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La responsabilité politique de l’Europe en Afrique

De gauche à droite: Charles Soumah et Sébastien Kopumi

Grand débat entre deux rédacteurs de Voix d’Exils  

Alors que le président français Emmanuel Macron a achevé sa tournée éclair de 4 jours en Afrique le 5 mars, la rédaction de Voix d’Exils a organisé le lendemain un grand débat autour d’un article publié sur Voix d’Exils le 28 novembre 2022 intitulé « La responsabilité politique de l’Europe » le cas de la migration issue de l’Afrique » signé Sébastien Kopoumi, ancien rédacteur de Voix d’Exils. Dans cet article, l’auteur dénonce notamment « une politique agressive néo-coloniale » des pays occidentaux ayant jadis colonisé l’Afrique. Suite à cet article, Charles Soumah, rédacteur actuel de Voix d’Exils, a posté sur notre site un commentaire caustique qui affirme que « les dirigeants africains – tous confondus – sont responsables majoritairement à 99 pourcents des bouteilles remplies de tous les maux plus que l’Occident ». Les deux auteurs ont souhaité prolonger cette réflexion à l’occasion d’un débat radiophonique.

 

Source:

La responsabilité politique de l’Europe. Le cas de la migration issue de l’Afrique

Article publié sur Voix d’Exils le 28 novembre 2022

La rédaction vaudoise de Voix d’Exils




Revue de presse #24

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils.

Sous la loupe : La traite des Noirs s’expose au Bénin / Le séparatisme ethnique fait un étonnant retour / Le nombre des demandes d’asile s’envole en Suisse

Le Bénin expose et interroge la période esclavagiste

VOA Afrique, le 04.08.2020

Alors qu’à travers le monde on déboulonne les statues des anciens esclavagistes, le Bénin a décidé de restaurer ses musées pour mieux raconter ce douloureux pan de son histoire – depuis la traite des noirs jusqu’à la colonisation – aux intéressés et en particulier aux nouvelles générations.

Le grand Fort portugais de la petite ville côtière de Ouidah qui accueille le musée d’histoire, présente à ses visiteurs des objets en lien avec l’esclavage comme par exemple une cloche amenée par les missionnaires catholiques européens ainsi que des entraves et des chaînes utilisées pour attacher les esclaves. Car c’est à Ouidah qu’ont été rassemblés plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants entre les 17ème et 19ème siècles, avant d’être embarqués pour traverser l’océan Atlantique.

Pour mieux mettre en valeur ses collections, le musée est en travaux jusqu’à la fin de l’année. En attendant sa réouverture, une partie de ses trésors ont été délocalisés à la Maison du Brésil pour y proposer l’exposition temporaire « Et si Ouidah m’était conté ».

Ouidah se prépare à accueillir le Musée international de la mémoire et de l’esclavage (MIME) qui est actuellement en construction, ainsi qu’un grand complexe touristique de 130 chambres orienté vers le même thème, avec des « jardins du souvenir », une zone de recueillement, et « la reconstruction historique d’un bateau négrier », amarré au large dans l’océan. « Nous avons besoin d’actions fortes, au-delà des mouvements de revendication des causes noires », défend un guide touristique, natif du lieu. « Nous voulons illustrer la trame de l’histoire pour la transmettre aux générations futures. »

Développement de nouvelles formes de séparatisme ethnique

Le Figaro, le 03.08.2020 

La décision de Google de signaler par militantisme, aux États-Unis, les commerces tenus par des Noirs ne convainc pas tout le monde. Pour Olivier Babeau, président de l’Institut Sapiens, qui réfléchit aux évolutions de la société, et professeur à l’université de Bordeaux, cette proposition aggraverait le séparatisme ethnique et ruinerait l’idée d’universalité.

Le chercheur français s’étonne que ce retour de la discrimination ethnique ne rencontre aucune opposition apparente. Selon lui, les propositions militantes de Google promeuvent en réalité une conception antagoniste des rapports sociaux qui enfonce les États-Unis dans une spirale de séparatisme ethnique dont le résultat ne peut être que l’aggravation des violences et des fractures sociales.

Dans l’idéologie des mouvements progressistes, la société se réduit à n’être qu’une juxtaposition de «communautés» où des individus sont irrémédiablement classés selon leur ethnie, leur genre ou leur préférence sexuelle, explique Olivier Babeau. Les militants de cette nouvelle «justice sociale» sont radicalement opposés à la réponse universaliste fondée sur le principe d’indistinction. Dans leur logique, il ne doit pas être question de choisir un restaurant pour la qualité de sa cuisine, ou un employé pour ses compétences puisque des critères ethniques, sexuels ou de sexe doivent être posés en priorité.

« Étrange époque que la nôtre, où les choses les plus évidentes sont frappées du sceau de l’infamie », regrette Olivier Barbeau qui donne quelques exemples … Un fabricant de glace au Danemark qui renonce à parler d’esquimau car le terme est jugé offensant ; une dirigeante d’entreprise (chief executive officer en anglais) qui ôte le mot « chief » car cela constituerait selon elle un manque de respect vis-à-vis des tribus amérindiennes ; une annonce concernant le cancer du col de l’utérus qui n’ose plus mentionner le terme de « femmes » mais le remplace par « personnes avec un utérus » pour ne pas commettre d’impair ; en France une association annonce qu’elle recrute des infirmières à domicile «racisées», ou des personnes proposant sur les réseaux sociaux des listes de médecins noirs…

D’où la conclusion du chercheur français « Nous voilà sommés de voir partout la marque de structures de domination qu’il faudrait dénoncer et dont nous devons nous repentir. »

 

Demandes d’asile en forte augmentation en Suisse

La Tribune de Genève, le 20.08.2020

La levée progressive des restrictions aux frontières liées à la crise sanitaire du Covid-19 provoque une augmentation importante du nombre de demandes d’asile en juillet, indique le Secrétariat d’État aux migrations (SEM).

La Suisse a enregistré 1055 demandes d’asile en juillet, soit 449 de plus qu’au mois précédent. Mais malgré cette augmentation, le nombre de demandes est en baisse de 19,5% (-256 demandes) par rapport à juillet 2019.

En juillet toujours, 309 personnes ont quitté la Suisse sous le contrôle des autorités ou ont été rapatriées. La Suisse a demandé la prise en charge de 362 requérants à d’autres États Dublin, et 89 ont été transférés dans l’État compétent pour traiter leur demande d’asile. La Suisse a quant à elle reçu 313 demandes de prise en charge émanant d’autres États Dublin, et 134 personnes y ont été transférées.

Les principaux pays de provenance des requérants d’asile dont les demandes ont été enregistrées en juillet sont: l’Afghanistan (170 demandes; +52 en comparaison avec le mois de juin), l’Érythrée (165 demandes; +16), l’Algérie (115 demandes; +65), la Turquie (100 demandes; +61) et la Syrie (89 demandes; +40).

Oumalkaire / Voix d’Exils




Revue de Presse #19

La revue de presse, la nouvelle rubrique de Voix d’Exils. Auteur; Damon / Voix d’Exils

Sous la loupe : Des marques américaines retirent leurs icônes jugées racistes / A Vevey, les migrants bichonnent la plage de sable / ONU Femmes fête ses 10 ans / Le roi des Belges s’excuse auprès du Congo

Uncle Ben’s et Aunt Jemima prennent leur retraite

jeuneafrique.com, le 05.07.2020

La mort de George Floyd, Afro-Américain asphyxié sous le poids d’un policier blanc, à Minneapolis en mai dernier, a suscité des manifestations au nom du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis et partout dans le monde, avec leur lot d’interrogations et de remises en question.

Après les polémiques autour du déboulonnement des statues des figures du colonialisme, le débat s’invite désormais dans nos assiettes.

Des géants de l’industrie alimentaire américaine ont ainsi décidé de moderniser leur marketing en retirant de leurs produits les images et expressions véhiculant des stéréotypes racistes.

Le groupe Quaker Oats, qui depuis des années essuie des critiques à cause du visuel de ses boîtes de pancakes et de ses bouteilles de sirop d’érable, a finalement décidé de renoncer au nom de Aunt Jemima (Tante Jemima) et à son effigie. Avec son large sourire, cette femme noire promettait de « beaux jours » aux familles blanches américaines depuis… 131 ans.

Dans la même ligne, la marque Uncle Ben’s (Oncle Ben) va abandonner son logo jugé stéréotypé. Le groupe Mars, qui détient la marque, a reconnu que l’image d’un homme noir utilisée sur ses paquets de riz n’était pas en accord avec son temps et évoquait la période des plantations et de l’esclavage dans les États du sud américain.

Les migrants entretiennent la plage de sable de Vevey

lfm.ch, le 26.06.2020

L’espace-plage de Vevey, qui avait été réquisitionné l’an dernier par la Fête des vignerons, est à nouveau ouvert pour les amateurs de farniente au soleil, les doigts de pieds en éventail.

Situé au bas de la place du Marché, ce bac à sable géant et libre d’accès est ouvert au public tous les jours de beau temps, de 10h à 21h, jusqu’au 27 septembre.

Géré et financé par la commune de Vevey, l’espace-plage a été aménagé par le service de la voirie, en collaboration avec le secteur parcs et jardins.

Depuis 2012, année de sa création, le nettoyage du site et la gestion du mobilier sont assurés par des résidents du foyer local de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM).

 

L’agence ONU Femmes fête ses 10 ans

ONU info.org, le 02.07.2010

Porte-drapeau mondial des femmes et des filles, ONU Femmes a vu le jour en juillet 2010 lors de l’Assemblée générale des Nations Unies. Ses objectifs prioritaires ? Promouvoir l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et la protection de leurs droits à travers le monde.

L’agence est née de la fusion de quatre entités du système des Nations Unies, à savoir la Division de la promotion de la femme, l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme, le Bureau de la Conseillère spéciale pour la parité des sexes et la promotion de la femme, et le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme.

Au cours de ces dernières décennies, l’ONU a fait des progrès marquants dans la défense de l’égalité des sexes, notamment grâce à des accords historiques comme la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, ou la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

 

L’idéologie coloniale descend de son piédestal 

jeuneafrique.com, le 07.07.2020

Dans une lettre adressée au président congolais Félix Tshisekedi à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance du Congo, le roi Philippe a exprimé, pour la première fois, ses plus profonds regrets pour les crimes commis par l’empire belge pendant la colonisation. « À l’époque de l’État indépendant du Congo, des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective. La période coloniale qui a suivi a également causé des souffrances et des humiliations. Le souverain belge déplore «ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés.»

Les déclarations royales s’inscrivent dans une initiative plus large lancée par la société belge pour faire face à son passé colonial, suite au mouvement mondial né après la mort de l’américain George Floyd.

 

Rédaction Voix d’Exils




L’influence grandissante de la Chine sur le continent africain

Un dessin signé la rédaction valaisanne de Voix d'Exils

Un dessin signé la rédaction valaisanne de Voix d’Exils.

Depuis plusieurs années, on assiste au grand retour de la Chine sur la scène internationale et particulièrement en Afrique, continent privilégié des Européens.

L’objectif premier du gouvernement chinois en Afrique est la coopération au développement sur le plan économique et commercial, avec un accroissement considérable des échanges commerciaux entre les deux continents. Ces échanges ont été multipliés par sept entre 2000 et 2007.

La Chine : premier bailleur de fonds de l’Afrique

Pourtant, à peine le dix pour cent de l’ensemble de l’exportation africaine est destiné à la Chine. Il s’agit principalement du pétrole et des ressources minières: soixante-dix pour cent pour le pétrole et quinze pour cent pour les ressources minières. Quant aux produits importés de Chine, ils ne représentent qu’à peu près trois pour cent. Il s’agit de textiles, de chaussures, d’appareils électroniques, d’équipement de télécommunications, de voitures etc…

Compte tenu des montants accordés à titre d’aide au développement (deux milliards par an), la Chine est l’un des plus importants bailleurs de fonds du continent africain. La politique de la Chine est basée sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays africains et elle n’hésite pas à investir dans les pays où la corruption et la violation des droits de l’homme est monnaie courante comme le Zimbabwe ou le Soudan.

Si la présence de la Chine en Afrique augmente les recettes des exportations de matières premières, elle a des conséquences négatives pour les industries africaines et ses travailleurs. Les prix de vente des produits chinois sur les marchés africains défavorisent la production locale et entraînent la fermeture de certaines entreprises. Enfin, le non-respect de certains droits des travailleurs empêche la relance du pouvoir d’achat et crée des tensions sociales entre l’État et les syndicats.

Vers une nouvelle coopération africano-européenne ?

La coopération sino-africaine durera tant que l’Occident ne revienne à nouveau vers le continent africain et les chefs d’États africains doivent se saisir l’opportunité de cette présence de la Chine afin de relancer la concurrence entre les investisseurs étrangers.

Mais, au nom de ses anciennes colonies, de ses langues, de sa force de frappe militaire et de son contrôle monétaire, l’Europe doit contrer la percée chinoise en Afrique par l’amélioration de son développement politique et de ses échanges économiques tout en prônant la bonne gouvernance. Personne ne doute de l’influence de l’Occident sur l’Afrique. Hier, grâce à l’intervention de la France, le Mali a retrouvé son intégrité territoriale. Aujourd’hui, encore, la Centrafrique risque le génocide si l’Occident ne s’implique pas, alors que la Chine n’intervient jamais dans ce genre de situation.

Le Sommet de l’Élysée, qui s’est tenu en France du 6 au 7 décembre 2013, a posé les bases d’une relance de la coopération entre l’Africano-Européenne et nous pensons que c’est dans cette démarche raisonnable que l’Europe pourra aider les populations africaines à retrouver leur dignité et combler leur retard face à l’évolution du monde. Sinon, le bien-être promis par la colonisation s’avèrera un échec de grande envergure après soixante-dix ans d’indépendance.

La rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Informations :

Source : La Chine et l’Afrique : Un nouveau partenariat pour le développement Richard Schiere, Léonce Ndikumana et Peter Walkenhorst – Groupe de la Banque africaine de développement




Le capitaine Thomas Sankara à l’affiche du festival « Visions du Réel »

Le capitaine Thomas Sankara

A l’occasion du festival international suisse de cinéma « Visions du Réel », Christophe Cupelin, un cinéaste suisse indépendant a dévoilé, le 26 avril dernier, son dernier documentaire : « Capitaine Thomas Sankara ». Son film a pour sujet l’engagement d’une figure très importante en Afrique et pourtant méconnue en Europe : le capitaine Thomas Sankara, qui dirigea la révolution au Burina Faso entre 1983 et 1987.

Christophe Cupelin a rassemblé les plus fameux discours de Thomas Sankara  pour réaliser son film documentaire dont l’extrait le plus connu et qui caractérise le mieux le personnage est issu du discours qu’il a tenu à l’Organisation des Nations Unies à New York le 4 octobre 1984 : « Je veux donc parler au nom de tous les laissés pour compte parce que je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». Le 4 aoûte 1983, un jeune révolutionnaire africain, anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste du nom de capitaine Thomas Sankara accède à la tête de l’Etat Burkinabé suite à un coup d’Etat. Lorsqu’il prend les rênes du pouvoir, il surprend les politiciens du monde entier par sa soif de liberté et de démocratie, ses discours passionnés, sa prise en considération des pauvres et des laissés pour compte, sa détermination à servir et à conduire son peuple vers le progrès en mobilisant toute l’énergie du pays et en minimisant l’aide international. C’est ainsi, par exemple, qu’il réussit à entreprendre 2.5 million de vaccinations en seulement 15 jours. Son gouvernement entreprit des reformes majeures pour mettre fin la corruption, pour améliorer l’éducation, l’agriculture et surtout le statut des femmes qu’il considérait comme « les victimes d’un double colonialisme », car elles sont « colonisées par des hommes, qui sont eux-mêmes les victimes du colonisateur ». L’emblème le plus fort qui marque son mandat présidentiel fut sans doute le changement du nom du pays, en remplaçant le nom colonial français  « la Haute Volta » par un nom qui a un sens pour la culture de son peuple : « le Burkina Faso », ce qui signifie « le pays des hommes intègres ».

En répondant aux questions du public, Christophe Cupelin a affirmé que le montage d’archives des discours que Sankara prononça tout au long de son mandat lui semblait la manière la plus adéquate pour faire son portrait.

25 ans après son assassinat, en 1987, qui n’est toujours pas élucidé, ce film donne a revoir et à réentendre ce chef d’Etat atypique qui fut assurément l’un des plus grands leader africain de l’histoire du 20ème siècle.

Hochardan

Membre de la rédaction vaudoise de Voix d’Exils