1

Elections en RDC : « Il faut un souffle nouveau »

M. Freddie Malumba: Photo: Voix d’Exils

M. Freddie Malumba: Photo: Voix d’Exils.

On peut avoir quitté son pays depuis longtemps, s’être parfaitement intégré à son pays d’accueil, le lien avec la mère patrie ne se casse jamais. Les exilés suivent de près l’évolution de leur pays d’origine, surtout lorsque les événements s’emballent. C’est le cas de Freddie Malumba, originaire de la République démocratique du Congo (RDC), qui reste très attentif aux soubresauts qui agitent Kinshasa à la veille de l’année 2016, annoncée comme cruciale au niveau calendrier politique du pays.

L’année 2016 sera décisive pour l’avenir de la RDC (ex Congo belge) puisque le deuxième mandat présidentiel du chef d’Etat actuel, Joseph Kabila, arrivent à terme. Alors que ce vaste pays d’Afrique centrale (avec près de 80 millions d’habitants et une superficie de 2, 3 millions de km2, soit 80 fois plus grand que la Belgique) joue son avenir, la rédaction valaisanne de Voix d’Exils a trouvé un observateur privilégié en la personne de Freddie Malumba. Ce dernier est arrivé en Suisse comme demandeur d’asile le 3 novembre 2003 suite aux problèmes politiques rencontrés dans son pays et est, aujourd’hui, responsable du foyer des requérants d’asile de St-Gingolph en Valais.

Voix d’Exils : Loin de votre pays, comment avez-vous vécu les manifestations de janvier 2015 dans les rues de Kinshasa, la capitale de la RDC, et à l’Est du pays ?

Freddie Malumba : Sincèrement je suis déçu par les politiciens, qu’ils soient de la mouvance présidentielle ou de l’opposition. Ils se fichent complètement du bien-être du peuple. Ce qui compte pour eux, c’est de s’enrichir sur dos de la population. Ils servent leurs intérêts personnels. Que le peuple vive ou crève, ce n’est pas leur préoccupation majeure.

Quel chemin prendre pour mener des élections transparentes et apaisées en 2016?

Il faut savoir que le Président Kabila ne s’est jamais prononcé pour un troisième mandat. Il a même déclaré qu’il respectera la Constitution. L’opposition, quant à elle, pense le contraire. Tout comme Mobutu à la fin de son règne, Kabila est poussé par son entourage à demeurer au pouvoir pour ne pas perdre leurs intérêts. De mon point de vue, il faut un souffle nouveau, une nouvelle génération de politiciens aux affaires. Que la fine fleur de ce pays puisse prendre le flambeau.

Au regard de ce qui se passe en République centrafricaine, pays limitrophe de la RDC, la question de l’insécurité, surtout celle liée à la cohabitation des différentes religions se pose. Qu’en pensez-vous ?

La région des Grands Lacs africains, comprenant le Rwanda, le Congo RDC, l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie est confrontée à un problème ethnique plutôt que religieux. Les musulmans dans cette zone sont minoritaires et ont toujours été respectés dans leur foi et leurs pratiques. Si un problème devait se poser, ça serait entre l’Eglise catholique et les mouvements de réveil.

Quel est votre avis concernant la problématique liée aux mouvements des populations dans votre pays ?

Il existe un problème de souveraineté dans mon pays. La carte du Congo est là, mais les frontières ne sont pas respectées. La conférence de Berlin a limité les frontières sans tenir compte de la réalité du terrain, raison pour laquelle on retrouve les mêmes familles des deux côtés de la frontière : les bangala au Congo Brazzaville, en République centrafricaine et au Congo belge, le peuple kongo en Angola et au Congo belge. Ensuite, Il n’y a pas de carte d’identité, on ne sait pas qui est congolais et qui ne l’est pas. Alors que le droit de la Cité et du sol doivent exister.

Pour conclure, comment voyez-vous l’avenir de votre pays la RDC ?

L’avenir de la RDC est dans la conscience retrouvée. Le monde doit savoir que le Congo n’est pas une usine mais un pays qui a des femmes et des hommes capables de prendre en main leur propre destinée et c’est avec eux qu’il faut composer.

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils