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L’inauguration de la Recyclerie

Inauguration de la Recyclerie. Photo: Voix d’Exils

Un nouveau lieu à Lausanne dédié à la mixité sociale, à l’interculturalité et au contact avec la société d’accueil

La Recylerie est un nouvel espace à Lausanne qui regroupe plusieurs associations qui œuvrent autour du recyclage et de la récupération d’objets. Pour inaugurer le lieu, l’atelier couture de l’EVAM a organisé un défilé de mode’récup le 14 mars 2024. 

Dédié au partage, aux rencontres, à la formation et à la récupération des objets de notre quotidien, la Recyclerie se trouve à la rue St-Martin 38 bis à Lausanne. Elle regroupe la bibliothèque d’objets la Manivelle; l’association Ramptogo  qui promeut  l’accessibilité universelle en créant des rampes d’accès à base de LEGO; l’association PAIRES qui est un projet d’Aide à l’Inclusion des personnes réfugié·e·s en Suisse ; ainsi que les ateliers vélo et créatif de l’EVAM.

Le 14 mars dernier, un grand défilé de mode’récup a été organisé par l’atelier couture de l’EVAM qui a présenté plus de 50 pièces confectionnées à partir de tissus récupérés. La rédaction de Voix d’Exils était de la partie!

Carton d’invitation. Auteure: Kristine Kostava / Voix d’Exils.

Film sur le défilé de mode’récup

Réalisation: Vishnuvaran Nagalingam et Firat Kil / Voix d’Exils.

Interview des organisatrices du défilé de mode’récup

De gauche à droite: Céline Christen et Susana Tobias. Photo: Voix d’Exils.

Susanna Tobias, coordinatrice de l’atelier couture de l’EVAM et Céline Christen, adjointe du Pôle formation pratique de l’EVAM. Réalisation: Liana Grybanova et Omar Odermatt / Voix d’Exils.

Interview des créatrices du défilé de mode’récup

De gauche à droite: Sara Mohammadi, Gulbahar Rezaie, Susana Tobias et Maryam Soleymani. Photo: Voix d’Exils.

Interview de Gulbahar et Maryam Rezaie. Réalisation: Zana Mohammed et Zoé Maître / Voix d’Exils.

 

Des broderies pour préserver la mémoire d’un temple Antique de Palmyre

L’Atelier de Couture de l’EVAM s’est associé au projet Collart-Palmyre. Ce projet initié par l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité de l’Université de Lausanne vise à préserver la mémoire du temple antique de Baalshamîn à Palmyre en Syrie qui a été détruit par l’Etat Islamique en 2015.

Cette préservation de la mémoire de ce patrimoine mondial se fait à travers la numérisation de l’ensemble des documents liés au temple.

L’atelier de couture de l’EVAM a contribué ainsi à conserver la mémoire de la beauté du temple de Baalshamîn en proposant des ateliers d’échanges et de broderie et en brodant des motifs issus de ces décors sur les créations qui ont été présentées lors du défilé de mode’récup.

 

Photos du défilé de mode’récup

 

La rédaction de Voix d’Exils 

L’équipe de Voix d’Exils qui a couvert le défilé de mode’récup. De gauche à droite: Liana Grybanova, Vishnuvaran Nagalingam, Zoé Maître, Zana Mohammed, Omar Odermatt.

C’est grâce aux multiples compétences de l’ensemble des membres de la rédaction de Voix d’Exils que ce reportage a pu être réalisé. Bravo à toute l’équipe!

Omar Odermatt

Responsable de la rédaction de Voix d’Exils




Un atelier de couture pour se sentir utile et favoriser les échanges

Chasuble de sport

A gauche, l’un des assistants sociaux portant le chasuble de sport confectionné par les couturières du Centre. A droite, l’une des couturières.

Depuis son ouverture en juin dernier, l’atelier de couture du centre de Couvet/ Neuchâtel ne désemplit pas. Voix d’Exils est allé à la rencontre des requérantes qui confectionnent dans la créativité et la bonne humeur des vêtements et du linge de maison destinés aux requérants. Interview de Liliane et Pirémila.

Liliane BERNADETTA MAMBO vient d’Angola, et Pirémila UTHAYAKUMAR du Sri Lanka. Toutes deux ne tarissent pas d’éloge sur leur atelier de couture qui leur apporte un peu d’argent et beaucoup de satisfactions. Après une vingtaine de minutes, Steefan, 18 ans, le fils de Pirémila, ainsi que Narcisse, jeune apprentie couturière de Syrie, âgée de 9 ans, se sont joints à nous.

Voix d’Exils: Depuis combien de temps êtes-vous au centre de Couvet?
Liliane : depuis décembre 2014.
Pirémila : depuis plus d’une année.

Comment occupez-vous vos journées au centre ?
Liliane : la journée, je m’occupe avec les activités de couture, après je passe à la cuisine, ensuite place au repos. C’est la routine.

Combien de temps passez-vous dans l’atelier de couture par semaine ?
Pirémila : nous travaillons tous les mardis et vendredis de 13h 30 à 17h30.

Quels sont vos sentiments en exerçant cette activité ?
Liliane : je me sens très bien, je me sens utile.

Pirémila : moi, j’ai beaucoup de plaisir dans l’exercice de cette activité, surtout avec Narcisse, cette fillette de 9 ans passionnée par le métier, à qui nous apprenons la couture.

Que faites-vous en particulier ?
Liliane : nous avons confectionnés une soixantaine de rideaux pour les fenêtres du centre.

Pirémila : nous avons aussi confectionné des chasubles pour le sport, soit des gilets de couleurs diverses pour différencier deux équipes. Actuellement nous sommes sur la production d’une centaine de grandes pièces en tissu, avec des poches, à suspendre au mur, pour le rangement. Elles sont faites avec des carrés de tissus récupérés d’habits donnés dans le centre. C’est la technique du patchwork.
Je précise que nous allons aussi travailler pour le centre de Fontainemelon, et aussi pour les Abris PC.

Quelle est votre rémunération ?
Liliane : 90 fr. par mois. Notre activité s’inscrit dans le cadre des TUP, des Travaux d’Utilité publique.

Êtes-vous satisfaites de cette rémunération ?
Liliane : oui, nous sommes très reconnaissantes, ça nous aide beaucoup.

Quel lien votre activité crée-t-elle avec les autres requérants du centre ?
Liliane : une ambiance gaie, chaleureuse et harmonieuse.

Pirémila : ils sont nombreux à s’intéresser à notre métier, d’aucuns pour apprendre et d’autres nous sollicitent pour les éventuelles retouches de leurs vêtements.

Y-a-t-il des difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans l’exercice de cette activité ?
Liliane : non, pas tellement. Il y a des petits problèmes techniques au niveau des machines, mais qui sont vite résolus. Les machines tournent à fond, parfois elles tombent en panne et il faut les réparer.

Quels sont vos rapports avec les responsables du centre ?
Liliane : excellents ! Ils sont très ouverts, sympas, disponibles, à l’écoute et aussi porteurs d’un regard clairvoyant.

Quel est l’origine de cette idée d’atelier de couture au centre ?
Liliane : l’idée vient de notre enseignante Marie-France qui est soutenue par la direction.

Avez-vous des doléances ?
Liliane : oui, on aimerait que les responsables du centre nous soutiennent encore plus afin d’agrandir cet atelier, car je suis persuadée qu’il y a plusieurs besoins.

Avez-vous le droit de prendre des commandes externes ?
Pirémila : non, l’idée n’est pas de faire du business mais de donner aux requérants d’asile intéressés une occupation.

vide-poche

Vide-poche confectionné par les couturières du Centre

Avez-vous des projets personnels ?
Liliane : je n’ai pas de projet pour l’instant. Je vous remercie vivement pour l’intérêt porté à notre activité. Je profite aussi, pour remercier et exprimer toute ma reconnaissance à tous les responsables du centre de Couvet, en particulier le directeur, qui ont permis la création de cet atelier. Il nous permet de nous occuper, de combler une partie du vide et de créer beaucoup de contacts.

Pirémila : moi, cela fait plus d’un an que je suis au centre, et tout ce que je veux c’est le transfert dans un appartement. Je suis fatiguée de la vie au centre, même si j’ai du plaisir à exercer cette activité. Je saisis aussi l’occasion pour exprimer ma reconnaissance et ma gratitude à l’endroit des responsables du centre de requérants de Couvet, qui ont eu cette magnifique idée de créer cet atelier de couture, qui pour moi donne désormais une autre dimension à ma vie, une lueur d’espoir…

AKC, Membre de la rédaction Neuchâteloise de Voix d’Exils

P.S. Depuis notre passage, Liliane a été transférée dans un appartement et Pirémila continue à coudre avec passion.




Un défilé de mode haut en couleurs au Botza

Photo: David Crittin, Voix d'Exils

Photo: David Crittin, Voix d’Exils.

Le 11 juin 2013 fut une journée spéciale pour la communauté du Botza, le principal centre de formation et d’occupation du Valais. Le bruit habituel des outils et des machines a cessé pour laisser la place à d’autres sons comme de la musique, des rires et le claquement des talons hauts: c’était le jour de la mode.

Les femmes qui ont participé aux ateliers de couture de Rarogne, Ardon, Martigny et Saint-Gingolph

Photo: David Crittin, Voix d'Exils.

Photo: David Crittin, Voix d’Exils.

étaient fières de présenter leurs productions lors d’un véritable défilé. Pour une journée – leur journée – elles ont toutes été transformées en top modèles, avec de lumineux maquillages, des coiffures sophistiquées et des robes incroyables.

Les origines de ces femmes, qui viennent de pays tels que la Somalie, l’Erythrée, le Sri Lanka, le Nigeria, le Soudan, la Russie, le Kosovo, la Turquie et le Tibet ont donné une diversité unique aux œuvres présentées. Par ailleurs, une petite fille et deux mannequins hommes ont pris part au spectacle et ont reçu, plus particulièrement la petite fille, bien sûr, de grands applaudissements.

Le programme était un enchantement autant pour les tops modèles d’un jour que pour le public. «C’était merveilleux de voir ces costumes et le style des femmes qui défilaient sur le podium», a déclaré un spectateur érythréen. Un autre observateur provenant du Gabon s’est exclamé: «je voudrais voir un événement aussi surprenant encore et encore ! Cela m’a fait plaisir et je me suis souvenu des robes traditionnelles de mon pays. »

Photo: David Crittin, Voix d'Exils.

Photo: David Crittin, Voix d’Exils.

De même, deux travailleuses sociales, Marylin Duc et Sarah Kesteloot, ont déclaré que le spectacle était une bonne initiative et un moyen d’intégrer les gens dans la société.
Victoria, un modèle nigérian, a souligné que «depuis toute jeune, j’avais le souhait de travailler dans la mode. Étonnamment, mon rêve a commencé à devenir réalité aujourd’hui. C’est la première fois que je faisais face au public dans un défilé de mode et, pourtant, je crois avoir réalisé une bonne performance. J’ai surtout appris que j’avais encore une vie en attendant le résultat de ma procédure de demande d’asile. Je suis vraiment heureuse de cela. »

La top modèle érythréenne Ayesha nous a fièrement dit que: «C’était très stimulant. J’ai passé un bon moment. Je n’oublierai jamais cet événement et le sentiment que j’ai ressenti pendant la manifestation. » Selamawit, une autre top model  érythréenne, a confié que: «C’était une première et cela a changé quelque chose en moi. Je suis maintenant plus confiante et la couture va être mon hobby. Ce fut une bonne expérience pour moi. »

Tous les mannequins d’un jour ont réalisé leurs robes lors des cours de formation dans les ateliers de

Photo: David Crittin, Voix d'Exils.

Photo: David Crittin, Voix d’Exils.

couture. Les styles et les inspirations sont très variés: certaines robes étaient absolument modernes et le public a eu le plaisir d’apprécier des robes traditionnelles africaines ainsi que tibétaines.

Cette journée spéciale laissera une impression lumineuse derrière elle. Vous vous demandez peut-être quand aura lieu le prochain défilé? Si c’est le cas, vous devrez être patient car la réponse est : en 2015 seulement! Le temps nécessaire pour les couturières de renouveler leurs inspirations.

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

 




Perspectives post-formation au Botza: entre espoirs et désillusions des requérants d’asile

Dramane k en train de souder. Photo: CDM

Animés par l’envie se prendre en charge, de nombreux requérants d’asile se forment au centre valaisan de formation le Botza. Mais, au final, ils se heurtent à des difficultés d’accès au marché du travail entraînant souvent chez eux incompréhension et déceptions ; ce que tente de dissiper, sans relâche, le personnel des foyers d’accueil.

Courbé sur une machine, lunettes de soudeur sur les yeux, Dramane k* a l’air bien concentré. « La moindre erreur de découpage des barres de fer risque de compromettre les marches d’escaliers métalliques que je fabrique », lance-t-il. Cela fait plus de huit mois que ce requérant d’asile d’origine africaine est en formation en serrurerie au Botza, centre valaisan de formation pour requérants d’asile. L’homme, d’une vingtaine d’années, accorde beaucoup d’importance à cet apprentissage car « j’espère vivement que l’attestation que je recevrai à la fin me permettra de trouver facilement un emploi et de gagner ma vie » confie-t-il.

Cette phrase semble ne pas faire l’unanimité parmi ses camarades d’atelier. « Il faut arrêter de rêver, les attestations du Botza ne sont pas reconnues par les entreprises. J’ai beaucoup d’amis qui sont passés par ici. Ils sont tous à la maison aujourd’hui », réplique le requérant d’asile Babel F*. Notre enquête nous a permis de rencontrer Lawal W*., requérant africain qui a suivi, neuf mois durant, une formation en peinture dans ce centre. « Depuis un an que j’ai fini mon apprentissage, je cherche en vain du boulot. Je suis réduit à cueillir occasionnellement de la vigne. Une activité qui n’a rien à voir avec la peinture que j’ai apprise. Ça fait mal de rester à ne rien faire alors qu’on a l’envie de travailler ». Ces propos mitigés, mêlant espoir et désillusion résume l’état d’âme de nombreux requérants qui s’interrogent sur l’opportunité que leur offrent les formations qu’ils reçoivent au Botza. A en croire leurs propos, cette interrogation s’accompagne souvent d’une dose de déception. « On ne comprend pas pourquoi on nous forme si on ne peut pas trouver du travail avec nos attestations », déclare Babel F., l’air visiblement dépité.

« Ça fait mal de rester à rien faire »

Pour Roger Fontannaz, directeur du Botza,« C’est une erreur d’assimiler l’attestation de fin de formation que nous délivrons à des diplômes reconnus par les entreprises à l’embauche ». « Nos formations », explique-t-il, « ont pour objectif d’occuper les requérants en les mettant à l’abri des effets pervers de l’inactivité. Elles visent aussi à leur permettre d’organiser leur vie en fonction de l’issue de leur demande d’asile ». Selon lui, les connaissances dispensées visent à éviter à ceux qui n’obtiendront pas l’asile de retourner dans leur pays sans aucune capacité, mais au contraire avec des connaissances qu’ils pourront développer pour vivre chez eux en travaillant pour se réinsérer. Quant à ceux qui auront l’asile, cela leur permettra une meilleure adaptation au marché suisse de l’emploi.

C’est d’ailleurs le cas de l’Irakien, Rafik D.* qui, au bénéfice d’un permis F, a pu décrocher son premier emploi d’aide-cuisinier grâce à la formation reçue au Botza. « Ce travail se déroulait en montagne et il fallait avoir, au préalable, des connaissances en cuisine », se rappelle-t-il. « J’ai pu convaincre mon employeur grâce à l’attestation que j’ai eue après mes douze mois de formation ».

Il faut souligner que la législation reste l’un des obstacles majeurs qui empêche les requérants d’asile d’accéder aisément au marché du travail. L’emploi des détenteurs de permis N (autorisation provisoire de séjour pour requérants d’asile, ndlr) étant géré par le Service des populations et des migrations, la pratique a montré que les requérants sont plus souvent autorisés à travailler en montagne qu’en plaine. Très souvent, il y a peu de possibilités de décrocher son premier emploi sans passer par le secteur de l’agriculture ou des activités ayant trait avec la montagne.

« Les requérants refusent d’accepter la réalité »

Jusque-là, le Botza dispense aux requérants une panoplie de formations allant des métiers du bâtiment à la restauration en passant par la maçonnerie, la menuiserie et la peinture. Des cours de couture, de coiffure, de langue française, d’informatique et même d’initiation au métier de journaliste y sont également disponibles. Loin de s’arrêter là, le centre envisage de diversifier davantage ses offres avec un programme d’agriculture – précisément l’horticulture – qui sera mis en route d’ici quelques mois.

Mais en même temps, il importe de prendre des mesures pour éviter aux requérants d’asile des désillusions sur les perspectives après leur formation. « Nos collègues qui administrent les foyers d’accueil ne cessent et ne cesseront de répéter aux requérants la faiblesse des possibilités d’accès au marché de l’emploi avec un permis N », déclare Roger Fontannaz. Et de conclure : « La vérité, c’est que les requérants croient tellement à un futur en Suisse qu’ils refusent d’accepter la réalité qu’on a beau leur expliquer. Néanmoins, leur faire accepter cela est l’un des défis que tente de relever au quotidien tout le personnel travaillant dans l’asile. C’est un travail de longue haleine ».

Constant Couadjio et CDM

Membres de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

*Noms d’emprunt




Une belle rencontre pour « briser le mur invisible »

Créer des liens sociaux par la broderie et la couture

Se rencontrer en échangeant des savoir-faire

Échanges de techniques sur la broderie et la couture, découverte de mets africains, discussions à bâtons rompus autour d’un repas. Voici un aperçu des activités qui se sont déroulées lors la semaine valaisanne contre le racisme du 14 au 21 mars 2011. C’est à cette occasion que deux univers féminins se sont rapprochés à Ardon pour apprendre à mieux se connaître. Une première.

« Concentre-toi bien sur la toile. Prends l’aiguille dans ta main droite, passe-la une première fois comme ça, encore comme ça et une troisième fois dans le sens inverse ». Sur un ton calme et posé, Mary-Jane, membre de l’association de broderie Le Jardin des passions, apprend à Roza, requérante d’asile, comment broder un motif sur une nappe. Cette scène, peu habituelle, s’est déroulée le 15 mars dernier au Centre de formation pour requérants d’asile, le Botza, dans le village valaisan d’Ardon qui compte environ 2500 habitants.

C’est à l’initiative du Centre que cette rencontre a été organisée : « Nous avons voulu profiter de la semaine valaisanne contre le racisme pour rapprocher les brodeuses d’Ardon et les requérantes d’asile en apprentissage dans notre Centre. Toutes vivent dans le même village sans vraiment se connaître. Notre objectif était de briser le mur invisible qui existe entre elles », expliquait à Voix d’Exils, Marie-Christine Roh, chargée administrative au Botza, une semaine avant le début de la rencontre.

L’idée depuis a fait son chemin. Une dizaine de brodeuses d’Ardon, pour la plupart Suissesses, ont fait le déplacement au Botza. Le temps d’une après-midi, elles ont appris aux requérantes d’asile les techniques adéquates pour broder artistiquement des nappes, des rideaux, des tableaux décoratifs et bien d’autres ouvrages. Les brodeuses n’ont pas eu l’impression d’avoir donné sans rien recevoir en retour : « De leur côté, les requérantes nous ont appris à fabriquer de petites roses en tulle. Je n’avais jamais vu faire cela et je repars avec quelque chose de formidable », assure Renée Praz, présidente du Jardin des passions.

Franchir les barrières linguistiques

Au delà des échanges de « techniques » dans le domaine de la couture et de la broderie, la rencontre a aussi été l’occasion d’un grand brassage culturel. « Je me sens si proche de toi », s’est exclamée une Suissesse qui, pour la première fois, avait l’occasion de promener ses mains sur le voile qui recouvrait la tête d’une Somalienne. Fières de leur tradition d’hospitalité, les requérantes ont fait déguster à leurs hôtesses divers mets africains, dont des beignets somaliens et du café érythréen. « Manger ensemble avec des gens qu’on ne connaissait pas du tout avant m’a fait un grand bien », a souligné Degho, requérante d’asile somalienne. Et une autre de renchérir : « en faisant l’effort de discuter avec nos visiteuses, j’ai laissé de côté ma peur de parler en français approximatif. Je me suis rendu compte que j’avais franchi la barrière linguistique ». « Je réalise une fois encore qu’aller à la rencontre de l’autre est une vraie source de richesse », confie Teresa. En attendant, pour Eva, membre du Jardin des passions, ce premier contact établi par son association avec les requérantes d’asile n’est qu’une première étape : « la porte est largement ouverte. C’est sûr, nous reviendrons ». D’ailleurs rendez-vous a déjà été pris pour assister au défilé de mode que projette le Botza en juin prochain.

Constant Kouadio et CDM

Membres de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils