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Mon expérience de la sobriété

Source: unsplash.com.

« En un jour, j’ai perdu mon poste prestigieux, ma liberté et toutes mes richesses »

Le concept de sobriété peut être brièvement défini comme la frugalité et le contentement avec peu. Il y a cinq ans, j’avais toutes sortes de richesses comme: une maison, une voiture de fonction avec un chauffeur privé, un gardien, un domestique, un salaire élevé. Ces opportunités me semblaient normales et nécessaires. J’essayais d’accéder à une position plus élevée pour avoir encore plus d’opportunités. Cependant, après un événement politique national qui s’est produit dans mon pays, j’ai été licencié et je me suis retrouvé du jour au lendemain en détention. En un seul jour, j’ai perdu: mon emploi, mon poste si prestigieux, ma liberté et toutes les richesses que je viens de mentionner.

La principale chose que je veux vous dire ici est la suivante: J’ai essayé de m’allonger sur une planche sans oreiller dans la salle de détention où j’ai passé 4 jours. Bien que j’aie été habitué à de nombreuses bénédictions, je me suis satisfait de pain sec. J’ai appris à vivre simplement pendant un an et demi de vie carcérale. Je me suis aperçu qu’une petite armoire et quelques vêtements me suffisaient. Je n’avais pas besoin de repas variés. Un petit repas simple me suffisait. J’ai réalisé qu’il était possible de vivre sans téléphone portable, sans ordinateur et sans Internet. J’ai appris que bon nombre des objectifs et des préoccupations que j’avais poursuivis dans la vie étaient inutiles.

« Pour être heureux, il suffit d’être libre, optimiste et plein d’espoir »

Ce changement radical dans ma vie m’a fait réaliser l’importance d’appliquer le concept de sobriété dans ma vie. Après ma sortie de prison, j’ai voulu poursuivre mon habitude de me contenter de peu, ou de vivre avec juste ce qu’il faut. J’ai demandé à ma femme de m’acheter un vieux téléphone non intelligent, sans connexion Internet. J’ai essayé de convaincre ma femme qu’il était possible d’être heureux de cette façon. En fait, j’ai réalisé que pour être heureux, il suffit d’être libre, optimiste et plein d’espoir. Et maintenant, j’essaie de vivre cette vie humble et sobre en Suisse. Par exemple, je n’achète pas tout ce qui n’est pas un besoin essentiel, je suis plus sélectif. Au lieu d’acheter une voiture, je préfère marcher ou prendre mon vélo. J’essaie de manger moins et de dormir peu. J’essaie d’explorer et de découvrir de nouveaux lieux et contempler la beauté de la nature.

Je m’inspire aussi des enseignements de ma religion à ce sujet. Notre Prophète (sav) a loué et encouragé la sobriété, qui est l’un des principes les plus importants des valeurs morales islamiques. Le Prophète Muhammed (as) a déclaré que peu importe la quantité de biens qu’une personne possède, la vraie richesse est la sobriété (Bukhari, Rikak, 15), et a aussi déclaré que toute la bonté du monde a été donnée à une personne qui est : à l’abri du mal de son âme, saine dans son corps et qui a de la nourriture quotidienne. (Tirmidhi, Zuhd, 34).

Ramazan Atan

Contributeur externe de Voix d’Exils

Ramazan Atan est une personne Turque réfugiée en Suisse depuis presque un an.




« J’étais toujours sur internet pour apprendre le français durant le confinement »

Dellagha Nazekmir. Photo: Naz Noori / Voix d’Exils.

 

 

Vivre le confinement seul

Le confinement a provoqué un changement brusque de notre mode de vie et nous a conduit à nous retrouver en famille, en couple, entre colocataires ou encore seul(e). Rencontre avec Dellagha Nazekmir, jeune homme âgé de 25 ans originaire d’Afghanistan. Il vit en Suisse depuis sept ans et travaille dans la construction de routes. Il a été contraint d’arrêter son travail durant un mois et s’est retrouvé isolé durant le confinement.

Un podcast produit par Voix d’Exils. Un grand merci à Rachel Berry du Pôle Orientation-Emploi de l’EVAM qui nous a permis de rencontrer Dellagha Nazekmir

Naz Noori

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 




« Grâce à Skype, je peux voir grandir mon fils et communiquer avec lui en direct »

Grâce à Internet, Uthayanan peut rester proche de sa famille. Photo: Keerthigan SIVAKUMAR

Le fait d’être séparés de leur famille rend la situation des requérants d’asile encore plus douloureuse. Lorsqu’ils quittent leur pays, ils rêvent déjà du moment où ils pourront revoir leurs proches. En attendant, ils essaient par tous les moyens de garder le contact coûte que coûte.

Les nouvelles technologies permettent à certains de maintenir le lien, d’échanger des nouvelles, d’annuler la distance géographique. Pour d’autres, communiquer avec leurs proches reste

Pema. Photo: Keerthigan SIVAKUMAR

un exercice difficile, voire impossible. C’est le cas de Pema. Cette jeune Tibétaine de 29 ans est arrivée en Suisse en octobre 2011. Voilà deux ans qu’elle a dû quitter son pays et qu’elle ne peut pas entrer en contact direct avec ses parents et son frère restés au pays. « Le gouvernement chinois pense que les Tibétains complotent depuis l’étranger » précise Pema. « Si l’armée chinoise trouve mon lieu de vie actuel à travers ma communication avec mes parents, mes parents seront en danger ». L’armée chinoise a d’ailleurs molesté les parents de Pema pour savoir où se cachait leur fille. En vain. « Mon père et mon frère sont impliqués politiquement. Ils sont accusés de soutenir les rebelles qui veulent un Tibet libre. Mon frère a été capturé par l’armée chinoise » soupire-t-elle. Et les autres Tibétains qui vivent en Suisse, sont-ils dans la même situation ? « Certains de mes amis peuvent parler avec leur famille par téléphone. Cela dépend des raisons pour lesquelles ils ont quitté le pays et aussi du lieu où vit leur famille ».

Pema a tout de même obtenu à deux reprises des nouvelles de ses parents par l’intermédiaire de son oncle qui habite au Népal, et qui va de temps en temps au Tibet pour ses affaires. « Lors de notre dernier contact, il m’a dit que mes parents allaient bien. Mais je n’ai aucune nouvelle de mon frère. Est-il vivant ? Est-il en prison ? Je n’en sais rien… » Séparée de sa famille et de son pays, Pema ne regrette pourtant pas d’avoir tout quitté pour venir s’établir en Suisse.

Bien que douloureuse, la situation d’Uthayanan, 32 ans, est très différente de celle de Pema. Originaire du Sri Lanka,où habitent toujours sa femme et son petit garçon, il est arrivé en Suisse en août 2010 et travaille actuellement comme aide-cuisinier dans le Nord Vaudois. Interview.

Voix d’Exils : Où vit votre famille aujourd’hui?

Uthayanan : Ma femme, mon fils âgé de deux ans et mes beaux-parents habitent Kilinochi, près de Jaffna, la capitale de la province du nord du Sri-Lanka. C’est une petite ville qui a été en grande partie détruite par la guerre.

Êtes-vous régulièrement en contact avec elle?

Habituellement, je téléphone tous les deux jours à ma femme le matin avant de partir au travail et une fois par semaine, nous communiquons à travers Skype. J’ai la chance d’avoir un ordinateur à la maison depuis deux mois. Avant, j’utilisais les ordinateurs de l’espace internet de l’EVAM à Yverdon.

Votre femme a-t-elle facilement accès aux communications là où elle habite ?

A mon arrivée en Suisse, elle habitait la ville portuaire de Trincomalee, où elle avait déménagé après la guerre. J’ai pu la contacter facilement pendant trois mois. A Trincomalee, on trouve les facilités nécessaires pour communiquer en toute sécurité et liberté. Mais, ensuite, ma femme a dû déménager et retourner à Kilinochi où c’est plus compliqué, car elle n’a pas l’électricité pour recharger son téléphone à la maison.

Lorsque vous lui parlez à travers Skype, utilisez-vous une Webcam ?

Je me sens très l’aise avec la webcam. Mais, à cause de problèmes techniques, je ne peux pas toujours l’utiliser alors je me sers du chat vocal. Je ne peux pas chatter par écrit, car je n’ai pas le clavier qui me permet de communiquer dans ma langue : le tamoul.

Et pour votre femme, ça se passe comment ?

Elle n’a pas d’ordinateur à la maison. Le cybercafé dans lequel elle va est toujours plein. Des fois, elle attend plus d’une heure pour avoir accès à un écran.

Quels sont les avantages de communiquer par Internet et de voir ses interlocuteurs ?

La première fois que mon fils m’a vu sur Skype, il ne m’a pas reconnu, il était trop petit. Maintenant, il a presque 2 ans. Quand il me voit, il crie « Appa! » (Papa, ndlr) et il rit.

Racontez-nous une anecdote avec votre fils ?

Un jour, il ne voulait pas manger et ma femme ne savait plus que faire. Elle l’a amené devant l’écran, je lui ai dit qu’il devait manger et il l’a fait. Depuis lors, à chaque fois qu’il refuse de manger, c’est moi qui l’incite à le faire.

Que pensez-vous des espaces internet que met gratuitement à disposition l’EVAM ?

C’est un système qui fonctionne. Mais tout ce que l’on dit peut être entendu par les autres personnes. Comme il n’y a pas de cabine personnelle, il n’y a pas d’intimité.

Arrivez-vous à créer de la proximité grâce à Skype ?

Grâce à Skype et au téléphone, je peux voir grandir mon fils, communiquer avec lui et je maintiens avec ma femme un lien qui reste fort.

Propos recueillis par:

Keerthigan SIVAKUMAR

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Un nouveau cybercafé ouvre ses portes à Crissier

Photo: Abdel-Khader MOUSTAPHA

Le cybercafé du foyer de l’EVAM de Crissier a ouvert ses portes le 1er décembre 2011. Deux équipes composées de deux médiateurs chacune se relaient pour assurer son ouverture chaque mardi et jeudi matin de 8h30 à 12h00, ainsi que l’après-midi du lundi au vendredi de 13h30 à 17h00.

Le cybercafé de Crissier est le huitième relais internet EVAM. L’accès à ce service est gratuit comme à son habitude. L’espace est cependant un peu restreint ce qui fait que les places sont « chères ».

Le cybercafé est équipé de : quatre postes de travail ultrasophistiqués qui comprennent chacun quatre écrans plats TFT 19 pouces. Son également mis à disposition : des webcams haute performance, des logiciels de communication tels que MSN, Yahoo etc. et une imprimante pour couronner le tout.

Suite à l’ouverture du « cyber » nous, requérants de Crissier, disons un grand merci à l’EVAM en général et en particulier à M. Christian VAGO, responsable des cybercafés, pour la mise en place de ce nouvel espace. Celui-ci offre désormais à certains de ses usagers un moyen de se divertir ou pour effectuer des recherches et pour d’autres, la possibilité d’effectuer des retrouvailles virtuelles a moindre coût dans un univers où l’avenir est souvent sombre.

Abdel-Khader MOUSTAPHA

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Les cybercafés de l’EVAM fleurissent à la vitesse supersonique

Le cybercafé de Leysin

Un septième espace internet doté de quatre postes informatiques a ouvert ses portes le 2 mars 2011 au  foyer Sainte-Agnès de Leysin. Il offre la possibilité aux migrants et à la population autochtone de surfer gratuitement sur le web.


Les cybercafés se sont développés dans le but de permettre aux seniors, aux personnes défavorisées et aux jeunes en formation d’accéder aux ressources d’Internet, ce en partenariat avec feu l’association Jocker qui a cessé ses activités à la fin de l’année 2010. Après Renens en 2007, Moudon en 2008, Yverdon-les-Bains et Sainte-Croix en 2009, Bex et Aubépines en 2010, c’est au tour de Leysin de s’accrocher à la toile au début du mois de mars de cette année. L’ouverture de ce nouveau cybercafé s’inscrit actuellement dans une dynamique impulsée par Pierre Imhof, Directeur de l’EVAM.

L’inauguration du nouveau cyberespace de Leysin a eu lieu en présence d’invités de marque dont des conseillers municipaux, le préfet du district d’Aigle, des bénévoles et de nombreux collaborateurs de l’EVAM dont Christine Blatti Villalon, responsable du Secteur Est et Afif Ghanmi. La cérémonie a débuté avec un discours soigneusement mijoté par Christine Blatti Villalon qui a gratifié les personnes ayant répondu à l’invitation ainsi que celles qui ont contribué à la réalisation de l’ouvrage. Puis Pierre Imhof a remercié à son tour les animateurs des Programmes d’occupation Peinture et Nettoyage pour leur contribution, ainsi que le Programme cuisine qui s’était occupé du buffet avant de « couper le ruban inaugural » en invitant les convives à tester la nouvelle installation. Lors de son intervention, le Directeur de l’EVAM a souligné qu’au début « c’était les routes qu’il fallait désenclaver.  Aujourd’hui, c’est internet. Internet permettra aux migrants de garder le contact avec leur pays, de se faire des contacts, de s’intégrer ou de se créer des projets de retour au pays ».

Comme pour lui donner raison, hommes, femmes et enfants, transportés par leur joie, se sont bousculés pour être les premiers à découvrir le joyau et pour pianoter sur les quatre postes informatiques reliés à une imprimante dans un espace entièrement rénové et spécialement aménagé à cet effet.

Favoriser les échanges entre migrants et population locale

L’expérience l’a démontré, internet peut changer radicalement la façon dont les requérants vivent, travaillent, communiquent, se divertissent et participent à la vie publique dans la société d’accueil, note Christian Vago coordinateur en charge des cyberespaces. L’introduction d’internet dans leur quotidien, grâce à la mise à disposition de cybercafés, porte ses fruits en les éloignant de l’ennui. Sans compter que l’ouverture à la population locale favorise et facilite le rapprochement entre les requérants et les gens du lieu.

Les cybercafés de l’EVAM sont animés par des médiateurs inscrits au Programme d’occupation Communication. Programme qui offre notamment une formation et des cours pour débutants aux personnes intéressées. Le cybercafé de Moudon a ainsi proposé huit séances d’initiation à l’informatique pour les seniors, fruit d’une parfaite collaboration entre l’EVAM et Pro Senectute.

Les utilisateurs doivent parfois surmonter une série d’obstacles qui les empêchent d’utiliser internet de manière efficace : le faible niveau d’alphabétisation pour certains, les lacunes en langues anglaise ou française pour d’autres ou, simplement, le manque de connaissances en informfatique. Aufta, Somalien de 25 ans, vivant à Leysin depuis seulement trois mois, compte saisir l’opportunité de la venue de ce cybercafé pour progresser : « ça va me permettre de trouver des sites pour l’apprentissage du français. Je vais développer mon vocabulaire ce qui pourrait, plus tard, me permettre de trouver un travail ». Quant à Mouindin Bdoulkhadir, d’origine somalienne et pensionnaire du foyer EVAM de Leysin depuis plus de deux ans, il exprime sa satisfaction sans réserve : « un cybercafé, c’est bien, je peux communiquer avec ma famille qui est restée au pays ».

18 052 usagers en 2010

Sept cybercafés EVAM ont vu le jour depuis 2007. Celui de Sainte-Croix caracole en tête des cafés les plus fréquentés avec 8768 usagers sur l’année et qui comptabilise aussi, curieusement, les frais d’impression par usager les plus bas. Il est suivi par le cybercafé de Renens avec ses 4242 utilisateurs, puis Yverdon avec qui en compte 2635 et qui est talonné par celui de Moudon avec ses 1974 usagers. Bex, qui a ouvert en novembre dernier, s’affirme déjà avec 308 usagers et pour boucler notre classement, le cybercafé des Aubépines à Lausanne qui en compte 125. Rien qu’en 2010, les utilisateurs se sont connectés 33’99o fois aux 36 postes mis à disposition.

A Leysin, comme dans tous les cybercafés EVAM, les utilisateurs peuvent s’inscrire pour des périodes d’une demi-heure renouvelables en cas de disponibilité des postes informatiques. En plus de cela, une aide et un soutien peuvent être apportés par l’équipe des médiateurs EVAM aux utilisateurs si ces derniers rencontrent des problèmes. Tout se passe sous la responsabilité d’un médiateur, lui-même requérant d’asile du Programme d’occupation Communication, qui assure la gestion des lieux et garantit le respect du matériel et du règlement.

Gervais Njingo Dongmo

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils