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La force d’un rêve

Tavre Tebenko

La boxe pour surpasser la vulnérabilité de l’exil

Ce récit inspirant raconte l’histoire de Tavre Tebenko, un jeune réfugié ukrainien qui a trouvé la force de poursuivre son rêve malgré les défis de la guerre et de l’immigration. Dès son plus jeune âge, Tavre s’est passionné pour la boxe, et avec le soutien de sa famille, il a persévéré pour atteindre son objectif : participer aux Jeux olympiques!

Après le début de la guerre en Ukraine, de jeunes réfugiés ont recommencé leur vie avec de nouveaux défis. Chaque étape de l’exil exige la maîtrise de la langue et l’enfance passe rapidement. Leur résilience a été un exemple pour toutes et tous!

Il est généralement admis que les enfants s’adaptent facilement aux changements. Alors que les parents reconstruisent leur vie, les enfants doivent simplement aller dans une nouvelle école, parler une nouvelle langue, uniquement se passer de leurs amis ainsi que de leurs enseignants et enseignantes habituels. La rédaction de Voix d’Exils a rencontré un jeune garçon qui a trouvé sa voie vers l’intégration grâce au sport.

 

A 4 ans il commence le sport

Tavre Tebenko est un adolescent déterminé et rêveur qui adore les animaux et en particulier les chiens. À l’âge de 4 ans, il commence à pratiquer le sport à Kiev, la capitale de l’Ukraine. À l’âge de 6 ans, avec le soutien de sa famille, il trouve en la boxe son sport préféré. Son père l’a beaucoup aidé, notamment en trouvant un bon entraîneur qui avait formé des sportifs célèbres tels que Vladimir et Vitaly Klitschko. Dès l’âge de 9 ans, il commence à rêver et à se préparer sérieusement pour participer aux Jeux olympiques.

 

Le rêve comme source de force

Malgré le fait d’avoir perdu sa patrie, Tavre n’a pas abandonné son rêve. Il continue de travailler dur, s’entraînant sous la direction de son entraîneur par téléphone depuis l’Ukraine, avec la stricte supervision de son père.

Aujourd’hui, ce jeune homme de 15 ans concourt dans la catégorie de poids jusqu’à 54 kg parmi les personnes nées entre 2007 et 2009. Il vise déjà le succès sportif et planifie sa future participation aux Jeux olympiques. En même temps, la mère de Tavre, ainsi que ses deux frères et deux sœurs, le soutiennent énormément en lui fournissant une orientation et, bien sûr, la confiance nécessaire à un boxeur.

L’immigration peut vous rendre vulnérable, mais cela ne signifie pas que vous deviez abandonner votre rêve. Parfois, c’est précisément ce rêve qui vous permet de rester fort mentalement et physiquement.

Yuliia Ryzhuk

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Ma gratitude éternelle

Auteure: Olga Kutsyna.

Une famille d’accueil pour se reconstruire

Pour une femme, quitter son pays d’origine est un pas décisif vers l’inconnu. Il n’y a pas de pays, d’origine ou de confession religieuse, quand il faut fuir une guerre, de surcroît quand vous avez des enfants. L’instinct de mère protectrice impulse une force, un courage et une détermination sans limite ou presque.

Le chemin est unique pour chacune et chacun d’entre nous, mais une femme restera toujours plus vulnérable face à la guerre. Traite des êtres humains, exploitation sexuelle et autres abus laissent des traces sur leur santé et leur avenir, aussi bien physiques que mentales. De plus, la barrière de la langue dans le pays d’accueil, les nouvelles coutumes et lois inconnues rendent la vie difficile.

Une famille d’accueil est le moyen le plus rassurant pour une bonne intégration et commencer une reconstruction. Bien sûr, il peut être difficile pour une adulte habituée à une vie autonome de se retrouver dans l’environnement d’une famille inconnue. Les différences culturelles, le sentiment de dépendance, ainsi que le sentiment de la honte de son propre « échec » peuvent mettre à mal les premiers pas vers une intégration. Mais tout cela ne dure qu’un temps. La gentillesse, la patience et le réconfort de nos familles d’accueil nous donnent la confiance et nous apaisent.

Des sacrifices inestimables

Je tiens à remercier la Confédération suisse de nous avoir accueillis en ces temps troublés ainsi que ma famille d’accueil qui a été, et qui est toujours, un immense soutien pour notre famille.

Ma gratitude restera éternelle car la famille qui nous a accueillis a sacrifié ses ressources et son temps pour nous fournir un abri, de la nourriture et d’autres choses nécessaires. Ils ont essayé de nous protéger des soucis et des problèmes, ils ont pris le temps de nous comprendre, de nous calmer, pour qu’on devienne plus forts et pour qu’on puisse recommencer à vivre d’une nouvelle manière, malgré l’effondrement des espoirs et des rêves. Ils ont aidé mes enfants dans leur formation, en douceur et très délicatement en prenant en compte la complexité de l’adolescence. Le père de famille est devenu un exemple d’homme fort et noble pour mes fils. Et la femme qui est le cœur et l’âme de cette famille est très patiente et gentille, elle m’a aidé à reconstruire ma confiance dans ce monde et m’a motivée pour mes futurs projets.

