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Revue de presse #56

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous le loupe : Asile : à la frontière sud des États-Unis, le nombre de mineurs non-accompagnés en forte augmentation / Athènes accuse les garde-côtes turcs d’inciter les migrant.e.s à se rendre en Grèce / Caroline Abu Sa’Da : « Nous n’avons rien à cacher sur les sauvetages de migrants »

Asile: le nombre de mineurs non-accompagnés en forte augmentation à la frontière sud des Etats-Unis

rtbf.be, le 2 avril 2021

Deux mois après son entrée en fonction, le président Biden se retrouve entre deux feux suite à l’ouverture des portes de la principale installation de détentions de personnes migrant.e.s située dans la localité de Donna, dans le Texas, à quelques kilomètres du Rio Grande qui délimite la frontière des États-Unis avec le Mexique.

L’opposition républicaine lui reproche d’avoir provoqué un afflux de personnes migrant.e.s en ne fermant pas la frontière. Au mois de février, près de 100’000 personnes migrant.e.s ont tenté de rejoindre les États-Unis. Les démocrates progressistes, quant à eux, lui reprochent de ne pas accepter davantage de personnes migrant.e.s.

Le site de Donna accueille plus de 4’000 personnes récemment arrivées aux États-Unis. Parmi elles, quelques 250 mineurs non-accompagnés pour lesquels une attention particulière est accordée selon la porte-parole de la Maison Blanche Jens Psaki : « Nous ne renverrons aucun enfant de moins de 18 ans dans ce voyage périlleux ». Elle précise que cela ne veut pas dire qu’ils pourront rester aux États-Unis. Elle ajoute que leur cas sera étudié et, qu’en attendant, ils seront en sécurité et seront traités avec humanité.

Du côté des organisations telles que « Immigration Matters », les conditions d’accès et d’accueil des jeunes migrant.e.s sont le fruit de quatre années de politique restrictive de l’administration Trump.

 

Athènes accuse les garde-côtes turcs d’inciter les migrant.e.s à se rendre en Grèce

infomigrants, le 5 avril 2021

Les relations entre la Grèce et la Turquie se sont considérablement tendues ces derniers mois sur le dossier des recherches gazières lancées par Ankara en Méditerranée.

Les tensions croissantes entre les deux pays sont montées d’un cran ces derniers jours sur le dossier de l’accueil des migrants. Notis Mitarachi, ministre grec des migrations, a accusé Ankara, vendredi 2 avril, d’encourager les personnes migrant.e.s à entrer en Grèce. Il a cité plusieurs incidents lors desquels les garde-côtes et la marine turc ont été impliqués dans une tentative de provoquer une escalade avec la Grèce.

Athènes veut qu’Ankara surveille mieux les routes de l’immigration et reprenne sur son territoire 1’450 personnes déboutées du droit d’asile sur les îles grecques. Demande soutenue par la commissaire européenne Ylva Johansson qui, lors de sa dernière visite sur l’île de Lesbos, a appelé la Turquie « à réadmettre d’urgence les migrants » renvoyés de Grèce.

La Turquie, de son côté, cherche à limiter le nombre de retours sur son territoire, surtout qu’elle accueille près de 4 millions de personnes réfugiées – la plus grande population de réfugiés au monde.

 

Caroline Abu Sa ‘Da dit que nous n’avons rien à cacher sur les sauvetages de migrants

letemps.ch, le 30 mars 2021

Le navire-ambulance Ocean Viking, de l’association SOS Méditerranée, est l’un des deux derniers bateaux de sauvetage privé qui navigue en Méditerranée centrale. Dans une interview accordée au journal Le Temps, Caroline Abu Sa’Da, Directrice de SOS Méditerranée Suisse, défend la nécessité du sauvetage en mer, alors que trois autres ONG – Médecins sans frontières, Save the Children et Jugend Rettet – sont accusées par la justice italienne de collusion avec les passeurs libyens.

Caroline Abu Sa’Da souligne l’augmentation du nombre des départs depuis la Libye suite à l’évolution de la situation politique dans le pays avec un nouveau gouvernement provisoire qui tente de s’affirmer et des centres de détention de personnes migrant.e.s – officiels et clandestins – plus que jamais remis en question. En Méditerranée orientale, la Turquie bloque actuellement les départs vers les îles grecques, mais il y a aussi davantage de traversées depuis les côtes africaines vers les îles Canaries, en Espagne.

Plusieurs indices font penser que des centaines de personnes migrant.e.s prennent la mer chaque mois. Il suffit, pour le confirmer, de se baser sur le nombre de sauvetages, les arrivées sur l’île de Lampedusa, en Italie, les informations sur les interceptions des garde-côtes en Libye ou les cadavres ramassés sur les côtes libyennes. D’ailleurs, on compte plus de 300 personnes qui ont déjà perdu la vie durant les trois premiers mois de l’année 2021; davantage de victimes que durant toute la même période l’année dernière.

Quant à la légalité des opérations de sauvetages, Caroline Abu Sa’Da affirme qu’il n’y a rien à cacher face aux autorités maritimes. La politique de communication de l’équipe de sauvetage est basée sur la transparence pour éviter toute mauvaise interprétation. On peut même suivre en temps réel les activités du navire-ambulance sur un site Internet lancé depuis 2018.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Revue de presse #51

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous loupe : Changements à la tête du SEM et de l’Office fédéral de la justice / Manifestation pour dénoncer les renvois forcés vers l’Éthiopie /Quarante et une personnes portées disparues après un naufrage en Méditerranée.

Changements à la tête du SEM et de l’Office fédéral de la justice

RTS.ch, le 25 février 2021

Christine Schraner Burgener, 57 ans, succédera le 1er janvier 2022 à Mario Gattiker à la direction du Secrétariat d’État aux migrations (le SEM). Le Département fédéral de justice et police (le DFJP) a souligné que Schraner Burgener dispose d’une riche expérience professionnelle en Suisse et à l’étranger. Elle connaît aussi bien l’administration fédérale que la diplomatie internationale et dispose de grandes compétences sociales et des capacités marquées de communication et de négociation. Selon le DFJP, le Conseil fédéral tient compte, avec ce choix, de l’interconnexion croissante de la politique migratoire au niveau européen et de l’importance de la collaboration avec les pays d’origine et de transit.

Michael Schöll, 47 ans, l’actuel vice-directeur de l’Office fédéral de la justice (l’OFJ) depuis plus de 12 ans, va lui prendre la tête de l’office en septembre prochain en lieu et place de Martin Dumermuth qui partira à la retraite. Selon le DFJP, Michaël Schöll possède un solide bagage académique et justifie d’une longue expérience dans le secteur privé et dans l’administration. La conseillère fédérale Karin Keller-Suter a loué jeudi devant les médias à Berne l’importante expertise de Michael Schöll sur les questions juridiques, ainsi que ses bonnes connaissances de la politique. Le nouveau chef de l’OFJ dispose également de bonnes affinités avec le domaine du numérique.

Une manifestation à Genève pour dénoncer les renvois forcés vers l’Éthiopie

RTS.ch, le 25 février 2021

Les militantes et militants du droit d’asile et les amis de Tahir, un homme Éthiopien renvoyé par avion spécial le 27 janvier dernier alors qu’il était hospitalisé suite à une grève de la faim, se sont réunis sur la promenade de la Treille à Genève. Difficile, pour eux, de comprendre le silence des autorités genevoises et l’indifférence du canton de Genève qui n’a pas empêché le « vol de la honte » du 27 janvier vers Addis-Abeba, comme qualifié par les défenseurs du droit d’asile, qui se disent attendre du Conseil d’État qu’il prenne ses responsabilités.

« Nous avons un devoir d’accueil, on n’a pas le droit de prôner le respect des droits de l’Homme et de ligoter les gens pour les mettre de force dans un avion » réclame Juliette Fioretta initiatrice de ce rassemblement de soutien et membre de Solidarité Tattes, une association citoyenne. Elle trouve honteux et indigne que des policiers viennent chercher Tahir aux urgences des Hôpitaux universitaires genevois (les HUG), alors qu’il y est hospitalisé après quatre jours de grève de la faim et de la soif.

Amnesty International et l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (l’OSAR) ont demandé aux autorités fédérales la suspension immédiate des renvois forcés vers l’Éthiopie, en raison de l’instabilité politique qui prévaut dans ce pays. Mais le Secrétariat d’État aux migrations affirme, de son côté, « suivre de près la situation actuelle en Éthiopie, en particulier dans l’État régional du Tigré ». Selon lui, « il n’y a actuellement aucune situation de violence généralisée dans le pays ».

 

Quarante et une personnes sont portées disparues après un naufrage en Méditerranée

ennaharonline.com, le 25 février 2021

L’Agence des Nations unies pour les réfugiés  (le HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (l’OIM) ont indiqué qu’un canot pneumatique avec environ 120 passagers à bord a quitté la Libye le 18 février et a commencé à prendre l’eau après environ 15 heures de navigation. Huit personnes sont décédées avant qu’un navire marchand ne vienne secourir 77 passagers pour les emmener dans le port sicilien d’Empédocle. Le nombre des disparus de ce triste naufrage est estimé à quarante et une personnes.

 

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




«Voilà, je devais le dire un jour : je suis raciste»

Aldo Brina. Photo: Greg Clément.

Une réflexion d’Aldo Brina

Aldo Brina est Chargé d’information sur l’asile au CSP Genève et s’engage depuis 2007 au cœur du réseau de défense des réfugiés. Dans la réflexion ci-dessous que nous publions dans son intégralité, Aldo Brina s’interroge sur ce qu’est le racisme, puis sur la manière de le combattre, y compris dans ses formes les plus sournoises.

«Voilà, je devais le dire un jour : je suis raciste.

Je sais, ça risque de surprendre pas mal de monde. Quinze ans à défendre le droit d’asile, plusieurs années à présider la coordination contre la xénophobie. Mais il fallait que je le dise.

Il fallait que je le dise parce qu’en fait, en Suisse, je me sens très seul, parce qu’il n’y a pas de racistes. Dans la conception dominante, raciste, tu l’es ou tu l’es pas. Et l’immense majorité a décidé qu’elle ne l’était pas. Les racistes, ce sont seulement ces types qui ont un drapeau du troisième Reich, ou qui affirment que les noirs sont des singes, et plus personne, ou presque, n’a ça ou ne dit ça. Donc il n’y a plus de raciste, et la lutte contre le racisme, c’est une exagération.

Ben moi je ne suis pas de cet avis. Alors je le dis haut et fort : je suis raciste. Le racisme ce n’est pas qu’une opinion qu’on clame, c’est aussi des pensées fluides qui pénètrent les esprits les mieux intentionnés, des cimetières indiens (et africains) sur lesquels on a construit notre présent, des institutions qui font partie de l’état de droit tout en étant, dans des mesures variables, racistes.
Une émission de télévision très regardée titrait : la Suisse est-elle raciste ? Ça n’a aucun sens. La question n’est pas de l’être ou de ne pas l’être. La question c’est qu’est-ce qu’on fait de ces réflexes, de ces pensées, de ces comportements, de cette histoire que nous partageons toutes et tous. Comment les combattre comme on a vaincu le féodalisme, la peine de mort ou le tabagisme ?

Moi, j’avoue, quand je croise une personne noire en bas de mon boulot, mon premier réflexe c’est de penser qu’elle vient consulter une de nos permanences juridiques on sociales. Pas qu’elle est peut-être la patronne de la société informatique qui vient réparer notre réseau ou une journaliste qui vient couvrir une conférence de presse.

Le parlement qui me représente comprend 0% de femmes ou d’hommes noir-e-s. C’est pas le même pourcentage quand je prends le bus.

Chaque jour, pour appliquer les lois de mon pays, des équipes de police arrêtent au petit matin des familles, le plus souvent noires ou racialisées, les mettent dans un avion de force. Des décisions de justice ont reconnu des insultes racistes dans ce cadre mais moi, je dors pareil la nuit. Je vois des personnes noires se faire contrôler dans la rue et je ne me pose pas trop de questions. La police s’occupe des délinquants, non?

Donc comprenez, je ne me sentais pas complètement à ma place parmi tous ces gens, bien-pensants, qui ne sont pas du tout racistes, jamais. Donc cet aveu, ça m’enlève un poids.

Je force le trait et j’entends d’ici les cris d’orfraie : s’infliger une telle culpabilité, blabli blabla. Une responsabilité, pas une culpabilité. Pas se lamenter, pas se flageller, mais se rappeler que y aura toujours du boulot. On ne vous demande pas d’être jugé-e-s avec le policier qui a assassiné George Floyd, on aimerait juste que vous vous demandiez que faire pour que cela soit impossible en Suisse.

Je suis raciste et, d’ailleurs, j’ai très peu d’ami-e-s noir-e-s. Trop peu.
Une prochaine fois, je vous expliquerai que je suis aussi sexiste…»

Chroniques de l’asile

Aldo Brina a publié en mars 2020 « Chroniques de l’asile » aux Editions Labor et Fides. L’auteur décrit le quotidien des actions menées par le Secteur réfugiés du Centre social protestant, à Genève et les limites qu’il rencontre avec ses collègues pour venir en aide aux personnes en procédure d’asile. Il tente notamment de comprendre « ce qui motive des êtres humains à en aider d’autres à pouvoir vivre dignement et ce qui, dans notre époque, fait obstacle à ce geste fondamental ».

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils

 

 




Agenda. Une fête dédiée aux migrants en lutte, le samedi 20 avril à Lausanne

Affiche de la fête du 20 avril 2013

Affiche de la fête du 20 avril 2013

Le collectif Droit de rester, composé de requérants d’asile et de personnes qui leur sont solidaires, organise le samedi 20 avril à La Frat, place Arlaud 2, à Lausanne, une fête dédiée aux migrants en lutte. Cet événement a pour objectif de mener une réflexion sur le projet de durcissement de la politique migratoire suisse et sera également l’occasion de renforcer le réseau associatif local impliqué dans la défense des droits des migrants. Une partie conviviale et festive clôturera l’événement. Entrée libre.

Programme:

15h: Film «Mare chiuso – mer close» d’Andrea Segre et Stefano Liberti, en présence de ce dernier.

17h: Table ronde : «Immigration: des réalités sans stigmatisations» avec André Kuhn, criminologue et Professeur à l’Université de Lausanne, et Stefano Liberti, réalisateur du film «Mare chiuso».

Repas

20h: Concerts de Joël Woguia ; Nya ; Raggumbians.

Sara Pages

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Plus d’Informations :

Site du collectif Droit de rester : cliquez ici