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La maîtrise de la langue n’est pas l’unique clé de l’intégration

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Dans les pays les plus attractifs pour la migration, la question importante qui préoccupe les institutions gouvernementales et l’économie privée est l’intégration du migrant. Il est clair que celle-ci commence par l’apprentissage de la langue pratiquée dans le pays d’accueil et c’est justement là que commencent les problèmes.

Les codes et les critères diffèrent d’une langue à l’autre, en rapport avec les conditions culturelles et historiques du développement de chacune d’entre elles. La langue reflète la force et la cohésion d’une société. Les migrants, en provenance de pays non-francophones ont désespérément besoin d’apprendre le français car c’est la façon la plus efficace de s’intégrer et de connaître les coutumes et les traditions du pays d’accueil. Pour les migrants venants des nombreux pays du Moyen-Orient, cette nouvelle langue sera la deuxième ou parfois même la troisième à être acquise (en l’occurrence, pour moi, c’est la troisième, puisque je parle déjà le kurde et l’arabe). 

La méconnaissance de la langue locale freine énormément l’accès au travail ce qui constitue un véritable problème pour certains d’entre nous. Cela créée une barrière culturelle et cause bien des malentendus. Cela peut aller jusqu’au blocage complet pour entrer dans le domaine de la formation. L’idéal serait de trouver le juste milieu pour que le groupe des migrants et la société de son pays d’accueil puissent s’entendre et se comprendre. 

Ce décalage est surtout provoqué  par l’exigence de certains critères requis par le pays d’accueil – dans ce cas la Suisse – et le fait que pour un certain nombre d’entre nous, cela est tout simplement impossible de les remplir car nous n’avons pas eu accès à l’éducation pour des raisons liées aux conditions de vie difficiles dans nos pays d’origine. 

Trouver et développer le potentiel de chaque migrant

Etant donné qu’une partie des migrants n’a pas eu accès à l’enseignement, ceci rend l’étude du français très difficile, surtout si l’on se compare avec d’autres compagnons issus du même pays, mais provenant d’une classe culturelle ou socio-économique différente. Pour éviter ce décalage entre ce qui est demandé par la Suisse et ce que les migrants peuvent faire, il faut adopter une approche différente afin de les intégrer dans la société suisse.

Et pourquoi pas, comme pour les enfants, apprendre en jouant? Les adultes, eux, pourraient apprendre en travaillant. Autrement dit, il faut trouver le potentiel de chaque migrant ou ses centres d’intérêts et les développer, car il faut faire la différence entre l’intelligence théorique et pratique. Par exemple, l’homme a fabriqué son premier bateau avant de connaître la loi de la poussée d’Archimède, en recourant d’abord à son intelligence pratique. 

Promouvoir les connaissances pratiques d’un migrant pourrait constituer sa porte d’entrée dans la société,  sans oublier l’apprentissage de la langue, mais sans pour autant exiger un niveau linguistique trop élevé.

Je pense qu’il faut porter un autre regard sur cette problématique qui vaut la peine d’être étudiée et trouver des méthodes capables d’arrêter une souffrance vécue par les deux parties concernées : l’incompréhension.

Juan ALA

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’exils