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L’intégration culinaire

Muriel Di Terlizzi, responsable de La Cantine assise à gauche, avec l’équipe du projet. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

Vaud – A la découverte du monde professionnel avec « La Cantine »

La Cantine, un projet de formation organisé par l’association TAF, recrute des réfugiés qui acquièrent des compétences pour la cuisine et le service et les mettent en pratique. Une fois par semaine, ils proposent une « cuisine du monde » à leurs clients à Bussigny dans le district de l’Ouest lausannois.

L’association TAF (Textile-Adulte-Formation), créée en 2014 à Bussigny, une commune dans le district de l’Ouest lausannois, réunit des personnes de toutes origines pour favoriser leur intégration sociale et professionnelle et encourager l’interculturalité. Son premier projet commencé en 2014 – la boutique Taffetas – offre aux femmes migrantes une formation professionnelle connexe. Le deuxième projet de TAF commencé à l’automne 2017 – la Cantine – offre aux réfugiés une formation de cuisine et de service en salle. Muriel Di Terlizzi, la responsable de la Cantine, qui est aussi formatrice FLE (français langue étrangère) et membre du comité de l’association, m’a raconté les activités du projet.

La Cantine

En Suisse, les réfugiés éprouvent souvent de nombreux problèmes qui rendent parfois difficile leur intégration dans le monde du travail tels que : les difficultés linguistiques, les exigences du système professionnel, et les ennuis personnels. La Cantine aborde ces problèmes dans le cadre de la restauration : à la cuisine ou au service. Les participants du projet peuvent pratiquer le français tout en faisant une première expérience professionnelle en Suisse. Ils peuvent développer et partager leurs compétences. Les participants peuvent finalement retrouver confiance en eux-mêmes. Chaque semaine, ils cuisinent un plat national différent, une « cuisine du monde », et le servent aux clients dans la salle. « Les clients sont contents de cette expérience, d’être servis par les migrants, des plats étrangers qu’on ne peut pas trouver ailleurs », explique Mme Di Terlizzi.

La Cantine a la capacité de recruter cinq personnes qui participent régulièrement aux activités pendant au moins six mois. Les objectifs ne se limitent pas à la participation au projet. La Cantine « accompagne et soutient ces réfugiés dans la recherche d’un emploi. Elle crée des liens entre les réfugiés, les habitants et les professionnels » ajoute la responsable du projet. A la fin, les participants reçoivent une attestation et ont aussi la possibilité de suivre le cours de cuisine organisé par la Bourse à Travail, une association basée à Lausanne qui propose des formations aux migrants en recherche d’emploi.

Pour financer le projet, l’association TAF s’appuie sur le bénévolat et l’autofinancement : le revenu sur les repas servis sert uniquement à couvrir les besoins du projet. La commune de Bussigny met quant à elle gratuitement à disposition la salle polyvalente « Au Raisin ».

Cuisine du monde : quand et où ?

C’est un jour par semaine, chaque mercredi vers midi, que la Cantine propose une cuisine du monde au prix d’environ 10 francs dans la salle Au Raisin – rue de Lausanne 3, 1030 Bussigny.

MHER
Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos :

La Cantine

Rue de Lausanne 3
Bussigny, Vaud, Switzerland
Tél. 077 473 73 64
FB : https://fr-fr.facebook.com/lacantinebussigny/

Photoreportage: les plats mijotent à la Cantine

Bussigny (VD). Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Bussigny (VD). Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Bussigny (VD). Photo: Eddietaz / Voix d’Exils

 

Bussigny (VD). Photo: Eddietaz / Voix d’Exils




Accueil de requérants d’asile en Valais : bientôt trois ans pour le centre des Barges

Les jardins des Barges. Photo: Voix d'Exils

Les jardins des Barges. Photo: Voix d’Exils.

A la fin du mois de mai, la rédaction valaisanne de Voix d’Exils a eu l’occasion de visiter le centre de formation et d’hébergement pour requérants des Barges à Vouvry. Les rédacteurs ont pu découvrir ce vaste domaine utilisé par l’office valaisan de l’asile depuis 2011. Ils ont également fait la rencontre de migrants et encadrants qui font vivre le site au quotidien.

Situé au beau milieu de la plaine du Rhône, le domaine des Barges à Vouvry s’étend à perte de vue, entouré de paysages magnifiques, au cœur des Alpes et à quelques kilomètres du lac Léman. Ce domaine de 5’000 m2 appartient à l’Etat du Valais. Depuis août 2011, il est utilisé par l’office valaisan de l’asile. Il sert de structure de formation et de 2ème accueil pour requérants d’asile. « 26 migrants y séjournent actuellement, hommes et femmes, entourés par 6 encadrants », précise Claude Thomas, responsable du centre. Le nombre de pensionnaires est en baisse, conséquence des derniers durcissements de la loi sur l’asile. « Nous avons la capacité d’accueillir une quarantaine de personnes », énonce le chef des lieux.

Depuis 2011, 152 requérants d’asile sont passés par les Barges. Sans véritable problème disciplinaire, se félicite Claude Thomas : « dans 90% des cas, cela se passe bien. Les quelques difficultés que nous rencontrons sont surtout liées à des incompréhensions linguistiques et parfois à la consommation d’alcool ». Mais ces dérives alcoolisées appartiennent au passé, promettent les résidents actuels que nous avons rencontrés. Quant à la cohabitation avec la population locale, elle est plutôt réussie selon Claude Thomas : « par ignorance, certains ont peur, d’autres sont ouverts. A nous de faire passer un message positif, même si ça prend du temps ».

Claude: le responsable des Barges (au centre) accompagné des 4 membres présents ce jour-là de la rédaction de Voix d'Exils. Photo: Voix d'Exils.

Claude: le responsable des Barges (au centre) accompagné des 4 membres présents ce jour-là de la rédaction de Voix d’Exils. Photo: Voix d’Exils.

Composé de deux grandes maisons et plusieurs ateliers, le domaine des Barges compte aussi de nombreux terrains pour le jardinage. De quoi héberger les différentes formations proposées sur place : cours de français, de couture et de coiffure, atelier cuisine, service, nettoyage, coupes de bois de feu, tri de bouchons ou encore agriculture. Les produits frais cultivés au domaine des Barges sont ensuite conditionnés ou utilisés dans les cuisines des différents foyers pour migrants du canton. Dans le même ordre d’idée, les requérants contribuent eux-mêmes à la rénovation du centre, dans le cadre d’ateliers liés au bâtiment. Les requérants participent également aux projets d’utilité publique en collaboration avec les communes environnantes. Mais malgré cette offre de formation, peu de requérants parviennent à trouver un emploi sur le marché suisse. « Leurs chances sont maigres, explique Claude Thomas. Pour les détenteurs d’un permis N, les possibilités se limitent à des domaines où le personnel manque : l’agriculture, les ménages privés et collectifs, les professions de la boulangerie-boucherie et l’hôtellerie restauration. La situation se simplifie avec un permis F ».

Malgré cette réalité, Claude Thomas encourage vivement les requérants à se former : « la vie est longue, on ne peut pas savoir ce qui se passera demain. Il vaut mieux avoir un diplôme dans son CV que de rester les bras croisés. Même si le requérant retourne dans son pays natal, personne ne pourra lui enlever ce qu’il aura appris ici ».

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Marie-Pascale: la prof de français dans sa salle de cours. Photo: Voix d'Exils.

Marie-Pascale: la prof de français dans sa salle de cours. Photo: Voix d’Exils.

« Travailler avec les requérants : un vrai partage »

Elle est suissesse, elle a 48 ans. Elle, c’est Marie-Pascale Chambovey, qui travaille au domaine des Barges depuis 2 ans comme professeur de français. La « maman des Barges », comme la considèrent les résidents, vit sa première expérience d’enseignante auprès d’étrangers. Rencontre.

Voix d’Exils : Marie-Pascale, expliquez-nous en quoi consiste votre travail ?

Marie Pascale : Je donne des cours de français chaque matin. Ces classes sont obligatoires. Chaque élève vient une demi-journée par semaine à mon cours. A mon avis, l’intégration passe par la connaissance de la langue française. J’essaie donc de leur apprendre des choses qui leur seront utiles au quotidien. Pour moi, ce n’est pas important qu’ils sachent la différence entre l’imparfait et le passé simple. Il est par contre nécessaire qu’ils apprennent certains aspects pratiques, c’est pourquoi j’organise des sorties de groupes sur le terrain, à la gare ou dans des magasins, afin que les requérants apprennent à se débrouiller eux-mêmes dans ces lieux.

D’où viennent les élèves à qui vous enseignez ?

La plupart sont originaires d’Afrique. Les femmes viennent d’Erythrée et d’Ethiopie. Les hommes d’Algérie, de Guinée équatoriale, de Turquie, de Syrie, du Maroc, de Tunisie, de Guinée, de Mauritanie, du Niger, d’Irak, d’Israël et du Libéria.

Et quelle est votre relation avec ces migrants ?

Cela se passe bien. Certains m’appellent même « la maman des Barges ». On vit dans un esprit familial. Je suis à leur disposition pour les aider et les renseigner tout au long de la journée.

La serre qui se trouve sur le domaine. Photo: Voix d'Exils.

La serre qui se trouve sur le domaine. Photo: Voix d’Exils.

Quelles sont les principales différences entre l’enseignement à l’école obligatoire et dans un centre pour requérants ?

Le côté administratif de l’enseignement obligatoire n’existe pas : pas de réunions avec les parents, pas de notes, etc. Par contre, le niveau n’est pas homogène. Les requérants présentent des niveaux très différents. Les Erythréens, par exemple, n’ont jamais étudié le français, au contraire d’autres Africains qui le parlent bien. Il faut donc une bonne planification qui s’adapte à chacun.

Vous semblez passionnée par ce travail. On sent chez vous une véritable vocation. Est-ce que cet emploi comporte malgré tout des aspects négatifs ?

Effectivement, on peut même parler d’une vocation familiale pour l’enseignement. Mes parents exerçaient la profession, je le fais également et ma fille s’y destine. Il est vrai aussi qu’enseigner à des requérants d’asile est très différent. A moi de chercher de nouvelles méthodes afin de faciliter leur apprentissage de notre belle langue.

A travers votre travail est-ce que votre vision des migrants a évolué ?

J’apprends tous les jours au contact des migrants. C’est un vrai partage de richesses. Pour moi, travailler aux Barges est un rayon de soleil. Le parcours de vie de nos requérants est parfois lourd. A nous de les encadrer au mieux : un vrai et passionnant défi !

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 

 




Voix d’Exils passe la barre des 50’000 clics

Après dix mois d’existence, la formule électronique de Voix d’Exils tire un premier bilan positif de son activité. Un article paru le 5 avril 2011 sur le site internet de l’Établissement Vaudois d’Accueil des Migrants (www.evam.ch) retrace les principales étapes de ce nouveau projet.