La volonté de protéger autrui, de ne pas être indifférent à ses souffrances et de lui apporter de l’espoir est une forme de gentillesse qui est donnée gratuitement. Si vous acceptez ce cadeau, vous pouvez changer et reconstruire votre vie grâce à ces personnes autour de nous qui essayent d’améliorer notre vie. Cette merveilleuse expérience restera gravée dans mon cœur et dans ma mémoire pour toujours. C’est la raison pour laquelle je souhaitais partager mon expérience avec vous et apporter mon soutien à celles et ceux qui en ont besoin.

Nadiia Kutsyna

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Les rêves morts

Auteur: Harith Ekneligoda / Voix d’Exils.

Un poème de Khaleda Alzobi

Nous avons traversé la calamité

Connu les larmes, la nudité

Nos pieds nus

Ecorchés sur les épines de la vie

Sous les coups de la douleur

Les larmes tombent de mes yeux

Devant les décombres de destruction

Parmi les cadavres

Sous le rire des imbéciles

Ma voix étouffée

Par les cris des endeuillés

Mon cœur est lourd et oppressé

Est-ce son dernier battement ?

Il essaie de continuer

De se relever

La vie va-t-elle me donner encore une chance ?

Khaleda ALZOBI

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




Aller jusqu’au bout de son rêve

Doaa Sheikh Al Balad dans la pharmacie Amavita Théâtre à Lausanne le 2 février 2022, au deuxième jour de son apprentissage. Omar Odermatt / Voix d’Exils.

Interview de Doaa Sheikh al Balad

Doaa Sheikh al Balad est originaire de Syrie. Elle est arrivée en Suisse en 2017. Depuis toujours, Doaa nourrit un rêve: celui de devenir pharmacienne. Et le chemin tortueux de l’asile ne l’a pas empêché de le réaliser! En effet, elle s’est accrochée à son rêve et cette semaine, elle débute son préapprentissage à la pharmacie Amavita Théâtre à Lausanne. Pourquoi est-ce important de nourrir un rêve? Est-ce que la procédure d’asile implique de devoir nécessairement tirer un trait sur ses rêves? Doaa a accepté de répondre aux questions de la rédaction lors d’une interview radio menée le 25 janvier dernier par Omar Odermatt et Lia à écouter ci-dessous.

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Doaa Sheikh al Balad devant la pharmacie Amavita Théâtre à Lausanne le 2 février 2022. Omar Odermatt / Voix d’Exils.




Nous voulons avancer

Johnny Cohen / unspash.com

Personne n’a l’intention de devenir un réfugié, cela arrive tout simplement

Ta vie commence comme celle de beaucoup de personnes : ta première école est celle de tes parents ; ensuite, tu entres à l’école obligatoire, puis tu progresses toujours, régulièrement, vers d’autres acquis et diplômes. En fonction du métier que tu auras choisi, tu feras des mises à jour fréquentes, tu assisteras à des séminaires, à des cours de langues. Ta vie professionnelle se développera tout au long de nombreuses années d’efforts, d’objectifs réalisés en nouveaux objectifs à atteindre, sans répit. Oui, la vie est pleine de défis…

Quand j’ai quitté la Colombie, je n’imaginais pas ce à quoi j’allais devoir faire face, dans un pays inconnu, avec une langue nouvelle, avec des coutumes et des lois totalement différentes de celles de mon pays.

 Je suis venue chargée du sac à dos de mes connaissances. J’espérais qu’une fois admise comme réfugiée, je pourrais continuer à exercer mon métier. Eh bien non ! Au lieu d’avancer, nous passons nos journées à brûler nos neurones en réfléchissant à comment utiliser nos connaissances pour accéder à une vie professionnelle afin de sortir de l’aide sociale. Je ne comprends pas comment tant de compétences et de professionnalisme peuvent être gaspillés, pour la seule raison que nous sommes arrivés dans le pays en tant que réfugiés.

« Oublie ce que tu étais auparavant et recommence tout », voilà le message que nous recevons. C’est peut-être une bonne chose dans certains cas et, pour certaines personnes, l’oubli en vaut peut-être la peine. Mais pas pour moi.

Au fond, ce que nous avons vécu est délaissé, mis de côté, à partir du moment où nous obtenons notre « diplôme » de réfugié.

Avec la force qui nous reste, nous donnons tout pour avancer, pour continuer ce chemin que nous suivons dorénavant sans but, sans rêves, avec l’âme brisée et épuisée.

Martha Campo

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils