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Gandhi : un héros moderne

Gandhi. Pixabay Licence. pixabay.com

« Son combat pacifiste pour la liberté, l’égalité et la fraternité est toujours d’actualité »

En navigant sur Facebook, notre rédactrice Doaa tombe sur une histoire vraie intitulée « La personne altruiste » (à découvrir en fin d’article). Intriguée par cette lecture, elle fait des recherches et découvre que Gandhi, l’homme altruiste, est un avocat indien, un dirigeant politique et un guide spirituel dont les combats pacifistes pour la justice sociale et pour l’indépendance de son pays colonisé par les Britanniques ont marqué le 20ème siècle. Pour Doaa, Gandhi représente un héros moderne qu’elle souhaite faire connaître aux lectrices et lecteurs de Voix d’Exils.

Gandhi naît le 2 octobre 1869 dans la ville indienne de Porbandar où son père et son grand-père ont exercé la charge de Premier ministre. Après une enfance sans histoire, il se marie à l’âge de quatorze ans comme le veut la tradition indienne, commence des études de droit qu’il finira en Angleterre en 1888, avant d’émigrer quelques années plus tard en Afrique du Sud.

Choqué par la politique de discrimination raciale pratiquée dans le pays vis-à-vis des Noirs et des Asiatiques, Gandhi va devenir leur avocat et défendre leurs droits bafoués en lançant des pétitions et en sensibilisant l’opinion publique par voie de presse. Il prône également auprès de la communauté indienne la désobéissance civile non–violente pour l’obtention des droits civiques.

Entre autres luttes, Gandhi se battra pendant sept ans contre une mesure mise en place par le gouvernement de la région sud-africaine du Transvaal qui impose aux Indiens et aux Chinois de payer pour de nouveaux papiers d’enregistrement, faute de quoi ils sont arrêtés puis expulsés. Des milliers d’Indiens (dont Gandhi lui-même) et de Chinois seront emprisonnés, battus et même abattus pour avoir fait grève, refusé de s’enregistrer, brûlé leur carte d’enregistrement ou avoir résisté de manière non violente.

La désobéissance civile prônée par Gandhi culmine en 1913 avec une grève des mineurs et la marche des femmes indiennes. Une partie de l’opinion publique sud-africaine critique les méthodes brutales utilisées contre des manifestants pacifiques et fait pression sur le gouvernement. Finalement, le général Jan Christiaan Smuts négocie avec Gandhi quelques améliorations: les mariages non chrétiens redeviennent légaux et la taxe de trois livres – qui représente six mois de salaire – imposée aux Asiatiques qui veulent devenir des travailleurs libres est abolie.

Libérer l’Inde des Britanniques

Après plus de vingt ans d’exil, Gandhi retourne chez lui, en 1915. A cette époque, l’Inde est sous le joug du colonialisme anglais, qui exploite les richesses du pays à son avantage. Comme il l’a déjà fait en Afrique du sud, Gandhi prend son bâton de pèlerin et organise la résistance civique pour des dizaines de milliers de fermiers sans terres, pour les serfs et les petits propriétaires terriens que les Britanniques obligent à cultiver des produits d’exportation à la place des vivres nécessaires à leur subsistance.

Pour être plus proche de celles et ceux qu’il défend, Gandhi se débarrasse de tout le superflu. Il se drape d’une simple étoffe en coton blanc, adopte un régime frugal à base de lait de chèvre et devient végétarien. C’est à partir de cette époque que le peuple indien le baptise Bapu (père) et lui donne le nom de Mahatma (Grande âme en sanscrit).

Gandhi veut libérer son peuple et se tourne vers la politique en 1921. Il devient dirigeant exécutif du Parti du Congrès en 1921, et mène des campagnes sur tous les fronts : l’aide aux pauvres, la libération des femmes, la fraternité entre les différentes religions et la fin de la discrimination véhiculée par le système indien des castes, le départ des envahisseurs britanniques.

Il devra attendre le 15 août 1947 pour que l’indépendance soit déclarée. Elle se fera dans la douleur et aux dépens de l’unité indienne. Le pays est en proie à de violentes tensions interreligieuses, au bord de la guerre civile. Malgré toutes les actions entreprises par Gandhi et ses sympathisants pour exhorter les hindous à respecter les droits de la minorité musulmane, le pays est partagé en deux : le Pakistan qui accueille les musulmans et l’Inde, patrie des hindous.

Ses appels à la tolérance religieuse vont lui valoir beaucoup d’ennemis. Le 30 janvier 1948, il est abattu par un hindou nationaliste qui le tient pour responsable de la partition de l’Inde et de l’affaiblissement des hindous face aux musulmans. Son enterrement sera suivi par des millions d’Indiens qui l’aimaient et l’avaient accompagné dans sa résistance à toute forme d’oppression à travers des actions de désobéissance civile.

« Il n’y a pas de chemin vers la paix, la paix est le chemin », disait le Mahatma. Une petite phrase qui est toujours d’actualité.

« La paix est le chemin »

Un jour, en Afrique du Sud, Gandhi et des amis arrivent à la gare juste au moment où leur train se met en marche. Plutôt que d’attendre le suivant – à cette époque-là, il n’y a pas un train toutes les 10 minutes… – Gandhi et ses accompagnateurs courent et sautent dans le premier wagon qui passe. Dans le feu de l’action, Gandhi perd une chaussure qui tombe sur le quai. Impossible d’aller la chercher. Alors, il enlève rapidement la seconde et la lance par la fenêtre. Ce geste surprend les autres passagers qui lui en demandent la raison. Il faut préciser que les chaussures coûtent cher et que les pauvres marchent en sandales ou pieds nus. « S’il ne me reste qu’une chaussure, elle ne me sert à rien, explique Gandhi. Et il en va de même pour celui qui trouve une seule chaussure sur le quai. Mais s’il trouve deux chaussures, alors il peut les mettre. »

A mon avis, les actes simples mais marquants comme celui des chaussures, démontrent l’attention portée par Gandhi aux déshérités. Il a démontré à travers ses actions l’importance de faire le bien et de porter très haut les principes d’humanité, il a ouvert la voie à une justice qui prend soin de tous, indépendamment de sa couleur de peau, de sa religion, de son statut et de son genre.

Doaa

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Références : Wikipédia.

 




Voix d’Exils booste ses réseaux sociaux

Logo la la nouvelle Cellule Numérique que Voix d’Exils. Auteur: Jovan Mircetic.

Les premiers résultats très concluants de notre nouvelle Cellule Numérique

Jovan Mircetic. Photo Ahmad Mohammad / Voix d’Exils.

En septembre dernier, Jovan Mircetic débute son service civil à Voix d’Exils. Fort d’un Master en management public et communication politique obtenu à l’Université de Genève en 2020, il se voit confier la mission d’élaborer une stratégie de communication pour les réseaux sociaux de Voix d’Exils : Facebook, Instagram et Twitter. Jovan Mircetic propose alors de créer une nouvelle structure chargée de dynamiser les réseaux sociaux de notre média qu’il coordonnera tout au long de son engagement. Son service civil touchant à sa fin, la rédaction lui a demandé de dresser un premier bilan de l’activité de ce qui est désormais: la Cellule Numérique de Voix d’Exils.

Cette Cellule Numérique a été créée car les réseaux sociaux sont devenus incontournables pour la diffusion des contenus de tout média. Les objectifs qu’elle poursuit sont:

– de mieux faire connaître Voix d’Exils en augmentant l’audience et la visibilité des contenus produits par la rédaction;

– de valoriser le travail des rédactrices et rédacteurs de Voix d’Exils.

Les contenus qu’elle publie sont soumis à la Charte éditoriale de Voix d’Exils.

Les données employées pour réaliser ce premier bilan se rapportent à la période du 1er octobre 2020 au 12 février 2021 et sont extraites des outils d’analyse proposés par Facebook, Twitter et Instagram.

Une augmentation nette du trafic

Une activité quasi-quotidienne a été assurée sur l’ensemble de nos plateformes sociales et les résultats ne se sont pas faits attendre. En l’espace de quatre mois :

  • Le nombre de personnes abonnées à notre page Instagram a augmenté de plus de 140%. Près de 2’000 personnes ont consulté notre profil.
  • Le nombre de mentions « j’aime » de notre page Facebook a augmenté de plus de 20%, ce qui nous permet désormais de compter plus de 550 abonnés à nos publications. Par ailleurs, plus de 2’600 personnes ont consulté les contenus de notre page durant cette période (contre 317 entre les mois de mai et septembre 2020).
  • Concernant Twitter, le nombre de « followers » a augmenté de 35% et plus de 2’700 visites du profil ont été comptabilisées (contre 60 entre les mois de mai et septembre 2020). Sur cette même période, nos tweets ont été vus plus de 20’000 fois.

Ces résultats n’auraient pas pu être atteints sans la contribution de nos rédactrices et rédacteurs qui ont pleinement participé à la promotion des réseaux sociaux de Voix d’Exils en invitant leurs proches à s’abonner à nos pages Facebook, Instagram ou Twitter. Par conséquent, notre rédaction est très satisfaite de ces résultats, ce d’autant plus qu’aucune campagne payante n’a été mise en place afin de booster nos réseaux sociaux.

Des contenus exclusifs

Nos réseaux sociaux ne se contentent pas de republier des articles parus sur voixdexils.ch, mais accueillent également des contenus exclusifs imaginés et produits par nos rédactrices et rédacteurs conçus spécialement pour ces plateformes. Ces contenus exclusifs apportent une réelle plus-value à nos réseaux sociaux ce qui explique certainement en grande partie les succès rencontrés.

Ainsi, durant le mois de janvier 2021, vous avez pu découvrir en avant-première sur nos pages Instagram et Facebook la rubrique éphémère « Je parlais avec une amie » ; une rubrique imaginée par notre rédactrice Elvana Tufa. S’étant rapidement hissée en tête des publications les plus vues de nos réseaux sociaux, cette nouvelle rubrique relate des discussions humoristiques et anecdotiques entre une requérante d’asile et son amie.

Mais ce n’est pas tout ! Depuis le mois de janvier 2021, vous pouvez découvrir sur notre page Instagram les aventures de Satori. Retraçant les périples d’un jeune homme ayant été contraint de quitter son pays et étant entièrement dessiné par notre rédacteur Ezio Leet, Satori est le premier roman graphique de Voix d’Exils. En outre, durant les mois de novembre et décembre 2020, la rubrique « #Asile » – publiée sur nos trois comptes – a fait le point sur la complexité de la procédure d’asile en Suisse. Enfin, durant le mois de novembre 2020, vous avez également pu découvrir les mèmes de la rédaction sur nos pages Instagram, Facebook et Twitter.

Le meilleur de Voix d’Exils mis en valeur

La rubrique « #Témoignage », disponible sur nos trois réseaux sociaux vous permet de (re)découvrir des articles qui vous ont touchés, surpris ou émus. En (re)plongeant dans les récits des rédactrices et rédacteurs qui ont fait partie de Voix d’Exils durant ces dernières années. Cette rubrique met à l’honneur leurs parcours et leurs vécus. Dans la même optique la rubrique « #Art » vous permet de (re)découvrir les poèmes écrits ou traduits par nos rédactrices et rédacteurs.

Toute l’actualité dans un seul endroit

Finalement, les pages Facebook et Twitter de Voix d’Exils vous permettent également de rester informé.e.s sur l’actualité en lien avec la migration. Dans l’optique de fournir une couverture de l’actualité plus étendue, en plus des articles rédigés par nos rédacteurs et rédactrices, nous vous proposons d’autres produits et publiés par d’autres sources d’informations vérifiées par nos soins.

La contribution des rédactrices et rédacteurs

La Cellule Numérique a été imaginée comme un projet participatif. De ce fait, les membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils ont été sollicités pour contribuer à ce projet et imaginer des contenus destinés spécifiquement à nos pages Facebook, Twitter et Instagram. Pour celles et ceux qui sont moins à l’aise avec les outils informatiques, la rédaction inclura dans sa futur formation informatique une initiation aux réseaux sociaux ce qui leur permettra de se familiariser avec ces derniers.

Nous remercions chaleureusement Jovan Mircetic pour son engagement soutenu au sein de notre rédaction, pour ses initiatives pertinentes et pour avoir mené avec succès la mission qui lui a été confiée.

Durant la période à venir, notre rédaction poursuivra ses efforts afin d’inscrire dans la durée sa nouvelle Cellule Numérique. Les défis sont à présent de consolider et pérenniser cette nouvelle structure.

D’ici là, abonnez-vous sans attendre à nos pages Facebook, Instagram et Twitter.

La rédaction de Voix d’Exils




« Si j’ai quitté mon pays, c’est pour parler librement »

Jamal Bugti, membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils. Photo: Voix d’Exils

Portrait de Jamal Bugti, rédacteur de Voix d’Exils

Les lecteurs et lectrices fidèles de Voix d’Exils ont probablement repéré sa signature au bas d’articles vibrants consacrés au Baloutchistan et aux violations des droits de l’homme au Pakistan. Madeline Heiniger, du Journal du Centre Suisses-Immigrés à Sion, sensible à son engagement politique, a eu l’excellente idée de lui consacrer récemment un portrait, qui a été publié dans le numéro 22 du journal paru en hiver 2018, que nous reprenons ci-dessous.

Mme Madeline Heiniger : Jamal Bugti, pouvez-vous vous présenter?

Jamal Bugti : Je viens du Baloutchistan, l’une des quatre provinces du Pakistan. Je suis en Suisse depuis 2012 et j’ai reçu un permis F qualité réfugié en juillet 2018. Toute ma famille est aujourd’hui en Afghanistan: ma femme et nos trois enfants qui ont entre douze et cinq ans, mes parents, mes frères. Ils ont été reconnus comme réfugiés par l’UNHCR, et ils pourront venir en Suisse si ce pays les accepte. Pour le moment, c’est encore difficile de les recevoir ici. Il faudrait un appartement assez grand, un travail.

Mme M.H : Quels problèmes avez-vous rencontrés dans votre pays?

J.B. : Nous avons quitté le Pakistan en raison de problèmes politiques. Je suis parti seul pour la Suisse, parce que j’étais pauvre et qu’il y avait trop de dangers pour emmener toute la famille. Ma femme était enceinte quand j’ai dû fuir. La petite ne m’a jamais vu, je lui parle au téléphone. Le Baloutchistan est une région très riche en ressources naturelles comme le gaz naturel, le charbon, etc. mais le gouvernement s’en saisit et la province reste très pauvre. On manque d’écoles, d’hôpitaux… Je faisais partie d’un mouvement qui demande l’indépendance et un retour des richesses naturelles pour la population. Mais l’armée a été envoyée, elle prend les hommes qui luttent contre le gouvernement et les fait disparaître. On retrouve parfois les corps. Notre tribu avait des revendications, mais l’armée force les gens au silence et ceux qui parlent disparaissent.

Mme M.H: Vous pourriez être tranquille, ici en Suisse, mais vous continuez votre combat politique…

J.B: Je lutte encore depuis la Suisse, bien sûr. Je participe à des manifestations à Genève, nous allons devant les Nations Unies, j’utilise Facebook. Je suis très engagé. Non… je ne peux pas être tranquille, ici, sachant ma famille là-bas. Je suis humain, j’ai le cœur avec ma femme et mes enfants, ma famille. Je vois aussi sur Facebook ce qui se passe là-bas. Les femmes manifestent dans la rue contre le gouvernement parce que leurs maris ont disparu. Ici, les médias n’en parlent pas. J’ai beaucoup d’amis là-bas et je vois leurs photos sur les réseaux sociaux. Je ne prends plus contact avec eux: comme je prends part à des manifestations ici, ce serait dangereux pour eux. Jamal Bugti montre une photo de femmes manifestant dans la rue au Baloutchistan, ainsi qu’une autre qui le touche beaucoup: c’est une fillette au regard réprobateur qui porte contre elle la photo de son papa disparu. Quand je vois ces photos, ça me touche. Si je restais tranquille ici, tout ce que je vis là ne servirait à rien. Si j’ai quitté mon pays, c’est pour pouvoir parler librement, manifester, m’adresser à l’ONU. Là-bas, je devais rester silencieux, je suis ici pour lutter. Quand ma femme et mes enfants seront ici, je pourrai être un peu tranquille. Mes frères peuvent s’occuper de mes parents. Mais ma femme et mes enfants, c’est ma responsabilité. Et la vie est difficile pour eux.

Mme M.H. : Il vous arrive de regretter d’être parti?

J.B. : Oui, parfois. Je ne savais pas que ça allait durer comme ça. Je pensais que la séparation pourrait durer, peut-être deux ans, mais pas si longtemps. J’ai fait recours pour obtenir un permis B. Mon fils me dit au téléphone: c’est quand qu’on vient chez toi, papa?

Madeline Heiniger

Article paru dans le journal du Centre Suisses-Immigrés

Pour approfondir le sujet:

Réfugiés politiques, article paru initialement dans le numéro 22 du journal du Centre Suisses-Immigrés en hiver 2018

Une révolte méconnue, article paru dans Voix d’Exils le 24 janvier 2018

Les disparitions forcées, article paru dans Voix d’Exils le 15 novembre 2018

«Nous existons pour aider les migrants à faire usage de leurs droits», article paru dans Voix d’Exils le 6 janvier 2015

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Le journal de #MadameÉtrangère

Auteure: #MadameÉtrangère

#MadameÉtrangère: les derniers épisodes
Découvrez chaque semaine, sur le profil Facebook de Voix d’Exils, les pensées farfelues, parfois brutes mais toujours sincères de Madame Étrangère, une requérante d’asile vivant dans le canton de Vaud.

Mardi 13 juin 2017

****Mes chers néophytes !****

(Un néophyte désigne à l’origine dans l’Église chrétienne une personne récemment baptisée ; un néophyte est, par analogie, une personne nouvellement entrée dans un parti, une association, un groupe quelconque)
Une fois par mois je vais en formation. Là-bas je peux voir des néophytes: mes amis migrants qui vivent en Suisse romande depuis très peu de temps et qui sont déjà devenus des « patriotes » ardents de leurs cantons.
Madame R (venue d’Algérie) – « Toutes les meilleures choses de la Suisse se trouvent dans le canton de Neuchâtel.»
Par ça elle a voulu dire « Vous habitez dans un autre canton ? Les malheureux ! »
Monsieur T (venu d’Afghanistan) – « Vous avez la montagne et le lac? Et alors ?! En Valais on en aussi, mais en beaucoup, BEAUCOUP plus beaux ! »
Par ça il a voulu dire « Les pauvres, mourrez de la jalousie ! »
Monsieur L (venu de Guinée-Bissau) – « Tu n’as jamais été à Lausanne ?! Ah bon ?! »
Par ça il a voulu dire «Toutes mes condoléances, ma chouchou ! »
Ces symposium de nouveaux habitants de Suisse romande ont lieu pendant les pauses de notre formation.
Dans le discours de clôture je tiens à dire « Mes chers néophytes, que Dieu nous fournisse des permis de séjours ! Amen

Auteure: #MadameÉtrangère

 

Jeudi 15 juin 2017

****L’homme bien a pris ombrage****

Je me sens horriblement mal. Hier j’ai vexé un homme bien. Par mégarde, sans le vouloir, par accident, sans intention.
Dans tous les pays, les habitants de régions différentes se taquinent, ça existe aussi en Suisse. J’ai été stupide, j’ai reproduit une plaisanterie que j’ai entendue de Genevois et de Neuchâtelois, visant les habitants d’une ville dont je tairai le nom. L’homme bien a pris ombrage. Il a dit que les Suisses ont le droit de plaisanter, mais moi, non, car je suis une migrante : « En te permettant de répéter ces clichés, tu as détruit les liens entre nous ! »
Maintenant je me réprimande. Pourquoi j’ai plaisanté ???!!! Comment j’ai pu oublier que « Quod licet Iovi, non licet bovi » (Le proverbe latin « Quod licet Iovi, non licet bovi » : « Ce qui est permis à Jupiter ne l’est pas aux vaches » ou « Ce qui est légitime pour Jupiter ne l’est pas pour les bœufs. »)
Je voudrais me réconcilier avec cet homme bien que j’ai blessé par hasard si profondément et reconstruire nos liens. Lundi prochain, je dois faire quelque chose de bien pour lui.
D’abord je renoncerai publiquement à tous les clichés, ensuite je lui jurerai que je ne plaisanterai plus jamais. Et bien sûr, pour prouver mon sérieux et faire amende honorable, je lui dirai qu’il est beau comme l’Apollon du Belvédère (Apollon est le dieu grec de la musique, du chant et de la poésie. Il est aussi connu pour être le plus beau des dieux grecs.) Je pense qu’après cela il me pardonnera.

Auteure: #MadameÉtrangère

 

Vendredi 16 juin 2017

****Des cadeaux extrêmement intéressants et « nécessaires »****

Il fait +28°. Qu’est-ce que j’ai prévu pour ce week-end ? Passer voir mes copains et faire semblant que tout va bien. C’est mon caractère stupide. Ma copine sait parler de la vérité sur sa vie. Du coup, elle reçoit de l’aide et parfois des cadeaux extrêmement intéressants et « nécessaires ».
Par exemple, pendant plusieurs mois, sa voisine après le nettoyage de son frigo, apportait à ma copine des aliments périmés. On avait alors l’opportunité d’étudier la chimie. Quels produits et comment ils se décomposent.
Une autre fois, un Monsieur lui a offert une balance. « Tiens. Je m’en suis acheté une neuve. Et celle-ci, même si elle a plus de 15 ans, peut te servir encore. De temps en temps elle ne marche pas, mais tu la secoues et ça va».
Ma copine a mis cette balance au vestibule du foyer de Crissier, parce que secouer quelque chose et se peser avant d’aller au Service de la population, c’est exactement ce dont nous avons tous besoin.

Auteure: #MadameÉtrangère

Mardi 21 juin 2017

****L’un n’empêche pas l’autre****

Je ne suis pas allée en formation, je me sens très mal. C’est affreux d’avoir de la fièvre alors que la température dehors affiche +30°. Il ne reste plus qu’à se détendre et à réfléchir à des valeurs éternelles…
Ma copine a entrepris l’étape finale de l’éducation de son fils de 22 ans.
– Tu as 22 ans. Déjà 22 ans ! Il faut commencer à penser au mariage. Tu sais compter ? Compte ! Si tu te maries à 23, tu auras le premier enfant à 24 ans, le deuxième enfant à 26 ans et le troisième enfant à 28 ans… Tu me suis ? Qu’est-ce que tu dis ? Tu es encore jeune ? Et c’est bien ! Donc tu es plein de force et de courage pour élever ces enfants. Tu veux encore aller à l’université ? Vas-y ! Les enfants n’empêchent pas ça. On va te soutenir. Après tu veux trouver un bon job ? L’un n’empêche pas l’autre. Tu veux encore voyager ? Les enfants ne sont pas des obstacles. Tu veux te réjouir de la vie? C’est super bien ! Parce que les enfants, sont la joie principale et le sens de la vie. Quoi encore ?….. L’un n’empêche pas l’autre. Et encore quoi ?… L’un n’empêche pas l’autre. Encore ?!… L’un n’empêche pas l’autre……………..

Maintenant son fiston est à la recherche d’une fiancée.
Et ma copine, à la question «Qu’investissez-vous dans l’économie de votre pays de résidence ? », peut répondre « Au présent, les enfants – 4 produits issus de la collaboration matrimoniale. Au futur, les petits-enfants – provisoirement 12 produits issus de la même collaboration »

Auteure: #MadameÉtrangère

 

 

 




Le journal de #MadameÉtrangère

Illustration: #MadameÉtrangère

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Découvrez les épisodes du 28 avril au 16 mai 2017

Découvrez chaque semaine, sur le profil Facebook de Voix d’Exils, les pensées farfelues, parfois brutes mais toujours sincères de Madame Étrangère, une requérante d’asile vivant dans le Canton de Vaud.

Samedi 28 avril 2017

****Le thermos repose en paix****

Illustration: #MadameÉtrangère

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Je devais voir mon ami. Celui qui me soutient toute l’année, celui qui me fait rire quand je pleure et celui qui m’a appris à utiliser la politesse. Par exemple : « Je serais ravie de partager un moment de silence avec toi » à la place de « Tais-toi » ou « Malheureusement, je n’ose plus vous retenir. Passez une excellente journée » au lieu de « Fichez le camp ».

En guise de reconnaissance, j’ai voulu lui faire plaisir, lui offrir une belle chose pratique et nécessaire dans chaque maison décente : un thermos. Quelle chance, j’en ai un ! Je l’avais acheté il y a quelques jours. Il est tout neuf et de couleur resplendissante.

Le matin, j’ai réjoui mon ami. Je le comprends ! J’aurais été aussi contente si quelqu’un m’avait offert une chose pareille.

Cependant, notre joie s’est éteinte ce soir-là. On a testé mon cadeau et il s’est avéré que celui-ci était cassé : de l’eau a coulé par-dessous…

Le thermos a été enterré dans une poubelle…

Mon ami a prononcé l’oraison funèbre : « Je suis sûr qu’il a été fabriqué en Chine. »

Ensuite, il a ajouté en s’adressant à moi : « Malgré cela, j’ai beaucoup apprécié ton intention de me faire plaisir. On a passé des moments magiques ce samedi, je t’en remercie.»

Bilan final : j’ai un ami Suisse bien éduqué et donc je n’ai pas acheté ce fameux thermos pour rien.

Illustration: #MadameÉtrangère

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Mercredi 3 mai 2017

****Merci au gouvernement****

Illustration: #MadameÉtrangère

Illustration: #MadameÉtrangère

Je vais boire du café et la vie va s’arranger : Oui, le soleil va se souvenir de Lausanne, ma copine va commencer à fumer et me rejoindre, mon ami Erythréen va assumer la vie dans un bunker (sous terre et sans fenêtres) et en fait il va dire merci au gouvernement parce qu’en cas de guerre nucléaire on va tous mourir sauf lui.

 

 

 

 

 

 

 

Vendredi 5 mai 2017

****La tête ne sert pas seulement…****

Illustration: #MadameÉtrangère

Illustration: #MadameÉtrangère

Bonne nouvelle de fin de semaine. Mon ami (requérant d’asile) a reçu une lettre : il est accepté à l’UNIL (Université de Lausanne). Bravo mon jeune ami ! Comme disait mon papa « La tête ne sert pas seulement à manger et à porter un chapeau ».

Les choses prévues pour ce week-end: donner un coup de main pour préparer une fête et après dormir, dormir, dormir. On dit que les petits grandissent en dormant. C’est donc logique de penser qu’après 40 ans, on rétrécit en dormant. Donc pour ce week-end, j’ai prévu de diminuer ma taille.

 

 

 

Dimanche 7 mai 2017

****Sa première expérience avec le fromage suisse****

Illustration: #MadameÉtrangère

Illustration: #MadameÉtrangère

Aujourd’hui, il pleut et hier il pleuvait quand je suis allée à une fête.

La fondue, c’est très bon ! La fondue dans une ambiance chaleureuse est deux fois meilleure. J’étais super contente !

Dommage que je n’arrive pas à convaincre l’une de mes copines de manger la fondue. Sa première expérience avec une raclette a été la dernière, car elle était complexe, je dirais même traumatisante. À cette époque-là, elle était en Suisse depuis seulement un mois. Placée au foyer de Crissier, elle a acheté 500 grammes de fromage, a concocté un gâteau et l’a mis au four qui se trouvait dans la cuisine commune au fond du couloir. En l’espace de quelques minutes, le couloir a été d’abord envahi par une odeur de fromage fondu et peu après par du bruit : les habitants de l’étage étaient bien agités. Ils s’inquiétaient et recherchaient l’auteur de ce gâteau confectionné avec des produits avariés. Ma copine n’est pas arrivée à avouer que c’était son gâteau et elle a même pris part à la recherche du malheureux cuisinier. Après plusieurs heures de recherche, il n’a pas été retrouvé. Mystère…

Illustration: #MadameÉtrangère

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Mercredi 10 mai 2017

****Prise d’otage de chiffres****

Illustration: #MadameÉtrangère

Illustration: #MadameÉtrangère

Un bon procédé pour se détendre, c’est de faire un shopping. Mais, quand tu n’as pas de moyens, tu es pris en otage par les chiffres. 10 % de réduction ne sont pas attractifs, 20% – ça vaut la peine à s’arrêter, 30% – à réfléchir, 43% – je n’ai jamais vu, 50% – cette chose est belle, 70% – il faut acheter.

La semaine passée. D’abord j’ai été attrapée par des chiffres de promotions, 50% d’un article. Puis je me suis souvenue que je savais lire et j’ai lu « Bain aromatique pour les jours froids……dégage les voies respiratoires… Cette formule de soin entretient et protège la peau en douceur.» Tout de suite, j’ai trouvé chez moi et le nez bouché, et les voies respiratoires obstruées, et que la peau avait besoin d’urgence de la protection exactement « en douceur ». Bien sûr, j’ai acheté ce beau produit très nécessaire. J’étais contente et de plus j’étais soulagée car si j’avais vu Ciprofloxacine avec 70% de remise, j’aurais trouvé chez moi tous les symptômes de la prostatite chronique.

 

Lundi 15 mai 2017

****Saving Private Swissman****

Illustration: #MadameÉtrangère

Illustration: #MadameÉtrangère

Je voulais regarder le film « A bras ouverts ». Mon portefeuille a rejeté cette idée et il avait raison, d’ailleurs comme d’habitude. Aller au cinéma, c’est cher. Bon, je peux passer devant « Pathé », observer le bâtiment et ça me suffira. Et le film ? Pour ça, tu as ta tête ou tu es un scénariste, toi-même, tu es un réalisateur, toi-même, tu as le pouvoir d’engager  n’importe quels acteurs sans aucune clause dans le contrat. Certainement, tu es le Seigneur pour tourner des films dans ta propre tête ! Un copain, migrant, a commencé le tournage d’un film. Le titre de travail « Saving Private Swissman»

« Figure-toi, la chute de la Suisse : les éruptions, la guerre, le déluge, la pauvreté, l’exode de la population, le pays sombre dans le désespoir. Les Suisses s’enfuient en espérant trouver l’asile chez nous. On les accueille. Moi, je travaille avec les demandeurs d’asile comme assistant social. Je m’occupe de tout : l’hébergement, l’aide financière, la socialisation et, bien sûr, l’intégration.

  • Bonjour, – je leur dis, – Il faut que vous sachiez ce que c’est la ponctualité. C’est très important. PON-CTU-A-LI-TE ! Qu’est-ce que c’est ? Qui sait ? Ah ! Voilà ! Je t’écoute… Dis à tout le monde. S’il te plaît, plus fort………………….. Pas mal, presque juste. Alors, pour mieux comprendre je vous donne un exemple. Quand je vous dis « Cela commence à 9h30 », vous devez vous présenter à 9h30 et pas à 9h40 ou encore pire à 9h45. Qu’est-ce vous dites ? Le quart d’heure vaudois ? Oui, oui, je sais ce que c’est. Oui, il existe. Mais pas pour tout le monde. Parce que ce n’est pas n’importe quoi, c’est la PON-CTU-A-LI-TE.

À la fin j’ai réalisé que ce copain n’allait pas tourner de film, son projet, c’est une série télévisée.

Illustration: #MadameÉtrangère

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Mardi 16 mai 2017

****Un parti pour de bons migrants****

Illustration: #MadameÉtrangère

Illustration: #MadameÉtrangère

Le ciel de Lausanne est toujours dessiné par les pistes des avions. Aujourd’hui, cela se voit, à Lausanne il fait beau, il fait chaud.

Ma copine A n’arrive pas à choisir un métier pour son avenir. Je suis une mauvaise conseillère : soit j’analyse trop et ça gâche n’importe quel élan, soit  j’analyse trop et ça amène au sommet de rêves en or ou au moins à la ville du Magicien d’Oz. Il faut que ma copine s’adresse à quelqu’un qui est plus sage et qui connaît bien la réalité suisse. Par exemple, à mon copain O qui dit : « Si tu es un avocat à Lausanne et tu veux avoir une brillante carrière, il faut adhérer au parti PLR (Les libéraux-radicaux) ». Je lui fais confiance. Il m’a fait réfléchir à quel parti je dois adhérer pour obtenir le statut « BON MIGRANT ». Si des avocats sont pour le PLR, si des enseignants sont pour le PS (les socialistes), si des paysans sont pour les UDC (les conservateurs), donc des migrants doivent être pour les écologistes. Parce que les migrants sont choqués par la quantité de papier « exterminé » (des lettres, des pubs, etc.) Pour déterminer le choix du parti qu’on  va rejoindre, ça vaut la peine de chercher  la différence entre les Verts et les Vert’libéraux.