1

Tout miser sur son entreprise

Chiheb Benrich. Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Le dossier de la rédaction : les migrants entrepreneurs

D’origine tunisienne, Chiheb Benrich est établi dans le canton de Vaud depuis 1998 où il a créé Pamir Prestations : une société de courtage de services financiers spécialisée dans les assurances. En tant qu’intermédiaire, la société offre les services des plusieurs compagnies financières et sert jusqu’à 10’000 clients en Suisse romande.

Le secteur des services financiers est très complexe et dynamique en Suisse. Particulièrement, dans le domaine des assurances, il existe une grande diversité en termes de prix et de couverture offerts par de nombreuses compagnies dans toutes les branches. Le choix du client dans une telle diversité est souvent facilité grâce aux courtiers qui vendent de nombreuses options d’assurances. Ces intermédiaires offrent à leurs clients la possibilité de comparer et de choisir ce qui convient le mieux à leurs besoins. J’ai eu la chance de rencontrer le Directeur de Pamir Prestations : Chiheb Benrich, à son bureau, où il m’a parlé de son parcours et de son métier.

D’employé à entrepreneur

M. Benrich est tunisien, en Suisse depuis 1998. Pour avoir de meilleures opportunités dans le pays d’accueil, il a étudié la sociologie de la communication à l’Université de Fribourg. Quand au travail après ses études, M. Benrich a gardé ses options ouvertes et s’est finalement retrouvé dans une entreprise de courtage d’assurances. Pour développer ses compétences dans le secteur des assurances, il a suivi des cours spécialisés parallèlement à son travail.

A travers des années de travail, M. Benrich a développé son intérêt fort pour le domaine du courtage de services financiers. Son expérience lui a permis de développer ses propres activités entrepreneuriales déjà en 2007. Et en 2010, M. Benrich a finalement lancé son entreprise de courtage d’assurances : Pamir Prestations. Il avait mis de l’argent de côté tout au long de son travail précédent, ce qu’il a utilisé pour financer sa start up. Il n’a jamais reçu d’assistance de l’Etat ou d’autres organisations.

A part son occupation entrepreneuriale, M. Benrich est aussi membre du Parti socialiste. Il est actif dans la vie politique et administrative de Chavannes-près-Renens, la commune dans le district de l’ouest lausannois où il habite avec sa famille. Elu par les citoyens pour la législature 2016-2021, comme tous les conseillers communaux de Chavannes-près-Renens, M. Benrich s’occupe de la gestion de la commune au niveau du budget et des comptes.

Pamir Prestations et ses services

Pamir Prestations (Pamir) est organisé sous la forme juridique d’une société à responsabilité limité (Sàrl) ce qui convient aux petites et moyennes entreprises où la responsabilité financière des personnes impliquées est limitée à leurs investissements (capital). L’entreprise est un intermédiaire d’assurance non lié à une compagnie d’assurance et est enregistrée auprès de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA).

Pamir loue des installations de bureau à Ecublens, une commune située dans le district de l’ouest lausannois. L’entreprise emploie entre 3 et 5 spécialistes en courtage d’assurances, dont un basé à Genève et un autre en Valais. M. Benrich collabore également avec un réseau de professionnels afin de fournir des services dans tous les autres domaines de la gestion financière.

Les clients de Pamir sont des privés et des entreprises de Suisse romande. Les offres générales pour tous les clients sont : les assurances et les conseils en prévoyance, ainsi que la gestion de dettes et les conseils pour le financement de différents projets. En outre, il y a les services liés à la déclaration d’impôt pour les clients privés ; et les services liés à la création, la fiscalité, la comptabilité et la gestion pour les entreprises.

Pour se faire connaître, l’entreprise distribue des flyers et fait sa promotion lors d’événements d’importance régionale. De plus, les bonnes relations de M. Benrich lui permettent de bénéficier d’un solide réseau d’apporteurs d’affaires.

Faire face aux défis et regarder au-delà

Être un joueur de taille modeste sur le terrain très concurrentiel de la finance constitue l’une des principales difficultés que M. Benrich a dû surmonter. Pour améliorer sa compétitivité, l’entreprise fait partie d’un regroupement de trois associés : des entreprises de courtage d’assurances. Les associés se rencontrent régulièrement pour définir leur stratégie commune. Notamment, ils négocient avec les compagnies d’assurances, décident des aspects de leurs offres et de leurs relations avec les clients, etc.

