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Revue de presse #38

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : « La migration n’est pas une menace pour le christianisme » / Biden très attendu par les migrants mexicains / Quatre pays européens réclament plus de solidarité en matière d’accueil des migrants / Evacuation mouvementé d’un camp de migrants à Paris

« La migration n’est pas une menace pour le christianisme »

L’OBS, le 23 novembre 2020

Dans un nouveau livre dévoilé le 23 novembre 2020 et intitulé « Un temps pour changer », le pape François a soutenu que « la migration n’est pas une menace pour le christianisme, sauf dans l’esprit de ceux qui gagnent à prétendre qu’elle l’est. ». Selon le pape, rejeter un migrant en difficulté, quelle que soit sa croyance religieuse, c’est déformer de manière grotesque à la fois le christianisme et la culture. Son ouvrage, met également en lumière la précarité des migrants vivants dans la promiscuité de camps insalubres en pleine pandémie du coronavirus. « Les camps de réfugiés transforment les rêves d’une vie meilleure en chambres de torture » écrit-il. Le pape appelle également à la mise en place de voies migratoires sûres qui permettraient aux migrants de se déplacer sans craintes.

Biden très attendu par les migrants mexicains

24 Heures, le 27 novembre 2020

Alors qu’ils ont été expulsés vers leur pays natal sous l’administration Trump, de nombreux Mexicains s’attendent à pouvoir revenir aux Etats-Unis dès que Joe Biden sera officiellement au pouvoir. Parmi eux, Mauricio Lopez. Né à Mexico, ce jeune homme de 26 ans a grandi en Caroline du Nord sans les moindres papiers d’immigrations. Après avoir été contraint de quitter les Etats-Unis en 2016, il annonce désormais s’attendre à ce que le futur président américain favorise la mise en place des réformes visant à assouplir les lois sur l’immigration. Cependant, les experts rappellent qu’il ne faut pas oublier que Biden a été le vice-président de Barack Obama dont l’administration avait atteint des records en terme d’expulsion d’étrangers sans papiers. Ils précisent, en plus, que les processus de réforme peuvent prendre beaucoup de temps.

Quatre pays européens réclament plus de solidarité en matière d’accueil des migrants

Euronews, le 25 novembre 2020

La question de la migration a été au premier plan lors d’un sommet entre l’Espagne et l’Italie qui s’est tenu à Palma de Majorque le 25 novembre 2020. Les dirigeants des deux pays ont réagi au pacte sur la migration et l’asile proposé par la Commission européenne en septembre dernier. Dénonçant un manque de solidarité des autres Etats membres, les deux pays ont également été soutenus par Malte et par la Grèce. En effet, les quatre pays n’acceptent plus de supporter la pression migratoire pour l’ensemble de l’Union européenne. A cette occasion, le premier ministre espagnol, Pedro Sànchez, a soutenu qu’un débat constructif au niveau européen était nécessaire afin d’aboutir à une politique migratoire commune. Le président du Conseil des ministres d’Italie, Giuseppe Conte, a ajouté qu’à l’avenir un flux migratoire brutal pourrait venir de l’Est et que d’autres pays souffriront du manque de solidarité.

Evacuation mouvementé de un camp de migrants à Paris

RTS INFO, le 24 novembre 2020

Le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a annoncé le 24 novembre 2020, l’ouverture d’une enquête sur les circonstances qui ont entouré la violente évacuation de migrants regroupés sur la place de la République à Paris. Via Twitter, l’homme politique a annoncé avoir demandé à la plus haute instance de la police nationale de remettre ses conclusions sur les violences intervenues lors de l’évacuation par les forces de l’ordre du campement improvisés par les migrants. De nombreuses séquences de cette évacuation ont été diffusées sur les réseaux sociaux, certaines montrant des policiers frappant des manifestants ou confisquant les tentes dressées par les migrants. Ces agissements ont été condamnés par le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), David Le Bars, ainsi que par les ministres de la citoyenneté et du logement, Marlène Schiappa et Emmanuelle Wargon. Ces dernières ont rappelé que les migrants doivent être traités avec humanité et fraternité.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Revue de presse #37

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : La Suisse condamnée pour le renvoie d’un gambien homosexuel / En matière d’asile, il n’existe aucune solution qui satisfasse tout le monde / L’Europe tire la sonnette d’alarme sur le sort des migrants en Grèce / Le big data pour mieux comprendre les migrations en Europe

La Suisse condamnée pour le renvoi d’un Gambien homosexuel

Le 24 heure, le 17 novembre 2020

La Suisse a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) car elle a voulu renvoyer un ressortissant gambien homosexuel dans son pays. Dans un arrêt rendu le mardi 17 novembre 2020, la CEDH a considéré à l’unanimité qu’il y a eu violation de l’article 3 de la Convention qui traite de l’interdiction des traitements inhumains et dégradants. Rappelant que l’existence d’une loi réprimant les actes homosexuels ne suffit pas à exclure un renvoi, la Cour européenne a souligné que l’orientation du recourant pourrait être découverte s’il revenait en Gambie. Le Tribunal fédéral avait considéré en 2018 que le réseau familial de l’intéressé suffirait à le protéger et que la situation des homosexuels s’était améliorée dans ce pays. Les juges de Strasbourg ne partagent pas cet avis. Ils estiment que la Suisse aurait dû s’assurer que les autorités locales auraient la capacité et la volonté de protéger leur ressortissant contre les mauvais traitements qu’il pourrait subir du fait d’acteurs non-étatiques.

Ursula von der Leyen : en matière d’asile, il n’existe aucune solution qui satisfasse tout le monde

Euroactiv, le 19 novembre 2020

Organisée par le Parlement européen et le Bundestag allemand, avec la collaboration des parlements portugais et slovène, la conférence interparlementaire sur la migration et l’asile a eu lieu le 19 novembre 2020. Durant la conférence, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a mis en lumière à quel point l’immigration de travailleurs qualifiés est importante, car elle contribue au développement des entreprises européennes. Néanmoins, le système qui ne fonctionne plus selon ses dires inquiète les pays qui se trouvent aux frontières extérieures de l’UE (l’Italie, la Grèce et l’Espagne) et qui ont besoin de la solidarité des autres États membres.

Selon elle, les points cruciaux qu’il faudrait traiter sont au nombre de trois. Le premier se rattache aux raisons qui poussent les gens à partir. Le second correspond à la nécessité de mettre en place un système de retours commun. Le troisième point concerne les voies légales d’entrées en Europe. Néanmoins, « une solution qui satisfasse tout le monde n’existe pas » conclut la présidente. Il faudrait par conséquent œuvrer à la recherche d’un compromis, sans oublier les préoccupations des pays qui craignent de ne pas réussir à gérer l’accueil des migrants.

L’Europe tire la sonnette d’alarme sur le sort des migrants en Grèce  

La Tribune de Genève, le 19 novembre 2020

Dans le cadre d’un rapport publié le jeudi 19 novembre 2020, le comité anti-torture du Conseil de l’Europe (CPT) a fortement dénoncé le sort réservé aux migrants placés en rétention en Grèce. Conscient que le nombre important de migrants entrant dans le pays place les autorités grecques face à un « défi important », le CPT prône pour une « approche européenne coordonnée ». En regrettant l’approche considérée comme punitive menée par les autorités, le CPT rappelle que la situation migratoire face à laquelle se trouve le pays ne lui permet pas d’être dispensé de ses obligations en matière de droits de l’homme. Concrètement, les auteurs du rapport dénoncent les conditions de rétention des migrants, tout particulièrement à la frontière terrestre avec la Turquie ainsi que sur l’île de Samos. Les observateurs soulignent leur incompréhension face à la rétention de bébés et de jeunes enfants dans des conditions décrites comme traumatisantes. Ils dénoncent également les conditions dans les cellules où sont logés les migrants. Le rapport qualifie ces dernières comme étant inhumaines et dégradantes. En outre, tout en questionnant l’implication de l’agence européenne Frontex dans des cas de refoulements de migrants, les auteurs se disent inquiets des actes commis par les garde-côtes grecs pour empêcher les bateaux transportant des migrants d’atteindre les îles grecques et demandent aux autorités grecques de prendre les mesures nécessaires.

Du côté d’Athènes, on invoque la saturation des centres de rétention afin d’expliquer la situation sur l’île de Samos. La police grecque, quant à elle, considère que les présumées pratiques inhumaines et dégradantes de refoulement à la frontière sont sans fondement.

Le big data pour mieux comprendre les migrations en Europe

Euronews, le 16 novembre 2020

Le Centre de connaissances sur la migration et la démographie (KCMD) envisage la migration à travers le prisme du Big Data. L’objectif de leur travail est d’établir des modélisations pour mieux comprendre la migration et contribuer au développement de programmes d’intégration plus efficaces et plus cohérents. Les données disponibles sur le marché du travail européen permettent d’identifier les secteurs qui font face à une pénurie de main-d’œuvre. Ces données montrent également dans quels secteurs les migrants contribuent à l’atténuation des pénuries de main-d’œuvre. Une étude menée lors de la première vague de la pandémie de Covid-19 a montré qu’en moyenne, 13% des travailleurs des secteurs essentiels – en matière de réponse au coronavirus dans l’Union européenne – étaient des migrants. Les cinq catégories les plus représentées sont les professionnels de l’enseignement, les travailleurs agricoles qualifiés, les professions intermédiaires dans la science et l’ingénierie, les préposés aux soins personnels et enfin, les personnels d’entretien et aidants.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Revue de presse #33

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : baisse sans précédent des flux migratoires dans les pays de l’OCDE / Suisse : entre 145’000 et 420’000 francs pour obtenir un Permis B / Grèce : une clôture de 27 KM pour renforcer la frontière avec la Turquie / États-Unis : 545 enfants migrants toujours sans parents

Baisse sans précédent des flux migratoires dans les pays de l’OCDE

RTS info, le 19 octobre 2020

Alors que le nombre de personnes migrantes permanentes est resté stable en 2018 et 2019 (environ 5,3 millions par an), le nombre de nouveaux permis délivrés a baissé de 46% au premier semestre 2020, a souligné Jean-Christophe Dumont, chef de la division migrations internationales de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Au deuxième trimestre, la baisse a même atteint 72% par rapport à la même période de l’année précédente : en Suisse 31%, en Allemagne 57% et en Autriche 40%.

Compte tenu de la fermeture des frontières en raison de la pandémie du COVID-19 qui a engendré une perturbation des mobilités internationales pendant plusieurs mois, cette baisse sans précédent est qualifiée de « sans surprise ». Elle pourrait néanmoins être partiellement compensée au deuxième semestre, estime le rapport de l’organisation publié le lundi 19 octobre 2020.

Par ailleurs, alors qu’en 2019 plus des deux tiers des personnes migrantes avaient un emploi, les conséquences économiques de la pandémie du COVID-19 pourraient faire reculer les progrès réalisés pour leur intégration sur le marché du travail, estime également l’OCDE. En 2019, Les travailleurs et travailleuses migrant.e.s représentaient en moyenne un quart du personnel médical dans la zone OCDE qui regroupe une quarantaine de pays développés. En Suisse, c’est même près de la moitié. Les secteurs des transports, du nettoyage, de l’industrie alimentaire et des services informatiques sont également concernés.

Suisse : entre 145’000 et 420’000 francs pour obtenir un Permis B

RTS, le 25 octobre 2020

Les cantons suisses peuvent accorder des permis de résidence à des personnes migrantes non européennes, s’ils jugent les rentrées fiscales intéressantes. Depuis 2008, selon une enquête de l’émission de la Radio Télévision Suisse (RTS) Mise au Point, 653 personnes ont bénéficié de cette dérogation à la loi sur les étrangers. Ces grandes fortunes s’installent en négociant un forfait fiscal annuel qui varie beaucoup d’un canton à l’autre. La majorité des bénéficiaires sont des Russes avec environ 30% des permis de résidence accordés. Les Turcs, les Chinois, les Ukrainiens et les citoyens des pays du Golfe sont aussi friands de cette possibilité offerte par la Suisse.

En outre, depuis l’arrivée de la pandémie du COVID-19, afin d’échapper à l’épidémie ou aux infrastructures de santé défaillantes de leur pays, des millionnaires du monde entier contactent des cabinets de consultants pour acheter des permis de résidence en Suisse souligne l’émission.

Néanmoins, les conditions pour déroger à la règle sont strictes. Au-delà des montants financiers révélés par Mise au Point, le bénéficiaire doit habiter au moins six mois par an en Suisse. Il doit également renoncer à exercer une activité lucrative. En revanche, grâce au permis B, il peut circuler librement dans tout l’espace Schengen. Selon les montants planchers transmis à la rédaction de Mise au Point par les cantons romands, c’est dans le Jura que le forfait fiscal, et donc le permis B, revient le moins cher. Pour une personne migrante non européenne célibataire, il faut payer minimum 146’816 francs d’impôts. Suivent Neuchâtel (190’000.-), Fribourg (209’000.-) puis le Valais (287’882.-). Genève et Vaud sont les cantons qui exigent le plus avec respectivement 312’522 francs et 415’000 francs d’impôts à payer. Malgré cela, Genève est le canton qui a délivré le plus de permis B aux fortunés extra-européens depuis 2015 (58). Vaud (24) et le Valais (16) complète le podium.

 

Grèce : une clôture de 27 km pour renforcer la frontière avec la Turquie

Infomigrants, le 16 octobre 2020

Annoncée en août dernier par le gouvernement grec, la construction d’une nouvelle clôture le long de la frontière avec la Turquie a débuté le 15 octobre 2020, rapporte le quotidien grec Kathimerini. Après l’arrivée massive de migrants en Grèce en février et mars, Athènes avait annoncé qu’elle étendrait la barrière de ciment et de barbelés située à sa frontière avec la Turquie, l’objectif étant d’empêcher les migrants de pénétrer dans le pays.

Pour un coût total de 62,9 millions d’euros, la clôture mesurera 27 kilomètres et huit postes d’observation situés en hauteur seront construits et utilisés par l’armée. Endommagée en 2015, la barrière actuelle sera également renforcée grâce à un garde-corps en acier qui mesurera 4,3 mètres de haut, soit près d’un mètre supplémentaire.

 

États-Unis : 545 enfants migrants toujours sans parents

lematin.ch, le 21 octobre 2020

Séparés de leurs enfants après avoir illégalement franchi la frontière des États-Unis, les parents de 545 enfants n’ont pas pu être localisés a indiqué le 20 octobre 2020 la puissante association American Civil Liberties Union (ACLU) œuvrant pour la défense des droits humains. « Via notre action en justice, nous avons informé le tribunal que les parents de 545 enfants sont toujours manquants », a indiqué l’association sur son compte Twitter. Selon un document judiciaire publié par la chaîne CNN, les deux-tiers de ces parents manquants ont probablement été expulsés.

Afin de lutter contre l’immigration clandestine, une politique de « zéro tolérance » avait été instaurée par le Président américain Donald Trump. Conformément à cette politique, les États-Unis ont commencé à séparer les enfants de leurs parents en mai 2018, provoquant une vague d’indignation dans le pays et à l’étranger. Après six semaines de mise en œuvre de la politique, l’administration avait toutefois renoncé à cette pratique, sauf si les parents présentaient « un risque » pour leurs enfants. En outre, une décision de justice datant de 2018 oblige le gouvernement américain à faire le nécessaire pour réunir ces familles.

Masar Hoti / Voix d’Exils




La laïcité au Moyen-Orient

Source: unsplasch.com.

Les raisons de l’échec de la laïcisation au Moyen-Orient et particulièrement en Iran

La révolution philosophique qui a eu lieu en Europe entre les 17ème et 18ème dit «Siècle des Lumières» n’a jamais pris fin au Moyen-Orient. L’ingérence de gouvernements étrangers et de communautés religieuses très conservatrices dans cette région du monde n’ont pas favorisé la laïcité. L’Iran, à présent dirigé par une politique idéologique, est le meilleur exemple que l’on peut examiner pour comprendre cette situation.

En Europe, le premier pays à avoir connu la laïcité après des développements politiques a été la France. La question de la séparation de la religion et de la politique est devenue une loi fondamentale en France avec la Constitution de la 4ème République de 1948. Après la France, des pays tels que la Belgique, la Turquie et des villes canadiennes comme Québec, ainsi que Genève et Neuchâtel en Suisse ont adopté la laïcité dans leur Constitution.

Que signifie la laïcité ?

Laïcité signifie qu’un gouvernement n’adhère à aucune religion. La religion fonctionne librement dans la société civile, mais elle n’exerce aucun pouvoir sur le champ politique.

Les partisans de la laïcité en Occident estiment que la religion devrait rester dans les lieux de culte et ne pas se mélanger avec les lois des États. Mais en Orient, cela a un autre sens. La majorité des populations du Moyen-Orient pense que la laïcité est anti-religieuse et elles ont peur de «perdre leur religion».

 

Source: unsplasch.com.

En Iran

Dans mon pays – l’Iran – il y a aussi d’autres raisons qui expliquent cet échec de la laïcisation. Par exemple, l’existence du pétrole, la colonisation du pays par la Grande-Bretagne et les États-Unis et un régime communiste imposé par les russes. Ces emprises politiques sont des raisons historiques qui ont rendu les peuple incapable d’agir de manière indépendante dans ses décisions politiques.

L’exemple le plus important à citer dans l’histoire iranienne est celui du gouvernement de Mohammad Mossadegh. Mohammad Mossadegh était Premier ministre de l’Iran de 1951 à 1953. Mentionnons au passage qu’il a étudié à l’Université de Neuchâtel. Pendant ces années, il a essayé de séparer l’État de la religion et de promouvoir la laïcité dans ce pays religieux. Mais son gouvernement a fini par être renversé par trois groupes d’intérêts:

1 : Les dirigeants religieux

2 : Le Shah (Mohammad Reza Pahlavi) et ses partisans

3 : Les puissances étrangères: la Grande-Bretagne et la nouvelle puissance des États-Unis (qui lorgnaient sur le pétrole du pays).

Les dirigeants religieux se sentaient menacés par la précarité de l’emploi ; Le Shah craignait de perdre du pouvoir et de l’argent et, enfin, La Grande-Bretagne et l’Amérique à cause du pétrole. Ces trois groupes d’intérêts de l’époque se sont donc unis pour organiser un coup d’État contre le gouvernement laïc de Mohammad Mossadegh en 1953. Le principal prétexte qui justifiait leur action commune était de combattre les communistes soviétiques, car l’Iran occupe une position stratégique et géographique importante. Mais plus encore, c’était la sauvegarde de la communauté religieuse iranienne.

Source: unsplasch.com.

L’anti-religion

Actuellement, la société iranienne considère la laïcité comme une anti-religion. Les particularités religieuses, culturelles et sociales du peuple iranien font aussi qu’il est très difficile de gouverner ce pays. Les ayatollahs iraniens, qui détiennent le pouvoir politique depuis maintenant 40 ans, n’ont pas été en mesure de gouverner le pays. Même ceci est compréhensible pour la plupart des citoyens et citoyennes iraniens.

Cette situation est cependant bien complexe. Car il y a d’un côté, la jeunesse iranienne qui cherche une ouverture plus grande; et de l’autre, les forces conservatrices qui restent très puissantes. Les théoriciens de la politique doivent trouver le moyen pour diriger le clergé vers sa position d’origine: à savoir les mosquées. Reste aux politiciens et politiciennes de tracer un chemin pour arriver à la laïcité. Des exemples inspirants sont les chemins suivis par l’Italie et l’Allemagne.

Un tel chemin pour l’Iran signifierait que d’un côté, la religion fonctionne de manière autonome. Et de l’autre, que le pays soit par conséquent davantage dirigé par des hommes et des femmes politiques. Mais ces futurs dirigeants devront avancer pas à pas afin de ne pas couper leurs relations avec les universités et les écoles. Sinon, la population iranienne ne l’acceptera pas. Mais pour l’heure, la société ne veut pas abandonner ses croyances. Du moins, jusqu’à aujourd’hui, c’est toujours le cas…

Vahid Farkhondeh Khoy Fard

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

 




Le rêve volé d’un exilé

Des militaires des Forces armées de la République Démocratique du Congo. Source: Wkipedia.

« La Suisse, ma seconde chance »

Quand l’espoir de réaliser ses ambitions est remise en question par le népotisme, la corruption et la violence ; partir afin de réaliser ses rêves devient parfois nécessaire.

Je viens d’un pays – la République démocratique du Congo (RDC) – si riche qu’on parle, à son propos, de « scandale géologique ». D’après un article du Monde Diplomatique paru en décembre 2008, «Le sous-sol congolais regorge de matières rares. Il renfermerait 60 % des réserves mondiales connues de tantale, 10 % du cuivre, 30 à 40 % du cobalt, mais aussi 10 % du niobium, 30 % des diamants (dans la seule région du Kasaï) ainsi que des gisements d’or parmi les plus prometteurs de la planète. ». Pourtant, le peuple de RDC est l’un des plus pauvres du monde.

Le pays est pris en otage par des multinationales qui dictent leurs lois au gouvernement. La population survit au rythme des coupures d’eau, d’électricité, d’internet et de pénuries en tous genres. Le problème à résoudre chaque matin, pour un Congolais, c’est de trouver comment obtenir du pain et du sucre à crédit, le seul repas pour passer la journée. Les revendications sont interdites. L’éducation est réservée aux enfants des privilégiés qui nous dirigent. Le salaire d’enseignant revalorisé à 85 dollars US reste 353 fois plus bas que celui d’un ministre qui est à 30.000 dollars US. Les politiciens sont plus riches que des commerçants. L’ancien Président Joseph Kabila a une fortune personnelle estimée à 15 milliards de dollars US et est propriétaire de 80 entreprises. Dans nos hôpitaux, tous les soins sont monnayés. Pour nos politiciens, les Occidentaux sont responsables de tous nos malheurs.

Tous les ministères ont à leur tête des universitaires, mais rien ne marche. Incompétence ou manque de volonté ? Le mérite n’a pas de place chez nous ; le népotisme est l’ascenseur social. Avec une concentration de plus de 20 églises par rue, Dieu n’entend-t-il-pas nos prières ? Ne voit-il pas toutes ces fosses communes pleines d’innocents ? Au nord Kivu et au sud Kivu, au rythme de multiples guerres, plus de six millions de personnes sont mortes durant les vingt dernières années

Mon pays est un enfer sur terre. Les justes sont malmenés, les méchants célébrés. Le rêve de ma vie était d’être cadre dans une entreprise. Après trois années d’études en gestion informatique à l’université Révérend Kim à Kinsahasa, je fais connaissance de Monsieur Rossy Mukendi Tshimanga et son mouvement Collectif 2016. On y parle de politique, de la situation socio-économique et sécuritaire de la RDC.

Ce qui nous unissait le plus, c’était la convergence de nos opinions politiques par rapport au système de Joseph Kabila qui voulait manifestement manipuler la constitution pour demeurer en place après la fin de son mandat. Le mouvement Collectif 2016 était un forum d’expression libre, alors je l’ai intégré. Après plusieurs manifestations, nous sommes arrêtés. En février 2018, la police ouvre le feu contre des manifestants dans la paroisse Saint Benoît de Lemba à Kinshasa. Monsieur Rossy Mukendi Tshimanga est tué à bout portant. Je suis arrêté, emprisonné et torturé pendant un mois. On m’oblige à faire des faux témoignages sur les circonstances de la mort de Rossy Mukendi Tshimanga. Grâce à l’aide d’un officier de l’armée proche de ma famille, je suis libéré, puis poussé à quitter le pays au risque d’être tué. Dernièrement, il y a eu des élections au Congo comme l’a souhaité le peuple. Si Monsieur Kabila n’est plus là, il reste influent. Son parti est majoritaire au Parlement et au Sénat et il contrôle toujours l’armée.

En Suisse, j’ai compris le mot démocratie et la perversité des dirigeants africains. Aujourd’hui, ici, à chances égales, la volonté et la détermination vont me permettre de réaliser mes rêves volés. L’espoir de vivre est de retour. J’ai appris beaucoup de choses, comme le respect du travail, le respect de la volonté du peuple par les dirigeants.

C’est à moi de m’intégrer dans cette société et de respecter ses lois. J’espère que les autorités suisses me donneront cette chance.

Gospel Kanza Luyindula,
Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils