1

La revue de presse #5

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe: migrations en Afrique/ voix de femmes tunisiennes noires/ un plan d’urgence migration en Tunisie ->

Des millions d’Africains émigrent sur leur propre continent

Jeune Afrique, 26 février 2020

On le sait, le périple des migrant.e.s africain.e.s en quête d’un avenir meilleur les conduit souvent en Europe. Ce que l’on sait moins, c’est qu’ils sont aussi très nombreux à migrer sans quitter le continent africain. De la Somalie au Kenya, du Soudan à l’Ouganda, fuyant les conflits et les catastrophes, des millions d’entre eux se déplacent en quête de nouvelles opportunités. Ils s’installent, temporairement ou pour toujours, dans les pays voisins, ou alors ils se déplacent à l’intérieur des frontières de leur propre pays.

Cette dernière décennie, ces migrations de grande ampleur ont atteint un niveau alarmant selon le rapport de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) qui note qu’en 2018, près de 70 % des cas de déplacements mondiaux causés par les conflits et les violences à travers le monde – soit 7,5 millions – ont eu lieu en Afrique. Ces déplacements sont également suscités par le fort taux d’urbanisation du continent, les inégalités socio-économiques, ainsi que par des aléas climatiques toujours plus intenses qui réduisent les moyens de subsistance des communautés.

Pour faire face, trente pays africains ont ratifié la Convention de Kampala, qui a fêté ses dix ans fin 2019. Elle est le seul instrument juridiquement contraignant au monde qui exige des gouvernements signataires de garantir protection et assistance aux personnes déplacées.

L’espoir réside aujourd’hui dans la capacité des gouvernements africains à reconnaître l’urgence de la question et à s’associer aux organisations internationales pour combiner savoir local, accès au terrain et expertise technique.

La voix des femmes tunisiennes noires

Jeune Afrique, 28 février 2020

Docteure en géographie sociale, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques, la Tunisienne Maha Abdelhamid ne manque ni de courage ni d’esprit combatif. Le 23 janvier dernier, elle a lancé avec l’aide de six compatriotes le groupe de réflexion « Voix des femmes tunisiennes noires ».

Maha Abdelhamid a d’abord fait ses gammes en 2012 au sein de l’association ADAM pour l’égalité et le développement. Pionnière de la dénonciation des discriminations contre les noirs dans le pays, elle est devenue membre du Comité pour le respect des libertés et droits de l’homme en Tunisie. Installée en France depuis 2013, elle poursuit sa mobilisation pour son pays d’origine sur les réseaux sociaux et au travers de ses recherches.

Son objectif : faire reconnaître par la société tunisienne la pluralité de sa population. Petite précision, son groupe de femmes ne tient pas à exclure les hommes, mais plutôt à créer une nouvelle dynamique dans la sphère des femmes tunisiennes où les femmes noires ne sont pas représentées. Ou alors seulement comme des victimes.

Tunisie, un plan d’urgence pour l’accueil des migrants

Jeune Afrique, 10 janvier 2020

La Tunisie a déjà accueilli près d’un million de Libyen.ne.s au début de la guerre civile en 2011. Suite à une nouvelle escalade militaire en Libye, elle se prépare à recevoir prochainement une nouvelle vague de personnes fuyant les combats. Les autorités tunisiennes ont donc prévu un plan d’urgence pensé conjointement avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Croissant rouge. Ce plan sera activé si le nombre d’arrivées atteint, à la frontière, 300 personnes par jour ou 2’000 personnes par semaine.

Prévu pour la prise en charge de 25’000 personnes, dont 12 000 Libyen.ne.s, un nouveau camp sera si nécessaire installé rapidement dans la région de Bir El Fatnassiya. Pour faciliter le traitement des dossiers, il sera divisé en trois parties : les Libyens d’un côté, les demandeurs d’asile et les réfugiés de l’autre, et enfin les migrants.

Mais ce projet a un prix. Rien que l’installation de l’eau potable et des services nécessaires devrait coûter des millions de dollars. Des dépenses difficiles à assumer pour la Tunisie qui est exsangue économiquement. C’est pourquoi, les organisations internationales impliquées se tourneront vers l’aide de l’Union européenne (UE) et de donateurs internationaux.

La Tunisie a averti qu’elle refusait de servir de « hotspot » (sous-traitance de l’accueil) à l’UE pour les migrants qui rêvent d’Europe et qui sont présents en nombre et dans des conditions extrêmement difficiles en Libye. Si le temporaire venait à durer, des solutions de réinstallation dans un pays tiers ou les retours volontaires pourraient être envisagés. La Tunisie en appelle à la communauté internationale et aux pays européens qui ont fermé leurs frontières maritimes pour qu’ils se montrent solidaires.

 

Oumalkaire / Voix d’Exils