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CORONAVIRUS

Auteur: Rudychaimg. CC-BY-SA-4.0.

Procédures d’asile suspendues ou pas?

La plupart des activités non essentielles en Suisse et un peu partout dans le monde s’arrêtent pour essayer de stopper la propagation du Covid-19. Qu’en est-il des procédures d’asile en Suisse ? Point de situation.

Les défenseurs des droits humains et/ou des droits des requérants d’asile et des étrangers, requièrent des institutions la suspension des procédures d’asile.

La Section Suisse d’Amnesty International, préoccupée par la situation des requérants d’asile dans les centres d’accueil collectifs, a appelé les autorités à « suspendre les procédures d’asile avec effet immédiat et jusqu’à nouvel ordre ». Elle soutient qu’en raison de la propagation du coronavirus, une procédure d’asile équitable ne peut plus être garantie : les conseils juridiques étant réduits ou absents, les examens médicaux impossibles à assurer, les possibilités de recours improbables, etc… Amnesty Suisse appelle les autorités à veiller à ce que les directives de l‘Office fédérale de la santé publique (l’OFSP) et des mesures de protection soient assurées dans le détail aussi bien dans les centres d’asile fédéraux que dans les centres de transit et les lieux d’hébergement d’urgence.

Stopper l’expansion du virus et protéger les plus vulnérables

Le souci majeur de la Section Suisse d’Amnesty dans le contexte actuel est de suspendre toute activité pouvant participer à l’expansion du virus et de se concentrer d’abord à éviter d’exposer les plus vulnérables, entre autres les personnes âgées et/ou souffrant d’affections préexistantes ainsi que les requérants d’asile ne bénéficiant pas de titre de séjour légal en Suisse, et pour lesquels il est plus difficile d’accéder aux soins médicaux.

A l’instar d’Amnesty Suisse, des organisations de défense des droits des requérants d’asile ont aussi réclamé d’une seule voix des mesures de protection pour tout le monde. Il s’agit notamment de Solidarité Sans Frontières, Anlaufstelle für Sans-Papiers/Basel, Droit de Rester/Neuchâtel, L’AMAR, Solibrugg Beratung und Schreibstube für Flüchtling/Asylsuchende, Suhr/Aarau, Solinetz/Zurich, Vivre Ensemble.

Pour les mêmes raisons qu’Amnesty Suisse, ces organisations exigent du Secrétariat d’État aux migrations (le SEM) et du Tribunal administratif fédéral (TAF) chacun en ce qui le concerne, de surseoir sur toute la procédure d’asile, c’est-à-dire la suspension des entretiens et des auditions, ainsi que l’arrêt de prononcer des décisions. Elles demandent également le désengorgement des centres d’accueil fédéraux.

Elles requièrent, cependant, la poursuite de l’enregistrement des nouvelles demandes d’asile, la libération des personnes en détention administrative ainsi que l’information des requérants sur leur situation, notamment sur la suspension de tous les renvois en raison des mesures de restrictions sur tous les vols conséquentes à la pandémie.

Pour les sans-papiers, les organisations demandent à ce que priorité soit donnée à leur accès aux soins en leur assurant une couverture médicale liée au Covid-19 et une confidentialité absolue dans tous les établissement d’accueil, afin de ne pas les effaroucher et qu’ils en viennent à renoncer aux soins. Elles insistent également – tout comme Amnesty Suisse – sur les mesures destinées aux plus vulnérables et mettent l’accent sur le besoin de solutions flexibles et inclusives, c’est-à-dire qui tiennent compte du fait que les bénéficiaires n’ont ni adresse fixe, ni permis de séjour valide, ni fiche de salaire, etc.

Les auditions momentanément suspendues par le SEM

Dans son interview en date du 22 mars 2020 pour le journal suisse « Blick » Mario Gattiker, le directeur du SEM,  a déclaré, entre autres, que le SEM ne suspendrai pas les procédures d’asile, mais uniquement les auditions et ce, pendant une semaine. Le temps d’équiper notamment les salles d’audition de parois en plexiglas pour protéger les participants.

D’ailleurs, la page d’accueil du SEM sous le titre « Centres fédéraux pour requérants d’asile », affirme que des cas de coronavirus ont été identifiés parmi les demandeurs et le personnel soignant des centres d’asile fédéraux «le SEM a suspendu tous les entretiens en matière d’asile et a pris des mesures de sécurité structurelles . L’objectif est d’assurer le Social Distancing (la distanciation sociale ndlr.) dans les centres d’asile fédéraux. »

Ce jusqu’à la fin des travaux en cours dans les centres d’audition pour protéger les participant.e.s, notent dans une tribune commune parue dans le quotidien Le Courrier en date du 26 mars Sophie Malka, coordinatrice et rédactrice de Vivre Ensemble, et , secrétaire générale de Solidarité sans frontières. Dans leur prise de position commune, elles questionnent si les priorités du SEM sont bien judicieuses, eu égard à la pandémie et aux instructions sanitaires qui ne cessent d’être martelées par la Confédération. « Eriger la politique migratoire au-dessus de la santé publique comme le font le directeur du SEM, les responsables du Tribunal administratif fédéral et leur supérieure hiérarchique, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, relève de l’irresponsabilité et du déni de réalité. », peut-on lire en conclusion.

Donc, à l’heure actuelle, seules les auditions sont interrompues momentanément. Les autres aspects des procédures d’asile se poursuivent.

Les procédures d’asile s’arrêteront-elles ou ne s’arrêteront-elles pas ? En ces temps d’incertitudes extrêmes, nul ne peut prédire ce qu’il en sera demain.

Valmar et MCI

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 




Grève des femmes

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

Une migrante du Burundi nous raconte son 14 juin

Vendredi 14 juin, le ton de LA journée de la grève est donné à la gare de Bex : une dame d’âge mûr, coiffée et maquillée avec grand soin, vêtue d’une jupe et d’une veste de couleur violette assorties d’une légère écharpe bleuâtre, fait les cent pas sur le quai d’un pas ferme et sûr. Elle est d’une élégance juste époustouflante. A quel rendez-vous matinal peut-elle bien se rendre? Suis-je bête ? A Lausanne of course !!!

Par Marie-Cécile Inarukundo

Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

Groupes de discussion à l’EVAM

A 10h30 j’entre dans le hall des bureaux EVAM près de Vidy où quelques femmes en pleine discussion s’affairent à distribuer les dépliants et les autocollants de la manifestation. Une réunion va avoir lieu dans quelques instants dans le restaurant du rez-de-chaussée. Elles portent des habits aux couleurs du jour.

Autour d’un café, de petits groupes de femmes se forment dans le rire. Cadres et non cadres, bénéficiaires de l’EVAM, elles relèvent à tour-de-rôle les « nœuds-clés » de leur vécu : le « sexisme » des hommes qui se cache parfois sous l’humour ; le poids du vocabulaire ordurier utilisé au quotidien, même par les plus jeunes (comme par exemple le mot « putain ! ») ; le plafond de verre qui relègue les femmes au second plan dans les milieux professionnels ; etc.

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

Je suis personnellement interpellée par les paroles d’une des intervenantes qui traduit, à mon avis, le quotidien de la majorité d’entre nous. Elle pointe du doigt « la double journée de la femme », lorsque, aux heures de travail de bureau s’ajoutent une quarantaine d’heures supplémentaires hebdomadaire à s’occuper des tâches ménagères et du soin aux enfants. Pendant que l’homme, lui, sa journée de travail terminée, se prélasse sur le canapé et zappe gentiment entre son portable et la télé, en attendant de se coucher. Et parfois, en criant par-dessus le bruit des enfants qui jouent, lance : « C’est l’heure d’aller au lit ! A l’intention de la femme, bien sûr ! »

Au cœur de l’action

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

En début d’après-midi, départ pour Lausanne, un des lieux de rassemblement. Sur la place Saint-François et dans les rues adjacentes, les jeunes filles, les femmes adultes et les plus âgées sont plutôt détendues et de bonne humeur. Elles sont blanches, bronzées, franchement brunes et même carrément noires. Portent les cheveux longs ou courts, des mèches colorées, le voile… Aujourd’hui, elles ne se croisent pas dans une totale indifférence. Elles se regardent dans les yeux et s’envoient des sourires, des coups d’œil complices, font des commentaires sur le contenu des pancartes, rient ensemble. Il y a beaucoup de bébés aussi et de femmes enceintes.

Dans une moindre mesure, mais présents aussi, on peut voir des hommes venus les soutenir.

« Non à la violence », « Je ne suis pas un objet », « Je ne veux plus rentrer de soirée en flippant », « Fortes, Fières et en Colère » sont quelques-uns des slogans qui expriment le ras-le-bol et qui accompagnent les revendications d’égalité de salaire et de considération au travail. Il y a plein de discours et la foule rose et mauve entonne des chansons.

Les leçons du jour 

Plus les heures passent, plus les femmes arrivent en nombre. Sûrement du travail, pour celles qui n’ont pas pu libérer leur journée. Elles viennent aussi d’autres villes du canton. La gare de Lausanne n’en finit plus de voir passer des grappes de femmes qui vont former un magnifique cortège sillonnant les rues jusqu’au grand rassemblement au « QG » du canton : la Place Saint François.

Dans le train du retour qui me ramène chez moi, je repense à ce que j’ai vécu et découvert dans le courant de cette journée très spéciale. L’anatomie très précise de deux parties très intimes de la femme en 3D et la démonstration de deux bonnes prises d’auto-défense en cas d’agression…

Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est que les femmes aient pris leur temps pour préparer cette grève qui s’est déroulée dans la plus parfaite sérénité et qui a réuni entre 40’000 et 60’000 personnes rien qu’à Lausanne. Du jamais vu. Elles ont ainsi assuré le succès de leur entreprise à l’échelle du pays. Mon sentiment est que les destinataires de leurs messages ne devraient pas prendre leurs revendications à la légère. Ne dit-on pas : « ce que femme veut, Dieu le veut » ?

Je souris en repensant au message musclé de la dernière pancarte que j’ai lue juste avant de partir :

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

Marie-Cécile Inarukundo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Photoreportage d’Eddietaz, photographe de Voix d’Exils

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.

 

La Grève des femmes du 14 juin 2019. Photo: Eddietaz / Voix d’Exils.