1

Se sentir des enfants «comme les autres» grâce au théâtre

Le théâtre Évasion. Photo: Voix d'Exils

Le théâtre Évasion. Photo: Voix d’Exils

Samedi 17 août, 30 enfants de toutes provenances sont montés sur la scène de la Fraternité à Lausanne pour présenter un spectacle rythmé et coloré proposé par l’association Métis’Arte, en collaboration avec le Service Civil International (SCI). L’objectif était de démontrer la nécessité de la tolérance et du respect des différences.

Pleine de vitalité et de fraîcheur, la prestation des enfants grimés en personnages réels ou imaginaires a fait rire et sourire un public, lui aussi très diversifié. A la fin du spectacle, les parents dans la salle étaient fiers de la prestation de leurs bambins. Patrick s’est dit content que son fils participe au spectacle organisé par le Théâtre Évasion, dépendant du SCI. « Cela a permis à mon fils d’échanger et de partager avec des enfants issus d’autres cultures et d’autres horizons. Je préfère le dire ainsi, parce que je n’aime pas trop le mot «étranger». D’ailleurs, beaucoup de Suisses sont

originaires des pays frontaliers. » Paola, une jeune participante, confie qu’elle a été encouragée par sa maman à participer au spectacle, et qu’elle s’est sentie «très à l’aise sur scène», entourée d’autres enfants.

Promouvoir le vivre ensemble

Le théâtre Evasion. Photo: Voix d'Exils

Le théâtre Evasion. Photo: Voix d’Exils

Sous la férule des membres du Service Civil International, les enfants âgés de 6 à 11 ans ont pu choisir le personnage qu’ils voulaient interpréter. Une fillette a par exemple proposé Rihanna, la chanteuse r’n’b américaine et reine du spectacle. Curieux, spontanés, les enfants se sont prêtés au jeu sans réticence ni méfiance les uns vis-à-vis des autres. Tous ont déclaré avoir eu davantage peur de mal interpréter leur rôle que d’être en contact avec des enfants inconnus. Pendant la semaine de préparation et devant le public, ils ont pu donner libre cours à leur créativité à travers la danse, le chant, le rire et l’originalité de leurs personnages. Promouvoir à travers le théâtre le vivre ensemble, telle était l’ambition des organisateurs. Et, à voir le plaisir des jeunes comédiens sur les planches, on peut dire que c’est réussi.

Pour cette soirée, l’association Métis’Arte, qui se veut être un pont entre l’art et le social, s’est fait aider par des membres du SCI. Les deux organisations se sont partagés les tâches en cuisine, l’accueil des

Le théâtre "Evasion". Photo: Voix d'Exils

Yohana Ruffiner, coordinatrice de l’association Métis’Arte. Photo: Voix d’Exils

bénévoles et le transport des enfants depuis leur lieu d’habitation – qu’ils viennent du Centre d’hébergement EVAM de Crissier ou de Lausanne – jusqu’à la salle du Centre social protestant où avait lieu la représentation.

Métis’Arte avait également proposé la semaine précédente une réflexion sur les questions de la migration forcée, des sans-papiers et du racisme. Coordinatrice du projet, Yohana Ruffiner s’explique : «Nous voulions montrer ce que les personnes migrantes gagnent et perdent. Nous voulions aussi dire que nous sommes toutes et tous des migrants à quelque part.»

Une Suisse multiculturelle

Né voilà deux ans, le Théâtre Évasion propose des spectacles dans dix villes de Suisse en collaboration avec Métis’Arte. Yohana Ruffiner tire un bilan positif de ces journées de réflexions et de spectacles: «Le nombre des participants croît, tant du côté des requérants que des lausannois. Il y a eu cette année plus de 30 enfants, dont la moitié étaient des requérants d’asile, qui parlaient bien la langue française.»

L’après-midi s’est terminée par un apéro,partagé entre invités venus de Suisse, d’Europe et même d’Afrique. De quoi donner l’image d’une Suisse multiculturelle, loin de la polémique à propos de la migration et sur l’asile. En ce qui concerne les enfants lausannois, l’expérience leur a permis de mieux comprendre le monde de la migration. Les enfants requérants, quant à eux, ont pu sortir un peu de leur bulle pour se sentir des enfants «comme les autres.»

Dr Bomba

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




« Le CSP offre un soutien juridique aux requérants d’asile »

Le CSP de Neuchâtel. Photo: Paul Kiesse, Voix d'Exils

Le CSP de Neuchâtel. Photo: Paul Kiesse, Voix d’Exils

Le Centre social protestant (CSP) est une institution qui offre gracieusement un soutien juridique aux requérants d’asile dans les cantons de Neuchâtel, Vaud, Genève, Berne et Jura. Le CSP de Neuchâtel dispose d’un secteur d’activités destiné à accompagner les requérants d’asile dans leur procédure d’asile. Juriste et responsable de ce secteur, Mélanie Müller-Rossel répond aux questions de Voix d’Exils.

Voix d’Exils: Quels services le CSP rend-il aux requérants d’asile?

Mélanie Müller-Rossel: Le CSP met à la disposition des requérants d’asile le « secteur procédure », dans lequel une ethnologue conseillère en procédure d’asile et moi-même, juriste, toutes deux à temps partiel, accueillons et informons toutes les personnes liées à l’asile sur les questions qu’elles pourraient avoir. Si nécessaire, nous offrons un soutien juridique par un accompagnement des requérants d’asile dans leur procédure. Notre travail consiste à les aider à compléter leur dossier, voire à entreprendre des démarches juridiques si les décisions qui sont prises à leur égard sont mal fondées.

Comment et dans quel cas un requérant d’asile peut-il contacter le CSP?

Nous proposons une fois par semaine, le jeudi de 13 heures 30 à 16 heures, une permanence qui est ouverte à toute personne liée à l’asile, que ce soit avant sa procédure, pendant ou même une fois que sa procédure est terminée, et qui aurait un problème à nous soumettre concernant sa situation en Suisse. L’accès à notre permanence ne nécessite pas de prise de rendez-vous préalable.

Les prestations du CSP sont-elles payantes?

Les prestations du CSP sont essentiellement gratuites, c’est-à-dire que nous ne facturons pas nos prestations selon des tarifs horaires. Dans la mesure où les personnes qui nous sollicitent ne sont pas à l’aide d’urgence, nous demandons un petit montant forfaitaire de 50 francs pour contribuer aux frais administratifs et nous permettre de payer, par exemple, les timbres etc. A l’exception de ce petit forfait, nos prestations sont gratuites.

Par rapport à Caritas, quelle est la particularité du CSP?

Les deux institutions font en principe le même travail dans le même esprit, donc il n’y a pas de différence. Le CSP a un lien avec l’Église protestante neuchâteloise et Caritas, avec l’Église catholique. Les forces de travail mises à disposition pour ce secteur sont cependant plus grandes au CSP. Je précise que nous accueillons les personnes liées à l’asile, sans distinction d’origine ni de confession.

Quelles difficultés rencontrez-vous dans le suivi des dossiers des requérants d’asile?

Toutes les difficultés liées à l’obtention de preuves destinées à prouver que nos mandants sont persécutés dans leur pays d’origine. L’ensemble de la procédure vise, en effet, à démontrer que les persécutions sont vraisemblables.

Depuis que vous suivez les dossiers de requérants d’asile, quel est votre taux de réussite?

C’est une question à laquelle il est extrêmement difficile de répondre, parce que ça dépend de quels types de dossiers on parle et de ce qu’on met sur le terme de « réussite ». L’objectif des procédures que nous suivons n’est pas toujours d’obtenir pour nos mandants l’octroi de l’asile, mais une admission provisoire qui consacre que le renvoi n’est pas exigible ; par exemple lors d’un grave problème de santé. Dans ce contexte, nous pouvons estimer que 80%  des personnes que nous suivons obtiennent finalement un règlement de leur situation en Suisse.

Vous arrive-t-il de refuser des dossiers de requérants d’asile?

Oui, nous avons un certain nombre de critères qui nous amènent à prendre ou pas un dossier. Il y a deux critères fondamentaux qui sont difficiles à contourner. Le premier est l’analyse du dossier pour nous permettre d’évaluer s’il y a vraiment quelque chose à défendre du point de vue de l’asile ou pas. Par exemple, si une personne vient déposer une demande d’asile en Suisse pour trouver du travail. Si on comprend bien ce souhait, il ne s’agit pas d’un dossier défendable du point de vue de l’asile et nous ne le défendrons donc pas juridiquement. Le deuxième critère de sélection est le critère de la disponibilité, vu le peu de force de travail dont nous disposons en rapport avec le nombre de demandes. Nous tenons à effectuer un travail de qualité plutôt que de quantité.

Quels sont vos projets d’avenir?

Sur le plan institutionnel, notre projet est de pouvoir maintenir cette offre de soutien juridique aux requérants d’asile, gratuite et accessible à tous, puisque cette activité n’est que très peu subventionnée à l’exception de l’Oeuvre d’entraide des Eglises protestantes suisses (EPER). C’est donc l’institution CSP qui offre la mise à disposition d’un poste d’ethnologue et de juriste pour aider les requérants d’asile. Notre grand défi est donc de pouvoir maintenir cette prestation.

Quels sont vos rapports avec l’Office fédéral des migrations (ODM)

Ils sont ceux d’un mandataire qui défend les intérêts de son mandant. Et comme globalement, une partie assez importante de notre travail consiste à contester les décisions de l’ODM, nos relations peuvent être parfois tendues. Dans les situations où nous pouvons instruire et compléter les dossiers avant la décision de l’ODM, nos relations sont plus axées sur la collaboration. Donc nous ne sommes pas systématiquement en situation d’opposition.

Que pensez-vous de Voix d’Exils?

C’est important qu’il existe une publication qui évoque un peu la réalité des personnes qui dépendent de l’asile car il y a peu de possibilités pour les exilés eux-mêmes de s’exprimer. Je considère ce projet indispensable au présent comme à l’avenir.

Propos recueillis par Paul Kiesse

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

Le CSP est actif dans des secteurs sensibles

Les Centres sociaux protestants (CSP) sont des services privés d’aide sociale destinés aux personnes en difficultés vivant en Suisse, sans distinction d’origine ni de confession. Ils sont issus de l’action sociale des Églises protestantes romandes. Leur objectif est de tout mettre en œuvre pour atténuer les difficultés des personnes qui s’adressent à eux en offrant écoute, soutien, conseils et aide dans leurs démarches. Les CSP existent à Genève depuis 1954, Vaud depuis 1961, Neuchâtel depuis 1964 et Berne-Jura depuis 1966. Ils organisent plusieurs secteurs d’activités: consultations sociales, juridiques, conjugales et familiales, jeunes, migration, endettement, activités en groupe, formation, prévention, insertion sociale, réinsertion professionnelle, recherche sociale, ramassage à domicile.

Infos : contacts des CSP cantonaux

CSP Genève

14, rue du Village-Suisse

CP 171

Tél : 022 807 07 00

Mail : info@csp-ge.ch

CSP Vaud

Rue Beau-Séjour 28

1003 Lausanne

Tél : 021 560 60 60

Mail : info@csp-vd.ch

CSP Neuchâtel

Parcs 11

2000 Neuchâtel

Tél : 032 722 19 60

Mail : csp.neuchatel@ne.ch

CSP Berne-Jura

Rue Centrale 59

2740 Moutier

Tél : 032 493 32 21

Mail : info@csp-beju.ch