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REVUE DE PRESSE #40

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Fin d’un accord controversé sur la migration entre la Chine et la Suisse / Le nombre de réfugiés et déplacés dépasse la barre des 80 millions / La Suisse ne fait pas figure de bon élève en matière d’intégration

Fin d’un accord controversé sur la migration entre la Chine et la Suisse

Le Matin, le 06 décembre 2020

Le 6 décembre de cette année, un accord migratoire entre la Suisse et la Chine a pris fin; et pour le moment, la Confédération s’est abstenue de le prolonger. Entré en vigueur en 2015, le texte était controversé en raison de la situation liée aux droits humains en Chine et, surtout, de sa nature secrète. Selon la NZZ, l’accord en question, permettait à des fonctionnaires de la sécurité chinoise d’entrer en Suisse sans statut officiel. Ces derniers étaient autorisés à établir l’identité des personnes séjournant illégalement en Suisse et présumées de nationalité chinoise. A ce sujet, Daniel Bach, chef de la communication du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), a soutenu que la base légale est suffisante dans la loi sur l’asile. Il a également indiqué qu’une seule délégation chinoise est venue en Suisse dans le cadre de cet accord en cinq ans.

 

Le nombre de réfugiés et déplacés dépasse la barre des 80 millions

Le Temps, le 09 décembre 2020

En pleine pandémie de Covid-19, un triste nouveau record a été atteint. En début d’année, le nombre de personnes qui avaient été forcées de quitter leur foyer en raison de persécutions, conflits et violations des droits humains, s’élevait au niveau mondial à 79,5 millions. Ce chiffre a même dépassé les 80 millions à la mi-2020, selon un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Il s’agit d’un chiffre record. Parmi les 79,5 millions, 45,7 millions sont des personnes déplacées dans leur pays, 29,6 millions sont des réfugiés et d’autres personnes déplacées de force hors de leur pays, et 4,2 millions sont des demandeurs d’asile. Dans un communiqué, le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déploré que le monde ait atteint ce nouveau record et a averti que la situation allait s’empirer si les dirigeants mondiaux ne résolvaient pas les conflits.

 

La Suisse ne fait pas figure de bon élève en matière d’intégration

swissinfo.ch, le 10 décembre 2020

Chaque année, le Migrant Integration Policy Index (MIPEX) compare les politiques d’intégration de 52 pays et établit un classement. Dans la nouvelle classification publiée le 9 décembre 2020, la Confédération suisse se trouve au 25e rang, juste derrière: la France, l’Allemagne, l’Italie ou encore le Royaume-Uni. La Suisse obtient 50 points sur 100, soit sept à huit points de moins que la moyenne des autres pays d’Europe occidentale. L’étude place la Suisse parmi les pays qui proposent aux migrants de pays tiers des possibilités d’intégration temporaires, mais pas la garantie de pouvoir s’établir de manière permanente. Une position similaire à celle de l’Autriche et du Danemark. S’inscrivant dans une forme de continuité, la politique d’intégration de la Confédération n’a pas évolué au cours de la dernière décennie, montre également l’index.

 

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 

 

 




Guerre contre le terrorisme

Auteur: Skeeze Pixabay.com – CC0 Creative Commons Skeeze

Le rôle trouble du Pakistan

 

Le premier janvier dernier, Donald J. Trump, le Président des Etats–Unis, a écrit un tweet dénonçant le rôle trouble du Pakistan dans la guerre contre le terrorisme :”The United States has foolishly given Pakistan more than 33 billion dollars in aid over the last 15 years, and they have given us nothing but lies & deceit, thinking of our leaders as fools. They give safe haven to the terrorists we hunt in Afghanistan, with little help. No more! »

Donald Trump exprime clairement la frustration des États-Unis d’Amérique, qui ont investi beaucoup d’argent au Pakistan depuis des années pour lutter contre le terrorisme. Comme le Pakistan a toujours soutenu les talibans, le résultat final est une recrudescence des attaques contre les troupes afghanes, américaines et de l’OTAN en Afghanistan.

Le tweet du président Donald Trump a soulevé la colère au Pakistan, avec beaucoup de manifestations contre les Etats-Unis. Les manifestants ont brûlé des drapeaux américains et appelé à la mort de l’Amérique, disant que, comme l’Amérique a perdu la guerre en Afghanistan, elle cherche un bouc émissaire.

Selon le Pakistan, rien ne prouve que le pays soutienne et protège les terroristes. Quel genre de preuve faut-il pour faire la démonstration que c’est bel et bien le cas ?

Des questions troublantes

Le 2 mai 2011, le chef d’Al-Qaïda Oussama bin Laden, le terroriste le plus recherché dans le monde, a été assassiné par les commandos du SEAL de la marine américaine dans la ville pakistanaise d’Abbottabad, à seulement 1,3 kilo mètres de l’académie militaire pakistanaise. Pendant des années, il a vécu dans un complexe remarquable avec ses trois épouses et ses enfants.

Est-ce qu’il vivait sans aucune forme de soutien de la part de l’appareil d’État ou est-ce qu’il y a quelque chose que les États-Unis et le Pakistan cachent à leur population et au reste du monde?

Même si l’on accepte l’argument selon lequel les responsables pakistanais et les organismes de l’Etat n’étaient pas au courant de sa présence dans le pays, il reste beaucoup de questions sans réponse. Si l’État pakistanais ne soutenait pas Oussama, alors pourquoi le Dr. Shakil Afridi, l’homme qui a aidé les États-Unis à le localiser, est-il toujours en prison ? Sa seule faute est d’avoir aidé les Etats-Unis à cibler le terroriste le plus recherché d’Al-Qaïda.

Le Mollah Omar, le dirigeant et fondateur des talibans afghans, est décédé en 2013 dans un hôpital de Karachi. Sa mort n’a été annoncée officiellement ni par les talibans ni par les Etats-Unis. On peut donner ici le bénéfice du doute au Pakistan.

Mais comment le Pakistan peut-il nier la présence du mollah Akhtar Mansour, chef des talibans afghans après le Mollah Omar, tué par un drone américain le 22 mai 2016 dans la province pakistanaise du Baloutchistan ? Il avait un passeport pakistanais avec de nombreuses mentions de départ et d’entrée depuis un aéroport pakistanais. Comment a-t-il obtenu son passeport ? Qui l’a aidé à se le procurer ? Qui lui a donné l’assurance de voyager en toute sécurité ? Ces questions suffisent à prouver l’implication de l’État pakistanais.

Un homme comme le Mollah Mansour peut-il voyager sans être certain de ne pas être arrêté et remis à l’Amérique au risque de subir des tortures dans la baie de Guantanamo? Il est peut-être courageux, mais il ne prendrait jamais de tels risques. Comment se fait-il que la personne la plus recherchée du monde vive paisiblement avec sa famille près d’une base militaire, voilà la question qui devrait être posée à l’Amérique et aux pays de l’OTAN.

Une autre coïncidence est le fait que le chef taliban Afghan nouvellement élu, Mullah Hibatullah Akhundzada, était auparavant professeur de religion à Quetta, au Baloutchistan, province du Pakistan.

Il n’y aura pas de paix si l’on ne s’attaque pas aux racines du terrorisme. Le peuple afghan continuera de souffrir et les soldats américains et l’OTAN continueront de mourir, il n’y aura pas de paix en Afghanistan.

Il convient de reconnaître que la population pakistanaise a beaucoup souffert du terrorisme : on ne peut pas oublier le meurtre des écoliers de Peshawar ni le fait que des milliers d’autres personnes ont perdu la vie dans cette guerre. Mais d’une certaine manière, le pays soutient les terroristes au nom de la religion et de l’intérêt national.

Bugti Jamal Khan

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 

 




Grande manifestation à Milan en solidarité avec les migrants

 CC0 Public Domain

CC0 Public Domain

« Nous ne construirons pas avec les briques de l’intolérance, du racisme et de la peur de nouveaux murs »

Plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont des personnalités politiques et le maire de la ville, ont défilé samedi 20 mai à Milan, dans le nord de l’Italie, pour manifester leur solidarité avec les migrants. Le cortège était précédé d’une banderole « Ensemble sans murs » selon le site d’information l’Essentiel

Malgré l’aggravation des conditions météorologiques en Méditerranée, l’afflux de migrants en Italie ne cesse de se renforcer et la capitale du pays a du mal à y faire face. Des centaines d’entre eux sont actuellement bloqués à Rome. Les autorités de la capitale italienne ont mis en place un réseau de centres d’accueil, mais il n’y avait pas assez de places disponibles pour abriter tout le monde.

Malgré ces conditions difficile, la grande manifestation de samedi dernier a eu lieu et a rassemblé beaucoup de monde dans les rues de Milan. Plusieurs personnalités se trouvaient à la tête du cortège, dont le président du Sénat Pietro Grasso, le maire de Milan Giuseppe Sala ou l’ex-commissaire européenne aux droits de l’Homme, Emma Bonino. M. Grasso, membre du Parti démocrate (PD, gauche), a assuré que depuis ce jour « nous avons commencé à respirer un nouvel air, un air de liberté et d’espérance ». « Aujourd’hui nous disons à voix haute, avec fermeté et sérénité, que nous ne ferons pas marche arrière, nous ne construirons pas avec les briques de l’intolérance, du racisme et de la peur de nouveaux murs et de nouvelles divisions », a poursuivi le président du Sénat. « Intégrer les étrangers qui ont le droit de vivre dans notre pays », c’est-à-dire en règle avec les papiers, « n’est pas un cadeau ou un geste de générosité, cela sert à rendre le pays plus fort », a conclu M. Grasso. Propos rapportés par L’essentiel

Commentaire

Face à la politisation de la question des migrants, leur stigmatisation et la xénophobie croissante créée par les politiciens et les médias occidentaux nous observons une autre tendance. Il y a une énorme solidarité grandissante avec les réfugiés et la prise de conscience par la population de ces pays que leurs problèmes sont le produit de la nouvelle politique colonialiste des États-Unis et d’autres pays occidentaux et que les réfugiés sont des victimes impuissantes de ces politiques qui ont besoin d’aide et de sympathie.

Hayro

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




«Il faut changer les mentalités pour accéder à la démocratie»

Tariq Ramadan. Photo: Umar Nasir CC-BY-NC-ND

Tariq Ramadan. Photo: Umar Nasir CC-BY-NC-ND

Le samedi 4 mai, le théologien islamologue suisse d’origine égyptienne Tariq Ramadan a donné une conférence au Complexe Culturel des Musulmans de Lausanne à l’occasion de la sortie de son nouveau livre « l’Islam et le réveil arabe ». Intitulée « Deux ans de printemps arabe, et après ? », la conférence de Tariq Ramadan revient sur le renversement des dictatures qui a marqué plusieurs pays du Moyen-Orient ces dernières années. Compte-rendu des propos qu’il a tenu.

M. Ramadan a débuté sa conférence du 4 mai par un constat réjouissant:  «durant la période du printemps arabe le Moyen-Orient s’est réveillé. Il y a eu une prise de conscience de la population qui a eu le courage de faire tomber la dictature. Avant cela, les arabes n’avaient pas bougé.»

Instabilité politique et intérêts géostratégiques au Moyen-Orient

Selon Tariq Ramadan, les dictatures présentes au Moyen-Orient stabilisaient tous les États de la région, raison pour laquelle elles étaient soutenues par certains pays comme les USA ou la Russie. Ces mêmes États, aujourd’hui, encouragent la démocratisation. D’après le théologien, cette contradiction n’est pas d’ordre politique mais économique et géostratégique.

En effet, les pays occidentaux s’intéressent avant tout aux ressources du Moyen-Orient, comme par exemple les ressources minières de l’Afghanistan et le pétrole de l’Irak. L’intervention américaine en Irak de 2003 à 2011 a déstabilisé le pays politiquement, tout en protégeant ses ressources pétrolières. L’Irak produisait beaucoup économiquement durant cette période, mais était très fragilisé politiquement par les États-Unis. Le pétrole était donc sous la mainmise des multinationales occidentales, pendant que la politique du pays était totalement bouleversée. Tariq Ramadan prend aussi l’exemple de la Syrie, en soulignant que plus le conflit entre sunnites et chiites dure, plus le Moyen-Orient est divisé et plus la région est déstabilisée, ce qui arrangerait les gouvernements américain, chinois et russe. Le Moyen-Orient est donc déstabilisé politiquement à des fins géostratégiques.

«Libérer l’esprit de tout ce qui peut aliéner la pensée»

Selon Tariq Ramadan, il faut considérer tous les éléments pour voir s’il y a possibilité de transparence, c’est-à-dire de démocratie. Tout d’abord, il faut mettre fin à la corruption, car si l’éthique n’est pas respectée, la démocratie n’est pas possible. Ensuite, il souligne l’importance d’une réforme de l’éducation. Il est en effet essentiel, selon l’auteur, que l’éducation favorise une pensée autonome et responsable, dans des pays arabes qui proposent actuellement des systèmes éducatifs sélectifs et favorisant les savoirs appris par cœur. Il faut libérer l’esprit de tout ce qui peut aliéner la pensée, tout en respectant la dignité humaine.

Pour Tariq Ramadan, il est donc essentiel aujourd’hui que soit menée une révolution culturelle et spirituelle et de ne pas être émotifs ou impulsifs comme ce serait selon lui le cas des personnes de culture arabe. Selon l’islamologue, leur éducation est une «éducation de craintifs». Ensuite, Tariq Ramadan souligne que la présence des femmes sur le devant de la scène joue un rôle important et que statistiquement les femmes étaient beaucoup plus présentes que les hommes durant les événements du printemps arabe. Il note également que la démocratie n’est possible que si une justice sociale est appliquée. Et, enfin, l’islamologue explique que la dimension culturelle est fondamentale. Selon lui, si l’on est cultivé et informé, on est libre intellectuellement et culturellement. En deux mots, selon l’auteur, les deux grandes priorités de l’action à mener actuellement se situent sur les plans culturel et économique et non politique.

«Savoir accepter la diversité des opinions»

Pour conclure, la solution d’après Tariq Ramadan est de s’équiper intellectuellement. On a la responsabilité de s’informer et de transmettre l’information. Il ne faut pas se taire mais être la voix de la conscience. Il est donc important d’apprendre la diversité des opinions qu’elles soient traditionnelles, rationnelles, politiques, réformistes ou autre. Il est nécessaire d’instaurer un dialogue intra religieux et de gérer la diversité politique pour éviter la division. Cependant, selon l’auteur, la culture de diversité est absente dans les pays arabes où l’on considère une opinion comme une possession de la vérité. Or, une opinion n’est qu’une perception de la vérité parmi d’autres. Il faut donc savoir accepter la diversité. Il est important de s’éduquer intellectuellement de manière autonome, de s’engager courageusement et de changer sa mentalité pour pouvoir communiquer avec autrui dans le but d’accéder à la liberté et à la démocratie.

Samir

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos:

Vous pouvez visionner la conférence dans son intégralité en cliquant ici




Edito. Clash entre l’islam et l’Occident : à qui profite le crime ?

www.voixdexils.ch

L’agitation et les violences récentes provoquées par la diffusion d’un film qui ridiculise le prophète Mahomet ont encore aggravé les malentendus et les mauvaises interprétations entre l’Occident et le monde islamique. Les grands médias s’en sont donnés à cœur de joie, en soulignant au passage l’ignorance mutuelle des deux camps, le peu de connaissances que détiennent les Occidentaux de l’islam et vice-versa et la narration fausse de l’Islam contre l’Occident. Tant et si bien que, pour beaucoup d’entre nous, il est devenu courant de penser que la seule relation possible entre le monde islamique et l’Occident s’insère dans un cycle de conflits politiques et culturels.

Sans doute, depuis des siècles, les extrémistes des deux camps ont cultivé cet « esprit caricatural » en réduisant à des stéréotypes, musulmans et Occidentaux chacun à sa manière. Mais toute personne assez ouverte à étudier l’islam et  l’Occident comprend que la principale source d’erreurs n’est pas religieuse ou culturelle mais bien politique. La friction engendrée par la politique étrangère américaine au Moyen-Orient, les enjeux géopolitiques du Golfe Persique, le conflit israélo-palestinien, la montée de l’extrême droite en Europe et la politique de prosélytisme islamique en Asie occidentale ont envahi le terrain culturel et produit une polarisation des identités dans laquelle les valeurs de base et les croyances des « autres » sont considérées comme problématiques et menaçantes. En conséquence, dans la relation troublée entre certains occidentaux et certains musulmans, il y a la conviction de plus en plus répandue de la futilité et de l’absence de dialogue entre l’Occident et l’Islam.

La généralisation de la thèse bien connue du «choc des civilisations» du politologue américain Samuel P. Huntington peut mieux expliquer les raisons de cette confrontation, car elle légitime les stéréotypes provocateurs et sensationnalistes popularisés par les tenants de « la guerre contre le terrorisme islamique » et du slogan « A bas l’Occident blasphématoire». George W Bush et ses faucons en savent quelque chose, mais les Ayatollahs aussi !

Il existe de nombreuses preuves qui démontrent que, pour attaquer l’islam, ou l’Occident, les fanatiques des deux côtés sont prêts à utiliser n’importe quel mensonge. Les fanatiques Occidentaux ne connaissant pas l’islam, n’ont aucun désir de comprendre ou de tolérer les musulmans parce qu’ils imaginent l’islam comme une religion de violence qui veut envahir, voire détruire et dévorer l’Europe.

Voilà qu’aujourd’hui l’l’islam et l’Occident souffrent d’un grave déficit de tolérance. En Occident, de nombreux stéréotypes et la désinformation qui contribuent à l’islamophobie sont enracinés dans la peur de l’islam. Certains présentent cette religion comme un bloc monolithique, statique, sauvage, irrationnel, menaçant et résistant au changement. La peur de l’islam est devenue un phénomène social en Occident, et les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, sont devenus pour beaucoup d’Occidentaux l’image de l’envahisseur musulman, le symbole selon lequel musulman est égal à terroriste.

Mais la fausse représentation de l’islam est parallèle à la fausse représentation de l’Occident. Autrement dit, «l’islamophobie», ou la peur de la marée islamique, a un contrepoids …«l’occidentophobie», soit la peur de l’Occident et de ses valeurs. La mondialisation est devenue synonyme d’occidentalisation et les musulmans radicaux sont préoccupés par la culture occidentale, qu’ils n’hésitent pas à classer comme impure et satanique.

Bien que les versions apocalyptiques, violentes et d’un autre âge, qui glorifient la mort ne sont portées que par une petite minorité de musulmans, l’opinion publique mondiale semble considérer ces attitudes hostiles comme représentatives de l’ensemble du discours islamique, créant un climat qui conduit à l’absence de dialogue et à la violence extrême.

Peut-être un bon point de départ est de reconnaître que de nombreux musulmans du monde entier se sont prononcés en faveur de solutions spirituelles et non-violentes, du dialogue et de la paix. Mais force est de constater que ces paroles n’ont pas réussi à endiguer le flot des stéréotypes. Et nous avons besoin d’apprendre davantage au sujet des musulmans et de leur culture dans les écoles européennes, pour mettre fin à cette crainte injustifié et injustifiable pour tout ce qui vient d’ailleurs. En outre, il devrait y avoir plus de musulmans pluralistes et non-violents visibles dans l’espace public et surtout dans les médias en Occident, afin de trouver une troisième voie pour résoudre les conflits entre les interprétations occidentales de la liberté individuelle et les interprétations islamistes des droits et des devoirs des musulmans.

Peut-être qu’il est temps que les Occidentaux comprennent que ce qui importe le plus, ce n’est pas seulement de trouver le juste équilibre entre les expressions de l’identité musulmane et l’idée de laïcité occidentale et républicaine, mais de prendre des mesures concrètes pour éliminer les malentendus et les interprétations erronés qui ont contribué à donner une image négative des musulmans comme des gens violents, hostiles culturellement et inaptes à la démocratie.

Qu’est qui est vraiment difficile à comprendre ?

Y a-t-il un sens dans le fait qu’un pasteur, peut-être timbré, brûle un Coran dans le fin fond des Etats-Unis, ce qui incite à des milliers de kilomètres de là des musulmans du quartier de Haoussa (quartier à forte concentration musulmane dans une ville à majorité chrétienne) à Douala, à brûler les églises situées dans ce même quartier ?

Y aurait-il un sens si mon ami Chamarke, musulman très pratiquant, décidait subitement de ne plus me rendre visite parce que ma nouvelle petite amie suissesse s’habille en mini-jupe hyper sexy, si l’imam de la mosquée que Chamarke fréquente chaque vendredi venait à un jour à prêcher contre ce genre d’habillement ?

A vous de voir !

FBradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils