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Flash Infos #158

Sous la loupe : Au Tessin, les passeurs sont toujours plus nombreux, les victimes de traite d’êtres humains aussi / La fronde de Varsovie et Budapest empoisonne le sommet européen / Les expulsions de personnes migrantes vers le Rwanda jugées illégales par la justice britannique

Nos sources:

Au Tessin, les passeurs sont toujours plus nombreux, les victimes de traite d’êtres humains aussi

Le Temps, le 02 juillet 2023

La fronde de Varsovie et Budapest empoisonne le sommet européen

Le Temps, le 30 juin 2023

Les expulsions de migrants vers le Rwanda jugées illégales par la justice britannique

RTS Info, le 29 juin 2023

 




Le peuple iranien se rebelle

Déjà 300 morts en 3 mois de manifestations contre le régime iranien

Les manifestations pour dénoncer le meurtre de Mahsa Amini par la « police des mœurs » ne montrent aucun signe d’apaisement, malgré une réaction violente des autorités iraniennes, ce qui constitue un défi pour la République islamique depuis sa fondation en 1979. Rencontre avec Marjane*, une femme iranienne réfugiée en Suisse, qui partage son point de vue sur les raisons de l’intensité des manifestations en cours en Iran.

L’oppression des femmes en Iran a commencé suite à la révolution islamique il y a 43 ans et n’a fait que s’intensifier durant tout ce temps. La situation des femmes en Iran est donc difficile car cela fait une quarantaine d’années que l’État exerce un contrôle strict sur leur corps. D’une part, elles sont tenues à porter le voile, d’autre part, elles sont persécutées par les « gardiens de la révolution », ainsi que par la « police des mœurs »:  une unité des forces de sécurité du pays dont la mission est de les harceler dans la rue afin qu’elles respectent les lois islamique du code vestimentaire en public, c’est-à-dire porter le voile correctement, de manière à ce que leurs cheveux ne soient pas visibles, ne pas porter de vêtements moulants ou colorés et bien couvrir leurs bras et leurs jambes.

La punition pour s’être dévoilée en public peut être la détention, l’emprisonnement, une amende ou des coups de fouet. Ainsi, les femmes du pays de la soi-disant « révolution » sont soumises quotidiennement à des hommes inconnus qui les poursuivent, les battent, les aspergent avec des sprays au poivre et les traitent même de « putes ».

Les plus grandes manifestations contre le régime

Les manifestations les plus récentes ont commencé parce qu’en septembre dernier, la police des mœurs est allée trop loin, étant accusée d’avoir battu à mort une jeune femme. Sa mort a suscité de vives protestations rejetant la violence religieuse machiste. Par solidarité, de nombreuses femmes sont descendues dans les rues sans voile et d’autres, dans un geste symbolique, ont mis sur les réseaux sociaux des vidéos où elles se coupent les cheveux.

Mais les personnes qui défendent les droits des femmes sont réprimées parce qu’elles s’opposent à ce système patriarcal et oppressif et la conséquence de l’opposition à la République islamique est l’exécution, souligne Marjane.

Cependant, après les manifestations de novembre 2019, qui ont une origine socio-économique, il s’agit, en ce moment, de la plus grande manifestation contre le régime et personne ne peut garantir qu’elle se terminera. C’est pourquoi, le régime encourage les marches pour « protéger l’Islam » et pointe du doigt les « fauteurs de troubles », tout en accusant les États-Unis de soutenir les révoltes.

La vague de violence a fait des centaines de morts, pour la plupart des manifestants, et a conduit à de nombreuses arrestations par les forces de sécurité. Mahsa Amini n’était pas seulement une femme, mais aussi une Kurde, c’est-à-dire qu’elle appartenait au peuple kurde, qui constitue la plus grande minorité ethnique du Moyen-Orient et qui ne vit dans aucune forme d’État-nation.

Ce peuple est victime d’actes cruels de discrimination et c’est pourquoi la jeune femme s’appelait en réalité Jina, mais Jina en kurde signifie « femme » et, en Iran, il est interdit de parler cette langue. C’est pourquoi Jina a été rebaptisée Mahsa. Or, dans les médias de tout le Kurdistan, elle est appelée Jina Mahsa: son nom kurde.

300 morts parmi les manifestant.e.s

C’est ainsi que dans le Kurdistan iranien, dans certaines régions d’Iran, on entend depuis lors des cris avec des slogans comme : « Jin, Jiyan, Azadî » ce qui signifie « Femme, vie, liberté » et « Bimre Dîktator », soit « Mort au dictateur ». Ces phrases d’indignation sont dites dans la langue interdite : le kurde.

En outre, « Jina a été violée et torturée physiquement et mentalement par la police des mœurs. De nombreuses personnes ont été tuées, emprisonnées et exécutées également. En effet, le régime utilise des armes à feu pour réprimer les révolutionnaires », s’indigne la jeune Iranienne Marjane.

Finalement, Marjane estime que pour le moment, rien n’est clair, « cette révolution a commencé il y a presque trois mois » explique-t-elle. De plus, elle espère qu’elle se terminera en faveur du peuple iranien qui se bat pour sa liberté. malgré environ 300 morts dus à la répression de la République islamique, les manifestations se poursuivent et aujourd’hui il semble impossible d’en connaître l’issue. La seule certitude est que la révolution gardera un fort caractère féministe selon la plupart des mouvements féministes qui se battent pour cette cause.

*Nom d’emprunt.

Propos recueillis par:

Renata Cabrales

Membre de la rédaction de Voix d’Exils




« Être papier blanc »

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Vivre au jour le jour avec une attestation d’aide d’urgence

Les requérant.e.s d’asile déboutée.e.s reçoivent une attestation d’aide d’urgence qui leur donne accès à 10 francs par jour environ et une aide d’urgence ne couvrant que le strict minimum vital (généralement la nourriture, les vêtements, l’hygiène, le logement et les soins médicaux d’urgence). Comment vit-on l’aide d’urgence?

Afin de mieux comprendre le mode sous le régime de l’aide d’urgence, nous avons échangé avec trois personnes qui sont dans cette situation et qui sont membres de la rédaction de Voix d’Exils: Kristine, Géorgienne arrivée en Suisse en 2017; Zahra, Kurde, en Suisse depuis 2015 et Karthik, Sri-Lankais, qui vit en Suisse également depuis 2015.

Comment tombe-t-on dans l’aide d’urgence?

Qu’est-ce que l’aide d’urgence? Le site asile.ch donne la définition suivante: « Les personnes frappées d’une décision de non-entrée en matière (NEM) ou de renvoi (« débouté-e-s ») perdent le droit de travailler et sont exclues de l’aide sociale, y compris lorsque leur besoin de protection n’est pas nié (NEM Dublin). Elles sont réduites à demander l’« aide d’urgence », octroyée en vertu de l’art. 12 de la Constitution fédérale. Cette aide consiste en une prestation de survie, remise la plupart du temps sous forme de bons ou en nature (barquettes de nourriture déjà préparées, etc.), rarement en espèces (environ 10 francs par jour, voire moins). Imposant un contrôle administratif intense, parfois quotidien, l’aide d’urgence est conçue comme un dispositif d’incitation au départ ».

Impact psychologique et matériel

La vie à l’aide d’urgence peut durer indéfiniment et la peur d’un renvoi forcé est constante. Les personnes à l’aide d’urgence sont souvent livré.e.s à elles-mêmes. Seules face à leur désespoir, le sentiment d’être dans une impasse, de vivre une incertitude et une angoisse est permanent. Etant un dispositif d’incitation au départ, les conditions de vie qu’impose ce statut a des effets nuisibles sur la santé physique et psychique des personnes qui le subissent.

  • Quels sont selon vous les obstacles du papier blanc ?

Kristine

« Il y a trop d’obstacles, nous sommes limités en tout. On ne peut ni étudier, ni travailler, ni voyager. Il est difficile de se développer et de vivre normalement. »

Zahra

« On ne peut pas étudier dans le domaine de notre choix. Nous ne pouvons ni voyager, ni pratiquer un loisir par manque d’argent ou acheter le nécessaire pour du matériel de bureau. De plus, il est généralement difficile de communiquer avec les personnes qui nous entourent. »

Karthik

« Sans autorisation, nous ne pouvons pas voyager ni travailler. Nous n’avons même pas l’autorisation de nous inscrire pour suivre un cours de français afin de ne plus avoir un problème avec la barrière de la langue. »

Une situation sans fin

Pour diverses raisons, le renvoi n’est pas réalisable et pour d’autres raisons encore, certaines personnes ne veulent ou ne peuvent pas rentrer dans leur pays d’origine. Ainsi, « être papier blanc », comme on dit dans le milieu de l’asile, implique souvent de vivre dans des conditions difficiles et ce pendant plusieurs mois; voire pendant plusieurs années.

  • Peut-on envisager un avenir avec le papier blanc ?

Kristine

« Il est très difficile d’envisager un avenir avec le papier blanc, parce que nous sommes très limités. On ne peut pas apprendre et travailler sans contrat, mais je garde espoir qu’un jour j’obtiendrai une autorisation de séjour. Je me suis toujours battue pour atteindre mes objectifs car se battre pour une chose importante à toujours un sens! »

Zahra

« Jamais! On ne peut pas envisager un avenir avec un papier blanc. C’est un frein pour avancer et construire notre vie. »

Karthik

« Non, c’est impossible! Nous sommes complètement bloqués. Nous ne pouvons rien faire, nous pouvons seulement espérer et attendre que notre situation s’améliore le plus tôt possible. »

Possibilités de changement

Il arrive que certaines personnes obtiennent un statut de séjour qui apporte une certaine stabilité à leur condition de vie. Cela constitue alors un grand changement qui affecte progressivement leur mode de vie et qui peut être déstabilisant.

  • Quels types de changement imaginez-vous une fois l’autorisation de séjour obtenue ?

Kristine

« Cela changerait toute ma vie. J’étudierais, je travaillerais sous contrat, je voyagerais. Cela me donnerait plus de liberté et me permettrait de m’améliorer personnellement. De plus, avec mes progrès et mon indépendance, je profiterais à nouveau de la Suisse. »

Zahra

« Une vie dans laquelle nous serions considéré.e.s comme des citoyen.ne.s ordinaires, dans laquelle on pourrait travailler et étudier sans ce problème de papier d’aide d’urgence. »

Karthik

« Je souhaiterais obtenir le permis B afin de me sentir libre de trouver du travail et de voyager. »

Pourquoi vous ?

La situation à l’aide d’urgence complique la vie de chaque personne détentrice du papier blanc. Beaucoup ont étudié, travaillé, construit leur vie dans leur pays d’origine, puis ont dû tout recommencer à zéro et surtout s’adapter à leur arrivée en Suisse.

  • Pourquoi mériteriez-vous une autorisation de séjour en Suisse ?

Kristine

« Après avoir terminé mes onze années d’école obligatoire, j’ai commencé mes études de graphisme qui ont duré un an au collège. Par la suite, j’ai effectué trois mois de stage et j’ai commencé à travailler comme graphiste chez MBM Polygraph. Parallèlement, j’ai suivi de nombreuses formations sur divers sujets et l’une d’elles était de créer un environnement adapté pour les personnes handicapées. J’ai travaillé pendant plus d’un an, puis j’ai dû quitter mon emploi et la Géorgie en raison de ma santé qui se détériorait. Je suis venue en Suisse et j’ai commencé à travailler en tant que bénévole. Actuellement, je contribue à Voix d’Exils comme rédactrice et graphiste. Je suis productive, je suis capable de travailler avec un contrat, mais malheureusement je ne peux pas travailler avec le papier blanc. »

Zahra

« Après avoir terminé l’école obligatoire, j’ai débuté mes quatre années d’études à l’université et je suis partie d’Iran pour des raisons politiques. Arrivée en Suisse, j’ai débuté les cours de français à l’EVAM et par la suite une formation en cuisine dans cet établissement. J’ai effectué un stage à la fondation « Mère Sofia » et j’ai continué à travailler en tant que bénévole dans la même fondation. J’ai commencé à travailler dans un programme d’activité de l’EVAM et aujourd’hui, cela fait un an et demi que je suis rédactrice à Voix d’Exils. Je souhaite avoir une autorisation de séjour car je voudrais travailler afin de construire et stabiliser ma vie pour devenir indépendante. »

Karthik

« Je viens du Sri Lanka où je n’ai pas la liberté de vivre comme en Suisse car il n’y a aucune sécurité et stabilité pour construire une vie. Après avoir terminé l’école obligatoire, j’ai commencé à travailler dans l’entreprise familiale et trois ans après j’ai quitté le Sri Lanka. À mon arrivée en Suisse, j’ai pu obtenir un permis N et ceci m’a permis de travailler pendant trois ans. Je considère la Suisse comme étant un pays ouvert et tolérant envers les cultures de toutes et tous. »

Propos recueillis par:

L.B.

Membre de la rédaction de Voix d’Exils

Pour approfondir le sujet:

LE QUOTIDIEN AVEC UN « PAPIER BLANC », article paru dans Voix d’Exils le 26.11.2018

LE QUOTIDIEN AVEC UN « PAPIER BLANC » II, article paru dans Voix d’Exils le 07.01.2019




L’exil d’un soldat déserteur syrien

Illustration: L. B. / voix d’Exils

Il a choisi de fuir son pays pour ne pas assassiner son peuple

Issam* est réfugié syrien né en 1992 qui a trouvé l’asile en Suisse. Il a raconté à Doaa Sheikh Al Balad, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, l’histoire de sa désertion du service militaire en 2011 et les horreurs qu’il a rencontrées sur le chemin de la migration.

Issam a commencé son service militaire obligatoire en 2011, soit deux mois avant le début de la guerre en Syrie. Il a été témoin de plusieurs massacres à Deraa, mais il n’y a pas participé car il ne voulait pas ôter la vie de quelqu’un et se retrouver par la suite impliqué dans des actes criminels. C’est la raison pour laquelle il a décidé de fuir son pays la Syrie. Il a donc demandé un congé de son service militaire et s’est rendu chez lui à Qamichli, sa ville natale, où il a passé deux jours. Au cours de ces deux jours, son père a contacté un passeur pour aider son fils à sortir du pays. Le lendemain, au soir, Issam a voyagé avec deux autres jeunes hommes – déserteurs comme lui – accompagnés du passeur dans un petit village frontalier. Cependant, comme il s’agissait d’un village kurde, il leur a été demandé de se porter volontaires dans les forces armées kurdes. Mais Issam a refusé et s’est enfui immédiatement avec ses camarades.

Fuite de Syrie

Issam et ses compagnons ont quitté le village frontalier avec le passeur et se sont dirigés vers le Tigre au milieu de la nuit où ils sont montés à bord d’un petit bateau que le passeur avait affrété.

Malheureusement, alors qu’ils avançaient le long de la rivière, ils ont été poursuivis par un groupe armé kurde d’Irak. Ils ont été la cible de plusieurs tirs de balles et de grenades aveuglantes. Pendant cette fusillade, l’un des soldats en fuite a été touché à la tête. Lorsqu’ils ont finalement atteint l’extrémité opposée du fleuve dans la région du Kurdistan irakien, le passeur s’est enfui, après minuit, laissant Issam et son ami seuls avec le soldat blessé.

Issam et son compagnon ont alors transporté leur camarade blessé et ont marché pendant plusieurs heures dans les montagnes sans savoir s’ils se dirigeaient dans la bonne direction ou non. Après plusieurs heures de marche, ils ont commencé à crier pour que quelqu’un entende leur voix et leur vienne en aide. Puis ils ont vu, de loin, une lumière qui avançait vers eux: c’était un membre des forces peshmergas qui leur faisait signe. Une voiture de ces forces s’est alors précipitée pour transporter le blessé. Tous sont montés dans la voiture en direction d’un hôpital, mais le jeune homme est malheureusement décédé peu avant leur arrivée.

Issam et son compagnon ont passé toute la nuit à l’hôpital. Le lendemain matin, des officiers ont ouvert une enquête pour connaître les circonstances et le déroulement de la fusillade de la veille. L’enquête s’est poursuivie pendant trois jours. Après cela, ils ont été libérés à la condition de ne pas quitter la ville tant que l’affaire n’était pas terminée.

Ils ont passé les trois premiers jours de deuil avec les proches du défunt, après quoi Issam et son ami sont allés chercher un abri. Issam a trouvé une opportunité de travailler dans une usine de plastique dans laquelle il dormait également. Il y a travaillé durant deux mois. Durant cette période, la police l’a également emmené sur les lieux de la fusillade afin de connaître les détails de ce qui s’était passé sur les bords du Tigre. Après cela, il a déménagé dans la ville de Dohuk pour obtenir un permis de séjour qui lui permettrait de rester et de se déplacer entre les zones kurdes irakiennes. Issam a ensuite déménagé après deux mois dans la ville d’Erbil où il a travaillé comme serveur pendant un an.

Par la suite, Issam a pu travailler dans une entreprise d’équipements électriques de 2014 à 2017. Au cours de ces années, il a contribué à l’envoi de matériel et de denrées alimentaires dans les zones kurdes syriennes assiégées par Daech via le point de passage de Faysh Khabur. Il a ensuite travaillé dans un restaurant jusqu’en 2019 et, pendant cette période, il a tenté par divers moyens d’obtenir un passeport syrien afin de pouvoir se déplacer entre les villes irakiennes, mais en vain car les lois syriennes ne lui permettaient pas d’obtenir un passeport pour voyager en raison de sa désertion du service militaire.

L’asile en Europe

L’exil d’Issam vers l’Europe a commencé en 2020, lorsqu’il a décidé de mettre fin à son travail à Erbil. Son père a alors contacté un autre passeur qui a demandé à Issam de se rendre dans la ville de Zakho afin qu’ils se dirigent ensemble vers la Turquie. Ce voyage clandestin a duré cinq heures. Ils ont ensuite pris une voiture en direction d’Istanbul mais, en route, Issam s’est fait volé son argent par les autres membres du réseau du passeur.

A Istanbul, Issam a contacté un autre passeur et il a pu séjourner chez ce dernier pendant plusieurs jours. Durant cette période, il a fait plusieurs tentatives pour se rendre en Grèce.

Le passeur a finalement conduit Issam et un autre groupe de personnes exilées jusqu’à la frontière gréco-turque. Lorsqu’ils y sont arrivés, ils ont été contraints de parcourir une trentaine de kilomètres à pieds, car le déploiement de la police grecque sur toute la frontière rendait l’utilisation des voitures difficile. Malgré cela, ils ont réussi à atteindre leur objectif et ont pu tous se rendre à Athènes.

Malheureusement, une patrouille de la police grecque les a arrêtés dès leur arrivée à Athènes. L’ensemble du groupe a alors été reconduit vers la partie turque de la frontière gréco-turque. Tous ont été alors emprisonnés pendant une semaine. Mais Issam n’a pas perdu espoir et n’a pas abandonné l’idée de se rendre à nouveau en Grèce. Il a alors fait plusieurs autres tentatives pour rejoindre la Grèce, mais toutes ont échoué.

Toutefois, lors d’une ultime tentative, Issam a rencontré à son arrivée à la frontière gréco-turque un groupe de jeunes hommes qui, comme lui, voulaient se rendre en Grèce. Ensemble, ils ont marché pendant 11 jours vers Thessalonique, jusqu’à ce qu’ils atteignent une ferme près de la ville depuis laquelle ils ont pris un bus en direction d’Athènes.

Arrivés dans le quartier d’Omónia, le groupe a contacté des Syriens et a loué un appartement par l’intermédiaire du passeur où ils sont restés plusieurs jours jusqu’à ce qu’on leur fournisse de faux passeports. L’affaire a été couronnée de succès et ils ont pu obtenir les papiers tant attendus. Issam s’est alors envolé directement de la Grèce vers la Suisse, où sa demande d’asile politique a été acceptée un mois après son arrivée dans le pays.

Issam: nom d’emprunt

Doaa Sheikh Al Balad

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




FLASH INFOS #116

Sous la loupe: Inauguration à Berne d’un « village de conteneurs » pour les réfugié·e·s ukrainien·ne·s / Un réseau de passeurs actif dans 5 pays européens est démantelé / La Commission européenne demande l’arrêt des refoulements illégaux de réfugié·e·s



Inauguration à Berne d’un « village de conteneurs » pour les réfugié·e·s ukrainien·ne·s

RTS, le 07.07.2022

À Berne, près de 1’000 réfugié·e·s ukrainien·ne·s pourront être accueilli·e·s dans un nouveau village temporaire de conteneurs. Les dizaines de conteneurs réunis sont aménagés en chambres, cuisines communautaires, écoles et autres services. Les résident·e·s, dont les premiers et premières ont pris possession des installations le lundi 11 juillet, pourront y vivre de façon autonome et pourront également partir quand ils le souhaitent.

Le projet a toutefois été critiqué par certaines personnes qui assimilent la structure des conteneurs à celle d’une prison. En outre, selon Peter Meier, responsable de la politique d’asile à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), « ces villes de conteneurs ne peuvent être qu’une solution temporaire ».

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Un réseau de passeurs actif dans 5 pays européens est démantelé

Info Migrants, le 05.07.2022

Une opération de police a été organisée mardi 5 juillet dans cinq pays européens pour démanteler un réseau de passeurs qui faisait traverser illégalement par la Manche des exilé·e·s clandestins. L’Allemagne, la France, la Belgique, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas étaient au centre de l’opération. Au total, 36 personnes ont été interpellées pour être soupçonnées de faire partie du réseau organisé de trafic de personnes étrangères.

Informés par la police, certains médias ont annoncé que ce réseau de passeurs serait composé de Kurdes irakiens ayant permis jusqu’à 10’000 personnes de rejoindre le Royaume-Uni dans de petites embarcations.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

La Commission européenne demande l’arrêt des refoulements illégaux de réfugié·e·s

Euronews, le 05.07.2022

La Commissaire européenne en charge des Affaires intérieures – Ylva Johansson – a accusé la Grèce de procéder à des expulsions illégales et violentes de personnes migrantes à sa frontière. De nombreuses ONG dénoncent depuis un certain temps le fait que les autorités grecques exploitent, attaquent et volent des exilé·e·s afghan·es, y compris des enfants, avant de les renvoyer en Turquie via le fleuve d’Evros.

De son côté, Athènes dément ces accusations et critique le manque de solidarité des autres Etats membres de l’Union européenne (UE) face à l’afflux de personnes réfugiées.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils