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Revue de presse #57

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : « Appréhender et poursuivre les trafiquants de personnes doit devenir une priorité » / Record historique d’arrestations à la frontières Sud des États-Unis / Espagne : un réseau de passeurs démantelé

« Appréhender et poursuivre les trafiquants de personnes doit devenir une priorité »

Le Matin, le 12 avril 2021

Le directeur régional de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) – Mohammed Abdiker – a annoncé le 12 avril que trente-quatre personnes migrantes sont mortes après le chavirement de leur embarcation dans le détroit de Bab-el-Mandeb. Ce détroit, qui sépare Djibouti du Yémen, est un lieu de fort trafic de personnes migrantes et de réfugié.e.s, où se croisent à la fois des Yéménites fuyant la guerre et des Africain.e.s allant tenter leur chance dans la péninsule arabique. Selon les survivant.e.s, le bateau en question aurait quitté le Yémen avec environ 60 personnes migrantes à son bord. A cet effet, Mohammed Abdiker a soutenu sur son compte Twitter « qu’appréhender et poursuivre les trafiquants de personnes doit devenir une priorité ».

 

Record historique d’arrestations à la frontières Sud des États-Unis

La Tribune de Genève, le 08 avril 2021

Selon des statistiques publiées le 8 avril 2021, les arrestations de personnes migrantes à la frontière des États-Unis avec le Mexique ont atteint, en mars, leur plus haut niveau en quinze ans. Plus de 172’000 personnes ont été appréhendées par les gardes-frontières le mois dernier après être entrées illégalement sur le sol américain; soit 71% de plus qu’en février. Parmi elles se trouvent toujours plus de mineurs isolés, dont le nombre a doublé pour s’établir à 18’890 arrivées – un record historique – selon les données des services des douanes et des gardes-frontières des États-Unis (CPB). Ces flux avaient commencé à augmenter en 2020, mais ont clairement bondi depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden. La hausse la plus importante concerne toutefois les personnes migrantes arrivées en famille, qui sont passées d’environ 20’000 en février à 53’823 en mars. Plus de 20’000 d’entre elles sont actuellement hébergées dans des structures d’accueil gouvernementales, dont certaines sont peu adaptées à la prise en charge de jeunes enfants, selon des données obtenues par le Washington Post.

De leur côté, les Républicains accusent Joe Biden d’avoir causé un « appel d’air » en assouplissant les politiques migratoires de son prédécesseur Donald Trump et d’ignorer le problème ainsi créé. Pour rappel, dès son arrivée au pouvoir, Joe Biden a suspendu les expulsions des sans-papiers, introduit un projet de loi pour leur offrir un chemin vers la citoyenneté et commencé à admettre une partie des demandeurs et demandeuses d’asile qui patientaient depuis des mois dans des camps au Mexique.

Espagne : un réseau de passeurs démantelé

L’Essentiel, 12 avril 2021

La police espagnole a annoncé le 12 avril avoir arrêté 20 personnes qui se livraient à un trafic de personnes migrantes sur des embarcations de fortune entre le Maghreb et l’Espagne. Leurs victimes – en majorité marocaines mineures – étaient approchées à Ceuta, une enclave espagnole sur la côte nord du Maroc se trouvant à quelques kilomètres des côtes du sud de l’Espagne, a indiqué la police dans un communiqué. Ces personnes migrantes effectuaient ensuite la traversée vers la péninsule Ibérique moyennant 2’500 euros, à bord de bateaux pouvant contenir 7 à 10 personnes. Les décès de personnes migrantes par noyade sont fréquents dans cette zone de la Méditerranée où 330 personnes sont mortes en 2020, selon un bilan établi par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Fin mars, 377 personnes migrantes étaient arrivés en Espagne par la mer depuis le début de l’année; dont plus de la moitié a touché terre dans l’archipel des Canaries, théâtre d’un flux migratoire croissant depuis la fin de l’année 2019.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 




Des belles «Promess»

Un dessin signé Saras Pages

Une illustration signée Saras Pages.

Enquête

Dans le courant du mois de juillet 2013, une opération policière dénommée «Promess» a été menée dans le canton de Neuchâtel à l’encontre des dealers. Suite à cela, Nicolas Feuz, procureur du canton de Neuchâtel, a soutenu, dans un article de 20 minutes paru le 4 juillet 2013, que « [presque] 90% des demandeurs d’asile originaires de l’Afrique de l’Ouest hébergés par le canton s’adonnent au trafic de cocaïne ». Surpris par cette allégation, la rédaction vaudoise de Voix d’Exils a mené une enquête pour vérifier la consistance de ce chiffre et Fbradley Roland a pris sa plume pour écrire un édito.

Les chiffres de M. le procureur disséqués par Voix d’Exils

Pour vérifier si neuf requérants ouest-africains sur dix seraient des dealers dans le canton de Neuchâtel, la rédaction vaudoise a procédé à une enquête qui s’est déroulée en deux étapes.

Dans un premier temps, nous avons tenté de nous procurer le rapport de l’opération Promess afin de vérifier la méthodologie qui aboutissait au chiffre divulgué à la presse. Mais, malgré nos investigations, nous n’avons pas réussi à obtenir ce rapport. Dans un courriel envoyé par M. le procureur à la rédaction vaudoise, ce dernier mentionne que «[l]’opération PROMESS regroupe en réalité autant de dossiers qu’il y a eu d’appréhensions policières et/ou de personnes formellement mises en cause dans ce cadre, ce qui représente plus d’une centaine à ce jour […] Les autres informations contenues dans ces nombreux rapports demeurent pour l’heure bien évidemment couvertes par le secret de fonction et le secret d’instruction».

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Les chiffres précis et officiels n’étant pas accessibles, nous avons alors opté pour une méthode comparative. Nous avons contacté l’Office fédéral des migrations (ODM) pour obtenir une liste du nombre total de requérants, notamment ceux d’origines ouest-africaines, enregistrés depuis l’année 2010 jusqu’au premier semestre de l’année 2013 dans le canton de Neuchâtel, afin de vérifier si les chiffres avancés dans l’article sont plausibles. Après analyse, nous nous sommes rendus compte que les chiffres (ou du moins leur interprétation) s’avèrent vraisemblablement très différents des chiffres divulgués par le procureur.

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Selon les données fournies par l’ODM, sur les 433 requérants d’asile ressortissants d’Afrique de l’Ouest, 164 sont originaires du Nigeria et 279 viennent des autres pays de cette région.

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Si, sur 130 interpellations (avec une marge d’erreur sur la « centaine » citée plus haut) 70% concernent des Nigérians (« la majorité » citée dans l’article), alors 30% des requérants d’asile (91 Nigérians et 39 Autres) sont arrêtés pour deal face à 70% des ressortissants d’Afrique de l’Ouest qui ne dealent pas.

Donc, d’une part, les dealers sont une minorité parmi les requérants d’asile ouest-africains et, d’autre part, selon le procureur, ceux qui dealent seraient en majorité des ressortissants d’un seul pays parmi 15.

Ces résultats sont bel et bien différents de ceux avancés par le Ministère public et la police neuchâteloise. Plus loin, dans ledit article, Monsieur Feuz ajoute : «[qu]’on arrête de nous dire que seule une petite partie des requérants ouest-africains pose problème et fait de l’ombre aux autres, c’est tout simplement faux».

Il est bien connu que les chiffres ne parlent pas d’eux-mêmes. La diffusion de tels chiffres dans l’espace public – avec les conséquences dévastatrices pour l’image des communautés africaines qu’ils engendrent – mérite une fine analyse. Dans ce cas précis, il faut prendre garde à la formulation. A savoir, si la majorité des dealers arrêtés sont des Nigérians et que le Nigeria est en Afrique de l’Ouest, alors il n’est pas faux de dire que 90% des dealers sont d’Afrique de l’Ouest. En revanche, au vu des chiffres, il y a une forte majorité de migrants d’Afrique de l’Ouest qui ne deal pas. Par conséquent, il est entièrement faux de dire que 90% des Africains de l’Ouest sont des dealers, 70% d’entre eux ne l’étant pas.

Loin des polémiques, cet article vise à contrecarrer des amalgames fâcheux qui, malheureusement, préjudicient beaucoup de requérants d’asile. S’agissait-il d’un effet d’annonce ? Pourquoi donc la presse n’a-t-elle pas interrogé ce chiffre, alors même qu’il paraissait surdimensionné ? Comment empêcher que de tels phénomènes se reproduisent à nouveau ?

Seul un travail de vérification est susceptible de restituer les faits, mais le mal est malheureusement trop souvent déjà fait.

Elom et Bamba

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

En Helvétie du deal : chacun trouve son bonheur !

Édito

Nicolas Feuz, procureur du Ministère public du canton de Neuchâtel, se félicite que le nombre de dealers ait diminué, que près de 150 grammes de cocaïne et 12’000 francs suisses aient été confisqués. Et par la même annonce que 56 trafiquants ont été condamnés à de la prison ferme pour une durée d’un à six mois. La présence des dealers en ville de Neuchâtel s’est raréfiée depuis l’opération baptisée «Promess», «La grande majorité des personnes interpellées sont des Nigérians», explique sans ambages Nicolas Feuz dans les colonnes du journal 20 minutes. Mais l’article ne précise pas le nombre de demandeurs d’asile à Neuchâtel, n’indique pas si l’opération est uniquement ciblée sur les ouest-africains, ni qui sont les «vendeurs-grossistes», ou encore comment des trafiquants confinés dans des hôtels luxueux arrivent à recevoir leurs marchandises. Répondre à ces questions permettrait de mieux comprendre et d’analyser ces faits. Comment donc ne pas s’offusquer du manque de volonté en Suisse d’ouvrir un débat en dehors des biais politiques et de ses amalgames fâcheux sur les questions de l’immigration, de la vente de drogues et du racisme ? Un pan du voile devrait être soulevé sur au moins quatre points pour clarifier ces épineuses questions: la corrélation drogue-immigration, les manipulations politiques de cette question, le sensationnalisme qui en est fait autour par les médias et la réalité du terrain.

En attendant cela, on peut dire que la vie en Suisse restera «belle» pour beaucoup de monde. Les barons de la drogue «cinq étoiles» s’en mettent plein les poches; la presse fait feu de quelques boulettes de cocaïne par ci par là et vend ses titres à tour de bras, certains politiciens en profitent pour se faire élire ou pour gagner des votations, une partie de la population s’en met plein les narines, et les petits détaillants ouest-africains jouent au chat et à la souris avec la police.

Bref, en Helvétie du deal, chacun trouve son bonheur!

FBradley Roland

Journaliste, contributeur externe de Voix d’Exils

 




Voix d’Exils poursuit son développement et gagne en visibilité

Les trois rédactions cantonales à la formation multimédia en Valais, juin 2012

Les trois rédactions cantonales à la formation multimédia en Valais, juin 2012.

Voix d’Exils, le blog des personnes migrantes coordonné par le Programme d’occupation Communication de l’EVAM, a poursuivi le développement de ses activités en recourant notamment à des nouveaux supports de communication. Bilan des principales réalisations pour l’année 2012 et perspectives pour l’année 2013.

Voix d’Exils se compose de trois rédactions cantonales : les rédactions vaudoise, neuchâteloise et valaisanne, qui fonctionnent en réseau, ce qui permet d’assurer des publications régulières sur le blog, mais aussi de regrouper des compétences ainsi que des infrastructures complémentaires.

Des activités éditoriales pointues et diversifiées

De janvier à novembre 2012, les trois rédactions cantonales de Voix d’Exils ont publié 74 articles, parfois très pointus, sur des thèmes variés en lien avec la problématique de la migration. Mentionnons trois articles exemplaires : l’article du rédacteur vaudois Roland FBradley, qui immerge le lecteur dans l’univers sordide de la prostitution des femmes migrantes en Suisse ; la couverture très bien documentée du 14 ème Sommet de la Francophonie, qui s’est tenu en octobre de cette année à Kinshasa, par Angèle Bawumue Nkongolo et Paul Kiesse, membres de la rédaction neuchâteloise ; ou, encore, le témoignage lumineux de Pita, rédacteur valaisan, qui invite les requérants d’asile à garder l’espoir, malgré les nombreuses difficultés qu’ils rencontrent sur les chemins tortueux de l’asile.

Voix d’Exils a également diversifié ses activités éditoriales. Ainsi, durant le mois de juillet, Sara Pages, de la rédaction vaudoise, a tourné et monté le premier film documentaire signé Voix d’Exils qui est consacré à l’utilisation des murs d’un abri PC de Monthey en Valais comme support d’art communautaire.

Caravane FM. Photo: Gilaine Heger

Caravane FM. Photo: Gislaine Heger.

A la fin de l’été, la participation de Voix d’Exils au nouveau projet de la Ville de Lausanne : la Caravane des Quartiers et à sa radio a offert aux membres de la rédaction vaudoise la possibilité d’expérimenter le reportage radiophonique en interviewant des animateurs et des résidents de la structure de jour EVAM des Boveresses.

Enfin, une nouvelle rubrique a aussi fait son apparition : l’Edito, qui permet aux rédacteurs chevronnés de s’exprimer de manière plus directe et plus personnelle sur des thèmes d’actualité et de société.

Consolidation de la formation multimédia pour personnes migrantes

La collaboration inter-cantonale est assurément le pilier qui permet au projet de se développer et d’innover dans ses différents domaines d’activités. Chaque semestre, les trois rédactions cantonales se rencontrent à l’occasion de réunions inter-cantonales où se définissent les orientations générales de Voix d’Exils. Notons que 28 participants étaient réunis le 31 mai dernier à Lausanne pour débattre des projets communs du blog.

En 2012, Voix d’Exils a centré son développement sur l’amélioration de sa formation multimédia qui est destinée aux trois rédactions cantonales et qui est coordonnée par la rédaction valaisanne. Cette dernière offre également l’accueil et l’infrastructure nécessaires pour dispenser les cours. La formation multimédia vise à initier les participants aux techniques de rédaction du journalisme, au web publishing, à la photographie et au droit de la communication, dans le but de rendre les rédacteurs autonomes dans la gestion d’un blog.

Voix d’Exils a notamment amélioré la formule de sa formation multimédia cette année, car les cours ont été préparés de façon à dynamiser la participation des membres. La durée des modules a été également augmentée, ce qui a permis d’approfondir les matières.

Une fréquentation en constante progression

Statistiques du nombre de pages vues par mois sur Voix d’Exils de juillet 2010 à novembre 2012.

Statistiques du nombre de pages vues par mois sur Voix d’Exils de juillet 2010 à novembre 2012.

La fréquentation du blog par les internautes est, quant à elle, en progression constante, ce qui atteste de la vitalité du média. La courbe de la fréquentation de ses pages a même connu une nette augmentation en octobre de cette année en passant de de 19’032 pages vues en septembre à 24’696 en octobre. Notons aussi, qu’en moyenne, la fréquentation du blog a quasi doublée entre les années 2011 et 2012. Cette hausse peut être notamment corrélée à deux facteurs. D’une part, le développement de nouveaux supports de communication et de promotion. A l’instar du nouveau dépliant présentant de manière succincte le blog en français, en anglais et en arabe, ce qui permet de mieux faire connaître le projet auprès des populations migrantes et du grand public suisse. D’autre part, à la médiatisation du projet, car Voix d’Exils s’est vu accorder une pleine page dans le quotidien romand Le Courrier (édition du 14.08.12), et une autre dans le mensuel des étudiants de l’Université de Lausanne L’Auditoire (édition de novembre 2012).

Perspectives pour 2013

Les objectifs pour l’année 2013, qui ont été discutés lors de la réunion inter-cantonale du 3 décembre, sont les suivants:

  1. Augmenter le nombre d’heures d’enseignement de la formation multimédia,
  2. Augmenter la visibilité du blog,
  3. Élargir la collaboration inter-cantonale à de nouveaux cantons romands.

Malgré la modestie des ressources dont dispose Voix d’Exils, ce média fait preuve d’un dynamisme surprenant et réjouissant. Cependant, la réalisation des nouveaux objectifs pour 2013 est aussi tributaire des moyens qui seront alloués au projet.

N’hésitez pas à consulter nos dernières actualités sur http://voixdexils.ch/ ou à nous suggérer des sujets d’articles.

Omar ODERMATT

Responsable de la rédaction de Voix d’Exils

Coordonnées des trois rédactions cantonales:

Rédaction vaudoise

+41 (0) 21 557 05 45

Etablissement vaudois d’accueil des migrants

Avenue du Bugnon 42

1020 Renens

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Rédaction valaisanne

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Centre de formation et d’occupation du Botza

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