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« Faire des vacances… imaginaires »

Le projet Opinions! de Voix d’Exils #1 : le thème du voyage

Intervention d’Elvana Tufa. Auteur: Voix d’Exils.

Nous entamons aujourd’hui une nouvelle série de podcasts intitulée « Le projet Opinion! ». Ce projet collaboratif vise à faire entendre la voix des personnes migrantes sur un sujet d’actualité. Le thème de l’intégration a été traité sous différents angles par les membres de la rédaction de Voix d’Exils.

En Suisse depuis 2019, Elvana Tufa est actuellement à l’aide d’urgence ce qui lui interdit de sortir des frontières du pays. Elle a réalisé le 14 juin dernier une intervention de 7 minutes sur ce thème du voyage, puis elle répond à trois questions que lui adresse Alix Kaneza. 

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils 

Qu’est-ce que Le projet Opinions!?

Découvrez le concept de ce nouveau projet collaboratif de Voix d’Exils en cliquant ici




Flash Infos #177

Sous la loupe : La Cour suprême britannique juge illégal d’envoyer des personnes migrantes au Rwanda / Indonésie : nouvelle arrivée massive de personnes réfugiées rohingyas par la mer / Gaza : plus de 80 morts dans des frappes israéliennes sur un camp de personnes réfugiées selon le Hamas

Nos sources : 

La Cour suprême britannique juge illégal d’envoyer des migrants au Rwanda

RTS, le 15 novembre 2023

Indonésie: nouvelle arrivée massive de réfugiés rohingyas par la mer

Tv5monde, le 19 novembre 2023

Gaza : plus de 80 morts dans des frappes israéliennes sur un camp de réfugiés selon le Hamas

France 24, le 18 novembre 2023

Réalisation du Flash Infos #177 

A la technique : Tsering et Malcolm Bohnet 

Au micro : Alix Kaneza et Kristine Kostava

A la production : Tsering, Julia Ryzhuk, Natalia Gorbachenko et Malcolm Bohnet.




Le projet « Opinions ! »

Elvana Tufa, membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils, intervient dans le cadre du projet Opinions! le 7 juin.

Que pensent les personnes migrantes de l’intégration ?

Le projet « Opinions ! » est né d’une discussion interne au sein de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils lors de laquelle a émergé un constat: les opinions des personnes migrantes sont trop peu représentées dans l’espace public. C’est ainsi qu’est né le projet « Opinions ! ».

Ce projet novateur et collaboratif a été élaboré lors de la formation multimédia de Voix d’Exils qui a eu lieu les 31 mai, 7 juin et 14 juin à l’EVAM. La formation multimédia est dispensée chaque année depuis 2011 aux rédacteurs et rédactrices de Voix d’Exils par les encadrant·e·s des trois rédactions. Elle vise à leur transmettre des compétences en journalisme et en expression orale afin de les outiller pour réaliser les contenus qui alimentent notre site internet.

Lors de la formation de cette année, l’équipe a commencé par déterminer un thème commun suffisamment large afin que chaque rédacteur et rédactrice puisse développer un sujet spécifique. Le thème de l’intégration a fait l’unanimité. C’est ainsi que chaque participant·e a commencé par développer une réflexion sur un sujet en lien avec l’intégration comme la formation, le regroupement familial ou l’emploi. Dans un second temps, chacun·e a pris la parole durant 7 minutes devant ses collègues lors d’une interview radio en différé afin de partager son opinion, ses expériences ou ses observations en matière d’intégration en Suisse et faire ainsi entendre sa voix.

Cette « formation-projet » poursuivait ainsi trois objectifs spécifiques:

– Faire entendre les opinions des personnes migrantes à propos d’un sujet d’actualité.

– Travailler les compétences transversales transférables dans divers contextes socioprofessionnels comme : s’exprimer en public ou structurer sa pensée.

– Travailler des compétences spécifiques comme réaliser une interview journalistique ou monter un podcast.

L’innovation de la démarche réside dans la co-construction du projet de formation entre les membres des rédactions de Voix d’Exils et les animateurs de la formation. Cette modalité de travail a permis d’identifier la thématique centrale de la formation et de rester au plus près des intérêts des participant·e·s qui se sont fortement investi·e·s dans le projet.

Nous avons le plaisir de vous présenter les résultats de cette formation sous la forme d’une série de podcasts qui seront publiés sur notre site entre fin 2023 et début 2024. Rendez-vous sur Voix d’Exils le vendredi 1er décembre pour découvrir le premier podcast.

Laureen Gueissaz

Stagiaire HES à Voix d’Exils en 2023

 

Omar Odermatt

Responsable de la rédaction




Voler avec des ailes brisées

Ce que signifie être apatride en Suisse

« Soyez fiers de vos origines et n’essayez jamais de les cacher » : c’est ce que l’on nous dit depuis que nous avons compris le monde. Mais que se passe-t-il si votre origine et l’identité qui vous sont chères vous freinent parce que certaines personnes ne les comprennent pas ou, pire, ne les acceptent pas ?

J’avais 19 ans quand je suis arrivé en Suisse, un peu immature et innocent. Cela fait désormais 10 ans que je vis en Suisse. J’en ai profité pour apprendre la langue française, que je parle et écris avec le niveau B2 avancé. J’ai également réalisé des formations: d’horlogerie entre 2018 et 2021, suivi de cours d’informatique. J’ai également pris part à des emplois temporaires, plusieurs stages etc…

Malgré mon bagage technique, mes connaissances, mes compétences, mon expérience et beaucoup de volonté, je ne peux pas entrer dans le marché du travail étant apatride avec un permis F. D’après mon expérience personnelle, lorsque je cherche un emploi en ligne, le formulaire me demande souvent une nationalité ou un permis B. J’ai passé de nombreux examens d’entrée (théoriques et pratiques) dans plusieurs agences d’emploi. Mais malheureusement, lors des entretiens, au lieu de parler de mes compétences ou de l’emploi, je dois toujours expliquer l’historique de mon permis et mon origine. En fin de compte, les potentiels employeurs hésitent toujours à m’engager pour le poste.

Les obstacles rencontrés

Il y a quelques années, une agence très connue m’a appelé et m’a demandé de passer un entretien à la Vallée de Joux qui se trouve à deux heures de train de chez moi. Après avoir passé l’examen d’entrée, le responsable de l’agence m’a dit que j’avais bien travaillé et m’a donc félicité. Cependant, lorsqu’il m’a demandé une carte d’identité je n’ai pu que lui fournir mon permis F. Il ne savait alors pas ce que c’était et ce que cela signifiait. Il a alors rejeté ma demande d’emploi et j’ai dû rentrer chez moi les mains vides. Les deux heures de train pour rentrer chez moi m’ont semblé être une éternité à l’époque. Une autre fois, je suis allé directement dans une agence et je leur ai transmis mon CV ainsi que d’autres documents. La réceptionniste a semblé impressionnée par ce que j’avais déjà fait: ma formation, mon stage et une première expérience dans l’horlogerie. Après avoir appelé son patron, ce dernier lui a dit qu’il y avait des postes intéressants qui correspondaient à mon CV. Il m’a fallu 15 minutes pour les impressionner avec ma personnalité, mon CV, mes certificats et j’ai essayé de répondre à toutes leurs questions de manière honnête et intelligente. Mais il ne lui a fallu qu’un seul coup d’œil de trois secondes sur le permis F de couleur bleu pour dire « NON » et d’enchaîner: « Désolé, nous ne prenons pas ce permis ». Ce ne sont là que quelques-unes des expériences personnelles que j’ai vécues et contre lesquelles je me bats encore aujourd’hui. Je suis très passionné et motivé par ce monde de l’horlogerie car il me fascine et me met au défi de résoudre des problèmes. Après avoir investi autant de temps et d’énergie dans le but d’aller plus loin dans cette profession ce domaine est devenu une véritable passion à mes yeux.

Se projeter dans l’avenir

Normalement, je suis quelqu’un de très optimiste, positif, plein d’humour et ambitieux. Mais, ne pas pouvoir avancer dans la vie, professionnellement ou personnellement, me met dans une situation très difficile à supporter, surtout après 10 ans. Lorsque vous êtes devenu une personne capable, dotée de toutes les compétences professionnelles nécessaires, il est frustrant de ne pas pouvoir démontrer votre valeur. C’est comme un oiseau aux ailes vibrantes et multicolores, prêt à s’envoler dans le ciel, mais prisonnier d’une cage d’acier. Ma vie a été malmenée pendant longtemps et toutes ces situations et ces crises font monter le niveau de stress. Je trouve qu’il est de plus en plus difficile de garder mon sang-froid et de rester positif quand, tout autour de moi, c’est le chaos. J’essaie constamment de repousser mes limites et de trouver des moyens de m’occuper parce que je m’inquiète pour mon avenir. Sa Sainteté le Dalaï Lama a dit un jour : « C’est dans la plus grande adversité que se trouve le plus grand potentiel de faire le bien, à la fois pour soi-même et pour les autres ». Je n’ai donc pas renoncé à mes rêves et j’ai décidé que chaque fois que je tomberai, je me relèverai encore plus fort.

Tsering

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




GUERRE EN UKRAINE

Auteur: Mathias Reding. Source: pexels.com.

La Suisse renouvelle son engagement envers les personnes réfugiées ukrainiennes et leur intégration

La Confédération helvétique continuera à offrir une protection spéciale aux réfugiés ukrainiens et Ukrainiennes jusqu’à mars 2025. Cette décision a été confirmée par le Conseil fédéral lors de sa réunion de mercredi, le 1er novembre. Elle est importante car elle témoigne de la reconnaissance de la situation instable en Ukraine et de la nécessité de continuer à soutenir les personnes réfugiées ukrainiennes dans le pays.

Le statut S a été introduit en Suisse en mars 2022 en réponse à l’agression russe en Ukraine et assure une protection temporaire aux personnes confrontées à une menace sérieuse. 

Cependant, l’intégration des personnes réfugiées ukrainiennes dans la société suisse reste une préoccupation majeure. Cela concerne notamment la recherche d’emploi et l’atteinte de l’indépendance financière.

L’intégration sur le marché du travail est un élément clé de l’adaptation réussie des personnes réfugiées. Le gouvernement suisse s’est fixé un objectif ambitieux : d’ici la fin de 2024, 40 % des femmes et des hommes relevant du statut S devront avoir un emploi.

Les défis de l’intégration

Les personnes réfugiées sont également confrontées à des défis liés à la barrière linguistique, à l’adaptation socioculturelle et à l’accès à l’éducation. Les programmes d’intégration jouent un rôle essentiel dans la résolution de ces problèmes, en leur fournissant non seulement des compétences professionnelles, mais aussi une connaissance de la culture et de la langue locales. De nombreux Ukrainiens et Ukrainiennes participent activement à de tels programmes.

Il est important de souligner que l’ensemble du processus d’intégration, y compris l’apprentissage de la langue et l’adaptation aux normes sociales, dépend de la motivation et des capacités de chaque individu.

Espoir en l’avenir

La Suisse continue de soutenir les personnes réfugiées ukrainiennes, tout en reconnaissant l’importance cruciale de leur intégration et en leur offrant l’opportunité de devenir une partie intégrante de la société suisse et d’acquérir leur indépendance financière.

Natalia Gorbachenko

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils  

Ma reconnaissance envers la Suisse

En tant que personne réfugiée ayant fui la guerre en Ukraine, je tiens à exprimer ma sincère gratitude envers la Suisse pour sa décision de continuer à offrir une protection spéciale aux personnes réfugiées ukrainiennes. Cela m’a permis de trouver un nouvel équilibre émotionnel, de poursuivre mon apprentissage de la langue française, de progresser dans mon processus d’intégration, d’obtenir un emploi grâce auquel je peux développer mon potentiel et partager mon expérience. Cette opportunité est un véritable soutien pour nous, personnes réfugié.e.s, et nous donne la chance d’espérer un avenir meilleur.

N.G.