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Flash Infos #70

Illustration: Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Sous la loupe : Construction d’un mur afin de freiner l’arrivée des migrant.e.s en Lituanie / L’Afghanistan appelle l’Europe à suspendre les expulsions de ses ressortissant.e.s / La marine tunisienne porte secours à près de 200 migrant.e.s

Construction d’un mur afin de freiner l’arrivée des personnes migrantes en Lituanie

Euronews, le 10 juillet 2021

Le 9 juillet, le ministère de l’Intérieur lituanien a annoncé qu’en vue de la construction d’un mur, une clôture à la frontière avec la Biélorussie était en train d’être installée par les militaires. Le but d’une telle action : empêcher l’afflux de personnes migrantes en situation irrégulière dont le nombre aurait fortement augmenté ces derniers mois. Ce phénomène s’expliquerait notamment en raison de l’attitude des autorités biélorusses qui encourageraient, selon le gouvernement lituanien, la traversée des personnes migrantes. Comptant un peu moins de 3 millions d’habitant.e.s, la Lituanie reconnaît avoir des difficultés à accueillir les nouvelles personnes arrivant sur son territoire. Selon les gardes-frontière du pays, 1’500 traversées irrégulières auraient été comptabilisées en 2021, contre 81 en 2020.

L’Afghanistan appelle l’Europe à suspendre les expulsions de ses ressortissants

RTS, le 12 juillet 2021

L’Afghanistan a appelé les pays européens à cesser les expulsions de leurs ressortissant.e.s durant les trois prochains mois. En outre, malgré les accords de coopération en matière de migration, le ministère afghan des Réfugiés et du Rapatriement a annoncé son attention de refuser l’accueil des ressortissant.e.s forcé.e.s de quitter un pays de l’Union européenne ou un pays européens hors UE, dont la Suisse. Cette décision est justifiée par l’intensification des combats dans le pays ainsi que par la crise économique et sociale provoquée par la COVID-19. Selon l’agence statistique de l’UE – Eurostat – en 2020, les Afghans constituaient 10,6% des demandeurs et demandeuses d’asile dans l’UE, le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2%).

La marine tunisienne porte secours à près de 200 personnes migrantes

24 Heures, le 28 juin 2021

Le 27 juin, le ministère de la Défense tunisien a annoncé que la marine nationale a secouru 178 personnes migrantes de diverses nationalités qui tentaient de traverser la mer Méditerranée et d’atteindre l’Europe depuis la Libye. En outre, lors de trois opérations de sauvetage au large de la côte sud du pays, les corps de deux autres personnes migrantes ont été retrouvés. Selon l’Organisation internationale des migrations (l’OIM), quelques jours plus tôt, la Garde maritime tunisienne avait déjà secouru 267 personnes migrantes, pour la plupart originaires du Bangladesh, qui partaient aussi pour l’Europe à partir de la Libye. Pour rappel, selon l’OIM, le nombre de personnes quittant la Libye par la mer et terminant leur course en Tunisie est en forte augmentation ces deux dernières années. A cet effet, la direction du Croissant- Rouge tunisien a averti que les centres d’accueil dans le sud du pays étaient surpeuplés.

Rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La revue de presse #5

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe: migrations en Afrique/ voix de femmes tunisiennes noires/ un plan d’urgence migration en Tunisie ->

Des millions d’Africains émigrent sur leur propre continent

Jeune Afrique, 26 février 2020

On le sait, le périple des migrant.e.s africain.e.s en quête d’un avenir meilleur les conduit souvent en Europe. Ce que l’on sait moins, c’est qu’ils sont aussi très nombreux à migrer sans quitter le continent africain. De la Somalie au Kenya, du Soudan à l’Ouganda, fuyant les conflits et les catastrophes, des millions d’entre eux se déplacent en quête de nouvelles opportunités. Ils s’installent, temporairement ou pour toujours, dans les pays voisins, ou alors ils se déplacent à l’intérieur des frontières de leur propre pays.

Cette dernière décennie, ces migrations de grande ampleur ont atteint un niveau alarmant selon le rapport de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) qui note qu’en 2018, près de 70 % des cas de déplacements mondiaux causés par les conflits et les violences à travers le monde – soit 7,5 millions – ont eu lieu en Afrique. Ces déplacements sont également suscités par le fort taux d’urbanisation du continent, les inégalités socio-économiques, ainsi que par des aléas climatiques toujours plus intenses qui réduisent les moyens de subsistance des communautés.

Pour faire face, trente pays africains ont ratifié la Convention de Kampala, qui a fêté ses dix ans fin 2019. Elle est le seul instrument juridiquement contraignant au monde qui exige des gouvernements signataires de garantir protection et assistance aux personnes déplacées.

L’espoir réside aujourd’hui dans la capacité des gouvernements africains à reconnaître l’urgence de la question et à s’associer aux organisations internationales pour combiner savoir local, accès au terrain et expertise technique.

La voix des femmes tunisiennes noires

Jeune Afrique, 28 février 2020

Docteure en géographie sociale, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques, la Tunisienne Maha Abdelhamid ne manque ni de courage ni d’esprit combatif. Le 23 janvier dernier, elle a lancé avec l’aide de six compatriotes le groupe de réflexion « Voix des femmes tunisiennes noires ».

Maha Abdelhamid a d’abord fait ses gammes en 2012 au sein de l’association ADAM pour l’égalité et le développement. Pionnière de la dénonciation des discriminations contre les noirs dans le pays, elle est devenue membre du Comité pour le respect des libertés et droits de l’homme en Tunisie. Installée en France depuis 2013, elle poursuit sa mobilisation pour son pays d’origine sur les réseaux sociaux et au travers de ses recherches.

Son objectif : faire reconnaître par la société tunisienne la pluralité de sa population. Petite précision, son groupe de femmes ne tient pas à exclure les hommes, mais plutôt à créer une nouvelle dynamique dans la sphère des femmes tunisiennes où les femmes noires ne sont pas représentées. Ou alors seulement comme des victimes.

Tunisie, un plan d’urgence pour l’accueil des migrants

Jeune Afrique, 10 janvier 2020

La Tunisie a déjà accueilli près d’un million de Libyen.ne.s au début de la guerre civile en 2011. Suite à une nouvelle escalade militaire en Libye, elle se prépare à recevoir prochainement une nouvelle vague de personnes fuyant les combats. Les autorités tunisiennes ont donc prévu un plan d’urgence pensé conjointement avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Croissant rouge. Ce plan sera activé si le nombre d’arrivées atteint, à la frontière, 300 personnes par jour ou 2’000 personnes par semaine.

Prévu pour la prise en charge de 25’000 personnes, dont 12 000 Libyen.ne.s, un nouveau camp sera si nécessaire installé rapidement dans la région de Bir El Fatnassiya. Pour faciliter le traitement des dossiers, il sera divisé en trois parties : les Libyens d’un côté, les demandeurs d’asile et les réfugiés de l’autre, et enfin les migrants.

Mais ce projet a un prix. Rien que l’installation de l’eau potable et des services nécessaires devrait coûter des millions de dollars. Des dépenses difficiles à assumer pour la Tunisie qui est exsangue économiquement. C’est pourquoi, les organisations internationales impliquées se tourneront vers l’aide de l’Union européenne (UE) et de donateurs internationaux.

La Tunisie a averti qu’elle refusait de servir de « hotspot » (sous-traitance de l’accueil) à l’UE pour les migrants qui rêvent d’Europe et qui sont présents en nombre et dans des conditions extrêmement difficiles en Libye. Si le temporaire venait à durer, des solutions de réinstallation dans un pays tiers ou les retours volontaires pourraient être envisagés. La Tunisie en appelle à la communauté internationale et aux pays européens qui ont fermé leurs frontières maritimes pour qu’ils se montrent solidaires.

 

Oumalkaire / Voix d’Exils




« Islamic Relief œuvre pour un monde plus solidaire »

Islamic Relief est une organisation caritative qui s’engage en faveur des personnes les plus démunies dans les pays dits du « tiers monde ». Jamal KRAFESS, directeur du siège suisse de l’ONG sis à Genève, a accordé à Voix d’Exils une interview afin de nous expliquer plus en détails les types d’actions que mène son organisation.

 

 

 

 

Voix d’Exils : Comment et quand a été crée islamique relief ?

Jamal KRAFESS : Islamic Relief a été fondé en 1984 par deux étudiants en médecine à Birmingham (Grande-Bretagne), où se trouve d’ailleurs son siège international aujourd’hui. Islamic Relief est une organisation non gouvernementale (ONG) de secours d’urgence et de développement durable qui vient en aide aux populations les plus pauvres du monde. Il s’agit de la première organisation humanitaire d’inspiration musulmane établie en Europe. Elle a été créée suite aux famines qui ravageaient l’Afrique subsaharienne à cette époque.

Quels sont les buts de votre organisation ?

Islamic Relief œuvre pour un monde plus solidaire dans lequel les besoins de base de tous soient satisfaits, tout en assurant une société où règne l’amitié, l’entraide, la compassion et le respect de l’autre.

Quelle est l’envergure de l’action d’Islamic Relief ?

En 1988, Islamic Relief s’est agrandi et une véritable équipe s’est constituée. Entre 1992 et 1993, de nombreux bureaux ont été créés en Europe : en Albanie, en Allemagne, en Belgique, en Bosnie, en Croatie, en France, en Hollande, en Italie, en Suisse, ainsi qu’aux Etats-Unis. Islamic Relief est active aujourd’hui dans une quarantaine de pays et dans de multiples secteurs de l’aide humanitaire. De plus, Islamic Relief est membre consultatif du Conseil économique et social des Nations Unies (catégorie spéciale depuis 1993), et membre de l’ECHO (Office humanitaire de la Commission européenne). Elle est aussi membre du Réseau « Bond », le réseau britannique des ONG de développement œuvrant à l’étranger. Elle est signataire du Code de conduite pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge et pour les organisations non gouvernementales (ONG) lors des opérations de secours en cas de catastrophe.

Quel est le bilan de l’organisation depuis sa création ?

Après 20 ans de dévouement, de persévérance et de progrès dans l’accomplissement du travail humanitaire, Islamic Relief s’efforce toujours de promouvoir les valeurs auxquelles elle croit : la responsabilité, le professionnalisme, l’indépendance, la neutralité, l’intégrité et le respect. Malheureusement, au fil du temps, la demande augmente et tend à excéder l’offre à cause du nombre des conflits et des catastrophes humanitaires que le monde connaît ces derniers temps.

Comment l’organisation est-elle financée et comment les lecteurs et les lectrices de Voix d’Exils  peuvent-ils vous aider ?

Islamic Relief worlwide collecte la grande majorité de ses fonds (entre 70% et 80 %) auprès de personnes privées, principalement en Europe et aux Etats-Unis. Les ressources restantes proviennent d’institutions gouvernementales ou onusiennes. L’importance de la part des dons privés donne à l’organisation des garanties d’indépendance, de stabilité et renforce aussi sa capacité d’intervention rapide lors des situations d’urgence. Il faut mentionner que le total des dons a beaucoup évolué ces derniers temps.

J’ai parcouru votre site internet et j’ai découvert le programme « waqf » parmi les projets d’aide au développement. Quel est ce programme ?

Le waqf, dans la tradition musulmane, signifie littéralement : « l’emprisonnement d’un bien légué ». Il s’agit d’immobiliser un bien pour le faire fructifier et reverser les bénéfices aux pauvres. Il doit être un bien ou une richesse quantifiable. Ce bien ou cette richesse doit apporter un bénéfice continu comme, par exemple, l’investissement dans l’immobilier – qui va durer dans le temps – ce à l’inverse d’un bien consommable. Islamic Relief a mis en place huit fonds du waqf et tout donateur peut ainsi choisir le ou les fonds destinataires de son don (waqf eau, waqf orphelins, waqf santé, waqf éducation, waqf activité économique, waqf aide alimentaire, waqf secours d’urgence, waqf général).

Propos recueillis par :

Abdel-Khader MOUSTAPHA

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Infos :

Pour verser vos dons, veuillez contacter l’organisation au +41 (0)22 73 202 73 ou cliquez sur le menu « comment aider ? » sur le site web d’Islamic Relief