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FLASH INFOS #115

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Sous la loupe: Tragédie migratoire dans le nord du Maroc / Royaume-Uni : vers le port de bracelets électroniques par les exilé·e·s / Texas: près de 46 cadavres retrouvés dans une remorque



Tragédie migratoire dans le nord du Maroc

RTS, le 24.06.2022

Dix-huit personnes migrantes d’origine africaine sont mortes alors que près de 2’000 d’entre elles ont tenté d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla le vendredi 24 juin dernier. Les autorités ont annoncé que les décès seraient liés à des « bousculades » et des « chutes » des clôtures de fer qu’ils tentaient de traverser. Selon la préfecture de Melilla, plus de 500 d’entre eux ont forcé l’entrée du poste frontalier avec « une cisaille » et 133 ont réussi à rentrer.

Le Premier ministre espagnol – Pedro Sanchez – a dénoncé un « assaut violent » mis en œuvre par des « mafias qui font du trafic d’êtres humains ». Un tel drame migratoire dans les enclaves espagnoles sur la côte nord du Maroc est le premier depuis la réconciliation qui a eu lieu entre les deux pays au mois de mars dernier.

Il faut rappeler que les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta, situées sur la côte nord du Maroc, sont des points d’entrée privilégiés pour de nombreuses personnes qui tentent de migrer vers l’Europe.

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Illustration : Kristine Kostava

Royaume-Uni : vers le port de bracelets électroniques par les exilé·e·s

InfoMigrants, le 23.06.2022

Depuis le lundi 20 juin, le Royaume-Uni met en place une mesure qui vise à équiper les personnes migrantes arrivées de manière clandestine sur le territoire de bracelets électroniques. Ces bracelets sont équipés d’un GPS, de sorte à ce que les autorités puissent localiser les exilé·e·s en tout temps et s’assurer qu’ils respectent le règlement. Parmi les règles figure un couvre-feu sera mis en place par les autorités ainsi que l’obligation de pointer dans des lieux prévus à cet effet. Des dispositions strictes telles qu’une mise en détention ou des poursuites s’appliqueront à celles et ceux qui ne respectent pas le règlement. Cette mesure fait partie d’un projet-pilote qui durera un an. 

L. B.

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils

Texas: près de 46 cadavres retrouvés dans une remorque

RTS, le 28.06.2022

Lundi 27 juin, des pompiers de l’Etat du Texas, qui se trouve au sud des États-Unis, ont découvert après une journée de forte chaleur des corps dans un camion transportant des personnes migrantes. Environ 50 personnes sont décédées et 16 autres, dont douze adultes et quatre enfants, ont été prises en charge par des hôpitaux de la région. Les patient.e.s étaient en hyperthermie et ne disposaient pas d’eau dans le camion.

Le gouverneur républicain du Texas – Greg Abbott – a immédiatement mis en cause le président américain Joe Biden et sa politique migratoire jugée trop ouverte.

Zahra Ahmadiyan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La revue de presse #7

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Le dérapage raciste de deux experts français / Les autorités sanitaires britanniques saluent le travail des étrangers / Face au Covid 19, les Algériens se montrent solidaires et créatifs

Non, les Africains ne sont pas des cobayes !

Jeune Afrique, 4 mars 2020

Invités sur le plateau de LCI le 2 avril 2020, Camille Locht, directeur de recherche de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et Jean-Paul Mira, chef du service de réanimation de l’hôpital Cochin ont créé la polémique…

Un des experts demande : « Est-ce qu’on ne devrait pas faire une étude sur le coronavirus en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ? Un peu comme on l’a fait d’ailleurs pour certaines études sur le sida. Chez les prostituées, on a essayé des choses parce qu’on savait qu’elles sont hautement exposées et qu’elles ne se protègent pas. » L’autre expert lui répond : « Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique ».

Cet échange pour le moins douteux a suscité une vague d’indignation sur l’ensemble du continent africain. Petit échantillonnage des commentaires postés sur les réseaux sociaux : « Covid 19 – Nous ne sommes pas des rats de labo » – « Covid 19 – #Testez chez vous »- « Covid 19 – Faut-il rappeler que le dénuement africain n’est pas un fait de nature, mais résulte notamment d’un pillage continu ? »

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a été saisi par l’association SOS Racisme. Un collectif d’avocats africains menace de faire de même. Quant aux deux experts incriminés, ils ont fait leur mea culpa et se sont excusés. Pas sûr que cela suffise pour éteindre l’incendie qu’ils ont allumé…

 

La Grande-Bretagne rend hommage au personnel de santé étranger

The Guardian, 6 mars 2020

Dans les hôpitaux britanniques, il aura fallu que le Covid-19 frappe des médecins nés ailleurs ou nés de parents immigrés, qui se sont portés volontaires ou officient normalement, pour que ces derniers obtiennent une certaine reconnaissance de la part des autorités.

Accusés jusqu’ici d’être «des immigrants qui n’apportent rien aux institutions et en retirent tout », les docteurs non européens du National Health Service (NHS), étaient à la merci, entre autres difficultés, d’un processus administratif complexe et onéreux pour le renouvellement de leur visa. Un seul maillon venait à manquer dans le processus et c’était la débâcle, ils se retrouvaient sans emploi.

Pourtant, les docteurs El-Hawrani, El Tayar, Alfa Saadu et Habib Zaidi, tous morts « sur le champ de bataille Covid19 » faisaient partie des 44 % du personnel médical qui est BAME (Black, Asian & Minority Ethnies – Noirs, Asiatiques et Ethnies Minoritaires). Quant à Areema Nasreen, infirmière urgentiste également décédée, elle faisait partie des infirmiers-ères et des sages-femmes dont un sur cinq est BAME, alors que dans certaines régions comme Londres, quatre sur dix le sont.

Au vu de l’apport essentiel des travailleurs étrangers dans le domaine de la santé en ces temps de pandémie, la machine administrative s’est adoucie. Le gouvernement a ainsi décidé de renouveler automatiquement le visa de tous les infirmiers, médecins, ambulanciers et professionnels de la santé, et cela pour une année et sans frais.

Le secrétaire à la santé, Matt Hancock, qui avait insinué que NHS était « le National Health Service et non le International Health Service», a salué les membres du personnel du NHS qui ont péri du coronavirus comme des «personnes venues dans ce pays pour faire la différence ». Un bel hommage, rendu malheureusement post mortem.

 

En Algérie, des actions solidaires pour résister au coronavirus

Le Monde Afrique, 6 mars 2020

Le confinement a été officiellement décrété et il n’est plus possible de travailler à moins d’être employé dans la santé ou tout autre domaine essentiel. Alors, les Algériens se mobilisent.

A Bejaïa, à 200km d’Alger. Fahim Ziani, 49 ans, propriétaire d’une salle de fête a une idée de génie : sur Facebook, il annonce qu’il met sa salle à disposition des sans abri. Élus locaux, bénévoles, protection civile, particuliers, tous relaient l’information et forment une chaîne de solidarité pour accueillir les premiers sans-abris. Sous l’avalanche de dons reçus, ils sont obligés d’en réorienter une partie vers les associations d’entraide.

A Oran, deuxième ville du pays. Plusieurs initiatives de solidarité naissent spontanément : on y fabrique des protections pour le personnel soignant, on collecte des aliments pour les ménages les plus touchés économiquement, on confectionne des repas pour les hôpitaux, on fait des spots de sensibilisation. Provisoirement, les oppositions politiques sont reléguées dans les tiroirs.

A Baba Ali, en périphérie sud de la capitale. Ryadh Brahimi, entrepreneur de 39 ans et une trentaine de ses employés sont confinés dans les locaux de la Global Algerian Technology. En réponse à un appel d’offres du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour un respirateur artificiel, ils se mettent « gracieusement » à l’œuvre, car dit-il « Nous avons compris que les procédures allaient nous faire perdre du temps et nous avons prévenu que nous étions prêts à commencer tout de suite. »

Avec l’aide des universitaires, des médecins et de la diaspora, les ingénieurs parviennent à sortir un prototype en deux semaines. « C’est une machine de guerre, pas un respirateur de la qualité de ceux produits par des multinationales avec des années d’expériencesMais si ça permet de sauver une vie, on aura réussi. »

Marie-Cécile / Voix d’Exils




L’information pour combattre le Coronavirus

Affiche de prévention contre le Coronavirus avec le logo Voix d’Exils réalisée avec les outils de communication interactifs mis à disposition par l’OFSP.

Sauvez des vies en diffusant les messages de prévention en plusieurs langues

La Suisse se trouve dans une situation extraordinaire depuis lundi 16 mars. Le nombre de cas de personnes atteintes par le virus augmente rapidement. L’ensemble de la population est concernée et doit urgemment adopter un comportement responsable. Afin de limiter le nombre de personnes gravement malades et une surcharge de notre système de santé, nous devons agir ensemble maintenant et être solidaires. Faire passer les messages de prévention essentiels en plusieurs langues contribue à sauver des vies. L’information permet de prendre conscience de la gravité du problème ce qui favorise un comportement responsable et citoyen.

Le but est de ralentir la propagation de l’épidémie, de protéger les personnes à risques accrus de complications (personnes vulnérables) et de permettre aux services de santé de pouvoir gérer les cas sévères. Les personnes particulièrement vulnérables sont les personnes de plus de 65 ans et celles souffrant déjà d’une maladie

Messages à diffuser largement

Le Conseil fédéral est le gouvernement de la Suisse.

Le message de recommandation du Conseil fédéral est: « restez à la maison, en particulier si vous êtes malade ou âgé de 65 ans et plus. Sauf si vous devez aller au travail et ne pouvez pas travailler à domicile; sauf si vous devez aller chez le médecin ou à la pharmacie, sauf si vous devez faire des courses ou aider quelqu’un. Le Conseil fédéral et la Suisse comptent sur vous »

Sur le site de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) https://ofsp-coronavirus.ch/telechargements/ les informations les plus importantes sont mises à jour en permanence dans plusieurs langues (albanais, arabe, espagnol, mandarin, portugais, serbe, bosnien, croate et turc). D’autres langues (notamment le farsi, kurde, somali, tamil et tigrinya) suivront selon le Bureau lausannois pour les immigrés (BLI).

Merci de diffuser largement ces messages clés aux personnes ne parlant pas le français.

Informez-vous régulièrement via des sources fiables car la situation change très vite.

Méfiez-vous des informations non vérifiées.

Soyez responsables et solidaires avec les personnes vulnérables.

Prenez soin de vous et de vos proches.

La rédaction de Voix d’Exils

 

Informations de première main sur le Coronavirus

Infoline coronavirus suisse:

Pour réaliser soi-même un pré-diagnostique et ne pas surcharger les services d’urgence : https://coronavirus.unisante.ch/

Numéro pour la population (Office fédérale de la santé publique) : 058 463 00 00, tous les jours, 24 heures sur 24

Numéro pour les professionnels et professionnelles de la santé (Office fédérale de la santé publique) : 058 462 21 00 tous les jours de 8h à 18h

International:

Site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) https://www.who.int/fr

Confédération:

Office fédérale de la santé publique : https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home.html 

Site de référence avec informations de première main pour la Suisse

Cantons :

Berne https://www.besondere-lage.sites.be.ch/besondere-lage_sites/fr/index/corona/index.html

Vaud https://vd.ch/coronavirus

Genève https://www.ge.ch/nouveau-coronavirus-covid-19-ex-2019-ncov

Valais https://www.vs.ch/web/coronavirus

Fribourg https://www.fr.ch/dsas/sante/prevention-et-promotion/coronavirus-informations

Neuchâtel https://www.ne.ch/autorites/DFS/SCSP/medecin-cantonal/maladies-vaccinations/Pages/Coronavirus.aspx

Jura https://www.jura.ch/fr/Autorites/Coronavirus/Accueil/Coronavirus-Informations-officielles-a-la-population-jurassienne.html

Hôpitaux:

Genève https://www.hug-ge.ch/coronavirus

Lausanne https://www.chuv.ch/fr/chuv-home/en-bref/informations-sur-le-coronavirus-covid-19/

Valais https://www.hopitalduvalais.ch/fr/coronavirus-covid-19-informations.html

Neuchâtel https://www.rhne.ch/accueil




Regard d’un kurde Syrien sur son pays

Le Tunisien Bouazizi a allumé l’arc-en-ciel qui a coloré le ciel arabe d’est en ouest. Suite à l’immolation de Bouazizi, alors que les premiers éclats de révolte crépitaient en Tunisie, les dirigeants des autres pays arabes se croyaient encore à l’abri. Mais l’inondation a dépassé les prédictions et les ondes de la liberté se sont propagées pour faire tomber tous les dictateurs.

Un organisateur inattendu a surgi : Facebook. D’une part, Facebook a ouvert un grand champ de bataille médiatique aux personnes favorables au pouvoir en place qui ont accusé l’Ouest de vouloir se mêler des affaires internes des pays arabes. D’autre part, Facebook a offert aux manifestants un champ médiatique pour pouvoir communiquer leurs idées et leurs projets, créant ainsi une vraie organisation révolutionnaire. Pour rappel, à chaque fois, ces révolutions étaient spontanées.

Regard en arrière

En Syrie, deux manifestations ont avorté sous la violence du régime. La première a eu lieu en 2002, elle était organisée par les Kurdes devant le Parlement. la deuxième, en 2003, mettait en scène les enfants Kurdes qui revendiquaient le droit à la nationalité. Il faut savoir que les Kurdes ont perdu leur nationalité lorsqu’ils ont déposé, sur demande du gouvernement syrien, leurs documents d’identité.

En 2004 encore, les Kurdes ont manifesté pacifiquement leur mécontentement dans le nord du pays, lors d’un match de football, au Qameshli. Plusieurs Kurdes ont été violentés par la police pendant le match et ont été tués. Les manifestations ont gagné tout le nord du pays mais, rapidement, le régime a fait taire les Kurdes en déployant son armée et sa propagande pour susciter la haine entre les Kurdes et les Arabes. Le régime de Bashar Al-Assad voulait diviser le peuple, monter les gens les uns contre les autres pour qu’aucune opposition réelle ne puisse s’organiser.

L’histoire se répète

Depuis février 2011, bien que le régime en place était convaincu que le printemps arabe n’arriverait pas en Syrie, bien que beaucoup d’observateurs pensaient que la conscience politique des citoyens syriens n’était pas assez mûre pour que la révolution s’étendent, le peuple syrien s’est levé, et les manifestations se sont étendues du sud au nord.

Dès le début des manifestations, le gouvernement s’est montré mesuré dans ses déclarations, mais sa réponse a été d’une violence extrême. Selon une estimation, il y aurait plus de 10 000 morts et plus de 50’000 détenus, ainsi que plusieurs milliers de disparus, sans compter toute une population qui souffre et sans oublier les personnalités syriennes qui s’opposent au système politique et qui sont brutalisées par les milices d’Al-Assad. Certaines personnes, comme c’est le cas de M. Tammo (qui était le chef d’un parti Kurde) ont même été éliminées.

Le plan du régime

Que fait le régime actuellement? Il régionalise les mouvements, divise les manifestants par ethnies, religions et croyances. Il attise la haine entre les personnes en utilisant tous les moyens à disposition pour créer des conflits entre les communautés. Il prêche que la sécurité de certains groupes est menacée par cette révolution et il prétend aussi que cette révolution est liée aux mouvements salafistes.

Pour confirmer sa théorie, le régime attaque les manifestants dans certaines villes, comme à Deraa, où a commencé la révolution, menée par des enfants ; ou à Homs qui, avec ses diverses ethnies chiites, sunnites, alaouites et chrétiennes, est devenue la capitale de la révolution. Et aussi d’autres villes phares qui se sont révoltées et ont franchi la ligne rouge de la peur, comme à Hama, Idlib, Banyass, Deir ez zorr.

Entretemps, le régime évite d’ouvrir un front contre les Kurdes, sachant qu’il sera perdant. Il se contente de faire des arrestations par-ci par-là et de faire disparaître les victimes dans les cachots de « la République ».

Mais les autorités syriennes ne peuvent pas empêcher la population de déclencher des manifestations dans tout le pays. Actuellement, l’optimisme n’est pas de mise car l’assassinat et la torture sont le quotidien du régime. Si un homme rentre chez lui sain et sauf après une manifestation, on peut le considérer comme un miraculé. Les stades et les écoles sont transformés en camps de détention. Les citoyens se couchent et se réveillent avec la mort, toujours la mort : dans les médias, dans les familles, dans l’air… la mort est partout ! En Syrie, ce n’est pas le 21ème siècle, c’est le retour à l’Âge de pierre, sauf qu’aujourd’hui les combats se font aux lance-roquettes !

La situation humanitaire se dégrade toujours plus et devient précaire. L’État abuse de sa force et envahit les hôpitaux et les services d’urgence afin de tuer les blessés, pensant effacer ainsi les traces de sa répression cruelle et assassine.

Il y a une grave pénurie de produits de premières nécessités, tels que des médicaments pour soigner les blessés, du lait pour les enfants et les bébés, du mazout et du gaz. A cela s’ajoutent les coupures de courant pendant de longues périodes, l’augmentation du prix des denrées alimentaires de première nécessité et les difficultés de déplacements.

Les Syriens aspirent à la liberté, au changement, au besoin d’aller de l’avant. Le peuple est prêt à mourir pour parvenir à réaliser son rêve, car il n’y a aucun sens de continuer à vivre dans ces conditions !

Juan ALA

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils