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«La réouverture du Musée de l’immigration est vraiment un miracle»

Ernesto Ricou lors de l’inauguration du nouveau Musée de l’immigration le 18.03.2022. Omar Odermatt / Voix d’Exils.

Le Point d’Appui à Lausanne accueille le nouveau Musée de l’immigration

Le Musée de l’immigration a été fondé par Ernesto Ricou en 2005 à Lausanne à l’Avenue de Tivoli 14. Contraint de quitter les lieux, le musée a failli fermer définitivement ses portes. In extremis, il a trouvé des nouveaux locaux au Point d’Appui à Lausanne et a pu rouvrir ses portes le 18 mars de cette année.

Selon Ernesto Ricou, la réouverture du musée est vraiment « un miracle », ce après avoir presque perdu l’espoir de trouver un nouveau lieu pour accueillir sa grande collection d’objets qui sont très importants pour la mémoire de la migration.

Aux origines du musée

Cet endroit intéressant consacré à la mémoire de la migration a ouvert ses portes en 2005 dans un local à l’avenue de Tivoli 14 à Lausanne. La collection d’objets d’une grande valeur historique et sentimentale est notamment composée de valises, photos et coupures de presse qui témoignent des douloureuses trajectoires de la migration et de l’humanité des êtres qui quittent leur pays pour de multiples raisons.

Dix-sept ans après l’ouverture de cet endroit de mémoire de l’immigration, le musée était sur le point de disparaître car le local était voué à la démolition pour laisser la place à un logement social. En outre, depuis 2015, le musée ne reçoit plus d’aide financière de la Ville de Lausanne, car « le projet ne s’inscrit pas dans ses priorités culturelles »

La persévérance porte ses fruits

Cependant, Ernesto Ricou a toujours gardé l’espoir de trouver de nouveaux locaux pour le musée. Après le premier jour de fermeture, alors qu’il était presque résigné à perdre son projet, il reçoit la visite de Diane Barraud, la responsable du Point d’Appui qui est une structure d’accueil et de soutien aux personnes migrantes de l’Eglise catholique et de l’Eglise évangélique réformée vaudoise. Elle lui propose un nouveau lieu pour son musée et un nouveau refuge pour la mémoire des migrations. Lors de l’inauguration du nouveau Musée de l’immigration, le vendredi 18 mars dernier, Ernesto Ricou a organisé une visite des collections. Fière de son travail et de sa persévérance qui ont finalement porté leurs fruits, il est aujourd’hui heureux et soulagé d’avoir eu la chance d’avoir trouvé ce nouveau lieu. Mais surtout, il remercie toutes les personnes qui ont cru et soutenu son projet altruiste. Et d’ajouter :  « Ce qui me fait tenir le coup ? Mère Térésa, dont le portrait est toujours accroché en bonne place dans le musée ».

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise du Voix d’Exils

Pour aller plus loin:

Ecoutez un extrait de la visite du nouveau musée de l’immigration par Ernesto Ricou le 18 mars dernier:

Pour visiter le musée : rendez-vous au Point d’Appui qui se trouve, à la rue St- Martin 36, à Lausanne.

Le musée de l’immigration est à la recherche de nouveaux locaux. Voix d’Exils, le 5 juillet 2016

Musée de l’immigration – Lausanne Musées (lausanne-musees.ch)




Miracle

Source: pixabay.com

Un poème de Masar Hoti

Notre rédacteur Masar Hoti vous propose de découvrir son poème intitulé « Miracle ». Une version en albanais – langue natale de l’auteur – est également disponible ci-dessous après la version française.

 

MIRCALE

Yeux dans les yeux, IVRESSE

Cœurs entrelacés, MIEL

Voyage vers la destination des chevaliers VITAUX

Cible de roses FRUCTUEUSES

Point terrestre dans l’évolution COSMIQUE

Un monde miséricordieux CHARGÉ

Avec une joie INDESCRIPTIBLE

Une vie qui apportera LA VIE

Un nouveau VOYAGE

Un MONDE

Qui recevra et DONNERA

Un voyage temporaire FACTURÉ

Vraiment des MIRACLES

 

MREKULLI

Syri dret syrit  DEHJE

Ledhatime zemrash MJALT

Rrugetim drejt cakut e kalorseve JETIK ,

Cak i  trendafilave  FRYTEDHENSE

Nje pike dheu ne evolucion KOSMIK

Nje bote  meshiruse e NGARKUAR

Me  gezim te  PA PERSHKRUAR

Nje jete qe do te sjell JETE

Nje udhetim i ri ,nje BOTE

Qe do te merre dhe do te JEP

Nje udhtim i perkoheshem me LLOGARI

Vertet MREKULLI

 

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




Aram Karim : le miraculé de Dublin ?

Renens, mardi 3 mai 2016 Portrait d'Aram Karim, photojournaliste irakien et réfugié en suisse à Renens Quotidien de La Côte / Sigfredo Haro

Renens, mardi 3 mai 2016
Portrait d’Aram Karim, photojournaliste irakien et réfugié en suisse à Renens
Quotidien de La Côte / Sigfredo Haro

Le photojournaliste kurde-irakien Aram Karim devait quitter la Suisse lundi 10 mai, pour la France. Mais son vol spécial ne l’a finalement pas emporté dans les airs. Intervention divine ou couac organisationnel ? A chacun sa réponse.

A la fin du mois de mars, Aram Karim reçoit une lettre le sommant de retourner en France : pays où il a déposé sa première demande d’asile, ce conformément aux accords de Dublin. Un plan de vol est organisé par le Service de la population du Canton de Vaud (SPOP) qui prévoit de le parachuter à Marseille avec une escale à… Bruxelles.

Retour à la case départ

Lundi 10 mai, deux policiers en civil viennent comme prévu à 4 heure 30 du matin pour embarquer Aram Karim et l’emmener à l’aéroport de Genève-Cointrin, sans toutefois le menotter. Or, une fois sur place et après une longue attente, il apprend que l’Etat Belge refuse de le laisser entrer sur son territoire. Ne pouvant embarquer dans l’avion, il est alors renvoyé seul au Service de la population du Canton de Vaud (SPOP) pour recevoir un nouveau « papier blanc » d’une validité de quelques jours et un nouveau plan de vol pour Marseille au départ de Zürich prévu demain, le jeudi 20 mai. Aram aura à peine le temps de fermer l’œil cette nuit car les agents l’embarqueront à 2 heures du matin.

Aram le miraculé de Dublin. Auteur: Giorgi, membre de la rédaction vaudoise de Voix d'Exils

Aram le miraculé de Dublin. Auteur: Giorgi, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

Un autre destin que Dublin ?

Aujourd’hui, Karim Aram se sent toujours dans une insécurité absolue face à son avenir. « J’ai peur, car si la Suisse me renvoie à Marseille, la France va ensuite me déporter en Irak où j’ai des gros problèmes. » Néanmoins, ce couak miraculeux lui permet de continuer nourrir le rêve d’un meilleur destin que celui qui lui a été tracé par les accords de Dublin : « J’espère toujours rester ici en Suisse, parce que j’aime ce pays et j’ai déjà des amis ici qui ne veulent pas me voir quitter la Suisse. Je souhaite que le Secrétariat d’Etat aux migrations revienne maintenant sur sa décision de m’expulser en France.»

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Aram Karim. Photo: Omar Odermatt

Aram Karim. Photo: Omar Odermatt

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Une mère retrouve miraculeusement son fils après six ans de séparation !

Rehema et son fils OmarSéparés durant six ans par la guerre qui fit rage en Somalie, une maman et son fils se sont retrouvés récemment grâce au service de recherche de la Croix-Rouge. Dans les rues de Sierre (Valais), Igor, âgé de 7 ans, et sa mère goûtent enfin à un bonheur familial auquel ils n’ont jamais eu droit. Il a fallu beaucoup d’espoir et bien des péripéties pour en arriver là. Maria*, mère courageuse, nous livre ici le récit des faits ayant conduits à ces retrouvailles qu’elle appelle « un miracle de la vie ».

VDE. Comment se portent le petit Omar et sa maman ?

Maria : Hum ! (silence) Igor* a commencé une nouvelle vie. Il essaie de parler à une mère qu’il ne connaît pas. Il a une nouvelle langue : le français, qu’il apprend, un nouvel environnement à découvrir, une nouvelle école. Bref, il a toute une nouvelle vie pleine de défis à relever. La découverte de son pays d’accueil a été un choc. En voyant du haut de notre immeuble le sol couvert de neige et les rues presque désertes un soir d’hiver, il m’a demandé : « Maman, ici les enfants ne s’amusent pas comme en Afrique? » Je lui ai répondu que nous étions en hiver et qu’il faisait beaucoup trop froid pour que les enfants s’amusent dehors le soir.

Au début, ce n’était pas facile pour lui de comprendre pourquoi il devait aller à l’école, car il n’y était jamais allé. J’ai demandé à ses professeurs de lui accorder une attention particulière. Maintenant, il s’est fait des amis et il change énormément. Quant à moi, je suis comblée de l’avoir à mes côtés et cela me suffit pour aller mieux.

Par quel miracle avez-vous pu retrouver votre fils six années après que la guerre vous a séparés l’un de l’autre ?

Je dois nos retrouvailles au service de la Croix-Rouge qui se charge de rechercher les personnes dont la famille est sans nouvelles. Les faits remontent à 2009, année où je suis arrivée en Suisse, en pleine dépression. Lors d’une consultation, mon docteur m’a demandé de lui raconter mon histoire. Sans hésiter, je lui ai ouvert mon cœur et traduit toute la douleur que pouvait éprouver une mère qui a perdu tout contact avec son unique fils, âgé d’à peine un an. J’ai aussi parlé des autres membres de ma famille dont j’étais sans nouvelles à cause de la guerre en Somalie.

Ému, le docteur m’a informée de l’existence d’un service de la Croix-Rouge avec lequel il proposait de me mettre en relation. Mais à ce moment-là, j’avais besoin de tout, sauf de promesses. Je me suis dit que c’était encore une parole d’espoir que l’on me donnait, faute de m’offrir une solution. Par conséquent, je n’y ai accordé aucune importance.

Contre toute attente, j’ai reçu un jour une lettre de la Croix-Rouge qui m’invitait à Berne. J’ai été reçue par une dame qui m’a demandé de lui raconter mon histoire dans ses moindres détails. Réveiller ce passé douloureux n’a pas été aisé, mais j’ai collaboré autant que possible. A la fin de l’entretien, mon interlocutrice m’a prévenue que les recherches concernant la Somalie étaient difficiles et n’aboutissaient pas toujours. Au lieu de me désespérer, ces paroles ont suscité en moi un espoir insoupçonné. De retour à mon domicile, je me suis mise à prier très fort pour que ce miracle qui se produisait si rarement avec la Somalie se réalise dans ma vie. En fin de compte, il s’est réalisé.

Comment ce miracle a-t-il été possible ?

J’appelais régulièrement la Croix-Rouge pour avoir des nouvelles. Mon interlocutrice m’a fait savoir que des annonces étaient diffusées tant dans leur réseau que sur la radio BBC. Il m’arrivait parfois de perdre patience mais cette démarche étant ma seule raison d’espérer, je n’ai jamais lâché prise… Jusqu’au 19 mars 2010 quand j’ai reçu un message de la Croix-Rouge qui a fait tout basculer. Au bout du fil, mon interlocutrice m’annonçait posément : « Madame, nous avons des indices qui portent à croire que nous avons retrouvé votre fils ». Mais je n’ai pas pu en savoir plus à ce moment-là. La porteuse de la nouvelle s’est refusée à me donner plus de détails tant que toutes les vérifications attestant que j’étais la mère biologique de l’enfant ne seraient pas effectuées.

Cette nouvelle m’a donné du baume au cœur, mais elle m’a aussitôt plongée dans l’angoisse. Je passais des jours entiers à monologuer et à me questionner sans fin. Qu’allait-il se passer si ces vérifications n’aboutissaient pas? Cette flamme d’espoir qui s’éveillait en moi allait-elle s’éteindre subitement ? Aurais-je encore des raisons de vivre ? Je me donnais du courage en me disant : « Si Dieu a permis que l’on retrouve mon enfant, c’est parce qu’il veut nous donner la chance de goûter un jour au bonheur de vivre ensemble ».

Quelque temps après, j’ai reçu la photo de mon fils. A vrai dire, je ne l’ai pas reconnu. Je l’avais perdu lorsqu’il avait à peine un an. Je ne disposais pas d’indices pour le reconnaître six ans plus tard. Mais pour moi, ce n’était pas le plus important : j’avais perdu mon fils, on l’avait retrouvé, donc il devait me rejoindre immédiatement. Mais les choses ne se sont pas passées comme cela. Tant que les résultats du test ADN ne seraient pas connus, nous devions rester séparés l’un de l’autre par des milliers de kilomètres.

Comment avez-vous vécu cette attente ?

Cette attente a été un véritable supplice. Je passais des nuits blanches, les yeux rivés sur la photo de l’enfant, à me demander quand je le verrais. Un jour, comme je m’enfonçais encore dans l’angoisse, la dame de la Croix-Rouge m’a annoncé que le test ADN était positif et que mon fils arriverait en Suisse le 18 novembre 2010. Une immense joie m’a envahie. J’avais reçu la lettre m’annonçant qu’on l’avait retrouvé le 19 mars 2010 et il aura fallu presque neuf mois pour que je le tienne dans mes bras. Tout s’est passé un peu comme lors de ma grossesse, lorsque, jour après jour, je me demandais comment mon enfant se développait dans mon ventre. Mais cette fois-ci, je m’interrogeais sur ses conditions d’existence, si loin de moi. A chaque fois que je mangeais, je me demandais par exemple si lui aussi avait trouvé quelque chose à manger.

Je devais aller l’accueillir à l’aéroport de Zurich. Compte tenu de l’horaire d’arrivée de l’avion, la seule alternative dont je disposais était d’y passer la nuit pour espérer le voir à sa sortie.

Comment se sont passées vos retrouvailles ?

Ce fut l’un des jours inoubliables de ma vie. N’ayant personne, j’ai fait toute seule le déplacement jusqu’à l’aéroport de Zurich. « Igor va-t-il m’accepter comme sa mère ou me renier ? ». La question me tourmentait sans que je puisse y répondre. Debout, partagée entre joie et angoisse, je voyais les heures, les minutes et les secondes s’égrener. Tout d’un coup, j’ai vu une fine silhouette sortir du hall. Mon instinct maternel s’est éveillée d’un coup, je me suis dit sans hésiter : « C’est mon fils ! ». Il était un peu perdu, nos regards se sont croisés. Il m’a regardée comme si j’étais une inconnue. Après un court moment d’hésitation, j’ai couru à sa rencontre, puis je l’ai embrassé. Je l’ai serré fort, très fort dans mes bras, comme si je pouvais rattraper toutes ces longues années de séparation.

Nos yeux se sont embués de larmes. L’émotion était grande. J’aurais aimé avoir quelqu’un avec moi pour garder une photo de cet instant unique. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Mon fils et moi avons réalisé que nous n’avions personne. Dieu merci, il vit aujourd’hui avec moi. Au fil des jours, nous apprenons à nous connaître.

Comment Omar a-t-il survécu durant vos années de séparation ?

Après notre séparation en Somalie, il a été recueilli par une dame qui, fuyant aussi la guerre, s’est réfugiée au Kenya. Suite à l’avis de recherche lancé sur la radio BBC, la bienfaitrice a accepté de donner des nouvelles d’Igor.

Je ne saurais suffisamment la remercier car elle a aimé mon fils comme si elle était sa mère biologique. Elle avait, de son côté, un garçon qu’elle a d’ailleurs présenté à Omar comme son frère de sang. Tous vivaient une vie modeste dont la chaleur familiale était le ciment. Le projet de départ d’Omar pour la Suisse a été un coup de massue qui a bouleversé cette harmonie. J’ai dû convaincre cette femme de laisser Omar me rejoindre. Cela a été pénible mais elle ne s’y est pas opposée. Nous avons pris conscience que nous formons désormais une seule famille. De ce fait, Igor et moi appelons souvent son frère et sa seconde mère qui vivent au Kenya.

Avez-vous quelque chose d’autre à ajouter ?

J’aimerais, à travers vos colonnes, crier ma joie, la joie d’une mère qui a retrouvé son fils. J’ai accepté de témoigner pour apporter un message d’espoir à tous ceux qui ont perdu des proches et qui tentent désespérément de les retrouver. J’ai appris récemment le décès de mon père, mais je suis toujours sans nouvelles de mes trois frères que je recherche activement. Je propose à tous ceux qui recherchent des proches de se joindre à moi pour entretenir la flamme de l’espoir, cette flamme qui nous maintient debout même si tout semble nous faire croire le contraire. Que ceux qui auront l’occasion de faire une démarche de recherche de leurs proches disparus auprès de la Croix-Rouge le fassent avec une ferme conviction, et le miracle qui s’est produit dans ma vie se produira dans la leur.

Par ailleurs, je n’ai jamais revu le docteur qui, à Vallorbe, m’a mise en relation avec la Croix-Rouge. En attendant de le rencontrer un jour, je voudrais profiter de votre tribune pour lui adresser, où qu’il soit, un immense « Merci ! » Merci infiniment d’avoir redonné du sens à ma vie.

* Noms d’emprunt

Interview réalisée par CDM

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Informations :

Les prestations du service de recherche de la Croix-Rouge sont gratuites

www.redcross.ch

‘’Life is not a straight line. Miracles happen when you believe’’

Currently enjoying the happiness to be together with her son, Maria has accepted  to share in English with our readers a short message coming from her heart.

“First of all, I would like to thank God for giving me the chance to be with my son. Secondly, I would like to thank the Swiss government for allowing me to stay in this country and the doctor who came to my rescue when I was depressed and when I had lost hope in life. I would also like to give a lot of thanks to the Swiss Redcross and especially to the Redcross tracing Service and to my social assistant who I used to call all the time. She was always kind with me and she could always give me hope. I would like to pass a message to all the parents and families who have lost their beloved one’s by wars or natural disasters that life is not a straightline. Miracles happen when you believe, so they should have faith in God and when the time comes they will be united together again. I also pray and hope that one day I will find my other three brothers”.

Maria