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Un festival célèbre la richesse et la diversité de la culture contemporaine syrienne

Logo du festival Layalina

Logo du festival Layalina

Genève

Né d’un sentiment d’urgence face à la crise syrienne, le Festival Layalina a pour but de faire connaître la culture syrienne au-delà des images de violence quotidienne relayées par les médias et, par la même occasion, de soutenir les victimes du conflit. Layalina, qui signifie « nos nuits » en arabe, se tiendra à Genève du 19 au 22 février 2015.

La démarche de Layalina est fondamentalement neutre, apolitique et non religieuse. Le programme proposé permettra d’appréhender la richesse et la diversité de la production culturelle contemporaine syrienne à travers un large spectre de disciplines. La programmation comporte :

– la projection d’une douzaine de films de réalisateurs syriens, depuis les classiques des années 80 jusqu’aux documentaires récents de réalisateurs engagés. Plusieurs de ces films sont inédits en Suisse.

– un atelier vidéo avec des réfugiés syriens en Suisse.

– de la musique syrienne, avec le concert d’Interzone, groupe syro-français, une soirée DJs électro à Motel Campo et une soirée de musique traditionnelle syrienne.

– des rencontres littéraires, sous forme de lecture spectacle et d’une table ronde avec des auteurs syriens.

– une exposition du caricaturiste politique H. Abbas.

– deux ateliers cuisine avec des femmes réfugiées syriennes ainsi qu’un repas syrien aux Bains des Pâquis.

Tous les détails sont disponibles sur le site http://www.layalina-festival.ch/ et la page Facebook https://www.facebook.com/layalinafestival?ref=aymt_homepage_panel

Au niveau humanitaire, le Festival soutient l’association « Coup de Pouce » pour la Syrie une ONG genevoise qui correspond aux valeurs de neutralité et de solidarité défendues par l’association Layalina. Coup de Pouce vient en aide sur le terrain à des familles syriennes victimes du conflit en les soutenant financièrement, indépendamment de leur appartenance politique, religieuse ou communautaire.

Le festival Layalina met à disposition des réfugiés et requérants d’asile un nombre limité de billets gratuits pour des séances de cinéma et pour le concert de musique traditionnelle au Temple de Saint-Gervais. Pour obtenir des billets, merci de procéder comme suit :

  • Envoyer un mail à info@layalina-festival.ch
  • Merci d’indiquer dans le titre/objet du mail « Billets gratuits »
  • Merci d’indiquer dans le mail si vous désirez l’entrée gratuite pour le concert ou pour un film, et si c’est pour un film, quel film exactement.

Le festival Layalina

Informations:

Vous pouvez télécharger la version arabe de l’annonce ici

Logo du festival Layalina

Logo du festival Layalina

Layalina: a festival dedicated to the diversity of the Syrian contemporary culture

Geneva

Layalina Festival was born from a sense of urgency following the Syrian crisis. Its main objectives are to promote aspects of Syrian culture that go beyond the images of violence conveyed daily by the media, as well as to support the victims of the conflict. Layalina, which means « our nights » in Arabic will take place in Geneva from the 19th to the 22nd of February 2015.

The innovative aspect of this multidisciplinary Festival is that it combines artistic excellence with humanitarian endeavors. Layalina’s approach is fundamentally neutral, apolitical and non-religious.

Our program will offer a closer view of the wealth and diversity of the contemporary Syrian cultural production through a wide range of disciplines. Indeed, despite the circumstances, Syrian artists have managed to overcome censorship, war and exile, proving constant creativity as much in the thematic than formal aspects of their works. Layalina firmly believes in the idea that art generates privileged spaces of exchange and dialogue. Therefore, through the diversity of disciplines that will be represented, we aim to present complementary views on Syria’s reality. Moreover, we wish to attract audiences from various horizons involving the multiple actors of Geneva’s society.

Our program includes:

  • The projection of a dozen films by Syrian filmmakers, featuring works ranging from the pioneers in the 1970’s to more recent documentaries created in the urgency of the conflict. Several of these films are unseen in Switzerland;
  • A video workshop organized with Syrian refugees in Switzerland;
  • Syrian Music, including three concerts and a special DJ evening;
  • Literary encounters with a literary-show and a round table discussion with authors;
  • An exhibition presenting works of the political caricaturist Hani Abbas;
  • Two cooking workshops animated by Syrian refugees, as well as a literary and musical brunch

In accordance with its humanitarian endeavor, the Festival supports the association “Coup de Pouce pour la Syrie”, an NGO founded in Geneva that complies with Layalina’s values of neutrality and solidarity. “Coup de Pouce” financially supports Syrian families, who are victim of the conflict, regardless of their political, religious or community belonging.

Layalina is naturally rooted in the tradition of “Living together”, dear to the Spirit of Geneva. The Festival will therefore host collaborations between artists from Geneva and Syria and will encourage the participation of Syrian refugees, who will have the possibility to enhance their competences. Thus, the Festival will offer a space of encounter and exchange to populations that usually coexist without necessarily mingling (refugees, artists and Geneva’s public). This approach, which brings together culture and humanitarian assistance, perpetuates the tradition of Swiss humanism, particularly in Geneva, land of asylum and international capital of humanitarian aid.

The Layalina Festival




«Sans la communication, on est prisonnier de ses pensées»

Nazli Cogaltay, réalisatrice du documentaire "LAL"

Nazli Cogaltay, réalisatrice du documentaire « LAL »

D’origine kurde, Nazli Cogaltay ne parle pas un mot de français lorsqu’elle arrive en Suisse en 2010 pour y demander l’asile. Etrangère dans un pays inconnu, elle fait d’abord la douloureuse expérience de ne pas pouvoir communiquer avec sa société d’accueil, puis s’affranchit progressivement de son isolement grâce à ses efforts pour apprendre le français. S’inspirant de son vécu, elle décide alors de tourner un documentaire sur cette problématique. Intitulé « LAL » (muet en langue kurde) et tourné dans le canton de Vaud, son film donne la parole aux migrants et dévoile certaines difficultés qu’ils rencontrent. Interview de cette ancienne rédactrice de Voix d’Exils.

Voix d’Exils : Qu’est-ce qui vous a motivée à réaliser ce documentaire?

Nazli Cogaltay : A mon arrivée en Suisse, j’ai rencontré des difficultés à communiquer. Lors d’un entretien important, un malentendu concernant un mot mal interprété par mon interlocuteur m’a fait prendre conscience de l’importance de cette problématique de la communication. Par la suite, j’ai réfléchi et j’ai imaginé ce qu’endurent les personnes migrantes qui vivent en Suisse et qui n’arrivent pas à communiquer. C’est de là que ma motivation est née.

Pourquoi avez-vous choisi de vous exprimer à travers la vidéo ?

Pour des questions d’efficacité. La communication visuelle attire deux fois plus l’attention sur un fait ou un évènement qu’une émission radio. Et aussi, elle est plus crédible et permet de mieux atteindre mon public.

Pourquoi ce titre « LAL »  ( « Muet ») ?

Je suis d’origine kurde, et « LAL » en kurde signifie « muet ». J’ai donné ce nom à mon documentaire, parce que les migrants ne peuvent pas s’exprimer à cause de la barrière de la langue. Ils doivent apprendre à parler une langue étrangère et, en attendant de pouvoir le faire, ils sont « LAL ».

Pour vous, que signifie la communication?

La communication permet de libérer ses idées et ses sentiments. A travers ce documentaire, j’ai essayé de montrer que sans la communication on est prisonnier de ses pensées, pour la simple raison qu’on ne peut pas se faire comprendre et comprendre l’autre. Une migrante d’origine kurde vivant en Suisse depuis trois ans m’a dit : « Quand je n’arrive pas à communiquer je me sens en insécurité ». Parler la langue du pays permet de s’intégrer.

Quel message véhicule votre documentaire?

Tout d’abord, je convie en particulier la population d’accueil, et aussi tous les migrants à le regarder. A travers les interviews des uns et des autres, j’ai fait ressortir la volonté des migrants de s’intégrer malgré les difficultés rencontrées, notamment en matière de communication.

Où avez-vous tourné votre film?

Je l’ai tourné au Centre de formation de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants à Longemalle, au foyer EVAM de Crissier, à la cathédrale de Lausanne et devant le centre d’enregistrement de Vallorbe.

Comment avez-vous choisi les interviewés ?

Mon choix s’est porté sur les migrants non francophones comme les Érythréens, les Tibétains, les Kurdes et les Afghans. Chaque intervention est accompagnée d’une musique provenant de leur pays d’origine. J’ai aussi filmé des professeurs, un responsable pédagogique et un psychiatre qui s’investissent dans le processus d’intégration des migrants en les aidant à parler et à écrire en français. Je profite de l’occasion pour remercier tous ces intervenants qui ont chacun apporté leur contribution pour la réalisation de ce documentaire.

Financièrement, où avez-vous trouvé les fonds pour réaliser le tournage ?

J’ai réalisé ce documentaire avec les moyens du bord.

Où l’avez-vous déjà diffusé ?

Deux fois au Centre de formation de l’EVAM à Longemalle, à l’association RERS à Lausanne, à Mozaïk à Appartenances, au centre socioculturel lausannois Pôle Sud, au Centre social protestant et au Gymnase de Chamblandes.

Comment a réagi le public ?

Du côté des migrants, ils retrouvaient leur quotidien, soit leurs problèmes de communication et soulignèrent l’importance de pouvoir communiquer avec leur société d’accueil. Du côté des autochtones, c’était une révélation pour beaucoup d’entre eux. Une Suissesse m’a confié à la fin de la projection : «Je n’ai jamais imaginé que les migrants souffraient autant de ne pas pouvoir communiquer, et moi qui pensais qu’ils vivaient assez heureux. J’étais loin de la réalité, jusqu’à ce que je visionne ce documentaire !»

Y a-t-il d’autres projections prévues?

Bien sûr, j’ai prévu de nouvelles projections, mais les dates et les lieux seront communiqués ultérieurement.

En tant que réalisatrice de ce documentaire, êtes-vous satisfaite du résultat ?

Oui ! Je n’ai pas réalisé un documentaire professionnel, mais avec le peu que d’argent que j’avais à disposition, je peux dire que mon objectif est largement atteint. A chaque projection, j’ai partagé des émotions, de l’enthousiasme et du plaisir avec le public. J’ai récolté beaucoup de soutiens et d’encouragements. C’est très touchant de savoir que mon message a bien passé.

Ce tournage a-t-il fait évoluer votre regard sur la communication ?

Dans mon expérience personnelle, j’ai vu l’importance de la communication et un documentaire en est sorti. En réalisant ce documentaire, j’ai rencontré de nombreuses personnes, mon réseau s’est élargi grâce à la communication. J’ai aussi appris à mieux communiquer. Pour moi, c’est un outil indispensable. Quand j’interviewais des migrants, certains étaient ouverts et d’autres non, faute de pouvoir s’exprimer. Mais ils faisaient un effort pour se libérer des maux qui les rongent. J’ai alors vu l’impact que pouvait avoir la communication sur une personne qui parle et l’autre qui l’écoute.

Parlez-nous de vos projets ?

« LAL » est en fait la première partie d’un documentaire qui en compte trois autres que je vais prochainement finaliser.

Propos recueillis par :

El Sam

Journaliste à la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos:

Pour visionner le film « LAL » de Nazli Cogaltay  cliquez ici