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FLASH INFOS #155

Sous la loupe : UE : accord des pays membres sur une réforme d’asile / Les renvois par vols spéciaux presque vides scandalisent / Japon : une nouvelle loi risque de mener des centaines d’expulsions de réfugiés

Nos sources

UE : accord des pays membres sur une réforme du système d’asile

Europe News, le 08 Juin 2023

Moins de cinq personnes par avion : les renvois par vols spéciaux presque vide scandalisent

RTS info, le 11 Juin 2023

Japon : une nouvelle loi risque de mener à des centaines d’expulsions de réfugiés

rfi.fr, le 7 Juin 2023




FLASH INFOS #66

Illstration de Kristine Kostava/Voix d’Exils

Sous la loupe : Les victimes de la Méditerranée enterrées au « Jardin d’Afrique » / Deux athlètes réfugiés en Suisse participeront aux JO de Tokyo / Allemagne : verdict inédit pour la fouille du téléphone d’une migrante

Logo réalisé par Kristina Kostava / Voix d’Exils.

Les victimes de la Méditerranée enterrées au « Jardin d’Afrique »

Le Temps, le 9 juin 2021

À l’initiative de l’artiste tunisien Rachid Koraïchi, la ville portuaire de Zarzis (au Sud de la Tunisie), dispose désormais d’un cimetière dédié aux personnes migrantes ayant perdu leur vie en essayant d’atteindre l’Europe par la Méditerranée. L’inauguration du « Jardin d’Afrique » a eu lieu le 9 juin. A cette occasion, la directrice générale de l’UnescoAudrey Azoulay – a rendu hommage à l’artiste ainsi qu’à tous les naufragés qui ont péri à la recherche d’une vie meilleure. Rachid Koraïchi a quant à lui précisé qu’il avait créé ce cimetière afin d’offrir aux victimes « un avant-goût du paradis, après avoir traversé l’enfer ». Par cette action, l’artiste souhaite aider les familles à faire leur deuil, en sachant qu’il existe un lieu d’enterrement digne. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), plus de 21 000 migrants ou réfugiés sont décédés en Méditerranée depuis 2014. En outre, depuis janvier 2021, au moins 874 personnes ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Europe, contre 1400 pour toute l’année 2020.

Deux athlètes réfugiés en Suisse participeront aux JO de Tokyo

Le Temps, le 08 juin 2021

Luna Solomon (une Erythréenne de 27 ans) et Ahmad Badreddin Wais (un Syrien 30 ans), sont athlètes et réfugiés en Suisse. Ils ont un troisième point commun : ils ont été sélectionnés pour participer aux Jeux olympiques d’été de Tokyo sous la bannière olympique. Six athlètes réfugiés en Suisse et soutenus par le Comité international olympique étaient en lice pour accéder aux concours. L’équipe olympique des réfugiés a été créée en 2015 pour permettre aux athlètes déracinés de prendre part à la compétition. À Rio en 2016, ils étaient dix à participer à cette aventure. Pour la deuxième édition, ils seront 29 au total. Deux critères principaux ont été mobilisés pour la sélection : le niveau sportif et la confirmation du statut de réfugié par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Luna Solomon a été retenue pour l’épreuve du tir à la carabine à air comprimé à 10 mètres. Ahmad Badreddin Wais est cycliste et il participera à une épreuve de rapidité.

Allemagne : verdict inédit pour la fouille du téléphone d’une migrante

InfoMigrants, le 4 juin 2021

Depuis 2017, les autorités allemandes peuvent fouiller et analyser les métadonnées des téléphones portables des personnes migrantes qui ne se sont pas en mesure de présenter un document d’identité. La finalité d’une telle procédure est d’établir leur vraie identité. Depuis l’introduction de cette loi, plusieurs plaintes ont été déposées par les principaux concernés par la procédure. Parmi eux, Farahnaz*, une demandeuse d’asile arrivée en 2019 en Allemagne. Son cas est inédit, car début juin, un tribunal administratif de Berlin a jugé illégale la fouille de son téléphone portable effectuée par l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF). Selon le président du tribunal, la procédure est intervenue à un stade trop précoce et les données récoltées auraient été stockées inutilement. Cette décision pourrait avoir des conséquences durables sur la manière dont les nouvelles technologies sont utilisées dans les procédures d’asile. Jusqu’à présent, il n’y pas eu aucune réaction de la part du BAMF. Toutefois, l’avocat de Farahnaz* a souligné qu’en cas de contestation de la décision par le BAMF, l’affaire allait être portée en appel devant le plus haut tribunal administratif du pays. Ce dernier pourrait alors transmettre l’affaire à la Cour constitutionnel allemande qui a le pouvoir d’annuler la loi en question.

*Prénom d’emprunt

Rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Annulation des JO de Tokyo 2020

Tomasz Wozniak. Unspash.com.

Le rêve brisé de l’équipe africaine des athlètes réfugiés

Ce 23 juillet 2020, ils auraient dû défiler lors la cérémonie d’ouverture des Jeux de Tokyo sous la bannière de l’Equipe olympique des athlètes réfugiés. Après des années d’entraînements intensifs sur les pistes en terre du Kenya, ils rêvaient de courir sur les tartans nippons, au côté des stars mondiales de leur discipline. Sauf qu’un petit virus en aura décidé autrement. Le documentaire « Run » (Courir), produit par la marque suisse « On Running », sponsor de l’équipe, nous invite à suivre les péripéties de ces sportifs amateurs de haut niveau, sans patrie mais bourrés de talents.

Pendant trois ans de circuit international, de 2017 à 2020, les caméras du documentaire « Run » vont suivre le quotidien de 31 athlètes peu ordinaires originaires du Congo, d’Éthiopie, de Somalie et du Sud Soudan. Des hommes et des femmes que les conflits, la famine, une prise de position politique dérangeante ont chassés de leur ville ou village. Après bien des pérégrinations, ils ont tous trouvé refuge seuls ou en famille au Kenya, dans le Kakuma Refugiee Camp de la Croix Rouge internationale.

Dans ce camp immense qui accueille 196’000 personnes en exil, on fait connaissance avec la Kenyane Tegla Loroupe, première athlète africaine à avoir gagné le marathon de New York en 1994 et détentrice de plusieurs records du monde de course à pied. Cette femme énergique et généreuse que tous appellent «Maman», est chargée d’organiser des compétitions à l’interne pour recruter les futurs champions.
Les 27 hommes et 3 femmes sélectionnés auront le privilège d’intégrer l’Equipe olympique des athlètes réfugiés (ART) et vont rejoindre le camp d’entraînement de la Fondation Tegla pour la paix, situé près de Nairobi, à l’autre bout du pays. Simples amateurs éclairés en matière de course à pied, ils vont progresser à un rythme soutenu sur les pistes en terre des hauts plateaux kenyans. Ambitieux, motivés, ils vont tout donner pour pouvoir rivaliser avec la crème des athlètes internationaux et participer aux JO de Tokyo 2020 sous la bannière de l’ART.
«Entraînement, discipline et détermination», résume l’un d’entre eux. Et simplicité dans le mode de vie car, contrairement à la majorité des sportifs de très haut niveau qui s’entraînent dans les pays riches, les coureurs de l’ART vivent dans une grande simplicité et doivent aussi prendre en charge les tâches du quotidien. Ils font leur lessive, nourrissent les poules qui picorent dans le camp, traient les vaches, et préparent le feu pour cuire des galettes.

A des milliers de kilomètres de leurs proches restés au Kakuma Refugiee Camp, et qu’ils ne reverront pas pendant une année, ils s’organisent une vie communautaire en mode «frères et sœurs».

Découvrir le monde grâce au sport

En 2017, les coureurs quittent l’Afrique pour leur première grande compétition: les championnats du monde d’athlétisme qui se tiennent à Londres. Suivront une série de compétitions internationales de qualification qui, après l’Europe, les mènera au Moyen-Orient et en Chine. Pour les athlètes qui travaillent d’arrache-pied pour progresser dans leur discipline, ces voyages sont aussi l’occasion de découvrir le vaste monde et de s’initier à des cultures très différentes de la leur. On les voit se prendre en photo avec un petit anglais admiratif, imiter hilares Usain Bolt faisant l’éclair, goûter à la gastronomie japonaise avec des baguettes, ouvrir des yeux ronds en découvrant le centre de Yokohama avec ses gratte-ciel, sa foule compacte et ses publicités géantes.

En trois ans de circuit international, les expériences de vie et les événements sportifs s’enchaînent et tout va pour le mieux; même si en Angleterre, en Allemagne et en Suisse, des athlètes profitent de l’occasion pour prendre la clé des champs. C’est donc une équipe réduite à 25 coureurs qui s’apprête, six mois avant les JO de Tokyo, à prendre l’avion pour s’entraîner au Quatar. Cette ultime étape doit permettre au Comité International Olympique (le CIO) de sélectionner les coureurs les plus rapides qui feront le voyage de Tokyo. Sauf que, un jour avant le départ, la dispersion mondiale d’un petit virus très virulent viendra fracasser le beau rêve de gloire et de médailles.

Après des années d’entraînements intenses dans des conditions matérielles et psychologiques éprouvantes, cette annulation va semer la désolation. Mais les coureurs de l’ART vont rapidement prendre le dessus et se tourner vers un possible report des JO en été 2021. Ils répondront bien sûr présents, car pour ces athlètes d’exception «rien n’est impossible», comme le souligne l’une d’entre eux.

Réalisation : Richard Bullock / On Running
Durée : 83 minutes
Langues : anglais sous titré anglais.
https://www.outside.fr/film-run-dans-les-coulisses-de-lequipe-olympique-des-refugies/

La Rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Tokyo 2020 à la suite de Brésil 2016

La première équipe olympique des réfugiés a été créée par le CIO en 2015 en vue des JO du Brésil 2016. Lors du défilé de la cérémonie d’ouverture, deux nageurs, deux judokas, un marathonien et cinq coureurs de demi-fond, originaires d’Éthiopie, du Soudan du Sud, de Syrie et de la République démocratique du Congo sont devenus, le temps des jeux, les représentants des quelque 70 millions de réfugiés et de personnes déplacées à travers le monde.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, avait salué ces ambassadeurs mondiaux des valeurs de l’olympisme : « L’équipe de Rio a séduit l’imagination du monde entier et a montré, à travers le sport, le côté humain de la crise mondiale des réfugiés. »

Les raisons pour lesquelles le CIO avait initialement créé une équipe olympique des réfugiés étant malheureusement toujours d’actualité en 2017, le Comité olympique avait décidé de constituer une seconde équipe pour les JO de Tokyo 2020.

 

 

 




« Les enfants connaissaient plein de choses sur la culture japonaise »

Mika Takahata. Photo: CDM

Au terme de la colonie, Mika Takahata, l’une des six bénévoles du Service Civil International (SCI) se prépare à rentrer au bercail, satisfaite de sa mission. La Japonaise se dit émue de son expérience  et encourage d’autres bénévoles à s’engager auprès des enfants sans-abri du Japon, suite au tsunami qui a récemment frappé son pays.

La colonie: épisode 2/2 


VDE : En quoi a consisté votre travail de monitrice durant la colonie de vacances ?

Mika Takahata : La mission des moniteurs consistait à veiller, au sens large, au bon déroulement de la colonie. Nous étions chargés d’encadrer les enfants et de leur proposer des jeux, des balades et diverses animations. Il était aussi de notre devoir de veiller à ce que les petits se lèvent, mangent et se couchent à des heures raisonnables.

J’ai partagé mes journées avec des enfants très sympas. J’avais beaucoup d’appréhensions lorsque j’ai quitté le Japon car c’était la première fois que je partais seule aussi loin. Je me demandais comment les Suisses allaient m’accueillir et surtout si les enfants n’auraient pas des préjugés à mon égard compte tenu de mes origines. Ce fut nullement le cas.

Les moniteurs suisses, tout comme les enfants requérants, m’ont très bien acceptée. En un rien de temps, ils se sont mis à crier mon nom « Miki, Miki… » et cela m’a fait chaud au cœur. J’étais ravie de constater que les enfants connaissaient même des choses au sujet de ma culture, avant tout grâce aux dessins animés. Un petit m’a parlé des samuraïs (membres de la classe des guerriers professionnels du Japon, constituée d’archers montés sur des étalons, ndlr) en me demandant si mon père en faisait partie ! Ils connaissaient même le nom du sabre que portent les samouraïs qui s’appelle « katana ».

Qu’est-ce qui vous a motivée à quitter le Japon pour une colonie de vacances en Suisse ?

Depuis plus d’un an je voulais me mettre, au service d’un projet hors de mon pays. Lorsqu’on m’a proposé la colonie de vacances en Suisse, j’ai accepté sans hésiter parce que ce projet me mettrait en contact avec des enfants, ce que j’adore. En plus, la Suisse est un pays francophone et j’ai pensé que ma participation me donnerait l’occasion de pratiquer la langue française.

Que vous reste-t-il de ce voyage?

Mon séjour m’a permis de me mettre au service des enfants requérants d’asile. Durant les moments passés ensemble, j’ai pu apprécier la joie qui se lisait dans leur regard. Je suis contente que mon déplacement ait contribué à une œuvre utile. Cela m’amène à faire un parallèle avec la situation de mon pays. Au Japon, nous n’avons pas d’enfants requérants d’asile mais nous avons des enfants sans-abri à cause du tsunami du 11 mars dernier. Ces derniers ont eux aussi besoin d’assistance et d’affection. J’aimerais que d’autres personnes de bonne volonté viennent à leur tour dans mon pays pour s’engager auprès des enfants japonais. Elles découvriraient, au-delà des images catastrophiques du tsunami, un peuple accueillant et riche de valeurs, comme j’ai pu l’expérimenter en venant en Suisse.

Interview réalisée par :

CDM

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils