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« En Suisse, je me sens valorisée et acceptée »

Source: pixabay.com

La culture de l’encouragement

Lorsqu’elle dépose sa demande d’asile en Suisse, il y a cinq ans, Zahra découvre progressivement ce qu’on pourrait définir comme la culture de l’encouragement. A son grand étonnement, plutôt que de relever son ignorance des us et coutumes locaux, ses différents interlocuteurs répondent à sa curiosité, la soutiennent dans ses démarches et la félicitent pour ses progrès. Malgré son statut précaire – elle est à l’aide d’urgence -, la jeune Kurde veut croire qu’elle a un avenir possible dans ce pays où elle se sent bien.

Elle a souhaité partager avec les lecteurs et lectrices de Voix d’Exils quelques expériences marquantes et dire sa reconnaissance aux personnes qui l’ont aidée depuis son arrivée sur le sol helvétique.

En Iran, on échange beaucoup de critiques et peu de compliments

« En 2016, j’habitais dans le foyer d’accueil des migrants de Sainte-Croix, dans le canton de Vaud. Grâce à l’aide d’un groupe de bénévoles qui venaient trois soirs par semaine nous donner des cours, j’ai appris le vocabulaire de base pour me débrouiller dans la vie quotidienne.

Un jour, j’ai reçu un courrier pour un rendez-vous médical mais sans précision de l’adresse. J’ai croisé mon assistante sociale dans les corridors et je lui ai demandé si elle pouvait m’aider. Pascal, le responsable du foyer qui passait par là, m’a entendue et il a pris la peine de s’arrêter pour me complimenter sur mes progrès en français.

J’ai été très surprise par la façon chaleureuse et encourageante dont il s’est adressé à moi. D’ailleurs, des années plus tard, je m’en souviens comme si c’était hier… Pour que vous compreniez ma réaction, je dois préciser que dans mon pays d’origine, ça ne se passe pas du tout comme ça. Les relations interpersonnelles sont plutôt rugueuses, et les compliments sont très rares contrairement aux critiques qui sont faites pour un oui ou pour un non.

En Suisse, mon handicap n’a pas été une barrière

Avant d’arriver à Sainte-Croix, j’avais été hébergée pendant deux semaines dans le foyer de Vallorbe. Je venais d’arriver en Suisse, et je découvrais une nourriture dont le goût, la préparation, les couleurs étaient très différents de la nourriture que j’avais l’habitude de manger en Iran. Comme le domaine culinaire m’a toujours beaucoup intéressée, j’ai cherché des informations sur Internet et j’ai aussi posé des questions aux cuisiniers du foyer pour connaître les recettes et les ingrédients des plats qui nous étaient proposés. Ils ont répondu à ma curiosité avec une patience et une gentillesse qui m’ont beaucoup touchée.

Par la suite, je me suis inscrite dans le Programme cuisine proposé aux migrant.e.s par l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (l’EVAM). J’avais peur de ne pas être acceptée, parce que j’ai une main handicapée à laquelle il manque des doigts. Mais j’ai été rapidement rassurée, mon handicap ne constituait pas une barrière pour la réalisation de mon projet qui était d’obtenir le certificat d’aide en cuisine. J’ai fait une semaine de stage préliminaire dans le self-service de l’EVAM à Lausanne et tout s’est très bien passée. Là encore, personne ne m’a fait de remarques désobligeantes, et personne n’a mis en doute mes capacités à travailler en cuisine.

A la fin de ma formation, avant d’obtenir mon certificat, j’ai fait un mois de stage à la Fondation Mère Sophia, à Lausanne. Avec une petite équipe de bénévoles, nous préparions la soupe que nous servions tous les soirs, dans la grande salle de la fondation, aux personnes dans le besoin. J’épluchais et je coupais les légumes, le travail était simple et se faisait dans une très bonne ambiance. Les bénévoles m’ont tout de suite adoptée et j’ai pu prolonger le stage d’un mois. J’aurais bien voulu continuer, mais l’expérience s’est ensuite arrêtée parce que mon statut – je suis à l’aide d’urgence -, ne me donne pas le droit de travailler.

J’ai été rassurée sur mes compétences

Je suis une jeune femme célibataire qui – comme beaucoup de migrant.e.s – vit seule, loin de sa famille. Mes parents et une de mes sœurs sont restés en Iran. Mon autre sœur habite en Suisse alémanique, dans le canton d’Argovie, mais je la vois seulement deux-trois fois par année, car le train coûte très cher et j’ai un tout petit budget.

Cet isolement est difficile à supporter. Comme tout le monde, j’ai besoin de contacts humains pour préserver mon équilibre, j’essaie aussi d’avoir des objectifs, un but à atteindre. J’ai l’espoir de voir ma demande d’asile évoluer. Je rêve d’obtenir le permis B et de pouvoir enfin travailler dans mon domaine de formation qui est la comptabilité.

En attendant, et pour ne pas rester les bras croisés après mon passage en cuisine, je me suis intéressée à une autre activité proposée par l’EVAM : le Programme Cybercafé. Ma mission consistait à gérer de façon presque autonome le relais internet destiné prioritairement aux migrants hébergés dans le foyer de Sainte-Croix. Malheureusement, un mois après mes débuts dans ce programme, le Cybercafé a été fermé pour cause de Covid…

Que faire ? J’ai alors été orientée vers le Programme Voix d’Exils. Omar, mon responsable, m’a proposé d’écrire des articles pour le site Voix d’Exils. Le premier jour, je n’avais aucun sujet d’article à proposer. Pour moi, qui vient de la comptabilité, c’était un exercice très difficile. J’étais très stressée et déçue, j’étais sûre que Omar allait me dire que je n’avais pas les compétences nécessaires et que je ne pouvais pas rester. Mais, à ma grande surprise, il m’a rassurée, il m’a dit qu’on allait en parler avec Afif, le deuxième responsable du programme. Les deux ont pris le temps de m’expliquer à nouveau quel était mon rôle et ce qu’ils attendaient de moi. Comme ils m’ont fait confiance et qu’ils m’ont encouragée, je n’ai pas voulu les décevoir, je me suis accrochée et maintenant, cinq mois après mes débuts, grâce à l’aide et au soutien de différents collaborateurs de ce média en ligne, j’ai écrit et publié plusieurs articles dont je suis très fière.

Ma situation n’est pas facile, mais j’essaie d’avancer, de ne pas perdre l’espoir. À toutes les personnes qui, depuis mon arrivée en Suisse, m’ont soutenue, à toutes celles et ceux qui m’ont redonné confiance et qui m’ont permis de grandir, je voudrais ici vous dire : MERCI !

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Le devoir d’écrire

Zoheir Arslan Bouchemal. Photo: Eddietaz/Voix d’Exils

Ecrire est l’acte propre d’informer, de dénoncer, de perpétuer et de conserver un fait passé ou présent

Il n’est guère plus agréable que la beauté et la maîtrise d’une langue quelle qu’elle soit ! Il n’est pas aussi plus réjouissant que de s’exprimer en des termes clairs et limpides, ou de tenir une plaidoirie dans une noble langue, qui laisse parfois le soin à l’oreille d’entendre ce qu’il y a de plus magique et de plus majestueux dans les mots.

A ce sujet, il est important aussi de rappeler, que venir à bout de ses revendications par des écrits ou venir à y participer à l’initiative d’un quelconque programme littéraire, artistique ou journalistique, redonne le plus souvent une confiance en soi et stimule davantage l’esprit. A savoir, l’apport propre à l’équipe et sa contribution au groupe. Un tel engouement pour la mise en valeur de ses propres idées et ou lors d’une prise de parole pour y convaincre une assistance, restera à jamais l’exploit et le défi à quiconque voulant s’investir dans la tâche d’orateur ou celle de journaliste.

« La richesse et le partage, nés de la coalition et de la diversité de Voix d’Exils »

Pour rappel, écrire est l’acte propre d’informer, de dénoncer, de perpétuer et de conserver un fait passé ou présent. Sans plagiat ni intox, les écrits finiront toujours par trouver preneurs et finiront toujours par convaincre des lecteurs et des lectrices, lorsqu’il s’agit de renseigner et d’informer l’autre !

Implicitement, de bon augure et de bonne volonté, rejoindre l’équipe rédactionnelle de Voix d’Exils, un programme intercantonal développé par les cantons de Vaud, Valais et Neuchâtel, est une véritable fierté, autant pour moi que pour les requérants du canton dont je fais partie. Et ceci, avant même qu’elle ne soit une simple aventure journalistique à entreprendre ou une mission à accomplir. Entre hommes et femmes de tous horizons et de tous bords, une véritable équipe multilinguistique et multiculturelle s’est constituée regroupée autour de Voix d’Exils, au profit de la Suisse romande en particulier et de la frange francophone du pays en général.

Cette talentueuse équipe de rédacteurs, habile et perspicace, génère un enthousiasme et une volonté sans précédent dans leurs travaux de recherche d’informations afin d’offrir à leurs lecteurs et lectrices, des écrits attrayants et des plus pertinents.

Dans un tel défi, Voix d’Exils a su faire entendre la voix et répondre à l’appel des sans voix dont elle s’est engagée dès le début de la création de son journal et dont elle avait fait son cheval de bataille durant bientôt deux décennies.

Inexorablement, le groupe de Chavannes porte en lui la richesse et le partage, nés par la grâce de sa coalition et de sa propre diversité. A en croire certaines langues vertes de nos lecteurs et lectrices, une véritable diversité linguistique et journalistique dont la direction du journal s’est dotée pour enrichir au mieux tant son programme que ses publications.

« Une liberté perdue et retrouvée quelque part à Voix d’Exils, dans l’exercice du métier de journaliste »

Incontestablement, Voix d’Exils triomphe tant bien sur le plan social que sur le plan culturel. Un réel apport, sans équivoque, jamais constitué jusque-là et une très belle expérience à vivre et à partager entre toutes et tous.

Etant membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, j’apporte dans ces colonnes mon témoignage de journaliste convaincu, persuadé par la liberté d’expression et d’information et atteste en toute bonne foi, de la liberté de s’organiser et d’agir au sein de Voix d’Exils.

À travers une telle liberté perdue et retrouvée quelque part à Voix d’Exils, dans l’exercice du métier de journaliste et de l’approche réservée à l’information par la direction du journal, l’envie, le défi et l’excitation de faire mieux, de donner le meilleur de soi, constitue une première ligne de travail et une priorité, en sachant pertinemment et à moindre coût qu’à Voix d’Exils les « les rêves deviennent des réalités ».

A cet effet, et en guise de reconnaissance aux multiples avantages offerts aux journalistes de Voix d’Exils, je ne peux que déclarer qu’au milieu de cet environnement enrichissant, prospère et fleurissant que nous, journalistes et cadres de Voix d’Exils, souhaitons longue vie à notre journal.

Bravo à toute l’équipe de Voix d’Exils !

Arslan Zoheir Bouchemal

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils