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Revue de presse #10

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Aider les plus vulnérables / L’Afrique peu touchée par le Covid-19 / Soutenir l’éducation des jeunes migrants

Le Covid-19 accentue les inégalités

Centre catholique des médias Cath-Info, 24.04.2020

La communauté Sant’Egidio de Lausanne a lancé de nombreuses initiatives pour venir en aide aux personnes les plus durement touchées par la pandémie, parmi lesquelles, les personnes âgées, les handicapés, les migrants et les requérants d’asile déboutés. Pour marquer son soutien à ces derniers, la présidente de la communauté s’est rendue au foyer de Vennes de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) au début du ramadan. Elle y a distribué des paquets contenant du lait, des dattes et des jus de fruit. Cette initiative a été tout particulièrement appréciée par les nombreux musulmans qui vivent dans le foyer.

Sant’Egidio aide également depuis des années de nombreuses familles Roms originaires de Roumanie. Depuis l’interdiction de la mendicité dans le canton de Vaud à fin 2018, la situation des Roms s’est détériorée, surtout pour les familles avec de jeunes enfants. Séjournant en Suisse sans permis de séjour, les Roms réussissaient tant bien que mal à trouver du travail, notamment sur appel. Mais en ces temps de pandémie il n’y a plus de rien à faire. Et plus d’argent à gagner. C’est pourquoi, depuis le début du confinement, Sant’Egidio a distribué à la population Rom des bons Migros ou Coop et fourni des ordinateurs aux enfants pour qu’ils puissent rester connectés avec leurs enseignants.

«Nous n’abandonnons personne», tel est le leitmotiv de cette communauté qui fait vivre la solidarité et invite toute personne intéressée à faire partie de son réseau. (voir: info@santegidio.ch ou 079 627 36 56)

 

Contre toute attente, l’Afrique résiste au coronavirus

Jeune Afrique, 03.05.2020

La catastrophe sanitaire annoncée n’a pas eu lieu sur le continent africain. Contre toute attente, le Covid-19 y progresse plus lentement qu’en Asie, en Europe et aux Amériques. L’Afrique, qui représente 17 % de la population du globe, n’héberge en effet que 1,1 % des malades et compte 0,7 % des morts. Mieux : avec plus de 12 000 guérisons, elle résiste étonnamment bien aux assauts de la pandémie. Face à ce mystère non encore résolu, les scientifiques s’interrogent : est-ce dû au fait que la maladie est arrivée plus tard sur le continent ? Et en ce cas, faut-il s’attendre à un pic en septembre ? Ou alors, serait-ce le climat chaud qui fait barrage ? Et c’était un effet de la jeunesse de la population africaine ? Les médecins confirment que la majorité des cas sévères concerne des personnes de plus de 60 ans, ce qui serait une chance pour le continent, où l’âge médian est de 19,4 ans et où 60 % de la population a moins de 25 ans. Dans les pays de l’Afrique anglophone, on en a même fait un slogan : « The virus is old and cold and Africa is young and hot » (Trad. « Le virus est vieux et froid et l’Afrique est jeune et chaude »).

A noter que le trafic aérien, vecteur majeur de la propagation du virus est peu développé sur l’ensemble du continent. Ce n’est donc pas un hasard si l’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Algérie, soit les trois pays qui ont le plus de liens avec la Chine sont également les plus touchés.

 

Accès à l’éducation et égalité des chances

cath.ch 29.04.2020

Préoccupés par le décrochage scolaire des jeunes, des syndicats et des organismes de soutien aux migrants ont adressé le 27 avril une lettre ouverte. aux autorités cantonales de Suisse.

Selon les signataires, l’organisation mise en place en cette période de pandémie pour que les enfants puissent effectuer les travaux scolaires à domicile laisse trop souvent sur la touche ceux qui ont le plus besoin de soutien, à savoir les jeunes migrants. Ceux qui ne peuvent pas être soutenus par leurs parents, ceux dont l’équipement informatique n’est pas adéquat et ceux qui ne maîtrisent pas suffisamment une langue nationale ont besoin d’un soutien supplémentaires. Faute de quoi, leurs chances de progresser dans leur scolarité et leur apprentissage sont gravement compromises.

Pour que le droit à l’apprentissage soit respecté, les signataires préconisent une série de mesures à mettre en œuvre dans le cadre de l’instruction publique :

  • Fixer les tâches et les devoirs à faire dans un langage simple et d’une manière très structurée.
  • Communiquer avec les parents de langue étrangère avec l’aide d’interprètes interculturels.
  • Traduire dans les langues les plus importantes les conseils pour l’enseignement à domicile.
  • Suivre avec une attention particulière la situation des élèves de l’école obligatoire vivant dans les centres d’asile.
  • Intervenir lorsque la protection de la santé des enfants et des jeunes dans les centres n’est pas garantie. Par exemple, en cas d’absence de mesures d’hygiène, d’impossibilité de respecter la distance physique, de manque de soins médicaux, d’espace insuffisant pour la quarantaine.
  • Veiller à ce que les jeunes migrants souffrant de traumatismes dus à leur parcours de vie reçoivent un soutien social et psychologique.
  • Veiller à ce que les inégalités existantes ne s’aggravent pas au niveau de l’enseignement secondaire et supérieur.
  • Rendre accessibles à tous les étudiants les solutions proposées pour l’enseignement à distance ou à domicile. Si nécessaire, fournir le matériel adéquat, notamment un accès à internet suffisant qu’on ne trouve pas toujours dans les centres d’asile.

Rédaction vaudoise / Voix d’Exils

 




Participer à la vie politique pour mieux s’intégrer

Monsieur le syndic de Lausanne Daniel Brélaz. Photo: Chulio

A Lausanne, la participation des étrangers et des étrangères à la vie politique communale est vivement encouragée par la Municipalité pour favoriser leur intégration.

Dans le cadre de la campagne « Votre ville, votre vie et votre voix », une visite-apéritif était organisée samedi 8 septembre dernier par le Bureau lausannois pour l’intégration des immigrés (BLI) dans la salle du Conseil communal lausannois à l’Hôtel de Ville. L’événement a été suivi par des étrangers et des Suisses résidant à Lausanne et dans les environs.

Monsieur Daniel Brélaz, le syndic de la Ville et Madame Janine Resplendino, présidente du Conseil communal ont respectivement animé l’événement. Daniel Brélaz a commencé son allocution en présentant l’exécutif – la Municipalité – qui est responsable de la gestion de la commune de Lausanne et qui met en œuvre les décisions prises par le Conseil communal. L’exécutif  est composé de sept membres appartenant à différents partis politiques, élus par le corps électoral pour une durée de cinq ans. Le syndic lausannois a aussi parlé d’autres compétences de cet organe, comme celle de préparer et d’analyser le budget. Il a informé l’audience sur les possibilités de participation des étrangers à la vie politique (lire interview ci-dessous).

Monsieur Brélaz a aussi évoqué les trafiquants de drogue dont il a affirme que « presque 60% sont des étrangers qui proviennent d’autres cantons et qui sont attirés par le laxisme des lois vaudoises en la matière ». Il a précisé que « la plupart d’entre eux sont des requérants d’asile ». Il a aussi indiqué que, « d’ici peu, les lois changeraient et qu’il fallait éviter tout amalgame entre requérants et trafiquants et que la Municipalité restera totalement humaine ».

Après le discours de Monsieur Brélaz, Madame Resplendino a pris la parole pour parler de l’organe législatif du Conseil communal qui est responsable de la création des lois. Il est composé de cent membres élus pour cinq ans par la population lausannoise et se réunit environ deux fois par mois, les mardis soirs, tout au long de l’année. Elle a poursuivi en parlant des cinq groupes politiques représentés au Conseil communal, dont le Parti Socialiste qui occupe 29 sièges, les Verts (20 sièges), La Gauche (13 sièges), les Libéraux-Radicaux (24 sièges) et l’Union Démocratique du Centre (14 sièges). Chaque année, le Conseil communal élit en son sein un président, un vice-président, deux scrutateurs et deux scrutateurs suppléants chargés du contrôle de présence des conseillers communaux, du dépouillement des scrutins et du décompte des voix lors des votations.

C’est dans un climat de convivialité et avec beaucoup de sympathie que Monsieur Daniel Brélaz a répondu à nos questions.

Voix d’Exils : Quels sont les droits politiques dont bénéficient les étrangers de Lausanne ?

Daniel Brélaz : Ils peuvent prendre part aux élections et aux votations populaires, se faire élire et signer des initiatives populaires ou des référendums.

A quel niveau de la politique lausannoise les étrangers peuvent-ils participer ?

A tous les niveaux de la politique communale.

Quelles catégories d’étrangers sont habilitées à participer à la vie politique lausannoise ?

Tout étranger ayant dix-huit ans révolus, résidant légalement et continuellement en Suisse depuis au moins les dix dernières années, ou étant domicilié de façon continue dans le canton de Vaud durant les trois dernières années.

Quels sont les moyens mis en place par la commune pour favoriser la participation des étrangers à la vie politique ?

La commune organise des activités interculturelles, des campagnes de sensibilisation et des rendez-vous d’information.

En quoi la participation à la vie politique est-elle un moyen d’intégration pour des personnes étrangères ?

Elle est un moyen d’intégration parce qu’elle permet d’accéder au processus politique Suisse et elle facilite la compréhension entre les étrangers et la population locale. Elle est aussi une manière possible de ne pas s’isoler dans sa propre communauté.

Lamin et Chulio

Membres de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils

Commentaire

Dans le contexte actuel de stigmatisation des migrants, la possibilité qu’offre la commune de Lausanne aux étrangers de pouvoir participer à la gestion des affaires publiques est remarquable. Cependant, pour que des droits politiques deviennent effectifs, encore faut-il être informé de leur existence, savoir comment les exercer, vouloir participer au jeu politique et réussir à faire entendre sa voix ! Comme le dit un proverbe africain « il faut suivre les pas de danse du milieu qui vous accueille ».

                                                                                                                                                          Chulio

Infos et précisions:

« Droits politiques des étrangers et des étrangères sur le plan communal mode d’emploi ». Cliquez ici.

Site Internet du Bureau pour l’intégration des immigrés (BLI). Cliquez ici.

Prochaine visite du Conseil communal le 3 novembre prochain en présence de Monsieur le syndic de Lausanne Daniel Brélaz et de Madame la présidente du Conseil communal Janine Resplendino,  (sur inscription). Cliquez ici

 




Des requérants d’asile participent au succès de la 12 ème édition du festival de musique Festi’Neuch

Alpha Blondy en concert à Festi’Neuch

Le 21 mai 2012, c’était le premier jour du montage de la 12ème édition de Festi’Neuch, le festival de musique qui se déroule chaque année au bord du lac de Neuchâtel. Pour la deuxième année consécutive, des requérants d’asile ont participé à la mise sur pied du troisième plus grand festival de musique de Suisse qui s’est tenu du 30 mai au 3 juin 2012.

La préparation du festival a démarré avec des techniciens, des ingénieurs et des requérants d’asile qui travaillent dans le cadre des travaux d’utilité publique. Cette mise en place de toute l’infrastructure du festival qui comprenait la

Le montage du festival

construction des scènes et des chapiteaux prévus pour accueillir 40’000 personnes sur le site d’une superficie de 35000 m2. Profitons de rappeler ici que les requérants d’asile sont rémunérés CHF 30.- par jour pour ces services rendus à la communauté.

Ce jour-là, nous avons visité le lieu du festival et nous avons regardé toutes les étapes de la construction des scènes. Notre présence sur les lieux a aussi été pour nous l’occasion de rencontrer M. Cyrille Vuillemin qui, après y avoir travaillé durant 6 ans en tant que bénévole, a pris la direction du festival depuis le mois d’octobre 2011. Malgré son agenda très chargé, il nous a accueillis dans son bureau afin de répondre à nos questions.

M. Cyrille Vuillemin, directeur du festival Festi’Neuch

Voix d’Exils : Depuis combien de temps Festi’Neuch existe-t-il ?

M. Cyrille Vuillemin : Cela fait 12 ans que le festival existe à cette place.

Combien de festivals y a-t-il en Suisse romande ? 

Il y en a beaucoup en été dans toute la Suisse. Le plus grand d’Europe est à Nyon, c’est le Paléo festival qui a lieu durant le mois de juillet depuis 35 ou 36 ans. Il y a aussi le Montreux Jazz festival qui se déroule sur deux semaines en juillet chaque année. C’est le plus prestigieux en salles fermées. Le troisième, par sa taille, c’est Festi’Neuch.

Qui décide de la programmation et de la décoration du festival?

Notre programmateur est Antonin, qui est un des fondateurs du festival. Il travaille déjà depuis le mois de septembre pour l’année suivante. C’est lui qui choisit la partie musicale. Pour la décoration et l’image du site on le fait ensemble. Nous avons une personne qui est responsable de la communication et on travaille aussi avec une agence que l’on mandate pour confectionner nos affiches.

Comment choisissez-vous les artistes qui se produisent au festival?

Il faut mélanger les grands noms et les groupes moins connus et moins chers, qui sont les futurs talents de demain. Cette année, on a en tête d’affiche Marilyn Manson qui vient des États-Unis. On a aussi les Puppetmastaz qui viennent d’Allemagne ou, encore, Morcheeba with Skye qui viennent d’Angleterre. On essaie  aussi de privilégier les groupes locaux.

Qui finance le festival ?

Principalement la billetterie. Mais aussi ses sponsors comme la Banque Cantonale Neuchâteloise, des partenaires qui

Durant le festival

sponsorisent les stands, des subventions que nous recevons du canton, de la ville de Neuchâtel et de la Loterie Romande, des mécènes et des dons.

A part la musique, que propose le festival ?

Cette année, nous avons construit une nouvelle terrasse sur l’eau. Nous avons privilégié l’encadrement des enfants et les billets pour eux sont bien moins chers. On a aussi fait de la prévention auprès des jeunes contre l’abus d’alcool. On leur dit: « attention, vous êtes ici dans un festival, c’est bien de faire la fête, mais il faut la faire avec des règles et respecter les gens, les choses autour de vous ».

Depuis quand engagez-vous des requérants d’asile et pourquoi ?

Cela fait 3 ans. On a besoin des jeunes pour nous aider sur le site et je pense que c’est très important de donner cette opportunité aux requérants d’asile. On ne se rend pas compte en Suisse de la chance qu’on a. J’ai pu voyager dans monde et j’ai vu des gens souffrir. Nous, ici, on travaille, on mange, on a un lit, on a une famille, on a un accès aux soins, on a jamais vu quelqu’un se faire tuer à côté de nous. Des Suisses pensent que les requérants sont là seulement pour voler et c’est ce qu’on voit sur certaines campagnes publicitaires. Mais moi, je vois que ces requérants savent rendre service, ils savent travailler, ils ont le sourire, ils ont la bonne humeur, ils se bougent, ils sont motivés.  Aussi, c’est bien qu’ils puissent sortir des centres, ils sont contents d’être ici. Le festival profite de ça parce qu’on a des bras et en même temps on donne la possibilité à ces jeunes requérants de rencontrer d’autres personnes, de recevoir un billet pour aller au concert.  Ils se mettent ainsi un peu dans « la vraie vie ». Pour moi, c’est vraiment une bonne chose de rencontrer des jeunes comme vous qui sont vraiment exceptionnels et qui ont une expérience de vie qui n’a rien à voir avec la mienne. Je suis né en Suisse, c’est calme, c’est bien, il n’y a pas la guerre, il n’y a pas de gros problèmes. Donc, pour moi, c’est un honneur de vous avoir ici et je vous remercie d’être là !

Les gens qui habitent autour du festival sont-ils dérangés par les concerts ?

Nous avons eu beaucoup de plaintes. Mais, maintenant, on les informe longtemps à l’avance de la date du festival et on leur dit qu’il y aura du bruit. On a même proposé de leur payer une chambre ailleurs. Donc, maintenant « ils font avec ». On leur propose des billets avec 50 % de rabais et on leur dit: « si vous êtes dérangés par le bruit et que vous n’entendez que le bruit, venez donc au festival et vous entendrez aussi le reste ».

On fait passer le message que : « pendant quatre jours durant l’année on va faire un peu bruit et c’est aussi pour animer la ville ». Je crois que maintenant, c’est vraiment un message qui est compris car il n’y a plus de problèmes.

Connaissez-vous le blog Voix d’Exils ?

Non, je ne le connais pas mais, même si j’en ai déjà entendu parler. Je me rendrai sur le blog avec plaisir !

Propos recueillis par :

Juan ALA et Sami HASSAM

Membres de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils

Retour sur une expérience « incroyable » 

L’idée de « Festi’Neuch » a germé au sein d’un groupe de quatre personnes qui souhaitait monter un nouveau un festival. Au départ, la première manifestation s’appelait « FESTIJAZZ », qui a fait faillite. Puis, un autre festival a été monté dans le jura qui s’appelait « MONT SOLEIL » et qui a aussi fait faillite entre temps. Finalement, des gens se sont mis autour d’une table pour mettre en place un nouveau festival musical à Neuchâtel et c’est comme ça qu’est partie l’idée de Festi’Neuch en 2000. Au départ, la manifestation comptait 2000 spectateurs. Aujourd’hui, 40’000 personnes fréquentent le festival chaque année en moyenne.

Le démontage du festival

Jeudi 31 mai 2012, Festi’Neuch a commencé le premier jour par la grosse tête d’affiche : Marilyn Manson. Le vendredi 1er juin, la soirée était dédiée au hip hop français avec Sexion d’Assaut, Youssoupha et les Brigittes. Samedi 2 juin : place à une soirée électro trip hop avec Thomas Fersen, Morcheeba et Yuksek. Enfin, dimanche 3 juin, pour clore les festivités, la world musique était au menu avec le duo Amadou et Mariam et Alpha Blondy. C’est précisément le jour où nous nous sommes rendus au festival. Malgré la mauvaise météo, les festivaliers étaient au rendez-vous. Le mardi 5 juin, après quatre jours de musique et de danse, le démontage a commencé avec le même groupe de requérants qui avait participé au montage. Ils ont démonté et fait les rangements en prévision des festivités de l’année prochaine.

Nous avons profité de ce moment pour prendre l’avis des requérants d’asile qui ont travaillé durant toute la semaine au festival et qui ont assisté aux concerts:

Dao ALI, 31 ans, originaire de Côte d’Ivoire: « je suis en Suisse depuis une année et quatre mois et c’est la deuxième fois que je participe au programme d’occupation de Festi’Neuch. Je suis très intéressé par ce travail, que ce soit la gestion de la circulation, le montage ou le démontage du festival. C’est une bonne occasion de parler avec les travailleurs Suisses ».

Concentin NOUMI, 39 ans, originaire du Cameroun: « je suis en Suisse depuis deux ans et quatre mois et c’est la première fois que je participe à ce programme. Je trouve que c’est très bien de venir donner un coup de main ici et d’assister le festival. J’ai reçu un pass pour deux jours, vraiment c’était incroyable ».

Rendez-vous donc l’année prochaine, du 30 mai au 2 juin 2013, pour la 13ème édition de Festi’Neuch !

J.A. et S.H.




La Côte d’Ivoire peine à installer la démocratie

 

Bingu wa Muthaika rencontre Laurent Gbagbo

Bingu wa Muthaika, président de l’Union Africaine rencontre Laurent Gbagbo. Photo: Abidjan.net

Après les élections présidentielles de 2010, le pays est divisé entre pro Gbagbo et pro Ouattara. Entre partition et chaos, l’avenir des Ivoiriens s’annonce très incertain.

Depuis les élections du 28 novembre dernier, la situation en Côte d’Ivoire défraie la chronique. Les medias du monde entier se font l’écho de la crise qui frappe ce pays depuis la victoire dans les urnes d’Alassane Ouattara. Une victoire contestée par le président sortant, Laurent Gbagbo, qui s’autoproclame vainqueur. Comment a-t-on pu en arriver là dans un pays qui, hier encore, était perçu comme la vitrine de l’Afrique de l’Ouest ? Il faut savoir que la Côte d’Ivoire a connu le régime du parti unique depuis les années 60 jusqu’en 1990 qui voit la naissance du multipartisme. Le parti le plus influent sera le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. Ce dernier, après une lutte acharnée contre ses adversaires politiques une décennie durant, accède à la magistrature suprême en 2000. Il promet monts et merveilles au peuple ivoirien.

Laurent Gbagbo et l’esprit nationaliste

 Très futé, Laurent Gbagbo met la jeunesse de son côté et installe un pouvoir aux relents dictatoriaux. Il commence par endoctriner la population en distillant un esprit nationaliste. Sa cible sera l’Occident et principalement la France, qu’il traite d’impérialiste. Il réussit à inculquer cette vision du monde dans l’esprit d’une partie des ivoiriens et surtout dans les milieux estudiantins. En 2002, commence la rébellion armée qui aura des conséquences désastreuses, aussi bien pour la Côte d’Ivoire que pour le Mali, le Burkina, le Ghana et la Guinée qui sont les pays frontaliers. La population ivoirienne, lassée de vivre au quotidien le calvaire de la guerre, appellera de tous ses vœux le retour de la paix. Une paix qui ne sera possible que par l’expression de la souveraineté du peuple, c’est-à-dire l’organisation d’élections transparentes. C’est ainsi, après maints reports, qu’ont enfin lieu les élections, qui verront s’affronter deux candidats, en la personne de Laurent Gbagbo du FPI et d’Alassane Ouattara du Rassemblement Démocratique Républicain (RDR), opposés lors du deuxième tour, le 28 novembre 2010.

La confiscation du pouvoir et le peuple pris en otage

Il faut rappeler ici que, pour éviter tout dérapage et toute contestation de résultat, le pays, en collaboration avec la Communauté internationale, s’est doté de tous les moyens nécessaires pour aboutir à des élections irréprochables. Après trois jours de dépouillement, les résultats donnent Alassane Ouattara en tête. Les Ivoiriens ont enfin un président de la République et se réjouissent de pouvoir profiter d’une paix retrouvée. Mais que constate-on dans le camp de Laurent Gbagbo ? Après dix années de gestion calamiteuse des affaires de la nation, le candidat déchu n’entend remettre sa place à personne d’autre, encore moins à Laurent Ouattara, auquel il conteste la victoire. Voilà le peuple ivoirien à nouveau pris en otage. L’espoir de réunification d’une nation longtemps divisée s’effondre. Toutes les tentatives de médiation se soldent par un échec. La partition de la Côte d’Ivoire est plus que jamais une éventualité préoccupante avec, au nord, les pro Ouattara et, au sud, les pro Gbagbo. Le pays est devenu l’arène de sanglants affrontements quotidiens entre les partisans des deux leaders, à quoi s’ajoutent encore les répressions abusives de la part des forces de l’ordre.

Eviter de faire couler le sang

Faisant fi des accords et des engagements préalables pris auprès des Ivoiriens et des membres de la Commission Electorale Indépendante (CEI) au cours du processus électoral, Laurent Gbagbo s’accroche au pouvoir coûte que coûte en prétendant respecter la légalité constitutionnelle. Une question reste sans réponse : Pourquoi Laurent Gbagbo a-t.il accepté la certification des résultats du premier tour faite par les représentants de la Communauté internationale et conteste-t-il celle faite par eux au deuxième tour ? Il continue de vouloir faire vibrer la corde patriotique, en jetant l’anathème sur la France, les soldats de l’ONUCI (Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire) et les représentants de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Pour le ramener à la raison, plusieurs solutions se présentent dont celle militaire, mais avec le risque de faire couler le sang. Si on considère les conséquences tragiques de l’intervention américaine en Irak et en Afghanistan, on comprend que cette option ne serait pas la bienvenue pour ce petit pays d’Afrique de l’Ouest.

L’inaction coupable du peuple ivoirien

Aussi, ce qui étonne, c’est le mutisme des Ivoiriens. Aujourd’hui les peuples africains en général et celui de Côte d’Ivoire en particulier feraient bien de s’inspirer de l’exemple tunisien. Voilà un peuple qui a subi les dictats d’un chef d’état durant vingt trois ans et dont le soulèvement à partir d’une petite localité a provoqué la libération. Les Ivoiriens se souviennent comme si c’était hier, qu’en 2000, le général Guéi Robert s’était autoproclamé président de la république au lendemain des élections. Une marée humaine s’était alors rassemblée dans les rues d’Abidjan pour lui arracher le pouvoir qui revenait de droit à Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, cependant, on ne ressent pas de vigueur dans les réactions du peuple, que ce soit dans le nord où il semble acquis à la cause d’Alassane Ouattara ou dans le sud. C’est pourtant au peuple qu’il appartient d’aller chercher le pouvoir là où il se trouve et non à quelqu’un d’autre de le faire à sa place. Actuellement, les divisions ethniques sont le résultat des discours discriminatoires des politiques dont la devise pourrait être : diviser pour régner. Or, aucune nation ne peut se construire sur cette base. Un état moderne est un état dont l’appareil gouvernemental repose sur l’alternance démocratique. Il est donc impérieux que le peuple ivoirien impose ses choix à ses gouvernants pour recouvrer enfin la stabilité et une paix durable.

Clément AKE

 Membre de la rédaction lausannoise de Voix d’Exils