Sous la loupe : L’exode des personnes migrantes afghanes du Pakistan s’intensifie face à la répression d’Islamabad / Tempête Ciaran : «Au moins 1500 personnes exilées sont restées sans solutions» à Calais en France / Au Burkina Faso, les violences djihadistes contraignent des populations à être déplacées et des écoles à fermer
Et à la production : Alix Kaneza, Tsering, Julia Ryzhuk et Malcolm Bohnet.
La rédaction vaudoise de Voix d’Exils
FLASH INFOS #164
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Sous la loupe: « Les politiques antimigrants » de l’UE et de la Tunisie dénoncées / L’Arabie saoudite accusée de la mort de centaines d’Ethiopiens à la frontière avec le Yémen / Manque de logements à Paris: campement de personnes migrantes devant l’Hôtel de Ville.
Déjà 300 morts en 3 mois de manifestations contre le régime iranien
Les manifestations pour dénoncer le meurtre de Mahsa Amini par la « police des mœurs » ne montrent aucun signe d’apaisement, malgré une réaction violente des autorités iraniennes, ce qui constitue un défi pour la République islamique depuis sa fondation en 1979. Rencontre avec Marjane*, une femme iranienne réfugiée en Suisse, qui partage son point de vue sur les raisons de l’intensité des manifestations en cours en Iran.
L’oppression des femmes en Iran a commencé suite à la révolution islamique il y a 43 ans et n’a fait que s’intensifier durant tout ce temps. La situation des femmes en Iran est donc difficile car cela fait une quarantaine d’années que l’État exerce un contrôle strict sur leur corps. D’une part, elles sont tenues à porter le voile, d’autre part, elles sont persécutées par les « gardiens de la révolution », ainsi que par la « police des mœurs »: une unité des forces de sécurité du pays dont la mission est de les harceler dans la rue afin qu’elles respectent les lois islamique du code vestimentaire en public, c’est-à-dire porter le voile correctement, de manière à ce que leurs cheveux ne soient pas visibles, ne pas porter de vêtements moulants ou colorés et bien couvrir leurs bras et leurs jambes.
La punition pour s’être dévoilée en public peut être la détention, l’emprisonnement, une amende ou des coups de fouet. Ainsi, les femmes du pays de la soi-disant « révolution » sont soumises quotidiennement à des hommes inconnus qui les poursuivent, les battent, les aspergent avec des sprays au poivre et les traitent même de « putes ».
Les plus grandes manifestations contre le régime
Les manifestations les plus récentes ont commencé parce qu’en septembre dernier, la police des mœurs est allée trop loin, étant accusée d’avoir battu à mort une jeune femme. Sa mort a suscité de vives protestations rejetant la violence religieuse machiste. Par solidarité, de nombreuses femmes sont descendues dans les rues sans voile et d’autres, dans un geste symbolique, ont mis sur les réseaux sociaux des vidéos où elles se coupent les cheveux.
Mais les personnes qui défendent les droits des femmes sont réprimées parce qu’elles s’opposent à ce système patriarcal et oppressif et la conséquence de l’opposition à la République islamique est l’exécution, souligne Marjane.
Ce peuple est victime d’actes cruels de discrimination et c’est pourquoi la jeune femme s’appelait en réalité Jina, mais Jina en kurde signifie « femme » et, en Iran, il est interdit de parler cette langue. C’est pourquoi Jina a été rebaptisée Mahsa. Or, dans les médias de tout le Kurdistan, elle est appelée Jina Mahsa: son nom kurde.
300 morts parmi les manifestant.e.s
C’est ainsi que dans le Kurdistan iranien, dans certaines régions d’Iran, on entend depuis lors des cris avec des slogans comme : « Jin, Jiyan, Azadî » ce qui signifie « Femme, vie, liberté » et « Bimre Dîktator », soit « Mort au dictateur ». Ces phrases d’indignation sont dites dans la langue interdite : le kurde.
En outre, « Jina a été violée et torturée physiquement et mentalement par la police des mœurs. De nombreuses personnes ont été tuées, emprisonnées et exécutées également. En effet, le régime utilise des armes à feu pour réprimer les révolutionnaires », s’indigne la jeune Iranienne Marjane.
Finalement, Marjane estime que pour le moment, rien n’est clair, « cette révolution a commencé il y a presque trois mois » explique-t-elle. De plus, elle espère qu’elle se terminera en faveur du peuple iranien qui se bat pour sa liberté. malgré environ 300 morts dus à la répression de la République islamique, les manifestations se poursuivent et aujourd’hui il semble impossible d’en connaître l’issue. La seule certitude est que la révolution gardera un fort caractère féministe selon la plupart des mouvements féministes qui se battent pour cette cause.
*Nom d’emprunt.
Propos recueillis par:
Renata Cabrales
Membre de la rédaction de Voix d’Exils
FLASH INFOS #105
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Sous la loupe: Le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés appelle à une égalité de traitement / Scandale en Belgique face aux nouvelles mesures de retour des sans-papiers / Espagne: un bug informatique touche les demandes d’asile
Chaque année, des réfugié·e·s africain·ne·s traversent la Méditerranée pour arriver en Europe. Lors de ce voyage, ils rencontrent beaucoup de difficultés et nombre d’entre eux décèdent en chemin. Un drame survenu samedi dernier en est un exemple récent. Environ 90 exilé·e·s africain·ne·s en partance de Libye ont traversé la Méditerranée et 86 d’entre eux ont perdu la vie avant d’arriver à destination. Par ailleurs, de nombreuses personnes réfugiées subissent de la maltraitance et de la torture dans les centres de détention libyens avec lesquels l’Union Européenne coopère.
Afin de renvoyer de nombreuses personnes sans papiers dans leur pays d’origine, le gouvernement belge a l’intention de construire plusieurs centres fermés, semblables à des centres de rétention, qui serviront aux retours forcés. Selon le Secrétaire d’État à la migration, Sammy Mahdi, il s’agit là d’une décision historique. Il affirme que : « Nous créons plus de capacité de retour que jamais et pouvons faire un pas de géant dans la politique de retour de notre pays ».
Cependant, pour les associations de défense des droits de l’homme et d’aide aux migrant·e·s, le gouvernement a fait une erreur car ce n’est pas une décision juste. La coalition Move, un groupe d’action dont Caritas International fait partie, estime qu’en misant sur la démultiplication des lieux de détention « le gouvernement se trompe d’enjeu ». De plus, pour les groupes humanistes, les centres fermés ressemblent à bien des égards à des prisons et ne sont pas bons pour les personnes migrantes. Ils dénoncent la communication du Secrétaire d’État qui « diffuse une vision criminalisante des migrant·e·s en général et des personnes en séjour irrégulier en particulier ».
Près de 4000 demandes d’asile ont disparu à cause d’un grave problème informatique survenu dans la région de Valence en Espagne. Le bug concerne les demandes déposées depuis le 28 janvier qui n’ont pas encore reçu de réponse, à l’exception des dossiers ukrainiens qui ne sont pas touchés par ce problème.
Les demandeurs et demandeuses d’asile ne peuvent pas déposer de dossier jusqu’à ce que le problème soit résolu, ce qui a engendré une explosion des demandes de rendez-vous. Cette situation a créé une liste d’attente importante et aucun rendez-vous n’est disponible avant juin.
Zahra Ahmadiyan
Membre de la rédaction Vaudoise de Voix d’Exile
Faire face
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Miguel Bruna / Flickr.com
L’égalité des sexes comme partie intégrante de la solution aux nombreux défis contemporains
Les inégalités, le manque d’opportunités et la surcharge de travail sont des problèmes familiers pour les femmes du monde entier, depuis des décennies. Et voici qu’à la lutte menée pour accéder à une vie digne, s’ajoute maintenant le défi de faire face à une pandémie. Nous sommes dans une phase sans précédent et personne ne sait ce qui va se passer. Nous regardons l’avenir avec un mélange de peur et d’incertitude. L’inattendu, l’impensable nous atteignent de toute part.
C’est comme si un tsunami était arrivé, dévastant tout ce que nous avions créé, bousculant notre façon de vivre, d’apprécier le partage, de travailler. Tous nos sens ont reçu un impact inquiétant : il n’y a plus de goût, il n’y a plus d’odeurs, nous ne pouvons plus apprécier le goût d’un bon vin ni la nourriture la plus exquise. L’air magnifique qui entrait dans nos poumons pour y engouffrer la vie, voilà qu’il passe à peine à travers les masques qui couvrent nos visages pour éviter de nous infecter. Notre regard finit par être contaminé par les images d’actualité de millions de morts dans les différents pays, nos oreilles n’entendent plus qu’un écho répétitif qui dit : « COVID-19, tests, nouvelles mesures, mise en quarantaine, infections, décès, contagions, mutations »… et ne parlons pas du contact physique, de l’accolade ou de l’étreinte, celle dont on dit tant qu’elle guérit les blessures, réconforte, encourage… C’est devenu interdit, les bises ont été remplacées par un petit geste et la poignée de main par une touche du coude.
Oui, tout cela ressemble à un film d’horreur ou de science-fiction. Mais ce n’est pas la plus grande horreur encore. La plus grande horreur est vécue par les femmes. Les mesures de confinement – y compris le télétravail – exacerbent les tensions sur les charges domestiques, la sécurité, la santé, l’argent et augmentent le risque de violence domestique.
Nous devons éviter tout type de régression. Il est temps d’être ambitieux et d’assumer l’égalité des sexes comme partie intégrante de la solution aux nombreux défis auxquels nous sommes confrontés en termes de sécurité, de santé, de climat, d’économie et de droits humains fondamentaux.
Mais, surtout, le plus important est que nous ayons une intelligence suffisante dans la sphère collective et personnelle pour tirer des leçons de chaque situation, ainsi qu’un optimisme que nous ne pouvons pas perdre.
Les crises font ressortir le meilleur de chaque individu. La vie d’aujourd’hui exige vraiment 100% de nos capacités, de notre talent, de notre générosité. Nous avons connu un changement vertigineux, relevé un énorme défi pour maintenir l’activité professionnelle, la famille au milieu de la peur. Notre responsabilité dorénavant est de minimiser l’impact négatif de cette pandémie. Nous devons le faire même face à un avenir incertain, car l’avenir n’est pas écrit, nous sommes celles et ceux qui allons le construire chaque jour. Nous devons nous confronter à nous-mêmes. Que sommes-nous capables d’offrir? Que sommes-nous capables de surmonter? Que sommes-nous capables de transformer? Que sommes-nous capables de reconstruire? Comment pouvons-nous nous réinventer pour continuer? Comment pouvons-nous être utiles aux autres ainsi qu’à nous-mêmes?
Vraiment, c’est ce que la vie exige de nous actuellement. Nous ne pouvons pas abandonner nos luttes, nous devons continuer ; nous avons le droit de nous sentir tristes, fatigué.e.s et parfois même vaincu.e.s. Nous pouvons nous reposer mais, chaque jour, nous devons nous lever et reconstruire, qu’importe si nous sommes à nouveau un peu brisés à la fin de la journée. Il faut voir l’opportunité de chaque nouveau jour, car cette opportunité est la nôtre et nous avons un pouvoir sur elle.