1

Escapade à Berne

Palais fédéral: explication du fonctionnement des institutions fédérales. Auteur: Voix d’Exils

Visite du Palais fédéral, rencontre avec les ours et balade dans la vieille ville

Organisée par le foyer Sainte-Croix de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) et destinée à une trentaine de migrants fraîchement arrivés en Suisse, la journée découverte du 26 septembre dernier leur a permis de découvrir les charmes de la capitale et les institutions politiques du pays.Voix d’Exils les a accompagnés.

Lorsque la sortie leur a été proposée, les bénéficiaires de l’EVAM et  du Centre social d’intégration des réfugiés (CSIR) vivant dans le foyer de Sainte-Croix se sont rapidement inscrits, ravis à l’idée de découvrir la ville de Berne que la majorité d’entre eux n’avait jamais visitée.

Berne, ville fédérale

Sur place, ils ont découvert que la capitale helvétique accueille le Parlement suisse, soit le Conseil national qui représente le peuple et le Conseil des États qui représente les cantons. Sans oublier le Conseil fédéral.

Les visiteurs ont eu l’opportunité d’assister aux débats qui se déroulaient ce jour-là au Parlement. Comme c’était la journée du plurilinguisme, la quasi-totalité des interventions concernaient cette thématique. Chaque parlementaire a donc saisi l’occasion pour parler dans une autre langue nationale. Les parlementaires francophones ont, par exemple, salué leurs collègues en allemand avant de poursuivre dans leur langue. Quant aux parlementaires alémaniques ou tessinois, ils ont fait de même : salutations en français, allemand ou italien avant de continuer dans leur langue.

Les migrants ont ensuite enchaîné avec une courte visite guidée du Palais fédéral. Dans le magnifique hall central, la guide a commencé par une brève présentation historique en racontant comment de petits États se sont réunis pour former la Confédération suisse et en présentant les pères fondateurs.

Puis le groupe a visité brièvement les salles du Conseil des États et la salle des Conseillers fédéraux.

Des ours nageurs

L’après-midi, tout le monde est parti faire un tour dans la vieille ville de Berne et a visité la collégiale Saint-Vincent, qui est le plus grand édifice religieux de Suisse avec une tour de 100 mètres de haut.

L’escapade bernoise s’est terminée par la visite de l’endroit le plus populaire de la ville : le Parc aux ours. Les participants ont eu la chance de voir de jeunes ours nager dans l’Aar. Au final, c’était difficile de quitter cet endroit tellement les ours étaient amusants !

Sur le chemin du retour, j’ai demandé aux personnes présentes comment elles avaient vécu cette journée. J’ai eu des réponses intéressantes et contrastées.

La plupart m’ont répondu qu’ils avaient passé un bon moment et que pour eux c’était une journée exceptionnelle.

Par contre, ceux qui ne parlent pas bien le français, m’ont dit que cette sortie n’était pas très intéressante parce qu’ils n’avaient pas compris grand-chose.

 

Oumalkaire

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Photoreportage

Palais fédéral, Berne. Auteur: b1-foto / Licence pixabay / pixabay.com

 

Collégiale Saint-Vincent de Berne, le plus grand édifice religieux de Suisse avec une tour de 100 mètres de haut. Auteur : fotoerich / Licence pixabay / pixabay.com

 

Parc aux ours, Berne. Auteur: Voix d’Exils

 

Sur la place fédérale, Berne. Auteur: Voix d’Exils

 




Requérants-épouvantails

Un épuvantail. Photo : Jc (CC BY-NC-ND 2.0)

Un épouvantail. Photo : Jc
(CC BY-NC-ND 2.0)

Le 9 juin prochain, le peuple suisse se prononcera sur une énième révision de la loi sur l’asile… Ou plutôt un énième durcissement de la loi sur l’asile consécutif au fait que « le Parlement a révisé la loi sur l’asile et a déclaré urgentes plusieurs dispositions qui sont entrées en vigueur le 29 septembre 2012 ». Pour une population qui représente à peine 1% des résidents en Suisse, les autorités helvétiques n’en font-elle pas trop ?

N’est-ce pas là une sorte de diabolisation d’une couche de personnes très vulnérables, dont la majorité ont été contraintes de quitter leur pays en catastrophe ? On parle notamment de la suppression des demandes d’asile dans les ambassades, de la suppression de la désertion comme motif d’asile, de la création de « centres spéciaux » pour « requérants d’asile récalcitrants ».

Qui sera considéré comme « récalcitrant » ?

Penchons-nous justement sur l’idée de créer des « centres spéciaux » pour « requérants récalcitrants », une idée qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Qui seront les pensionnaires ? Quels seront les critères ? Ne sommes nous pas en train d’assister à la création d’un nouveau statut de requérants par Berne ? Après l’invention du statut de NEM (Non Entrée en Matière), ou encore celui de « requérants à l’Aide d’urgences » pour des requérants déboutés, avec la stigmatisation que l’on sait ? Certains partis de la droite suisse évoquaient dans un premier temps (il y a quelques mois déjà) l’idée de construire des « camps d’internement », nous rappelant les tristement célèbres camps de concentration nazis… Une idée qui avait vite été réfutée par les autres partis suisses, mais qui semble aujourd’hui (au moins pour certains) acceptable. La question qui taraude l’observateur neutre est de savoir pourquoi certains politiciens essaient d’attiser dangereusement les passions anti-immigrés ? par calcul politique à court terme ! Comment en est-on arrivé là ?

Philippe Currat, membre de la commission des Droits de l’homme de l’Ordre des avocats de Genève avertit déjà dans Le Matin dimanche du 30 mars 2013 que « la notion de récalcitrant est très floue et j’ai l’impression que c’est intentionnel. Ça laisse le champ libre aux autorités pour écarter quelqu’un sans avoir à se justifier. » Un requérant, que nous avons rencontré, dit « avoir peur que certains employés dans le milieu de l’asile s’en servent pour « régler des comptes » puisque rien est défini ». Alors qu’un autre nous demandait innocemment si « l’oubli d’acheter un ticket de métro ou de train, qui est déjà sanctionné par une amende, serait considéré comme un motif d’envoi dans un centre pour récalcitrants ? »

Autant de questions sur lesquelles les autorités devront se pencher !

« Acharnement incompréhensible » sur une population qui représente moins de 1% de résidents en Suisse

La création de centres pour récalcitrants, sans en avoir prédéterminé les règles, ouvre la voie à de possibles dérapages. Aldo Brina, co-président de Stop Exclusion, est clair là-dessus : « La création de centres pour récalcitrants n’apporte rien de bon, elle n’apporte que de l’arbitraire, car on ne sait pas qui est un récalcitrant, ni qui va être envoyé. Surtout qu’une personne placée dans un centre spécifique ne peut pas contester la mesure immédiatement. Elle ne peut le faire qu’après avoir passé quelques jours là-bas », conclut-il sur les ondes de la RTS.

Les révisions d’asile se succèdent rapidement en Suisse, certaines ONGs parlent « d’acharnement incompréhensible » sur une population qui représente moins de 1% des résidents en Suisse. Mais Jo Lang, Vice-président des Verts temporise « en Suisse, il n’y a pas que l’anti-asile et la xénophobie, il y a aussi de l’humanisme. »

« On ne reste pas des réfugiés pour la vie »

Les auteurs du referendum contre la modification de la loi sur l’asile dénoncent « des mesures urgentes inutiles et inhumaines », et se plaignent « de l’hystérie permanente et de la méfiance systématique envers les réfugiés. »

A qui profite ce climat malsain ? Cette zizanie semée entre personnes vivant dans un même pays ? La Suisse pays réputés humanitaire ?! Pourquoi vouloir toujours criminaliser, diaboliser, stigmatiser une catégorie minoritaire, souvent silencieuse et désorganisée, qui accepte l’humiliation par nécessité ? L’immigré est-il devenu la victime collatérale des aléas de l’humeur de la classe politique suisse ?

« Je serai toujours reconnaissant à la Suisse de nous avoir accueilli comme réfugiés en 1981. Depuis lors, j’ai été à l’école, je me suis engagé en politique et je suis devenu parlementaire. Je fais partie de la société suisse. Je veux dire qu’on ne reste pas des réfugiés à vie. En général, ils s’intègrent et ils contribuent à l’enrichissement économique et culturel du pays. Je ne comprends donc pas que le Parlement s’acharne de cette manière en durcissant continuellement la loi sur l’asile », dit à haute voix Antonio Hodgers, Président cantonal genevois du parti des Verts et Conseiller national. Propos rapportés par le site swissinfo.ch. Une belle leçon de morale à ceux qui veulent l’entendre, et surtout à ces politiciens qui détournent le regard des vrais problèmes en Suisse.

FBradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils