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La Journée des réfugiés à été célébrée en grande pompe à Neuchâtel

Photo: Fardudin

Des stands de nourriture et des spécialités culinaires des associations de réfugiés ont donné un parfum d’ailleurs à la fête le 16 juin dernier à Neuchâtel. De la musique et des danses exotiques des quatre coins du globe ont aussi rythmé la journée: de la musique kurde d’Anatolie, des danses orientales, du flamenco, du slam et des danses albanaises… Sans oublier les animations qui étaient proposées aux enfants.

Voix d’Exils s’est joint à la fête et a rencontré à cette occasion M. Luul Sebhatu, le président de l’association Journée des réfugiés à Neuchâtel. Interview.

Voix d’Exils : Depuis combien de temps la fête des réfugiés existe-t-elle?

Luul Sebhatu : Elle existe depuis la signature de la Convention de Genève en 1951, mais personnellement je participe à cette journée depuis 1982. Au début, avec quelques amis Érythréens, nous louions un stand et nous servions de la nourriture de chez nous. Nous diffusions également de l’information sur notre pays et les raisons qui nous ont poussés à nous réfugier en Suisse. A cette époque c’était très difficile d’obtenir l’asile. J’ai eu la chance d’être reconnu comme réfugié après trois ans et demi d’attente.

Photo: Fardudin

Qui organise cette fête?

Dans le passé, c’était les œuvres d’entraide Caritas et le Centre Social Protestant qui organisaient les festivités de la Journée des réfugiés. Ensuite, nous avons créé une association qui a pris la relève lorsque les œuvres d’entraide n’ont plus voulu s’en occuper.

Combien de groupes participent à la fête?

Cette année nous étions onze.

Connaissez-vous Voix d’Exils?

Oui, nous le lisons régulièrement.

Propos recueillis par :

Fardudin

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

« Célébrer la dignité de ceux qui ont été chassés de chez eux »

Historiquement, « La Journée mondiale des réfugiés célèbre la dignité de celles et ceux qui ont été chassés de chez eux. Elle rend aussi hommage aux efforts du HCR, l’Agence des Nations Unies qui apporte assistance et protection aux réfugiés, apatrides, et aux déplacés internes.

Bien que la Journée mondiale des réfugiés ne soit célébrée que depuis 2001,

Photo: Fardudin

la tradition de sensibiliser les gens à la cause des réfugiés à travers des évènements commémoratifs a vu le jour bien avant le 21ème siècle, comme l’atteste une affiche des années 1980 pour la Journée des réfugiés africains, prédécesseur de la Journée mondiale des réfugiés.

C’est en 1914 qu’émerge ce type de commémorations, lorsque le Pape Pie X instaure la Journée mondiale des migrants et des réfugiés. Depuis, la célébration de la cause des réfugiés entre dans l’arène politique aux niveaux national et régional. La plus importante de ces commémorations, la Journée des réfugiés africains, est instaurée en 1975 par la Résolution 398 adoptée par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Dès lors, la Journée des réfugiés africains se tiendra chaque année le 20 juin afin d’honorer la résilience de celles et ceux qui ont été déplacés de force en Afrique. Le HCR a travaillé de concert avec l’OUA afin d’organiser cet évènement annuel. L’affiche présentée constitue un exemple de cette collaboration précoce.

En décembre 2000, en raison du succès croissant de la Journée des réfugiés africains, et de l’approche du 50ème anniversaire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, l’Assemblée Générale des Nations Unies adopte la Résolution 55/76. Celle-ci instaure, à partir de 2001 et en accord avec l’OUA, une Journée internationale des réfugiés qui a lieu en même temps que la Journée du réfugié africain, à savoir le 20 juin.

Désormais, chaque année, le 20 juin est l’occasion de parler du sort des réfugiés. Le passage de la Journée des réfugiés africains à la Journée mondiale des réfugiés reflète une plus grande prise de conscience, au niveau international, de la cause des réfugiés et du fait que personne ne choisit de devenir un réfugié ».

Extrait tiré du site officiel de la République et canton de Genève.

 




Le foyer de Bex fête son trentième anniversaire

Chacune des 35 communautés du foyer de Bex a préparé un plat traditionnel de son pays. Photo: Najet

Le dimanche 24 juin dernier marque une double célébration : celle de la journée des réfugiés et celle du 30 ème anniversaire du foyer pour requérants d’asile de Bex. A cette occasion, une journée extraordinaire a été organisée au foyer de Bex qui était placée sous le signe de la rencontre entre la communauté des requérants d’asile et la population locale. Cette journée de fête a notamment été animée par le groupe de musique Aquavita (eau de vie), Gabidoul le clown, des démonstrations d’arts-martiaux, des danses et un somptueux repas avec des spécialités culinaires de plus de 26 pays offertes par la cuisine.

Les festivités de la journée ont été ouvertes par le mot de bienvenue de la responsable de secteur Est de l’Evam, Madame Christine Blatti, qui a rappelé la place du requérant dans la société suisse, la mission de l’Evam et celles des autorités à leur égard.

Un centre qui a une longue histoire

Le bâtiment, qui accueille aujourd’hui les demandeurs d’asile de Bex, était connu auparavant sous la dénomination de la « Pension du Crochet », qui connut l’âge d’or du tourisme thermal de Bex-les-Bains. Mentionnons aussi que ce bâtiment a joué un rôle prépondérant durant la deuxième guerre mondiale, en abritant des populations persécutées, notamment des membres de la communauté juive contraints à l’exil par les Nazis.« Il y a 30 ans, la Croix Rouge a ouvert cette maison, je dirais même pour héberger les dix premiers Africains qui arrivèrent dans la région » nous a affirmé Madame Christine Blatti. Aujourd’hui, le foyer de Bex accueille 180 requérants d’asile, dont 66 enfants. 35 nationalités sont représentées.

Le clown Gabidoul captive les enfants

Le clown Gabidoul hynotise les enfants

A cette occasion, le clown Gabidoul a fait des numéros qui ont fait rire aux éclats les enfants. Ce fut un moment inoubliable pour eux, comme en témoigne Monsieur Sébastien, qui est un habitant de Bex et qui assisté aux pitreries du clown avec sa femme et ses deux enfants : « on a vu Gabidoul le clown qui partait en vacances, les enfants ont bien rigolé, c’était magnifique pour les petits. En plus de cela, la morale était assez sympa, parce que finalement, il a conclu que l’endroit idéal où on était le mieux c’était à Bex. J’ai eu du plaisir surtout à observer les enfants rire à ce point. C’était vraiment chouette ! A cela s’ajoute qu’en tant qu’adulte, j’ai aussi bien profité de cette journée ».

Suite à cela, un groupe d’enfants a fait une impressionnante démonstration de Ju-jitsu en présence de leur maître Yenene. Ils ont démontré une grande motivation et ont été acclamés par le public pour leur travail remarquable.

Un doux mélange multiculturel

Photo: Najet

L’aspect multiculturel de l’événement était flagrant lors du partage du repas commun composé de mets traditionnels préparés et offerts par l’ensemble des requérants d’asile de Bex. Mais également lors des danses où les gens harmonisaient leurs mouvements sur des musiques du monde entier et dépassaient ainsi leurs différences culturelles. Une ambiance parfaite où les requérants d’asile, les autorités de l’Evam et les habitants de Bex étaient assis à une même table. « Je suis là, parce que je trouve que les requérants d’asile sont mal soignés dans mon pays. Des journées pareilles sont toujours de belles journées, de belles rencontres. Par contre, je regrette de ne pas avoir vu les gens qui sont contre les requérants l’asile. Ils auraient dû venir voir comment ça se passe et comment les gens vivent aussi », s’exclame avec amertume Madame Suzi  Dulex Karsa Tchasseu , qui est une habitante de Bex. De leur côté, les requérants d’asile ont dans leur ensemble beaucoup appréciés ce moment. Certains ont même affirmés qu’ils n’ont jamais connu en Suisse des échanges et des dialogues aussi riches qu’aujourd’hui. L’on pouvait aussi remarquer la présence des gens qui provenaient de régions plus lointaines, mais ayant leurs activités professionnelles à Bex et des membres du clergé de l’Eglise catholique présente dans la commune.

« Il n’y a de différences que dans les statuts qu’on leur donne »

Photo: Najet

Les scientifiques disent que le soleil ne se couche jamais, mais c’est l’homme qui s’éloigne de la lumière. De même, souvent, ce n’est pas la vérité qui est cachée, mais c’est plutôt l’être humain qui ne se donne pas la peine de la connaître. On entend souvent la cheffe de département fédérale de justice et police – Madame Simonetta Sommaruga – dire « qu’il ne faut pas oublier que derrière l’asile, il y a des être humains ». Or, on voit souvent des informations à la télévision qui attisent la haine et le rejet de l’autre : du requérant d’asile, ce qui génère la méfiance, l’inquiétude et des idées stéréotypées au sein de la population à leur égard. Madame Christine Blatti souligne à ce propos « qu’il faut les connaître pour se faire une idée fondée à leur sujet. Il ne suffit pas de se dire que les gens sont comme ceci ou comme cela. Il faut venir à leur rencontre et c’est en rencontrant ces personnes qu’on se rend compte que ce sont des gens comme vous et moi avec des envies, avec une volonté de vivre en paix de pouvoir aspirer à une vie meilleure. C’est légitime de chercher une meilleur vie ».

Nous nous rapprochons ensuite d’un requérant d’asile d’origine guinéenne et ce dernier nous confie que « l’idée que se font certaines personnes des habitants du foyer de Bex est que c’est un centre de dealers, un centre à problèmes où la police doit souvent intervenir. Mais il y a fort heureusement aussi des gens qui défendent les requérants d’asile ainsi que la valeur de l’être humain et qui parfois consacrent du temps pour les soutenir et atténuer leurs souffrances ». C’est le cas de Monsieur Emmanuel Pechin, qui est membre du groupe de musique Aquavita. « Ma représentation à moi est qu’on est tous des êtres humains, que l’on soit refugié ou de culture différente. Je sens aussi beaucoup de souffrance qui rencontre la mienne. Leur souffrance n’est pas différente de la mienne et leur joie non plus d’ailleurs. Au-delà des origines et des cultures, on vit les mêmes émotions. Il n’y a de différence que dans les statuts qu’on leur donne, mais il n’y a pas de différence au niveau du genre humain : nous sommes tous des humains à part entière » conclut-il.

Hochardan et Louvain

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Photos :

Najet

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils