1

Pourquoi pas généraliser l’opération Papyrus ?

Lancement de l’opération Papyrus à Genève le 28 février 2017. Photo: Voix d’Exils.

Le bilan très positif de l’opération genevoise Papyrus pourrait inspirer d’autres cantons

L’opération Papyrus est une initiative du canton de Genève dont le but est de régulariser les personnes sans-papiers vivants sur son territoire. Elle a débuté en février de 2017 et s’est achevée le 31 décembre de 2018. Depuis son lancement, elle a permis de régulariser la situation des 2390 personnes. Il s’agit dans la plupart des cas de familles, mais il y a aussi des centaines de célibataires. Notons aussi que la très grande majorité des dossiers qui ont été traités touche au secteur de l’économie domestique.

 

Un podcast qui vous est proposé par:

Valéry Martseniuk

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Pour aller plus loin:

Sources: site internet du canton de Genève

Une lueur d’espoir au bout du tunnel des sans-papiers genevois, un article paru dans Voix d’Exils le 30 mars 2017.

 

 




Revue de presse #11

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Demandes d’asile : attention aux mauvaises traductions /A Genève, les sans-papiers ont le ventre creux / En Afrique, le Covid-19 n’arrête pas les migrations

Une mauvaise traduction peut faire basculer la vie d’un demandeur d’asile

Asile.ch 08.05.2020

En Suisse, des problèmes de traduction lors des auditions impliquant des requérants iraniens, afghans, yézidis, érythréens et kurdes ont été dénoncés. Les interprètes seraient mal formés, mal aiguillés et souvent mal surveillés. Les apartés durant les auditions et les contacts lors des pauses sont formellement interdits mais seraient pourtant fréquents. Il n’est pas rare que des tensions entre requérants et interprètes dégradent le cours d’une audition.

Le Tribunal administratif fédéral (TAF) est régulièrement appelé à se prononcer sur ce problème. Dans un arrêt du 17 février 2020, il précise qu’une mauvaise traduction conduit à un établissement incomplet, voire inexact de l’état de fait, viole gravement le droit d’être entendu du recourant et doit conduire à l’annulation de la décision du Secrétariat d’État aux migrations (SEM).

Dans une lettre adressée fin janvier à Mario Gattiker, le directeur du SEM, soixante-six experts en droit d’asile, dont des juristes, avocats et professeurs de droit, ont demandé l’instauration d’un enregistrement audio des auditions d’asile et l’organisation d’une formation spécifique pour les interprètes.

Plusieurs pays d’Europe ont déjà mis en place le dispositif d’enregistrement. C’est le cas de la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Finlande, la Suède, la Pologne, la Slovénie et Malte. D’autres comme l’Italie, Chypre et les Pays-Bas sont en voie de suivre leurs voisins. Son adoption par la Suisse, lui permettrait d’améliorer la qualité de la procédure et contribuerait à l’harmonisation du droit d’asile en Europe.

Pour l’heure, le SEM assure qu’en matière de traduction il est l’un des meilleurs dans le domaine, mais reconnaît néanmoins l’existence de bavures et s’est dit ouvert à l’enregistrement audio des auditions d’asile. A suivre.

 

Affamés, les travailleurs précaires sortent de l’ombre

ATS, 10.05.2020

A Genève, la crise du Coronavirus touche durement les travailleurs précaires, parmi lesquels une majorité de sans-papiers. Plus forte que la peur de s’exposer à découvert, la faim pousse cette population jusque-là très discrète à sortir de l’ombre. Et la Suisse découvre effarée des images de files interminables qui se forment depuis deux semaines les samedis devant la patinoire des Vernets.

Après des heures d’attente, hommes et femmes parfois accompagnés d’enfants repartent avec un colis de produits alimentaires. De quoi tenir jusqu’à la semaine suivante. Les partenaires sociaux, parmi lesquels la Ville de Genève qui coordonne l’opération, s’inquiètent face à l’augmentation croissante du nombre de personnes fragilisées.

Alors qu’en Suisse romande, et en particulier à Genève, cette population cachée prend le risque de se montrer pour chercher à manger, il n’en va pas de même en Outre-Sarine. Dans les villes de Zurich, Berne et Bâle, les sans-papiers évitent de s’exposer par crainte de se faire arrêter par la police puis expulser. Les distributions de nourriture ont donc lieu dans la plus grande discrétion, loin des caméras des médias.

A noter que l’opération Papyrus qui avait permis en 2017-2018 la régularisation de plusieurs milliers de clandestins à Genève, n’a pour l’heure pas trouvé d’équivalent du côté alémanique.

 

Malgré la pandémie, les flux migratoires continuent

RTBF, 09.05.2020

Malgré la pandémie, des milliers d’Africains continuent de tenter la périlleuse traversée du Sahara via le nord du Niger et la Libye dans le but d’atteindre les côtes méditerranéennes puis l’Europe. Selon des témoignages recueillis, ils préfèrent pour beaucoup mourir du coronavirus que de vivre dans la misère.

Depuis 2015, un plan anti-migrants a été mis en place à la frontière entre le Niger et la Libye. Tout au long de la crise sanitaire, les forces de sécurité ont intensifié leur surveillance pour que les mesures de fermeture des frontières soient respectées. Les mesures anti-coronavirus ont encore aggravé encore la situation puisque les routes elles aussi sont complètement bloquées.

Malgré la solidité du dispositif mis en place, les mouvements migratoires se sont poursuivis. En moins de deux mois, plus de 300 migrants ont été interceptés par l’armée nigérienne du côté de sa frontière avec la Libye.

D’autres migrants interceptés dans le Sahara ont été placés en quarantaine durant 14 jours sur des sites temporaires nigérians où l’Office International pour les Migrations (OIN) a accueilli environ 1600 personnes bloquées dans le désert depuis la fermeture des frontières à fin mars.

 

Oumalkaire / Voix d’Exils

 

 




La revue de presse #4

La revue de presse: la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe: les champions de la naturalisation / bilan de l’opération Papyrus / des expulsions coûteuses ->

Les Russes, champions de la naturalisation en Suisse

Swissinfo.ch, 20 février 2020

Le passeport rouge à croix blanche serait plus attractif pour les résidents venus de loin que pour les Européens. La Commission fédérale des migrations (CFM) et l’Université de Genève ont publié récemment des chiffres détaillés sur la naturalisation qui montrent que 10,3% des Russes vivant en Suisse ont été naturalisés entre 2011 et 2017, ce qui les place en pole position.
« Les personnes qui se lancent dans une procédure comptent s’établir dans le pays sur le long terme et participer à la vie politique », explique Philippe Wanner, professeur ordinaire à l’Institut de démographie et socio économie de l’Université de Genève, et co-auteur de l’étude.
Parmi les autres ressortissants étrangers qui présentent un taux de naturalisation élevé, on compte 6,01% d’Irakiens et 3,16% de Sri lankais – l’un des groupes de migrants les plus importants de Suisse. « Ce sont des populations qui n’ont pas l’envie ou la possibilité de rentrer dans leur pays d’origine pour des raisons politiques. Pour ces personnes, la naturalisation peut aussi être un signe de reconnaissance envers le pays qui les a accueillies. »

Genève régularise des milliers de sans papiers

Le Courrier, 21 février 2020.

L’ « opération Papyrus », visant à régulariser un nombre important de personnes sans permis de séjour vivant à Genève depuis des années, a été un succès. Lancée en 2017, « Papyrus » a permis la régularisation de 2390 personnes à Genève. Parmi elles, on compte 437 familles (676 parents et 727 enfants), ainsi que 24 couples sans progéniture et 939 célibataires.
Seuls 47 dossiers ont été refusés à cause de l’important tri des candidatures ayant été fait en amont. Quelques cas de tentatives de fraude ont été dénoncés à la justice, mais elles sont restées «l’exception». Alors que 744 dossiers sont encore à l’étude, la démarche ne devrait cependant pas être renouvelée.
Sans surprise: 74% des dossiers concernaient des personnes travaillant dans le domaine de l’économie domestique, à des postes majoritairement occupés par des femmes. 7% concernaient le bâtiment et 4% l’hôtellerie et la restauration.

Des expulsions qui coûtent cher à la France

Mediapart, 24 février 2020

Ces derniers mois, les vols charters français à destination de l’Albanie et de la Géorgie se sont multipliés, avec l’appui de l’agence européenne de garde-frontières: Frontex.
Depuis l’été dernier, Frontex a été mobilisée à six reprises pour renvoyer des demandeurs d’asile vers Tirana, en Albanie, ou Tbilissi, en Géorgie, des pays considérés comme « sûrs » et dont les ressortissants – qui représentent les deuxième et troisième contingents de demandeurs d’asile en France – sont accusés de détourner la procédure d’asile pour des raisons économiques.
A titre d’exemple, le site d’information français Mediapart, cite le vol du Boeing 737 parti le 28 juin dernier de Toulouse en direction de la Géorgie, et qui a coûté 103 784 euros (environ 110 500 francs suisses). Un prix très élevé qui s’explique par la présence de 48 «escorteurs» de diverses nationalités (notamment des policiers et des interprètes), accompagnant sept adultes et six enfants renvoyés vers Tbilissi, alors que 90 personnes devaient initialement faire le voyage. Un authentique fiasco.
Même si l’agence Frontex prend en charge une partie du coût des vols charters, les expulsions coûtent très cher à la France qui a déboursé presque un demi-milliard d’euros en 2018.

Valmar / Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

A propos de l’opération Papyrus: « Une lueur d’espoir au bout du tunnel des sans-papiers genevois », article publié dans Voix d’Exils le 30.03.2017.




Une lueur d’espoir au bout du tunnel des sans-papiers genevois

Photo: rédaction vaudoise de Voix d'Exils

Photo: rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Genève a lancé depuis peu « l’opération Papyrus » pour régulariser une partie des sans-papiers vivant dans le canton

Le 21 février dernier, le Conseiller d’Etat Pierre Maudet lançait en collaboration avec la Confédération « l’opération Papyrus » ayant pour but la régularisation d’une partie des sans-papiers vivant dans le canton de Genève. Une semaine après, le 28 février, une soirée d’information mise en place par plusieurs organisations s’est tenue au Palladium de Genève, qui a attiré près de 1400 personnes selon les organisateurs. Retour sur un événement qui marque une « avancée majeure » pour les sans-papiers de Suisse.

Il était près de 20h lorsque le Palladium a ouvert ses portes pour une soirée où 1’800 personnes se sont rendues, dont 400 n’ont malheureusement pas pu accéder. Ayant pour but de donner des informations aux sans-papiers pour constituer leur dossier en vue de l’obtention d’un permis B, cette séance a été mise en place par quatre organisations. À savoir : le Centre social protestante (CSP), le Centre de contact Suisses-immigrés Genève (CCSI), le Syndicat SIT et le Collectif de soutien aux sans papier de Genève.

13’000 sans-papiers à Genève

Depuis de nombreuses années, des immigrés travaillent clandestinement dans le canton de Genève, notamment comme employés de maison, femmes de chambre ou encore des nounous, sans pour autant jouir d’un statut de séjour légal  en Suisse. La plupart vient d’Amérique latine, mais aussi des Balkans, des Philippines ou de Mongolie. Selon une étude du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), datant de 2015, environ 13’000 clandestins vivraient à Genève et 76’000 dans toute la Suisse

Une avancée « majeure »

Les associations de défense des sans-papiers parlent aujourd’hui, après 15 ans de luttes acharnées, d’une « avancée majeure ».

Le processus de normalisation du statut des étrangers sans-papiers a débuté en 2015. Après les premières mobilisations collectives pour revendiquer des droits aux sans-papiers, et des années de travaux préparatoires avec les autorités, une solution de régularisation a été trouvée grâce à l’opération Papyrus. Sa mission est essentiellement de lutter contre l’économie souterraine. Elle offre aux sans-papiers, remplissant des critères définis, une garantie de stabilité et de sécurité de leur séjour en Suisse durant une fenêtre de deux ans.

Madame Marianne Halle du Centre de contact Suisses-immigrés Genève (CCSI), interrogée par Voix d’Exils, a confirmé que le projet de régularisation serait étalé sur deux ans comme l’ont annoncé les autorités. Un délai après lequel une évaluation de l’opération sera faite pour savoir s’il est judicieux de la poursuivre ou non. Une poursuite que Madame Halle espère de tout cœur!

Les 500 personnes n’ayant pu accéder au Palladium et attendant dehors au froid recevaient des messages de leurs proches présents dans la salle qui les informaient en temps réel des annonces tant attendues. On pouvait lire la joie et l’espoir se dessiner sur leurs visages qui s’illuminaient après des années – voire des dizaines d’années – d’attente. Une ressortissante Bolivienne nous a confié qu’elle se sentait « abandonnée et laissée pour compte » avant cet événement. Tandis que d’autres personnes présentes n’osaient réellement croire à ce qu’ils vivaient et se posaient encore la question si cette avancée était réelle ou non.

Les critères à remplir pour l’obtention du précieux sésame

La procédure concerne les ressortissants de tous les pays n’appartenant pas à l’Union européenne ou à l’Association européenne de libre-échange. Les personnes en procédure d’asile n’y ont également pas droit.

Pour pouvoir en bénéficier, il faut avoir un emploi; être indépendant financièrement; avoir séjourné continuellement pendant au minimum 5 ans en Suisse en ce qui concerne les familles avec enfants scolarisés, et 10 ans pour tous les autres. Il faut de plus prouver une intégration réussie qui traduit un bon niveau de français mais aussi aucune condamnation pénale antécédente.

S’agissant du revers de la médaille, selon le quotidien 24 heures, un échec d’une demande aura pour conséquence un renvoi du pays et la décision finale appartiendra au SEM. Il est dès lors « conseillé aux sans-papiers de se renseigner au préalable auprès des permanences mises sur pied par les organisations actives dans la défense des droits des étrangers »

Il s’agira donc pour les sans-papiers genevois d’être extrêmement prudents avant de s’engager dans cette procédure, afin d’éviter que cette aubaine inespérée ne se transforme pas en vil guet-apens.

Niangu Nginamau et Lamine

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils