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L’EVAM ouvre le dialogue avec les habitants du quartier de Montjoie

La tribune de la rencontre organisée par l’EVAM dans le quartier de Montjoie

Ambiance houleuse au Mont-sur-Lausanne lors de la séance d’information organisée par l’EVAM (Établissement vaudois d’accueil des migrants), le 28 mars dernier. Une partie des habitants du nouveau quartier de Montjoie ne veut pas d’un centre de formation pour migrants à leur porte et l’ont fait savoir haut et fort.

Une majorité des quelques 150 habitants de Montjoie présents ce soir-là se sont dits « trompés sur la marchandise ». A la place des commerces de proximités et de la garderie que la Caisse de pension Migros leur avait promise, c’est un centre de formation pour requérants d’asile qui s’installera dans deux bâtiments du quartier entre octobre 2012 et mars 2013.

L’EVAM compte implanter son nouveau centre de formation dans deux bâtiments au chemin de Rionzi 55-57

L’EVAM veut en effet concentrer dans ces bâtiments la quasi-totalité de son activité de formation, aujourd’hui disséminée dans cinq lieux de la région lausannoise. Ce regroupement concernera environ 40 collaborateurs et près de 300 requérants d’asile ou réfugiés. Résultat: les résidents de Montjoie craignent de voir la quiétude de leur quartier perturbée par ces nouveaux voisins.

« Ici, les habitants sont de toutes les nationalités. Nous ne sommes pas

Une exposition de photographies présente les programmes d’occupation de l’EVAM

racistes ou intolérants, mais nos craintes sont justifiées, a souligné l’un des habitants ». «Comment gérer les 300 réfugiés qui débarqueront quotidiennement et qui ne manqueront pas durant la journée de prendre possession des parties communes et des espaces verts initialement destinés aux enfants? », s’est inquiété un autre. « Il s’agit d’une population de pendulaires qui rentre chaque soir dans les divers lieux d’hébergement situés à l’extérieur du quartier » a précisé Pierre Imhof, le directeur de l’EVAM. « Ceci offre ouvre d’ailleurs la possibilité aux habitants d’utiliser une partie de ces locaux pour développer des activités de quartier en dehors des heures de cours, comme le week-end ». A ce dernier de conclure son intervention en soulignant que « les requérants d’asile font tout pour s’intégrer, ils souhaitent faire leur vie en Suisse et y ont un avenir. Actuellement, nous ne rencontrons aucun problème de cohabitation entre les centres de formation et les populations locales.

Pendant la soirée, certains s’en sont pris avec beaucoup de virulence au représentant de la Caisse de pensions Migros, Monsieur Christian Rosseli, propriétaire des lieux. Pour sa défense, ce dernier a affirmé « n’avoir pas trouvé d’autres locataires intéressés ou prêts à payer le prix demandé. Quant à la garderie, le projet a mis longtemps avant d’être soutenu par la commune. Entre temps, les négociations entre l’EVAM et la Caisse de pensions Migros avaient abouti et se sont soldées par la signature du bail en février dernier ».

Des banderoles visibles sur quelques balcons du quartier de Montjoie

Un groupe de contact pour faciliter le dialogue entre les habitants du quartier et l’EVAM

Au terme de la rencontre, une habitante du quartier a proposé de créer un groupe de contact afin de poursuivre le dialogue. Pierre Imhof a relevé la pertinence de cette idée et a invité les intéressés à contacter l’EVAM. Pour l’heure, l’aménagement du centre de formation fait l’objet d’une mise à l’enquête publique.

Sara

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Commentaire

J’étais le seul requérant d’asile présent dans la salle cette soirée et j’ai eu un sentiment de tristesse par la colère qui animait la majorité des personnes présentes, qui mêlait une déception quant aux promesses qui n’ont à priori pas été tenues par la Caisse de pension Migros et l’annonce de l’arrivée du centre de formation EVAM pour requérants d’asile dans le quartier.

Je souhaite rappeler ici que tous les migrants ne sont pas sans éducation. Ils 

désirent suivre une formation parce qu’ils jugent que l’acquisition de nouvelles compétences est fondamental pour faciliter leur intégration dans la société suisse.

Comment des habitants d’un quartier peuvent-ils être en colère face à la

Une banderole à proximité du futur centre de formation de l’EVAM

venue des requérants d’asile qui souhaitent se former sans les connaître ? D’où vient cette colère ? Est-ce dû au fait qu’ils n’ont pas eu ce qu’ils voulaient de la part de la Caisse de pension Migros: à savoir des commerces et une crèche ? Est-ce lié à une instrumentalisation de cette colère par des personnes qui ont déposé à plusieurs reprises des tracts dans les boîtes à lettres des habitants du quartier pour attiser une haine à leur encontre ? 

Un monsieur d’origine suisse est venu à ma rencontre à la fin de l’événement et il s’est excusé pour ce qui s’est passé. Je lui ai répondu qu’à présent, je comprends qu’il y a une grande différence entre ce que je pense de la population suisse et ce que pense de moi la majorité des personnes qui ont assisté à cette séance d’information.

Sara




Des bénévoles de l’International School of Lausanne proposent des activités aux enfants du foyer EVAM de Crissier

Les enfants peuvent stimuler leur créativité à Crissier. Photo Rob Swales.

Le centre d’hébergement EVAM de Crissier accueille environ 400 personnes de cultures et d’origines différents, seules ou en familles. Parmi elles, on trouve beaucoup d’enfants. Tout comme leurs parents, ils ont vécu la guerre, la pauvreté, les menaces. Ils ont quitté leurs amis, parfois des frères et des sœurs, sans nécessairement comprendre ce qu’ils font aujourd’hui dans ce pays étranger qu’est pour eux la Suisse. La seule chose que revendiquent ces petits déracinés, c’est de recevoir de l’attention et de l’affection et de pouvoir vivre leur enfance. Rob Swales, Australien dont la femme travaille à l’International School of Lausanne et Silvia Alvarez, originaire d’Espagne et voisine de Rob, sont deux bénévoles qui proposent des activités de loisirs aux enfants de Crissier.

 

Voix d’Exils : Les parents disent « Si vous voyez beaucoup d’enfants tourner dans le foyer de Crissier, cela signifie que Rob et Silvia sont là !». Vous venez régulièrement vous occuper des enfants ?

Rob Swales : Oui, je passe tous les mercredis à Crissier pour organiser des programmes ludiques, artistiques et sportifs pour autant d’enfants que possible.

Photo: Rob Swales

Silvia Alvarez : J’aide mon ami Rob Swales dans le cadre des activités du mercredi après-midi destinées aux enfants et aussi aux adolescents. Ces activités se déroulent soit à Crissier, soit ponctuellement à L’International School of Lausanne (ISL). Par exemple, en ce moment, les enfants suivent un atelier de sculpture et ils exposeront leurs créations.

Ils visionnent des DVD et font des promenades dans la forêt à proximité. Depuis peu, les enfants ont commencé un cours de Teakwondo animé par Monsieur Omid, l’un des nouveaux résident du foyer.

Pouvez-vous nous parler un peu de cette école et nous dire comment fonctionne la collaboration avec l’EVAM ?

Silvia Alvarez : L’ISL collabore avec l’EVAM depuis le printemps 2011 à travers son programme d’entraide aux requérants d’asile. Cette aide consiste notamment à accorder l’écoute nécessaire aux enfants qui n’ont pas eu la chance de pouvoir vivre une enfance paisible dans leur pays d’origine. Je conseille aussi des adolescentes et des jeunes femmes pour les aider à mener une vie meilleure et leur offrir des possibilités d’épanouissement.

Photo: Rob Swales

Rob Swales: Une grande partie des activités implique la participation des étudiants de l’International School of Lausanne. L’ISL met à disposition des enfants du foyer un autobus qui les amène à son campus du Mont-sur-Lausanne où ils partagent avec un groupe d’étudiants des activités culinaires, musicales, artistiques, sportives et ludiques. Les enfants du foyer ont par exemple été invités à fêter Noël 2011, à manger des gâteaux, à assister à une représentation théâtrale et à une disco organisée par les étudiants et le personnel de l’école.

Qui finance les activités destinées aux jeunes migrants ?

Rob Swales: Les familles des étudiants de l’ISL fournissent des jouets, des livres, des vêtements de bonne qualité ainsi que des produits pour les soins du corps. En plus, des collectes de fonds sont organisées à l’ISL pour alimenter un compte bancaire qui finance des activités pendant les vacances scolaires. L’ISL a également comme projet de proposer un « panier de nouvelles baskets » destiné aux enfants du foyer.

Anush OSKAN

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils