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Bahrain : Shouting in the Dark et Sri Lanka’s Killing Fields : deux films documentaires à la fois magnifiques et dérangeants

Bahrain : Shouting in the Dark & Sri Lanka’s Killing Fields

Bahrain: Shouting in the Dark et Sri Lanka’s Killing Fields sont deux films documentaires majeurs qui relatent des violations massives des droits humains qui ont été perpétrés au  Bahrain et au Sri Lanka. Ces deux films – parmi d’autres – étaient en compétition en vue de décrocher le prix BAFTA 2012 (British Academy Film Awards) du meilleur film documentaire sur l’actualité.

Bahrain: Shouting in the Dark est un documentaire produit par Al Jazeera qui retrace le soulèvement populaire qui a eu lieu au Bahrain en 2011. Ce film témoigne de la répression brutale de la police lors des manifestations et propose des interviews de militants et des médecins qui relatent des événements. Il a été diffusé pour la première fois sur le site internet YouTube, le 4 août 2011 et, en a peine quatre jours, il a été regardé plus de 200’000 fois. Bahrain: Shouting in the Dark a connu un très grand succès et a remporté quatre prix prestigieux récompensant des travaux journalistiques.

Khalid Al Khalifa, le ministre des Affaires étrangères du Bahrain, a critiqué le Qatar (où se trouve le siège social d’Al Jazeera) sur son compte Twitter après la diffusion du film en mentionnant qu’il « est clair qu’au Qatar, il y a des personnes qui ne veulent pas que du bon pour le Bahrain ». Suite à la diffusion de Bahrain: Shouting in the Dark, une rumeur circulait comme quoi le Bahrain avait même l’intention de couper ses relations avec le Qatar.

Sri Lanka’s Killing Fields est un documentaire d’investigation sur les dernières semaines de la guerre civile au Sri Lanka qui a été diffusé par la télévision britannique Channel 4, le 14 juin 2011. Ce documentaire a été réalisé à partir d’images provenant de téléphones portables ou de vidéos envoyées depuis le Sri Lanka. Certaines prises d’images, qui ont été réalisées par des soldats de l’armée sri-lankaise, montrent des scènes troublantes de personnes ayant les yeux bandés en cours d’exécution ; ou, encore, des cadavres de femmes nues en cours de déplacement sur des camions avec des soldats proférant des remarques obscènes à leur encontre. Ce documentaire a également gagné les deux prestigieux prix récompensant des œuvres journalistiques comme One World Media Awards et  le prix de Royal Television Society.

Tous les documentaires en lice pour le prix BAFTA pouvaient être visionnés sur le web et le public de Radio Times était invité à sélectionner le lauréat du prix. Le succès a été fulgurant car plus de 150’000 personnes ont voté. Bahrain : Shouting in the  Dark a obtenu 64.27% des votes, tandis que Sri Lanka’s Killing Fields a obtenu 35.64% des votes.

A la grande surprise de tous, le 27 mai dernier, le jury n’a finalement pas tenu compte de l’avis du public et a désigné un autre film pour remporter le prix BAFTA. Ce film était présenté par la BBC et est intitulé Undercover Care : The Abuse Exposed (Panaroma), alors même que Bahrain: Shouting in the Dark et Sri Lanka’s Killing Fields avaient déjà été primés à plusieurs reprises. Certains prétendent que ce retournement de veste du jury est dû aux pressions que le Sri Lanka et le Bahrain ont exercé sur Radio Times, afin qu’il écarte les deux documentaires qui étaient plébiscités.

Quoiqu’il en soit, Bahrain: Shouting in the Dark et Sri Lanka’s Killing Fields devraient être encore largement partagés et visionnés, car il  est important de connaître les souffrances des réfugiés, de comprendre les raisons qui les poussent à quitter leur pays pour partir sur le chemin de l’exil et de se rendre compte des types de pressions et de répressions que les gouvernement de leurs pays exercent sur eux.

Vous pouvez visionner ces deux documentaires en version intégrale et originale anglaise en cliquant sur les liens suivants :

Sri Lanka’s Killing Field:

http://www.channel4.com/programmes/sri-lankas-killing-fields/4od

Bahrain : Shouting in the Dark:

http://www.youtube.com/watch?v=xaTKDMYOBOU

 

Sara

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




Du « printemps arabe » à l’automne des « indignés » : les pauvres mènent la cadence

Depuis déjà plusieurs mois, on a vu pointer dans plusieurs pays d’Europe le mouvement dit des « Indignés ». Ce mouvement  mondial  a bousculé  la semaine du 11 au 15 octobre 2011 les habitudes avec des manifestations appelant à davantage de considération pour la gent humaine de la part de la minorité de financiers et de multinationales enclins à s’approprier toutes les richesses du monde au détriment de la majorité.

Cinq mois après l’apparition du mouvement « los Indignados », le 15 mai à Madrid, les Indignés ont ciblé tout particulièrement des hauts lieux  de la finance mondiale. Ainsi, le samedi 15 octobre dernier restera gravé à jamais dans la mémoire des grands banquiers géniteurs du système capitaliste qui, depuis des  lustres, a déjà appauvri plus d’un milliard d’individus, à travers le monde selon l’organisation Oxfam, et serait, selon certains analystes, à la base de la crise financière de 2008 avec ses effets  néfastes persistants.

Depuis plusieurs semaines déjà, des événements annonçant les occupations se sont multipliés sur Facebook,  Twitter, pour faire de ce 15 octobre, la journée mondiale des Indignés. Comme pour le printemps arabe, le mouvement des Indignés s’est servi des réseaux sociaux pour soulever les foules et exiger plus de justice sociale pour le plus grand nombre.

Ainsi, diverses communautés se sont organisées à travers le monde et ont appelé les populations à exprimer leur ras-le-bol contre un système décadent imposé par une minorité et dévastateur pour la majorité. Elles ont impulsé un mouvement  global, planétaire, qui a largement débordé des frontières de l’Espagne où il a pris naissance.

Plus que le printemps arabe qui a fait tomber les têtes de quelques dictateurs – dont le charismatique, fantasque mais aussi cruel Kadhafi en Libye – le mouvement des « indignés » a pris une dimension et une détermination plus ou moins unanime et mondiale. C’est ainsi  que des groupes se sont retrouvés le samedi 15 octobre, à Rome, Bruxelles, New York, Taipei, raconte la BBC. A Kuala Lumpur, Buenos Aires, Santiago du Chili, Los Angeles, Sao Paolo, ajoute le journal Espagnol El Pais , mais aussi dans plusieurs ville des Etats-Unis, d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Angleterre et de Suisse (à Zurich et à Genève). Bref, ils ont manifesté dans 951 villes éparpillées dans 81 pays.

Les Indignés s’attaquent aux gouvernements, accusés de jouer le jeu des banquiers, mais aussi et surtout au système financier mondial. Les organisateurs dénoncent haut et fort que depuis plusieurs années  déjà, les gouvernements européens, toutes tendances confondues – de la gauche social-démocrate à la droite la plus réactionnaire – utilisent l’argument  de la crise économique pour endormir toute velléité de contestation.

Au final, les indignés dénoncent le capitalisme financier. Les puissances  dirigeantes, qui travaillent pour les bénéfices de quelques-uns, ignorent la volonté du plus grand nombre et le coût humain et environnemental que nous aurons à payer, écrivent en substance les organisateurs sur de nombreux sites. « Les politiciens qui nous gouvernent, qui sont censés nous protéger, servent plutôt les intérêts des banques, les intérêts du système financier au détriment des citoyens », balance par exemple un Indigné sur le site 15octobre.net.

Ainsi, ceux qui se surnomment « Les 99% » qui ne tolèrent plus la cupidité des 1% les plus favorisés, ont marqué une victoire dont bénéficiera le reste du monde. Certes, selon des experts, l’événement du samedi 15 octobre 2011 ne pourra guère aboutir à des résultats  immédiats et substantiels, ce d’autant plus que beaucoup de manifestants ont des demandes différentes malgré leur colère commune. Néanmoins, le mouvement qui ne s’est pas arrêté le samedi 15 octobre mais se poursuit encore, a le mérite d’éveiller les consciences des uns et des autres. C’est un signal fort en direction des tenants du système qui appelle une reconsidération globale pour un partage plus équitable avant que le pire n’arrive.

Fbradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils