, il n’a pas été inquiété.

Une fillette détruite

Comme beaucoup d’Iraniens, Mohamad estime que la place des femmes est à la maison. Elles doivent se consacrer aux tâches ménagères, à leur mari et à l’éducation des enfants. Hors des grandes villes, les Iraniennes n’ont pas le droit de quitter leur domicile si elles ne sont pas accompagnées par un homme de la famille, que ce soit leur mari, leur père, ou un frère… La scolarité, le travail et la vie sociale à l’extérieur, sont réservés aux hommes.

Malgré les idées rétrogrades de son père, et grâce à la protection de sa tante maternelle, Shilan a tout de même pu aller à l’école jusqu’à l’âge de onze ans. Après, elle a dû arrêter pour s’occuper de son demi-frère né du second mariage de son père. Après la fin tragique de Fatima, l’histoire va se répéter avec Shilan. Terrorisée par un père qui l’étouffe avec ses interdits et ne lui pardonne rien, la malheureuse s’est suicidée à l’âge de 13 ans en se pendant avec son foulard, comme sa mère avant elle. Le jour de son suicide, Shilan avait été battue par son père car son petit frère, dont elle avait la garde, s’était légèrement blessé la main pendant qu’ils jouaient ensemble.

Des sœurs tyrannisées

Amina, la deuxième femme de Mohamad, a demandé le divorce après cinq ans de mariage. Une décision difficile car elle est partie en laissant son fils avec son père. Mohamad aurait voulu punir cette femme qui préférait l’abandonner, mais il ne l’a pas retenue parce qu’il craignait qu’elle se suicide elle aussi s’il l’obligeait à rester avec lui. Il aurait alors pris le risque que la police se montre un peu plus curieuse que lors des deux précédents suicides et se sente obligée d’intervenir.

Après le départ d’Amina, Mohamad s’est marié une nouvelle fois et a eu trois enfants avec sa troisième femme. Il la maltraite aussi, mais comme elle vient d’un milieu pauvre elle subit et elle se tait. En tout cas pour le moment. Mohamad se montre prudent, il achète son silence et celui de sa belle-famille par des cadeaux et des versements d’argent.

Non content de tyranniser ses épouses et ses filles, Mohamad s’en prend aussi à ses sœurs. Quatre d’entre elles sont mariées, et on pourrait penser que leurs maris les protègent. Mais, comme ils ont très peur de leur beau-frère, ils prennent son parti et insistent pour que leurs épouses lui obéisse quelles que soient ses exigences.

Choisir l’exil ou mourir

Marjane, sa sœur célibataire, est la seule qui a osé lui résister. Avec le soutien de ses parents, elle avait terminé des études de comptabilité et avait un travail intéressant à la municipalité de sa ville avant de devoir prendre le chemin de l’exil. Elle aussi avait supporté pendant des années les reproches et les sarcasmes de son grand frère. A partir de l’âge de 16 ans, elle avait même fait plusieurs tentatives de suicide, heureusement sans succès.

Dernièrement, Mohamad avait carrément menacé de la tuer si elle ne se mariait pas au plus tard cet automne avec un homme âgé qu’il avait lui-même choisi et qui avait déjà quatre femmes.

Ne pouvant plus supporter les pressions et les menaces, sachant que ses parents ne pourraient pas la protéger plus longtemps, Marjane a pris la décision de quitter son pays. Elle a d’abord donné son congé à la municipalité, puis, lors de son dernier jour de travail, elle a mis le feu à son foulard. Avec l’argent versé par son employeur, elle est partie en juin dernier et a demandé l’asile en Allemagne.

Malgré les milliers de kilomètres qu’elle a mis entre son frère et elle, elle a toujours peur qu’il la retrouve et la tue. »

Zahra Ahmadyan

Membre de la rédaction vaudoise de voix d’Exils

*Tous les prénoms ont été modifiés