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L’équipe de Crissier l’emporte haut la main sur celle de Sainte-Croix

Quelques joueurs de l’équipe de Crissier

Le vendredi 15 juillet 2011 a eu lieu un match de football à Sainte-Croix qui a opposé l’équipe du foyer de Crissier de l’EVAM à celle du foyer de Sainte-Croix. 

Le premier but marqué à 14h40, soit 2 minutes après le coup d’envoi du match, par l’équipe de Crissier, a donné des vertiges à l’équipe adverse. Mais Sainte-Croix n’a pas tardé à égaliser en marquant un goal à son tour 2 minutes plus tard.

A son arrivée sur le terrain, l’équipe de Crissier s’était montrée très impressionnée par le gabarit des joueurs de Sainte-Croix. Mais sa technique footballistique très rodée l’a finalement emporté sur la taille des joueurs de l’équipe adverse.

Le match a pris fin avec un score final de 5 buts à 1 en faveur de Crissier.

Vive le sport qui rapproche les cultures et les hommes !

Hubert O YIGO

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils 




« La salle de fitness est un lieu d’intégration »

Le coach Demiri Mesret

Ancien requérant d’asile d’origine kosovare, Demiri Mesret est le responsable de la salle de fitness du Centre sportif de Sainte-Croix. Selon cet adepte de l’exercice physique, le sport aurait de nombreuses vertus. Témoignage.

 

 

 

Lorsqu’il arrive en Suisse pour demander l’asile, Demiri Mesret a 18 ans. Vingt ans plus tard, il a obtenu la naturalisation, s’est marié, est l’heureux père de deux jeunes enfants et exerce comme moniteur de fitness au Centre sportif des Champs de la Joux, centre qui accueille gracieusement les requérants d’asile. Pour cet homme volontaire et dynamique, le sport en salle est une des clés qui ouvre sur l’équilibre et l’intégration.

Comment êtes-vous devenu moniteur de fitness à Sainte-Croix?

Dès mon arrivée en Suisse, j’ai fait du fitness et j’ai étudié le fitness, d’abord par moi-même à la maison. Ensuite j’ai suivi une formation de moniteur à l’International Fitness Aerobic School de Nyon. Et depuis environ huit ans, je travaille dans la salle de musculation du Centre sportif de Sainte-Croix.

S’agit-il d’un travail ou d’un loisir ?

J’ai un autre travail qui me permet de vivre : je suis boulanger. Mon activité de moniteur de fitness est d’avantage un travail accessoire ou un hobby.

Lorsque vous étiez vous-même requérant d’asile, y avait-il une salle de sport ou de fitness disponible pour les requérants ?

J’ai d’abord vécu pendant trois mois à Kreuzlingen dans le canton de Thurgovie. Il y avait des salles de musculation, mais elles étaient payantes. A Sainte-Croix, ça fait environ huit ans que la salle de sport s’est ouverte et à peu près un an que les requérants ont le droit d’y faire gratuitement du fitness quatre jours par semaine de 17h30 à 20h00. Cette salle est également fréquentée par des étudiants du Centre Professionnel du Nord-Vaudois et par les membres des Sociétés de volley, de badminton, de tennis, de foot, de hockey ainsi que par les pompiers et les employés communaux.

Quelles sont les relations entre les requérants qui viennent faire de la musculation et les habitants de Sainte-Croix qui fréquentent la salle de sport?

Ils s’entendent bien. Il n’y a aucun problème entre eux.

Que faites-vous concrètement en tant que responsable de la salle de fitness pour que ces deux mondes communiquent entre eux?

A la fin de chaque journée, je leur propose de jouer ensemble requérants et gens d’ici. Au volley avec les équipes de volley féminin et au football avec les élèves du Centre Professionnel du Nord Vaudois. Ce sont des moments très appréciés.

En quoi l’accès à la salle de musculation a changé la vie des requérants d’asile qui la fréquentent?

Si on parle des requérants qui sont actuellement à Sainte-Croix, je dirais que c’est un très bon moyen de s’adapter à la Suisse, de rencontrer des gens d’ici. En tout cas, ils ont l’air d’être contents d’avoir une salle à disposition. Ce n’est pas partout qu’ils ont cette chance-là.

Combien de personnes fréquentent la salle de fitness ?

Il en vient une vingtaine par jour. Une dizaine de requérants et un peu plus d’habitants de Sainte-Croix et d’élèves du Centre Professionnel du Nord Vaudois qui viennent, eux, des quatre coins du canton de Vaud.

Est-ce qu’il y a des femmes ?

Il y a deux à six femmes qui fréquent la salle de fitness quotidiennement, pour beaucoup des Erythréennes.

Et vous, qu’est ce que cela vous apporte d’entraîner des requérants?

En tant qu’ancien requérant, je sais que faire du sport c’est se faire du bien. Rester tout le temps enfermé dans le Centre d’accueil, ce n’est pas vraiment l’idéal. Je suis bien placé pour savoir que leur vie n’est pas facile. Cela me fait donc plaisir de pouvoir les aider. La salle de fitness est vraiment un lieu où on peut se relaxer, s’occuper de soi, de sa mise en forme.

Quelle est la place du sport dans la vie des requérants?

La plupart ne font pas de sport parce qu’ils ont l’esprit occupé ailleurs et qu’ils ont beaucoup de soucis. Pourtant, les efforts physiques aident à se remonter le moral, à se motiver.

Est-ce que le fitness joue un rôle dans l’intégration ?

Oui, le sport permet de rencontrer du monde. Le sport permet de s’adapter aussi au pays dans lequel on vit, parce qu’on rencontre des gens qui ne sont pas tous des requérants. On discute, on fait connaissance.

Propos recueillis par :

 Javkhlan TUMURBAATAR

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Améliorer les relations hommes-femmes en s’ouvrant à l’autre

Atelier photo-langage. Photo: Javkhlan TUMURBAATAR

Échanges passionnants et passionnés lors de la journée Égalité qui a réuni, le 30 mars dernier, les résidents du foyer de l’EVAM de Sainte-Croix et de nombreux invités. L’occasion de lancer de multiples passerelles entre hommes et femmes, mais aussi entre les diverses cultures en présence. Nadia Ibe, assistante sociale à Sainte-Croix raconte.*

Après le traditionnel déjeuner café-croissants, les assistants sociaux Laurence Deruisseau et Pierre Amaudruz ont ouvert les feux de la journée Egalité 2011 en proposant un atelier de photos-langage. Les participants se sont montrés personnels et touchants, comme ce jeune Afghan qui a choisi de présenter une photo de famille parce que lui-même était seul et que sa famille lui manquait. Certaines personnes ont exprimé leur révolte face à des pratiques comme la lapidation ou le port de la burqa. D’autres encore, se basant toujours sur les photos proposées, ont rendu hommage à la beauté féminine tout simplement.

Les sociétés sont différentes, mais les besoins sont les mêmes

Conseillère à ProFa Yverdon, Laetitia Bornoz a animé un atelier intitulé « Egalité dans l’intimité : relations, sexualité, contraception, majorité sexuelle ». Là encore, beaucoup de réactions et d’interventions personnelles. Ainsi, en apprenant qu’en Suisse une femme peut recourir à une interruption de grossesse sans le consentement de son mari, un des participants a exprimé sa surprise et son indignation. Puis le groupe a réfléchi en commun pour tenter de se représenter l’obstination d’un mari voulant à tout prix assurer sa descendance une fois marié, et se montrant indifférent devant le souhait de sa femme de suivre une formation. La discussion a permis de faire la nuance entre « agir derrière le dos du mari » ou  – dans notre pays – « faire valoir ses droits ». D’autres participants ont dit leur difficulté à faire face à la sexualisation à outrance de leur société d’accueil. Certains ont exprimé leur peur et leur sentiment d’impuissance vis-à-vis du libre accès à la pornographie qui menace particulièrement les enfants. Au bout du compte, la discussion aura permis à tous de mieux comprendre l’importance de communiquer et de respecter les besoins de chacun. Et ce constat : que la société soit traditionnelle ou moderne, les besoins des individus sont partout les mêmes.

Pour le repas de midi, Armand Elhyani, chef de groupe à Yverdon et Sainte-Croix, a délaissé son ordinateur pour se mettre derrière les fourneaux et concocter avec l’aide de Benoît Clerc, le curé de Sainte-Croix, et de quelques résidents, de succulents farfalles au saumon et leur salade printanière. De quoi refaire le plein d’énergie avant de se lancer dans les ateliers proposés l’après-midi.

Des femmes rouges de colère

Anna Zurcher, assistante sociale, et moi-même avons animé l’atelier « Les 40 ans du droit de vote des femmes en Suisse ». En introduction, les participants ont pu visionner un extrait d’un documentaire auquel j’ai participé, soit « L’autre mon miroir » du cinéaste suisse Jean Charles Pellaud. La séquence présentée a été tournée le 8 mars 2004, lors de la journée de mobilisation organisée par le Collectif des femmes en colère. On y voit notamment la caravane de femmes rouges de colère sillonner le canton de Genève et faire halte dans l’entreprise des Laiteries réunies qui se distingue par ses très bas salaires.

A l’issue de la projection, Anna Zurcher, qui est également conseillère communale PS à Lausanne et présidente de Pro Juventute Vaud, a invité à un moment d’échange en revenant sur son parcours de militante et de migrante.

Aller au-delà des différences

Roland Béguin, verrier à Sainte-Croix et art-thérapeute, ainsi que Francine Blanc, étudiante en art-thérapie, ont proposé un atelier « Jeu – expression », pour que les participants puissent expérimenter des situations d’égalité et d’inégalité à travers des jeux et des mises en situation. De quoi découvrir ses spécificités propres et ses points communs avec les autres. Pour favoriser la participation de tous à cette journée exceptionnelle, parents et mères célibataires y compris, les assistants sociaux ont eu à cœur de mettre à disposition une structure d’accueil. En plus d’assurer la bonne marche de la journée, des installations techniques à la bonne coordination des ateliers, Andreas Zurbrugg s’est ainsi occupé, avec l’aide de Natacha Getman, de la crèche éphémère qui a accueilli dix enfants.

Une fois de plus, et pour la troisième année consécutive, la journée Égalité a remporté un grand succès grâce à l’investissement de toutes les personnes en présence et, en particulier, le travail remarquable des traducteurs sans qui une bonne partie des échanges n’auraient pas été possibles.

Les participants aux ateliers, plus d’une centaine sur la journée, ont tous exprimé leur contentement. Certains ont apprécié d’avoir eu l’occasion de se rencontrer entre résidents et personnel EVAM dans un contexte inhabituel. D’autres ont relevé leur satisfaction de pouvoir échanger et déposer leurs préoccupations. La grande majorité d’entre eux a souligné l’intérêt d’avoir accès à des informations utiles sur leur nouveau lieu de vie et leur nouveau mode de vie.

Nadia Ibe

Assistante sociale à l’EVAM

*Version initiale de l’article publiée sur l’intranet de l’EVAM




Les horizons cathodiques s’ouvrent au foyer de Sainte-Croix

La nouvelle télé est arrivée. Photo: Javkhlan Tumurbaatar

En février 2011, les 120 résidents du foyer de Sainte-Croix de l’EVAM étaient heureux d’accueillir un téléviseur à écran plat dans l’ancien vestiaire du Centre.

L’arrivée du petit écran était l’événement que tout le monde attendait depuis des mois au foyer de Sainte-Croix. Étant moi-même une résidente vivant dans ce foyer, j’ai pu constater les effets bénéfiques de cette nouvelle installation.

Des programmes accessibles pour les petits et les grands

Depuis que l’écran plat a été installé, les petits enfants ont la chance de pouvoir regarder les dessins animés comme les autres enfants de leur âge. Une mère me confie que depuis que son fils regarde les dessins animés à la télé, ceci lui permet d’échanger sur les aventures de ses héros préférés avec ses camarades de classe.  La télé serait en ce sens, pour les enfants, un moyen de s’intégrer à l’école parmi d’autres comme de jouer à des jeux. Les adultes, quant à eux, y passent du temps surtout pour suivre l’actualité sportive et politique. Cette télévision arrive à point nommé avec les événements qui se passent actuellement dans le monde arabe et en Afrique, car la moitié des résidents du foyer est justement originaire d’Afrique. A l’heure du télé-journal, ceux-ci se rassemblent dans le vestibule pour s’informer sur les derniers événements qui se sont déroulés dans leur pays d’origine, là où ils ont laissés leurs familles et leurs proches.

L’accès à l’information : une nécessité

Il est bon ici de rappeler que l’installation d’une télévision reliée au câble permet de visionner de nombreuses chaînes et de suivre les programmes en plusieurs langues étrangères comme en anglais ou en arabe. Le fait de pouvoir accéder à des programmes multilingues était très attendu par les requérants d’asile du foyer de Sainte-Croix, puisque la plupart d’entre eux ne maîtrise pas encore le français. Ainsi, le fait de pouvoir aujourd’hui visionner des films et des séries télévisées, même s’ils sont en français, va aider les requérants d’une part, à oublier un peu leurs problèmes quotidiens et d’autre part, à surtout améliorer leur niveau de français et en particulier leur expression orale ; ce qui représente en soi un autre effet bénéfique de l’installation.  La TV est un média ordinaire pour beaucoup de familles et de personnes vivant au foyer. Dans leur pays d’origine, elle leur permettait notamment de s’informer au quotidien sur le cours des événements. On comprend alors qu’il leur est inhabituel d’être privé de la télé, ou même carrément insupportable, pour la plupart des résidents, de ne pas pouvoir regarder les nouvelles, sachant que leur accès à internet est relativement limité. Le manque d’information rend encore plus difficile le chemin de l’exil, car les requérants sont alors non seulement éloignés de leur pays d’origine, mais en plus coupés de l’information qui leur permet de maintenir un lien avec leurs racines et de mieux comprendre cette nouvelle réalité qui les entoure à présent.

Javkhlan TUMURBAATAR

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Les « étrangers » sont parmi « nous »

Le cors des Alpes est un instrument initialement utilisé pour communiquer d'une montagne à l'autre

Le cor des Alpes, instrument initialement utilisé pour communiquer entre les montagnes.

A l’heure ou certains se font appelés « citoyens du monde », ou simplement « enfants de Dieu », et rêvent d’un univers sans barrières, d’autres semblent cependant avoir oublié d’où ils viennent, mais croient savoir où ils vont.

Suisse, Etat de l’Europe alpine créé en 1291, situé entre la France à l’ouest, l’Italie au sud, l’Autriche à l’est et l’Allemagne au nord. Plus varié que sa forte ossature montagneuse alpine et jurassienne, carrefour européen d’une superficie réduite d’environ 41,290 km2. Ce pays offre une belle diversité, non seulement géographique, mais aussi économique, culturelle avec quatre langues officielles. Une diversité également politique avec un Conseil Fédéral, d’ailleurs l’unique au monde, et bien sûr des partis politiques, dont l’un se fondant principalement sur les égoïsmes nationaux.

Qui sont les « étrangers »?

Très peu de citoyens suisses ont encore en mémoire le souvenir du 17e siècle, lorsque de nombreux helvètes avaient pris le chemin de l’aventure pour l’Amérique latine et celle du Nord pour y fonder des villes aux consonances très helvétiques comme « Vevay » dans l’État de l’Indiana ou « New Berne » qui se trouve dans le nord de la Californie. Peu de citoyens savent qu’actuellement 10% de la population suisse vit à l’étranger. Aujourd’hui, les citoyens et citoyennes suisses sont comme frappés d’une amnésie collective et ont oubliés qu’ils appartiennent à une population de migrants. Mais qui est donc cet « étranger » ? Un requérant d’asile ? Un homosexuel ? Est-il celui qui à un parent venu d’ailleurs ? Celui qui ne parle pas notre langue ? Celui qui ne s’adapte pas à la fondue ? Ou tout simplement celui qui à une couleur de peau foncée ? En date du 1er janvier 2010, la Suisse comptait 7’783’000 habitants, dont 1’711’000 âmes étrangères. Après une décennie de quasi-stagnation, la courbe des natalités a repris une tendance ascendante, et cet accroissement est dû désormais à l’arrivée des étrangers. Mais le regard est davantage pathétique chez les requérants d’asile déboutés et NEM, qui enregistrent l’un des taux de natalité des plus élevés, surtout qu’il s’agit là d’enfants innocents qui arrivent au monde avec un destin scellé de « bébés déboutés ». Selon L’OIM (Organisation International des Migrations), sur quatre personnes qui gagnent leur vie en Suisse, une est étrangère. Rappelons ici que sans cette main d’œuvre étrangère, l’économie suisse ne fonctionnerait tout simplement pas. La Suisse emploie surtout cette population dans le personnel d’appoint : la construction, la restauration et l’hôtellerie ; des secteurs d’activités qui intéressent peu les autochtones. Notons cependant que depuis 2002, les travailleurs européens peuvent venir voir si l’herbe est plus verte en Suisse grâce à l’accord sur la libre circulation des personnes, alors qu’à l’époque, les égoïstes nationaux craignaient les effets de cette décision politique. Pourtant, en 2005, l’impact de cette ouverture du marché de l’emploi sur l’Europe s’est révélé finalement très faible, ce qui nous rappelle un adage bien connu « s’il y a pour un, il y a pour tous ».

