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FLASH INFOS #107

Priti Patel (à gauche), ministre britannique de l’Intérieur & Vincent Biruta (à droite), ministre rwandais des Affaires étrangères
Photo: UK Home Office / Flickr

Sous la loupe: Accord controversé entre le Rwanda et le Royaume-Uni pour le renvoi des demandeurs et demandeuses d’asile / Suisse: une société de télémédecine cherche des médecins parlant français et ukrainien ou russe / Un homme en situation irrégulière peine à récupérer 250’000 euros gagnés avec un jeu à gratter



Accord controversé entre le Rwanda et le Royaume-Uni pour le renvoi des demandeurs et demandeuses d’asile

infomigrants.net, le 20.04.2022

En passant un accord avec le Rwanda qui vise à expulser les demandeurs et demandeuses d’asile qui se trouvent au Royaume-Uni vers ce pays de l’Afrique de l’Est, Londres a pris une décision radicale contre les personnes migrantes qui traversent la Manche. De cette manière, plus de 1’000 immigré·e·s arrivé·e·s au Royaume-Uni ces derniers jours pourraient être envoyés au Rwanda. Cet accord entend stopper les nombreuses arrivées récentes des personnes migrantes sur le sol britannique en échange d’un forfait de 144 millions d’euros versés chaque année au Rwanda par le Royaume-Uni.

Steven Martin, coordinateur de Channel Rescue, une ONG britannique dont la mission est de venir en aide aux bateaux de personnes migrantes qui atteignent la côte, parle d’une « criminalisation des passages », alors même qu’il n’est pas « illégal de traverser une frontière pour déposer une demande d’asile dans un pays ».

En ce qui concerne la question des droits humains, François Gemenne, chercheur spécialiste des flux migratoires à Sciences Po, ajoute que « l’accord contrevient au droit d’asile et à la Convention de Genève, dont le Royaume-Uni est signataire ». Ce dernier mentionne également le fait que « le Rwanda n’est pas un modèle en matière de respect des droits humains ».

Renata Cabrales

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Suisse: la société Medgate recherche des médecins parlant ukrainien et français pour ses téléconsultations médicales

24 Heures, le 21.04.2022

La société de télémédecine Medgate qui propose des consultations à distance par téléphone ou vidéo cherche des généralistes et des pédiatres parlant russe ou ukrainien pour sa nouvelle hotline dédiée aux personnes réfugié·e·s ukrainien·ne·s. Les consultations effectuées via l’hotline (058 387 77 20) sont entièrement gratuites.

Actuellement, les médecins de la hotline travaillent avec des traducteurs et traductrices. Mais il est important que les personnes réfugiées puissent se sentir au mieux en parlant leur langue maternelle. Andy Fischer, CEO de Medgate, a indiqué vouloir fournir aux personnes réfugiées un accès aux soins « de la manière la plus simple et la moins contraignante possible ».

Renata Cabrales 

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Un homme en situation irrégulière peine à récupérer 250’000 euros gagnés avec un jeu à gratter

infomigrants.net, le 20.04.2022

En Belgique, un homme sans-papier a gagné la somme de 250’000 euros en grattant un ticket de loterie. Néanmoins, il rencontre des difficultés à percevoir son gain du fait de sa situation irrégulière.

Ne possédant ni papiers d’identité, ni compte en banque, l’homme d’origine algérienne a tout d’abord tenté d’envoyer des amis afin de retirer la somme d’argent gagnée. La Loterie Nationale a toutefois immédiatement suspecté une fraude et a contacté les autorités. L’homme s’est finalement rendu au commissariat accompagné d’un avocat afin de clarifier la situation. Ce dernier a déclaré qu’il était en contact avec la famille de son client en Algérie afin de trouver des documents permettant de prouver son identité. Il a ajouté que le billet gagnant était actuellement entre les mains de la justice, en attendant de trouver une solution. L’heureux gagnant a par ailleurs obtenu la garantie qu’il ne serait pas expulsé avant d’avoir récupéré son dû.

Une situation similaire s’était déjà produite en France. Une personne sans-papiers avait finalement récupéré son gain de 500’000 euros… non sans mal.

Karthik Neelamagen

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Revue de presse #50

Auteur: Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : En route vers la naturalisation de 11 millions de sans-papiers aux États-Unis / Frontex dans le collimateur des ONG / Une vague de froid frappe les migrants en Grèce

En route vers la naturalisation de 11 millions de sans-papiers aux Etats-Unis

SudInfo, le 18 février 2021

Le 18 février, les démocrates ont présenté au Congrès américain l’ambitieux projet de réformes en matière d’immigration soutenu par le nouveau président Joe Biden. A cet effet, le sénateur du New Jersey – Robert Menendez – l’un des coauteurs du projet de loi a soutenu que les personnes migrantes sont des travailleurs et travailleuses sans lesquels l’économie du pays ne pourrait pas fonctionner. Par conséquent, il est temps de faire sortir de l’ombre 11 millions de sans-papiers souligne-t-il. Pour rappel, le projet de loi proposé prévoit d’ouvrir la voie vers la citoyenneté américaine à près de 11 millions de personnes en situation irrégulière. La réforme ouvrirait également le chemin de la naturalisation aux « Dreamers », ces quelques 700’000 jeunes adultes entrés clandestinement aux États-Unis pendant leur enfance.

Frontex dans le collimateur des ONG

RTBF, le 17 février 2021

Dans un rapport documenté fourni par l’ONG grecque Legal Center Lesvos, il est soutenu que l’Agence européenne de surveillance des frontières (Frontex) a enfreint le droit européen et a violé la Convention de Genève de 1951 relative aux droits des réfugiés. Ainsi, selon le rapport, l’Agence européenne est non seulement accusée d’être complice de violences à l’encontre des personnes migrantes en mer Égée et en Grèce, mais aussi d’avoir échoué à rendre compte de manière transparente, fidèle et exacte les circonstances et le nombre de refoulements dans lesquels elle est impliquée. Par conséquent, l’ONG demande la cessation des activités de l’agence en mer Égée. Dans la même lignée, l’ONG allemande Mare Liberum a fait état d’une escalade inédite des refoulements de personnes migrantes en mer Égée en 2020 impliquant également Frontex. Pour le porte-parole de Frontex, Chris Borowski, le recours de ces ONG est basé sur des allégations non prouvées et semble faire partie d’une intention plus large visant à affaiblir la solidarité européenne. Ce dernier rappelle également qu’aucune preuve de violation des droits de l’Homme n’a été apportée par une enquête interne ni par un rapport préliminaire d’un groupe de travail spécial désigné par le Conseil d’administration. Le gouvernement grec a de son côté toujours nié et a qualifié les accusations de fausses.

Une vague de froid frappe les personnes migrantes vivant dans les camps grecs

InfoMigrants, le 16 février 2021

Les conditions de vie des personnes migrantes en Grèce se sont compliquées suite à une vague de froid qui a touché le pays. Ainsi, le camp de Malakasa à Athènes, où vivent plus de 1’500 personnes – dont 700 enfants – a été submergé par la neige. L’eau et l’électricité ont été coupés. Même constat dans le camp athénien d’Eleonas. Mahmoud, un demandeur d’asile afghan, qui vit dans le camp de Diavata à Thessalonique, dans le nord du pays, témoigne des mêmes conditions météo. « On m’a attribué une place dans un conteneur. Il fait moins froid à l’intérieur, c’est vrai, mais dès qu’on sort, on se met à grelotter. Cette année l’hiver est glacial, c’est l’enfer pour ceux qui dorment sous les tentes », raconte-t-il à InfoMigrants. Inquiète, la section grecque de L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (le HCR) a offert des radiateurs dans les camps à travers le pays. Le gouvernement grec se veut quant à lui plus rassurant, en assurant que personne n’est en danger dans le camp situé sur l’île de Lesbos.

Masar Hoti

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils




La Journée des réfugiés à été célébrée en grande pompe à Neuchâtel

Photo: Fardudin

Des stands de nourriture et des spécialités culinaires des associations de réfugiés ont donné un parfum d’ailleurs à la fête le 16 juin dernier à Neuchâtel. De la musique et des danses exotiques des quatre coins du globe ont aussi rythmé la journée: de la musique kurde d’Anatolie, des danses orientales, du flamenco, du slam et des danses albanaises… Sans oublier les animations qui étaient proposées aux enfants.

Voix d’Exils s’est joint à la fête et a rencontré à cette occasion M. Luul Sebhatu, le président de l’association Journée des réfugiés à Neuchâtel. Interview.

Voix d’Exils : Depuis combien de temps la fête des réfugiés existe-t-elle?

Luul Sebhatu : Elle existe depuis la signature de la Convention de Genève en 1951, mais personnellement je participe à cette journée depuis 1982. Au début, avec quelques amis Érythréens, nous louions un stand et nous servions de la nourriture de chez nous. Nous diffusions également de l’information sur notre pays et les raisons qui nous ont poussés à nous réfugier en Suisse. A cette époque c’était très difficile d’obtenir l’asile. J’ai eu la chance d’être reconnu comme réfugié après trois ans et demi d’attente.

Photo: Fardudin

Qui organise cette fête?

Dans le passé, c’était les œuvres d’entraide Caritas et le Centre Social Protestant qui organisaient les festivités de la Journée des réfugiés. Ensuite, nous avons créé une association qui a pris la relève lorsque les œuvres d’entraide n’ont plus voulu s’en occuper.

Combien de groupes participent à la fête?

Cette année nous étions onze.

Connaissez-vous Voix d’Exils?

Oui, nous le lisons régulièrement.

Propos recueillis par :

Fardudin

Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

« Célébrer la dignité de ceux qui ont été chassés de chez eux »

Historiquement, « La Journée mondiale des réfugiés célèbre la dignité de celles et ceux qui ont été chassés de chez eux. Elle rend aussi hommage aux efforts du HCR, l’Agence des Nations Unies qui apporte assistance et protection aux réfugiés, apatrides, et aux déplacés internes.

Bien que la Journée mondiale des réfugiés ne soit célébrée que depuis 2001,

Photo: Fardudin

la tradition de sensibiliser les gens à la cause des réfugiés à travers des évènements commémoratifs a vu le jour bien avant le 21ème siècle, comme l’atteste une affiche des années 1980 pour la Journée des réfugiés africains, prédécesseur de la Journée mondiale des réfugiés.

C’est en 1914 qu’émerge ce type de commémorations, lorsque le Pape Pie X instaure la Journée mondiale des migrants et des réfugiés. Depuis, la célébration de la cause des réfugiés entre dans l’arène politique aux niveaux national et régional. La plus importante de ces commémorations, la Journée des réfugiés africains, est instaurée en 1975 par la Résolution 398 adoptée par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Dès lors, la Journée des réfugiés africains se tiendra chaque année le 20 juin afin d’honorer la résilience de celles et ceux qui ont été déplacés de force en Afrique. Le HCR a travaillé de concert avec l’OUA afin d’organiser cet évènement annuel. L’affiche présentée constitue un exemple de cette collaboration précoce.

En décembre 2000, en raison du succès croissant de la Journée des réfugiés africains, et de l’approche du 50ème anniversaire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, l’Assemblée Générale des Nations Unies adopte la Résolution 55/76. Celle-ci instaure, à partir de 2001 et en accord avec l’OUA, une Journée internationale des réfugiés qui a lieu en même temps que la Journée du réfugié africain, à savoir le 20 juin.

Désormais, chaque année, le 20 juin est l’occasion de parler du sort des réfugiés. Le passage de la Journée des réfugiés africains à la Journée mondiale des réfugiés reflète une plus grande prise de conscience, au niveau international, de la cause des réfugiés et du fait que personne ne choisit de devenir un réfugié ».

Extrait tiré du site officiel de la République et canton de Genève.

 




Le paradoxe

Justice libérale. Par Gégé

Conte réaliste en deux parties

1ère partie

Au début de chaque année, comme d’habitude, se réunissent les grands hommes des différentes régions de la planète. Ces grands hommes que Bacon appelle criminels et que Machiavel appelle entrepreneurs se retrouvent pour parler de tout : politique, économie-finance, réchauffement climatique et immigration pour, soi-disant, le bonheur de l’humanité.

Cette année, j’ai eu l’occasion d’assister à cette réunion et je vais essayer de vous en faire un compte-rendu. Je vais commencer par vous présenter les deux principaux groupes de participants.

Le premier vient d’une région de la planète qui est le berceau de l’humanité avec plus d’un milliard d’enfants mais considérée comme une terre marâtre. Ce groupe est constitué de brigands politiques, liberticides compétents pour les coups d’Etat, les guerres tribales et les génocides. Ceux-ci souffrent d’une anémie intellectuelle et d’une asthénie morale qui les empêchent de voir, d’entendre et de comprendre la souffrance de leurs peuples. Ce qui les caractérise le plus c’est leur cupidité et leur soif inextinguible du pouvoir.

Le second groupe vient d’un territoire du monde où il y a à manger et à boire pour tous, mais où il n’y a pas assez d’oxygène pour tout le monde. Dans ce groupe se retrouvent les meilleurs législateurs et les meilleurs concepteurs de traités de lois démocratiques, telles que la Convention de Genève ainsi que celle qui interdit l’esclavage.

Paradoxalement, dans les geôles de ces concepteurs, on retrouve des prisonniers dont le seul crime est d’avoir quitté une terre barbare qui les faisait travailler comme des esclaves pour un autre horizon où ils espèrent y trouver le bonheur.

Donc Alain Fournier avait raison quand il écrit que le paradoxe humain c’est que tout est dit et que rien n’est compris.

Pita

Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils




Impitoyable Convention de Dublin

Lucia et Emilie

Il y a vingt ans, la forte croissance du nombre des demandeurs d’asile en Europe a été accompagnée d’une transformation de la question de la défense des droits humains en problème migratoire. Depuis, au fil des ans, la question de l’asile est progressivement devenue centrale dans la politique migratoire européenne et elle a fortement contribué à la judiciarisation croissante de la gestion des migrations et des frontières. Ainsi, le 15 Juin 1990, les accords Dublin étaient signés et sont entrés en vigueur en Suisse le 12 décembre 2008. Etait-ce une mise en question de l’alternative entre la fin de l’asile en Europe et la liberté de choix de son pays d’asile ? La question est plus que d’actualité. Notre enquête.

Une Africaine est obligée de dormir dans la foret avec son bébé de cinq mois pour échapper à une expulsion forcée

« No condition is permanent in this world » (Aucune situation n’est permanent dans ce monde). Ainsi se résume l’histoire de Lucia*, originaire de Guinée-Bissau. Cette jeune mère d’un enfant de cinq mois n’avait jamais imaginé même dans son plus pire cauchemar qu’elle allait un jour être obligée de se refugier dans une forêt. Issue d’une famille aisée, fille d’un célèbre médecin assassiné depuis, Lucia quitte son pays pour poursuivre ses études universitaires au Portugal. Elle rêve alors d’une carrière d’économiste, mais voit son destin basculer le jour ou elle fait la connaissance d’un compatriote et croit naïvement à une belle histoire d’amour. Mais l’histoire va vite la rattraper car « l’homme de sa vie » va vite devenir la bête noire de ses pires cauchemars ! En effet, cet homme mystérieux donc elle a même du mal à prononcer son nom aujourd’hui, entretenait des activités louches et avait des fréquentations peu recommandables. Ainsi, après une affaire qui tourne mal, l’homme prends aussitôt la poudre d’escampette, avant d’appeler Lucia et de l’intimer de quitter les lieux.

Paniquée, elle quitte le Portugal en catastrophe et regagne sa Guinée natale, mais est facilement rattrapée par les malfaiteurs qui, à défaut de mettre la main sur son compagnon, prennent en otage Lucia et sa maman.

Lucia, alors enceinte, est kidnappée et menacée de mort. Elle et toute sa famille n’ont que Dieu pour leur venir en aide. Et le miracle arriva. Un de criminels se rend compte qu’elle est enceinte et au courant du funeste sort qui lui est réservé, prend pitié d’elle. C’est alors qu’à l’insu de ses camarades jusqu’au-boutistes, ce dernier la libère elle et sa maman et va même leur venir en aide pour regagner la frontière du Sénégal. Lucia et sa maman quittent ainsi la Guinée pour le Sénégal où vit son oncle maternel. N’étant pas en sécurité en Afrique, elles sollicitent l’aide d’un « passeur » pour regagner l’Europe moyennant une forte somme d’argent. Leur dévolu est jeté sur la Suisse, selon Lucia parce que la « Suisse est un pays libre, humanitaire et neutre! ». C’est sans compter avec la fameuse Convention de Dublin. La demande d’asile de Lucia, déposée au Centre d’Enregistrement et de Procédure (CEP) de Vallorbe, reçoit une décision de non-entrée en matière (NEM) avec renvoi sur le Portugal suite à l’application mécanique et rigide de l’accord de Dublin par la Suisse! Entre-temps, Lucia a mis au monde une fille – Emilie* – née le 26 Mars 2011 au centre hospitalier du CHUV de Lausanne en Suisse.

Le 21 Septembre dernier, Lucia, mise au courant auparavant d’un éventuel renvoi forcé vers le Portugal et apparemment désespérée n’hésite pas à mettre en danger la vie de la petite Emilie! En effet, craignant pour sa vie et le sort qui lui est réservé au Portugal par ses bourreaux, elle se cache dans la forêt de Crissier bravant des conditions météorologiques très hostiles : le froid et le vent. Emilie, qui a déjà subit deux hospitalisations depuis sa naissance en soins intensifs, présente encore aujourd’hui un choc hypodermique suite à cette fameuse nuit passée en foret avec sa maman.

D’autres « destinées Dublin »

Lucia n’est cependant pas l’unique personne à subir les foudres de ladite convention comme l’atteste les cas suivants :

Marouane* est Soudanais et a fuit la guerre qui a coûté la vie de ses proches au Darfour. Il entre en Europe par Malte où il arrive un jour en bateau. Il y est détenu pendant plus de huit mois dans des conditions inhumaines (surpopulation carcérale, hygiène déplorable, assistance sanitaire inexistante). Il parvient finalement à fuir en passant par l’Italie pour atteindre finalement la Suisse. Selon une source anonyme, les autorités sont intransigeantes et décident de le renvoyer vers Malte en application de la Convention Dublin, même s’il n’y a connu que la détention.

Maza*, une jeune Ethiopienne, demande l’asile en Suisse. Elle est renvoyée en Italie en application de la Convention de Dublin. Sans aucuns moyens de subsistance dans ce pays, elle revient en Suisse. Selon une source proche de Maza, les autorités suisses, bien qu’informées de sa fragilité psychique, décident quand même de la renvoyer à nouveau. La police arrive au centre des requérants d’asile pour l’expulser une seconde fois. Désespérée elle saute depuis un balcon se situant au troisième étage de l’immeuble. La chute provoque diverses fractures aux lombaires et au bassin.


De graves atteintes au droit d’asile suisse ? 

Le règlement de Dublin supplante-t-il aux yeux des autorités helvétiques l’article 7 de Constitution Suisse qui prône le respect et la protection de la dignité humaine entre autres ?

La persistance de la Suisse à vouloir appliquer le « système Dublin » coûte que coûte, ne génère-t-elle pas de graves atteintes au droit d’asile Suisse ? 

– Par l’impossibilité de déposer une demande d’asile dans le pays de son choix ?

– Par l’imposition de procédures de réadmission opaques privant de droits les personnes concernées ?

– Par la négation de leur humanité ?

– Par le renvoi vers des pays européens aux formes d’asile très dégradées?

– Par l’utilisation de méthodes policières coercitives pour gérer des flux de populations comme on gère des flux de marchandises ?

– Par la multiplication du phénomène des refugiés en « orbite » renvoyés d’un pays à l’autre sans parvenir à déposer leur demande d’asile ?

On en vient à se demander comment la Suisse réputée être un pays humanitaire, neutre, accueillant, qui plus est signataire d’une « certaine » Convention de… Genève peut s’obstiner à gérer des populations de refugiés comme l’on déplace des pions sur un échiquier.


En Suisse, le requérants d’asile est-il synonyme de délinquant ?

Et pourquoi parvenir à cet objectif – quelque peu totalitaire – de contrôle absolu des demandeurs d’asile en déployant des moyens policiers incompatibles avec les valeurs démocratiques que la Suisse affiche ?

La Suisse, qui n’est pas une dictature psychopathe, la Suisse des droits de l’homme ne craint-elle pas d’être de moins en moins perçue de cette manière par les populations des pays du Sud et singulièrement dans ceux où règnent des dictateurs ou des potentats ?

Est-il normal que certains arrivent à des actes extrêmes pour attirer l’attention sur eux ?

J’en viens à citer M. Fernand Melgar, célèbre, – réalisateur Suisse et lauréat du Léopard d’or du festival de Locarno en 2008 qui dit : « j’ai en effet été très inquiet de constater que, pour une majorité d’adolescents, le terme de « requérant d’asile » est synonyme de « délinquant » et celui « d’asile » synonyme d’une forme d’abus social ».

C’est vrai qu’il y a aussi des individus peu recommandables parmi les requérants d’asile, mais faut-il pour autant utiliser des procédures générales pour traiter des cas particuliers ?

Les amalgames sont toujours à la fois faciles et confortables pour celles et ceux qui défendent une Suisse repliée sur elle-même !

Et pourtant, ce fameux règlement Dublin détient une clause humanitaire prévue par l’article 15-1 du règlement, ou encore la clause de souveraineté (Règlement Dublin, Article 3, alinéa 2) qui permettent à la Suisse dans n’importe quel cas de ne pas renvoyer certaines personnes si elle estime, par exemple, qu’elles sont manifestement des refugiés ou qu’un renvoi serait inhumain en raison de leur grande vulnérabilité. 

Ce système, en tant que tel, ne doit-il pas être révisé et remplacé par des politiques équitables et efficaces, conformes au principe de solidarité, fondées sur des principes et des valeurs communes en introduisant par exemple la possibilité de suspendre les transferts et de dégager à court terme les Etats particulièrement sollicités des responsabilités qui leur incombent au titre du règlement de Dublin ?

*Noms d’emprunts.

Fbradley Roland

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Informations : résumé du Règlement de Dublin

Le règlement Dublin II (auparavant convention de Dublin) est un règlement européen qui détermine l’État membre de l’Union européenne responsable d’examiner une demande d’asile en vertu de la Convention de Genève (art.51) dans l’Union européenne.

Il est la pierre angulaire du système de Dublin, inclusif du règlement de Dublin et du règlement EURODAC, qui établit une base de données à l’échelle européenne des données biométriques (empreintes digitales) des requérants déjà enregistrés de tous les pays membres et permettant de détecter ceux ayant déjà déposé une demande.

Le règlement Dublin II vise à «déterminer rapidement l’État membre responsable [pour une demande d’asile]» [1] et prévoit le transfert d’un demandant asile vers cet État membre. Habituellement, l’État membre responsable sera l’état par lequel le demandeur d’asile a premièrement fait son entrée dans l’Union Européenne.