Pamir est au service d’environ 10’000 clients, dont 1’500 sont des fidèles. L’entreprise propose et conclut des contrats en représentant les principales compagnies d’assurances en Suisse. A l’avenir, M. Benrich poursuit l’ambition de développer davantage ses services de conseils financiers et de gestion fiduciaire.

MHER

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

>> Abonnez-vous gratuitement à Voix d’Exils en cliquant ici!

 

 




Toute une vie dans les foyers

Tady

Tady, le jeune Ethiopien. Photo : Gervais

Cette histoire est le témoignage atypique d’un jeune requérant d’asile éthiopien qui a passé plus de sept ans dans des centres de requérants d’asile. Arrivé en Suisse à 12 ans comme mineur non accompagné, tout lui semblait propice au départ. Cependant, après plusieurs années de vie cloitrée, voici aujourd’hui notre jeune enfant de cœur transformé en loup, cible privilégiée de nombreux tumultes.

Dans la petite chambre où trois lits occupent respectivement trois angles, un seau de poubelle titille l’oreiller de Tady Yalew à côté d’une table sur laquelle on peut retrouver quelques documents importants, des plats crasseux et des ustensiles de cuisine. En dessous, quelques petites marmites cohabitent et laissent échapper l’odeur d’un repas à peine mijoté qui parfume les lieux. A proximité, les tennis de fortune sont parfaitement rangés. Au physique, Tady est plutôt petit, environ un mètre soixante-sept pour soixante kilos. Avec ses longs cheveux noirs frisés soutenus par un bandeau et une barbe soigneusement taillée, il nous fait penser à un Américain ou un Jamaïcain. Son accoutrement lui donne l’allure d’un rappeur. On le dit réservé par nature, et croyant si l’on en juge par son inséparable collier à la croix de Jésus. Certains requérants du foyer de Ste-Croix le jugent quand-même très sociable.

« Après le centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe, mon frère et moi avons vécu successivement au centre de Chiasso, puis à l’abri PC de Bussigny au milieu des adultes. C’était très difficile, parce qu’il fallait se prendre en charge tout seuls à 12 ans. Après trois mois nous sommes allés dans un foyer pour mineurs du Service de protection de la jeunesse (SPJ) à Romainmôtier, puis à Lausanne où nous suivions l’école obligatoire. Nous avons ensuite poursuivi notre chemin dans un centre pour mineur non accompagné de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), également à Lausanne, pendant environ trois ans. Là j’ai débuté une formation de peintre en bâtiment et d’agent d’entretien à la Maison des jeunes de Lausanne.

Au bout d’un certain temps, la vie au centre était devenue un calvaire. J’ai alors effectué une demande auprès pour aller vivre avec une famille d’accueil, ce qui m’a été accordé. En dépit du soutien de mes deux familles d’accueil successives, qui n’ont jamais ménagé leurs efforts et à qui je dis merci beaucoup pour leur soutien indéfectible et leurs conseils, j’étais dépressif. Je continuais ma formation mais suite à l’absorption d’alcool qui m’a poussé faire des conneries, j’ai fait à plusieurs fois de la prison. Je buvais de plus en plus, je buvais au delà des limites et après ma dernière sortie de prison, on a exigé que je retourne en foyer. J’ai demandé si je pourrais habiter dans l’un des foyers de Lausanne proche de mon frère, mais la demande à été rejetée et j’ai été transféré à Ste-Croix, où je vis depuis un an et quatre mois. »

Il soupire un instant, et d’une voix grave il reprend : « Cela fait sept ans que je suis en Suisse. Dans les foyers, j’ai beaucoup appris : le français, la peinture et la culture de ce pays. Mais je vois les autres gens qui arrivent : ils font six, sept mois en foyer puis partent en appartement. Quant à moi je suis toujours comme un nouveau et ça me décourage. De son côté l’EVAM ne regarde que les erreurs que j’ai commises, mais jamais tout ce que j’ai fait de bien. J’ai finalement obtenu un transfert en logement individuel, mais une semaine plus tard j’ai été convoqué par la directrice du foyer, qui m’a annoncé son annulation, prétextant que je ne le méritais pas. Ca m’a bouleversé parce que je voulais être indépendant, et après sept ans, pour moi, c’était mérité. »

Tady affirme qu’il n’a jamais vendu de drogue ni volé dans les magasins. Il connaît mieux la Suisse que son pays d’origine, mais avoue qu’il est découragé de la vie, sans plus aucune motivation, ce qui le pousse à boire de l’alcool. Il s’indigne : « C’est toujours moi qu’on accuse : le jour où l’équipe nationale suisse affrontait celle d’Espagne en Coupe du monde, un incendie s’est produit dans ma chambre en mon absence et la police m’a interpelé. Quand il y a des vitres qui se cassent ou tout autre dégât, c’est encore Tady. Il est vrai que pendant la même période, j’ai brutalisé une copine du foyer qui m’avait manqué de respect, j’ai perdu la maîtrise. Maintenant on m’annonce que je suis transféré au foyer de Bex. Je suis pourtant contre… Faites quelque chose pour me sauver ! »

La situation de Tady Yalew, peut-on la classer dans le registre des enfants délinquants ? Selon lui, non. Mais Cécile Ehrensperger, responsable du secteur Nord et Ouest de l’EVAM, ne lui reconnait pas entièrement ce brillant passé, qui lui aurait sans doute permis de prospérer comme son frère, électricien aujourd’hui autonome financièrement.

La responsable affirme que « la police n’a pas inculpé Tady faute de preuve, mais de forts soupçons pèsent contre lui. » Elle reconnait par ailleurs que la prise en charge des mineurs avant 2006 était lamentable, et que le phénomène migratoire est douloureux. Mais l’annulation de son transfert en logement individuel a pour objectif de l’envoyer près de sa famille d’accueil à Bex et de ne pas le laisser s’alcooliser. « Cela n’est pas destiné à l’envoyer aux oubliettes, mais plutôt à lui dire de construire lui-même sa vie, de se responsabiliser et de reconnaitre qu’il a besoin d’une prise en charge médicale. »

De Bex aujourd’hui où le jeune Ethiopien continue son existence, Tady déclare que ça ne va pas vraiment, mais il reconnait toutefois que c’est mieux que Sainte-Croix. Là il a plus de possibilités, il rencontre très souvent l’intendant qui lui confie des tâches d’entretien. Il est volontaire et motivé, ce qui est tout à fait le contraire de Sainte-Croix où il ne faisait rien du tout. L’effet Cécile semble avoir porté ses fruits. Suite à une sélection assez serrée, il  a même été retenu tout récemment pour deux semaines de travaux d’intérêt général dans les pâturages d’Ollon, ce qui lui a même valu une interview sur Radio Chablais. Il envisage aujourd’hui de refaire une autre demande de transfert en logement individuel auprès de sa nouvelle directrice avec qui il a de bons rapports.

Gervais NJINGO DONGMO




Voix d’Exils inaugure son blog à la Caravane des quartiers de Lausanne

La Caravane des Quartiers dans les rues de Lausanne

L’équipe des rédacteurs de Voix d’Exils au micro de Caravane FM

 Le jeudi 23 septembre 2010, Voix d’Exils a rendu public son média social en ligne à l’occasion du passage de la Caravane des quartiers de Lausanne dans le quartier de Prélaz. Une étape importante dans le développement du projet.

Depuis mai 2010, la rédaction de Voix d’Exils qui est rattachée au programme d’occupation (PO) Communication de l’EVAM, mène des débats de fond sur le contenu, la forme et les objectifs de la nouvelle formule électronique de Voix d’Exils. Un été consacré au murissement des idées, et voici venu le temps de la récolte. Afin de marquer le coup, un banquet gargantuesque attendait les convives et pas moins de 80 personnes se sont rendues sur place pour célébrer la renaissance de Voix d’Exils. Fort heureusement le soleil était au rendez-vous pour ce dernier jour de l’été avec 24 degrés à l’ombre. Ce fut également l’occasion pour chaque membre de la rédaction de Voix d’Exils de prendre la parole et expliquer le projet sur les ondes de Caravane FM 92.4, la radio de la Caravane des quartiers, puis de vive voix devant l’assemblée et dans les trois langues du blog : en français, en anglais et en arabe.

La rédaction de Voix d’Exils tient en particulier à remercier le PO Cuisine de l’EVAM pour sa prestation qui fut d’une qualité remarquable, et toute l’équipe de la Caravane des quartiers pour sa contribution à la mise en place de l’événement ainsi que pour cette expérience radiophonique inoubliable que fut Caravane FM.

Cette étape symbolique étant franchie, notre objectif est actuellement de consolider l’implantation de Voix d’Exils en publiant des contenus plus régulièrement et en étendant notre réseau de contributeurs et contributrices. A cette fin, nous profitons de vous rappeler que toute personne souhaitant s’exprimer sur Voix d’Exils est invitée à partager avec nous les pages de notre blog, ce pour autant qu’elle respecte les termes de la charte rédactionnelle.

N’hésitez donc pas à vous manifester et à prendre contact avec la rédaction en envoyant un e-mail à : redaction@voixdexils.ch.

Omar Odermatt




Qui sommes-nous?

Les blogueurs de Voix d’Exils:

Un proverbe chinois dit : «  La mémoire la plus forte est plus faible que l’encre la plus pâle ».

Jean KAMUNGA SHEBA MULUNDA, originaire de la République Démocratique du Congo.

@@@@@@@@@@@@@@@@@

« Il faut parfois abattre une forêt pour construire une boîte d’allumettes ».

Chaouki DARAOUI, originaire de Tunisie.

@@@@@@@@@@@@@@@@@

« N’ouvrez pas la porte que vous serez incapable de refermer » (proverbe persan).

Modaber

@@@@@@@@@@@@@@@@@

« Le monde est un grand théâtre dans lequel ceux qui pigent tôt les mécanismes ont droit à leur entrée sur scène ».

Hassan CHER, originaire de Djibouti

@@@@@@@@@@@@@@@@@

« Je dessine et j’écris ici… car l’art et l’information sont la fenêtre qui me permet de voir la réalité; je continue ici ce que j’ai commencé ailleurs ».

Nashwan  BAMARNI, artiste originaire du Kurdistan – Irak

@@@@@@@@@@@@@@@@@

« Selon René Barre, le travail est l’exercice par lequel on lutte contre la rareté et tend à accroître les biens destinés à la satisfaction des besoins.

Selon moi, l’humilité, le respect et l’endurance sont quelques qualités dont on doit s’acquitter pour se faire une place au soleil ».

Gervais NJIONGO DONGMO, originaire du Cameroun

@@@@@@@@@@@@@@@@@

Parler est un besoin, écouter est un art » Goethe.

Omar ODERMATT, responsable de rédaction, suisse d’origine syrienne.

@@@@@@@@@@@@@@@@@




Charte rédactionnelle

Comme vous avez sans doute pu le lire dans la Charte éditoriale, ce média se veut participatif et est largement dédié à la liberté d’expression. Or, compte tenu du fait qu’il aborde des sujets qui font actuellement l’objet de vifs débats publics : la migration et l’asile ; il nous est paru important d’établir quelques règles d’écriture. Mais rassurez-vous, ces règles découlent, il nous semble, du bon sens.

Commentaires

Les commentaires permettent de faire vivre le blog en l’alimentant par des réflexions et en apportant des compléments ou des précisions aux informations publiées ce qui est à nos yeux essentiel. Tout un chacun est donc invité à réagir aux contenus publiés sur le blog !

Les commentaires publiés ne font pas l’objet d’un contrôle préalable, car nous ne souhaitons pas exercer de censure et partons du principe que toute personne est responsable des commentaires qu’elle édite.

Il est souhaitable, mais pas nécessaire, de divulguer son identité pour publier un commentaire. Nous partons du principe que le fait de masquer son identité permet parfois de divulguer des informations qui ne pourraient pas l’être autrement.

Les commentaires peuvent eux-mêmes faire l’objet de nouveaux commentaires.

Les commentaires sont libres et peuvent naturellement être critiques par rapport aux contenus édités ou aux opinions exprimées par les rédacteurs et les rédactrices. En revanche, toute critique ayant un contenu manifestement xénophobe, discriminatoire, diffamatoire ou sans fondement sera systématiquement écartée par la rédaction, et ce sans explication. Si un ou une internaute réitère la publication de ce type de contenu, il/elle encourt d’être interdit de publication.

Publication de contenus multimédia

Toute personne est habilitée à publier des contenus textuels, visuels, sonore ou vidéo sur le média.

L’ensemble des contenus sont au préalable soumis et débattus par la rédaction avant leur publication. Les contributeurs peuvent être invités à la séance de rédaction hebdomadaire à Lausanne pour présenter un sujet qu’ils souhaitent développer, ou discuter du contenu qu’ils ont réalisé.

La rédaction ne peut garantir des délais de publication. Les délais de publication dépendent de la masse de travail qui est soumise à la rédaction, et la priorité est accordée à la publication de contenus réalisés par des personnes migrantes.

Les contenus publiés sur ce blog sont libres de droits d’auteurs.

Cette Charte rédactionnelle est valable jusqu’à sa prochaine révision.

Fait à Lausanne, le 25 juillet 2010.