Les « étrangers intégrés »… sont-ils intégrateurs ?

Est-ce que les étrangers intégrés, qui sont au bénéfice d’un permis de séjour stable et qui vivent depuis des décennies en Suisse rendent pour autant plus facile la tâche aux nouveaux venus ? Je ne crois pas vraiment, dans la mesure ou le statut de chacun divise très souvent la population étrangère elle-même. Les déboutés se retrouvent trop souvent sans frères ni amis. Plongés dans la solitude, ils n’ont plus que les bénévoles pour leur tenir la main. Selon un adage africain : « certains mangent et cassent ensuite la marmite » et c’est bien ce qui semble être le cas entre les étrangers intégrés et les nouveaux venus. En effet, certains étrangers intégrés dissimulent leur identité pour s’avouer suisse. Or, ce n’est qu’une histoire de nationalité acquise et quelques-uns vont même jusqu’à devenir les ténors d’un parti politique réputé hostile aux étrangers. Ceci est perceptible dans certains milieux étrangers où se conjuguent trahison et jalousie. Une tendance parmi les étrangers en possession d’un titre de séjour valable est de déserter ceux qui vivent dans la précarité. Preuve en est qu’on trouve très peu d’étrangers naturalisés ou intégrés s’investissant de manière bénévole en faveur de ceux qui ne le sont pas. Comment le processus d’intégration peut-il se faire si les portes se ferment à toi ? Est-il suffisant de s’adapter ?

Une intégration réussie est-elle suffisante?

Kader Zoumana Dosso photographié par Gervais Njiongo Dongmo

Kader Zoumana Dosso. Photo: Gervais Njiongo Dongmo

Personne n’a encore oublié le 1er août à Sainte-Croix lors duquel un requérant d’asile ivoirien du nom de  Kader Zoumana Dosso, érigé comme modèle d’intégration, a pour la première fois de l’histoire helvétique tenu une allocution officielle lors de la fête nationale. Le quotidien 24 heures lui avait même consacré la première page de son édition en raison de son intégration réussie sur tous les plans : pompier bénévole, emploi rémunéré, appartement à ses frais, impôts payés et surtout pas connu des services de police. Une intégration tellement réussie que certains disent de lui qu’il s’y connaît mieux qu’un suisse en matière de fondue et de raclette ! Seul bémol, comme il semble être de coutume pour les personnes ayant ce profil,… L’ODM exige de lui qu’il quitte la Suisse. Entre-temps, soutenu par pléthore de personnalités suisses, dont Paul Schneider, chirurgien à la retraite et président de Café contact, une association de bénévoles auprès des requérants d’asile, Blaise Fatterbert,  syndic socialiste de Sainte-Croix, ou encore Thierry Blaser, président du groupe Ouverture. Un élan qui à même reçu l’adhésion des partis politiques, dont L’UDC de Nicolas Warren, président de la section UDC du balcon du Jura. Tous reconnaissent le parcours exemplaire de Kader Zoumana et ils se sont engagés dans une course contre la montre pour la  collectes de signatures de soutien. Comment les nouveaux venus vivent-ils cette situation et celle-ci les incitera-elle vraiment à «s’intégrer » ?

Les « étrangers » ne sont pas des dossiers

Dans ce grand débat que représente l’asile, beaucoup oublient qu’ils ont affaire à des êtres humains en chair et en os et non pas à des piles de dossiers qu’on élimine sans conséquences. Un jour viendra peut-être le moment d’assumer les répercussions dramatiques de ces décisions et actions. S’agirait-il d’une volonté délibérée de dissuader les requérants d’asiles à s’intégrer ? Toujours est-il que des personnes se retrouvent dans cette situation qui est souvent due à la longueur et à la complexité des procédures rallongeant à tel point la durée du séjour qu’ils finissent par ne jamais repartir. Ils se retrouvent alors dans la précarité et nul n’ignore que celle-ci est à l’origine de l’alcoolisme, de la dépression, de la délinquance. Maux de notre temps qui n’est pas exclusivement l’apanage des étrangers, mais susceptibles d’atteindre toute personne en situation d’instabilité ou marginalisée.

Gervais NJIONGO DONGMO