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« Si je ne fais pas d’erreurs, comment je vais apprendre ? »

L’intégration professionnelle des personnes migrantes en Suisse #1

Bienvenue dans cette nouvelle rubrique consacrée à l’intégration professionnelle des personnes migrantes en Suisse. Les histoires des personnes en quête de protection en Suisse sont variées et peuvent prendre des formes multiples. Chaque expérience est riche d’enseignements, ce qui peut nous aider à trouver notre propre voie.

Nous débutons cette série avec plusieurs interviews de femmes réfugiées ukrainienne. Les personnes venues d’Ukraine sont détentrices d’un statut S. La question de l’intégration professionnelle des personnes ayant un permis S est au centre des débats politiques en Suisse. En effet, les autorités ont fixé comme objectif national que 40% des personnes titulaires d’un permis S en Suisse soient intégrées sur le marché du travail d’ici fin 2024. Ces engagements ont de grandes implications pour tous les acteurs et actrices du milieu de l’asile en Suisse et avant tout pour les personnes réfugiées ukrainiennes elles-mêmes. 

Notre première invitée est Kateryna qui a 21 ans et qui est originaire d’Ukraine. Elle a fui Kiev il y a 2 ans, au début de la guerre. Elle est aujourd’hui stagiaire dans un bureau d’architecture à Lausanne.

Photos prises par Kateryna sur son lieu de travail : 




« Voix d’Exils donne la possibilité de penser ensemble »

Marie-France Bitz, ancienne responsable de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils.

La vie après Voix d’Exils #4 – Rencontre avec Marie-France Bitz, ancienne responsable de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

On poursuit la série de podcasts de Voix d’Exils « La vie après Voix d’Exils ». Cette série met en lumière les anciens collaborateurs, collaboratrices, rédacteurs et rédactrices de Voix d’Exils, en éclairant leur parcours au sein de la rédaction et ce que cette expérience leur a apporté. Nous avons rencontré Marie-France Bitz, ancienne responsable de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils depuis sa création en 2001 jusqu’en février 2021. 

 

Informations complémentaires:

Article mentionné lors de l’interview:

« Il faut profiter des compétences et des savoir-faire différents qui peuvent amener une richesse aux entreprises »

Article publié le 06.12.2017

Petite histoire de Voix d’Exils pour aider à situer le propos:

2001
Lancement du journal trimestriel « Le Requérant » édité
par la Fondation vaudoise pour l’accueil des requérants
d’asile (FAREAS), puis par l’Hospice général de Genève

2003
« Le Requérant » change de nom et devient
« Voix d’Exils »

2006
Élargissement de l’édition et de la publication à
l’ensemble des cantons romands qui animent
chacun une rédaction

2010
Arrêt de la publication du journal papier et de la
collaboration intercantonale. Le projet est relancé
par l’Établissement vaudois d’accueil des migrants
(EVAM) et prend la forme d’un blog

2011
Reprise de la collaboration intercantonale entre les
cantons de Vaud, Valais et Neuchâtel qui animent
chacun une rédaction

2012
Mise en place par les trois cantons d’une formation
multimédia qui permet aux rédacteur·trice·s d’acquérir
des compétences en journalisme, expression orale,
photographie et webpublishing

2015
Transformation du blog en un site d’information
multimédia. Voix d’Exils publie désormais des articles,
des podcasts, des photographies, des vidéos ou encore
des créations graphiques

2020
Création de la Cellule numérique de Voix d’Exils qui
coordonne les réseaux sociaux du média

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




« TOUT QUITTER, C’EST FERMER UNE PORTE POUR LAISSER L’AUTRE S’OUVRIR »

Marie-Cécile Inarukundo. Photo: Elvana Tufa / Voix d’Exils.

La vie après Voix d’Exils #2 – Rencontre avec Marie-Cécile Inarukundo, ancienne membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Nous poursuivons la série de podcasts « La vie après Voix d’Exils » qui donne la parole aux anciens et anciennes coordinateurs, coordinatrices, rédacteurs et rédactrices de notre média. Lors de ces interviews, ils et elles nous racontent leur parcours au sein de la rédaction et ce que cette expérience leur a apporté.

Notre deuxième invitée est Marie-Cécile Inarukundo, en Suisse depuis 2017 et qui a été membre de la rédaction vaudoise entre 2019 et 2020.

Ressource complémentaire

L’article sur les prisons syriennes qui est mentionné lors de l’interview:

Dans l’enfer des prisons syriennes, article paru dans Voix d’Exils le 31 mai 2021

Elvana Tufa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La Fête des Couleurs

Joëlle Saugy, coordinatrice de La Fête des Couleurs. Photo: Elvana Tufa.

C’est ce week-end à Aigle!

La Fête des Couleurs a vu le jour en 2001 dans le quartier des Planchettes à Aigle. Au fil des années, cette fête est devenue un véritable festival lors duquel des personnes, des cultures et des milieux de tous horizons se réunissent pour faire la fête, pour célébrer leur différence et leur singularité et, en même temps, leurs valeurs communes. La prochaine édition aura lieu ce week-end: les 30 juin et 1er juillet. Pour en parler, nous avons reçu Joëlle Saugy, coordinatrice de La Fête des Couleurs.

Consultez le programme ici

Elvana Tufa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La violence à l’encontre des femmes en Afghanistan

Photo: Renata Cabrales / Voix d’Exils.

Parole à Jamail Baseer : jeune femme afghane refugiée en France

À leur retour au pouvoir en Afghanisant le 14 août 2021, les Talibans ont fermé les écoles aux filles et aux femmes et les ont exclues de l’espace public ce qui a provoqué l’indignation de la communauté internationale.

« En Afghanistan, j’ai travaillé comme traductrice avec des journalistes français, j’ai aussi travaillé en collaboration avec une ONG. Ma sœur était footballeuse professionnelle et travaillait avec un ingénieur civil. Ce n’était pas notre choix de quitter le pays. Le 15 août 2021, ma famille et moi avons quitté le pays. Ce sont les premiers mots de Jamail, une jeune femme afghane qui partage avec nous son témoignage de victime du système extrémiste mis en place par les talibans.

Perspective historique

Quelques faits historiques tirés d’un vieil article de la BBC montrent qu’en 1973, Zahir Shah a été renversé par le militant de gauche Mohammed Daoud Khan, mettant ainsi fin à plus de 200 ans de monarchie en Afghanistan. Depuis lors, sous la République dite d’Afghanistan, les droits des femmes ont progressé puisque qu’elles ont pu entrer au parlement, recevoir une éducation universitaire et obtenir des fonctions publiques. Tout cela grâce aux régimes soutenus par l’Union soviétique à la fin des années 1970, lorsque le Parti démocratique populaire (marxiste) d’Afghanistan a pris le pouvoir lors de la révolution d’avril 1978. La progression de ces droits s’est poursuivie donc après l’invasion soviétique en 1979.

Cependant, lorsque les talibans sont arrivés au pouvoir en 1996, les droits des femmes à l’éducation et à l’emploi ont été totalement anéantis. Les femmes afghanes ne pouvaient sortir qu’accompagnées d’un parent masculin et devaient porter une burqa qui les couvre entièrement. Elles ont également été condamnées à des mesures cruelles imposées par des règles fondamentalistes et rétrogrades, telles que les décapitations et les lapidations, pour une prétendue désobéissance.

Plus tard, lors de l’invasion américaine, la situation a un peu changé, non qu’elle se soit améliorée, car selon le mouvement des femmes RAWA, l’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan, leurs droits ont été obtenus à cette époque grâce à la lutte du mouvement et non à l’intervention des États-Unis.

Cependant, ce répit a été de courte durée car après le retrait des troupes américaines en août 2021, les talibans (un mot qui signifie ironiquement « étudiants ») sont revenus au pouvoir, redoublant toutes les formes de misogynie. Puis les femmes ont commencé à subir les mêmes violences puis les portes des écoles et des universités leur ont été fermées.

« Nous aidons les professeurs à enseigner à certaines filles, car nous savons que les écoles sont fermées et que, dans les villages, la plupart des familles ne permettent pas à leurs filles d’aller à l’école. C’est donc une bonne occasion pour elles d’étudier près de chez elles » explique Jamail qui, d’ailleurs, avec sa sœur Fanoos, recherchent des aides financières pour les enseignants qui scolarisent clandestinement les filles en Afghanistan.

En guise de protestation contre les nouvelles réformes des talibans, une jeune femme afghane s’est tenue à l’entrée d’une université le 25 décembre 2022 (alors que le monde entier – ou presque – célébrait les fêtes de fin d’année), en tenant une pancarte sur laquelle était inscrit en arabe : « iqra » qui signifie « lire »;  la première parole révélée par Dieu au prophète Mahomet selon la religion musulmane. « Dieu nous a donné le droit à l’éducation. Nous devrions craindre Dieu, pas les Talibans, qui veulent nous priver de nos droits » a déclaré la jeune femme à la BBC. Après avoir exclu les filles de la plupart des écoles secondaires au cours des 16 derniers mois, les talibans ont également interdit il y a quelques jours l’enseignement universitaire aux femmes qui y voyaient le seul moyen de se libérer du joug religieux imposé par le gouvernement fondamentaliste des talibans.

L’Afghanistan aujourd’hui

Aujourd’hui, l’Afghanistan est un pays frappé par la misère que les gens fuient chaque jour à la recherche d’une vie meilleure car s’ils ne sont pas tués par la faim, ils sont tués par les affrontements entre groupes religieux extrémistes. Des familles entières font d’interminables voyages à la recherche d’un avenir meilleur mais, selon la plupart des gouvernements des pays où elles arrivent, il n’y a pas de guerre officielle en Afghanistan. C’est la raison pour laquelle de nombreuses demandes d’asile sont rejetées.

« Il y a aussi beaucoup de femmes exerçant une profession, comme maîtresse d’école, qui mendient dans les rues, ce qui me fait vraiment pleurer » raconte Jamail, les larmes aux yeux. Puis, reprenant son souffle, elle poursuit : « Ce n’était pas notre choix de quitter notre pays. Tout d’un coup, en une heure, beaucoup de gens ont dû quitter l’Afghanistan. Aujourd’hui, ma famille et moi sommes sûres que nous aurons une vie meilleure ici, mais nos pensées sont toujours dans notre pays bien-aimé. Pour ma part, les rues illuminées de Shari, une place célèbre à Kaboul, me manquent toujours. Ma maison, ma chambre et toutes mes affaires me manquent encore, celles que je n’ai pas pu emporter en France… Je ne suis pas heureuse » regrette la jeune femme.

Propos recueillis par:

Renata Cabrales

Membre de la rédaction de Voix d’Exils

 

Jamail Baseer

Je m’appelle Jamail Baseer. J’ai 33 ans et j’ai quitté l’Afghanistan le 17 août 2012. J’étais traductrice en Afghanistan pour des journalistes français et je travaillais également avec des ONG internationales. J’ai travaillé comme interprète et traductrice auprès de journalistes français et de militants des droits des femmes en Afghanistan. Maintenant, je vis en France en tant que réfugiée.